Édition le Seuil

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Après « la villa des femmes » et « l’empereur à pied« , voici ma troisième lecture de ce grand écrivain libanais. Ce texte est très court et les chapitres qui le composent font parfois moins d’une demi-page. Le titre dit beaucoup sur cette biographie : Raphaël Arbensis aurait pu, en effet mener des vies bien différentes. L’auteur sent que sa destinée tient plus du hasard et de la chance que de sa propre volonté. Ce sont des idées bien banales aujourd’hui mais qui, au début du XVII° siècle, sentent l’hérésie pour une élite catholique toute puissante et peu éclairée. Elle vient de condamner Galilée et donc, regarder, comme le fait le personnage, le ciel à travers une lunette grossissante relève de l’audace. L’auteur ne connaît pas tout de la vie de cet aventurier du pays des cèdres comme lui, mais malgré ces périodes d’ombre qu’il s’empêche de remplir par trop de romanesque, il sait nous rendre vivant ce personnage . Le plus agréable pour moi, reste son talent d’écrivain : grâce à son écriture, on se promène dans le monde si foisonnant d’un siècle où celui qui voyage prend bien des risques, mais aussi, est tellement plus riche que l’homme lettré qui ne sort pas de sa zone de confort. Chaque chapitre fonctionne comme une fenêtre que le lecteur ouvrirait sur la société de l’époque, ses grands personnages, ses peintres, sa pauvreté, ses paysages. Un livre enchanteur dont les questionnements sont encore les nôtres : qu’est ce qui relève de notre décision ou de la chance que nous avons su plus ou moins bien saisir ?

 

Citations

De courts chapitres comme autant de cartes postales du XVII° siècle

Chapitre 6
Il fréquente aussi les lavandières qui lavent le linge dans le Tibre . Il fait rire et les trousse à l’occasion. À cette époque , les rives bourbeuses du fleuve sont envahies par les bateliers , et les teinturiers y diluent leurs couleurs. Nous sommes dans les premières années du pontificat d’Urbain VIII. La colonnade du Vatican n’est même pas encore dans les projets du Bernin, Borromini n’a pas encore construit la Sapienza, le palais des Barberini s’appelle encore palais Sforza et la mode des villas vénitienne intra-muros commence à peine. Mais il y a des chantiers et l’on creuse des allées et des voies. Des peintres et des sculpteurs habitent en ville. Le Trastevere et un village séparé de la cité, cette dernière n’a pas la taille de Naples, mais depuis le bord du fleuve on voit les dômes de Saint-Pierre et le palais Saint-Ange. Les grands murs du temps de l’Empire sont toujours debout, roses et briques parmi les cyprès et les pins, et sous la terre dorment encore bien des merveilles. Un jour de 1625, sur la place du Panthéon, un larron interpelle Raphaël pour lui vendre quelque chose en l’appelant Monsignore. Ardentis s’arrête, méfiant, le larron rit en découvrant une horrible rangée de dents abîmées et lui indique sa brouette sur laquelle il soulève une petite bâche. Avensis se détourne du spectacle de l’affreuse grimace du mendiant pour regarder ce qu’il lui montre et là, au milieu d’un bric-à-brac fait de clous, de chiffons, de morceaux de plâtre et de divers outils abîmés, il voit une tête en marbre, une grande tête d’empereur ou de dieu, le front ceint d’un bandeau, les lèvres pulpeuses, le nez grec et le cou coupé, posé sur le côté, comme lorsqu’on dort sur un oreiller.
Chapitre 27 un des plus courts
Dans le ciel, il y a toujours ces grands nuages blancs qui se contorsionnent tels des monuments en apesanteur, qui prennent des postures fabuleuses et lentement changeantes comme les anges et les êtres séraphiques improbables de Véronèse.

Á travers une longue vue les personnages regardent Venise et le lecteur croit reconnaître des tableaux

Une autre fois, il voit un homme buvant du vin à une table sur laquelle, en face de lui, une femme nue est accoudée qui le regarde pensivement, le menton dans la main. Il voit un maître de musique près de sa jeune élève devant un clavecin, il voit une table un globe terrestre dans une bibliothèque déserte et un jour, dans ce qui semble une chambre à coucher, il voit une femme en bleu, peut-être enceinte, debout et absorbée dans la lecture d’une lettre.

Le hasard ou le destin

Nos vies, écrit-il, ne sont que la somme, totalisable et dotée de sens après coup, des petits incidents, des hasards minuscules, des accidents insignifiants, des divers tournants qui font dévier une trajectoire vers une autre, qui font aller une vie tout à fait ailleurs que là où elle s’apprêtait à aller, peut-être vers un bonheur plus grand si c’était possible, qui sait ?, mais sans doute souvent plutôt vers quelque chose de moins heureux, tant le bonheur est une probabilité toujours très faible en comparaison des possibilités du malheur ou simplement de l’insignifiance finale d’une vie ou de son échec.

 

 

 

 

De cet auteur j’ai beaucoup aimé Villa des femmes . On retrouve dans ce roman le regard impitoyable et rempli de nostalgie de Charif Majdalani sur son pays : le Liban qui « fut » un si beau pays. Il analyse aussi avec une précision qui n’enlève rien à la poésie, les légendes qui ont constitué un clan familial dont le narrateur est un descendant du clan des Jbeili. Cette « dynastie » a été fondée par celui qui a donné son titre à ce roman « L’empereur ». Cet homme plus mythique que réel, a bâti sa richesse en débroussaillant des montagnes et en devenant collecteur d’impôts. Mais une terrible loi empoisonne ce clan, l’ancêtre avait décidé, pour que cet empire reste intact, que seul le fils aîné aurait le droit de se marier et avoir des enfants. Les cadets connaîtront des sorts tragiques ou seront attirés par des aventures dans le vaste monde. L’auteur sait parfaitement rendre compte des ambiances et des tourments dans lesquels vivent les différents membres du clan. Il fait toujours l’effort de distinguer la part de la légende familiale de ce que peut être la réalité, nous offrant par la même une analyse très vivante de la société libanaise et des différents destins de ceux qui choisissent l’exil.
Je dois avouer que ce roman m’a moins enthousiasmé que le précédent mais j’ai été absolument saisie par la fin : le Liban d’aujourd’hui, à l’image de notre planète, détruit tout son environnement de façon sans doute irrémédiable. Les rapports entre les hommes sont régis par l’argent et rien ne saurait arrêter le béton même quand les rivages d’un pays sont paradisiaques. Ils deviennent hideux à la vue de tous pourtant rien ne semble arrêter les projets les plus monstrueux les uns que les autres. Rien que pour ces dernières pages, il faut lire ce roman qui fait réfléchir au rôle de l’homme sur la planète.

Citations

Se rendre compte d’un ailleurs dès les premières pages

C’est très beau, pourtant, au-dessus de Ayn Safié c’est sauvage à souhait, ce sont plusieurs brefs plateaux, semés de chênes verts et d’arbousiers, avec des rochers aux formes animales, qui ensuite laissent la place à des dénivelés impressionnants, des rocs et des arbres sauvages qui s’accrochent à la montagne jusqu’au fond de la gorge où coule le ruisseau de Ayn Safié. On est si haut que les Éperviers qui passent semblent à portée de main, et l’on voit de là tout le pays, les maisons cachées sous leurs treilles, les plantations de mûriers, les chemins, les chapelles, les églises, les moulins, et c’est cette vue panoramique qui déclenche ce rictus satisfait sur le visage de l’empereur, quand il se dit qu’il a sous les yeux tout le pays et que, d’une certaine manière il le domine déjà.

Description dune région aux confins de l’Asie

Tout en progressant, Shebab mesurait l’espace du regard, comme depuis qu’il était parti il n’avait cessé de le faire. Ses yeux, dirait- il, étaient comme élimés et épuisés à détailler les confins immenses et sans borne. Il observait maintenant l’horizon plat du côté du lac et de ses marais alors que de l’autre côté, comme toujours, les montagnes gigantesque semblaient leur faire des signes, assises depuis l’aube des temps dans une indifférence hautaine et mystérieuse.

Un passage qui décrit bien le Liban comme on le connaît aujourd’hui

Lorsque, en ce temps-là, on suivait la situation du Liban depuis l’étranger, comme je le faisais, on pouvait avoir l’impression que le pays était en ruine. Le monde entier – je le voyais lors de mes voyages – assistait à la dévastation du centre de Beyrouth et des quartiers limitrophes des lignes de front, et pensait que c’étaient la ville dans son ensemble et le pays qui étaient ravagé. Or l’activité économique était frénétique et le commerce florissant, ce que les récits de ma mère ne cessait de me confirmer. Il y avait un autre secteur qui explosait littéralement, c’était celui de l’immobilier. Je ne pense pas qu’il existe au monde un pays où la guerre a entraîné autant non de destructions mais de constructions. Les déplacements de population, les migrations internes et aussi l’accroissement démographique explique cette fièvre dans le bâtiment, la flambée des prix des terrains, notamment dans les environs de Beyrouth non touchés par la guerre. La déliquescence de l’État et de ses moyens de contrôle, la désorganisation générale des services urbains, la corruption et la mainmise des partis sur les rouages administratifs permirent ensuite le développement anarchique de l’urbanisme qui saccagea le paysage, détruisit les montagnes et les alentours des villes. Assez tôt, dès le début des années quatre vingt, ma mère dans ses lettres s’est mise à me décrire les premiers dommages qui aujourd’hui, étant donné tout ce qui a suivi, peuvent nous paraître bénins. Mais c’était le début d’un cycle calamiteux dont les bénéficiaires étaient aussi bien les propriétaires de modestes parcelles et les petits entrepreneurs qui bâtissaient n’importe comment que les consortiums qui naquirent à cette époque, regroupant des hommes d’affaires, des entrepreneurs et des intérêts partisans et miliciens. Ces derniers groupes lancèrent des chantiers qui contribuèrent comme le reste, mais de manière plus systématique, à détruire les paysages et à ruiner l’environnement. Vous vous souvenez, bien sûr, même si vous êtes plus jeune que moi, qu’en quelques années les orangeraies du littéral nord avaient disparu, et avec eux les bourgs et les villages submergés par le béton, un béton qui grimpa à l’assaut des premiers contreforts autour de Beyrouth, détruisant les pinèdes et brouillant les échelles par l’érection d’immeubles dont la hauteur contrevenait a des lois dont plus personne ne se souciait. Je n’étais pas là pour voir ses transformations, je les ai découvertes avec horreur à mon retour, bien plus tard. Et j’ai également découvert alors comment des groupes financiers et les entrepreneurs avaient mis la main sur les plages publiques et défiguré la côte, débordant de tous côtés sur les terres agricoles non constructibles, ce qui nous vaut ce continuum urbain hideux à la place des kilomètres de littoral et de versants montagneux arborés.

L’après guerre au Liban

Un modèle dominait à ce moment, vous vous en souvenez, celui qui avait imposé les milliardaires au pouvoir. Mais il était si difficilement accessible que nombreux étaient ceux qui, voulant jouer les richissimes nababs, dépensaient sans compter pour chaque repas, chaque célébration, chaque mariage, après quoi les dettes les mettaient sur la paille. Des personnes très en vue disparaissaient soudain, d’autres apparaissaient puis disparaissaient à leur tour, tels des papillons imprudents s’approchant trop près tantôt du pouvoir, tantôt des oligarchie financière, et y brûlant aussitôt leurs ailes trop fragiles. Tout cela se jouait tous les jours sous les yeux des gens modestes, comme mes employés par exemple, et tant d’autres, qui assistaient à cet opéra un peu obscène avec envie et parfois des airs dubitatifs.

Une fin bien triste

Quoi qu’il en soit, j’ai refusé jusqu’à l’idée de ce projet de parc naturel. Je ne peux imaginer ces montagnes et ces gorges balisées par des sentiers, aseptisées et protégées par des miradors de militants écologistes. C’est comme mettre des animaux fabuleux en cage pour en protéger l’espèce. C’est ce que j’ai dit aux jeunes gens venus ici me proposer de préserver les lieux. Cette région vivra le destin qu’il attend, leur ai-je dit l’entropie est partout, le monde se défait, la laideur gagne à toute allure. Je leur ai dit que, dès l’instant où l’homme avait coupé le premier arbre, le phénomène s’était enclenché. Ici, il va plus vite qu’ailleurs, parce que nos concitoyens sont plus avides et les paysages plus vulnérables. Ils finiront par disparaître, comme tout, comme la terre entière qui un jour ne sera plus qu’un souvenir, et je me demande d’ailleurs dans la mémoire de qui. C’est peut-être cela la pire angoisse humaine, le fait que, un jour, plus rien dans l’immensité du cosmos ne se souviendra de quoi que ce soit de ce que les humains auront fait, de leur rêve, de leur aventure, de leur folie poétique, ne me de ce qu’ils ont reconstruit, bâti, il, ni de ce qu’ils auront pour cela même simultanément détruit, dévasté, ravagé.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. où il a obtenu un coup de cœur sans aucune hésitation.

5
Quel roman ! On est pris par le récit parfois palpitant, par les descriptions de si beaux paysages, par l’évocation de personnalités romanesques, et puis par cette guerre qui a failli tout détruire. Le Liban c’est le pays de mes amis, et cette photo le raconte : entre les gâteaux qu’ils m’offrent et cette nappe qu’ils ont fait broder pour moi, j’ai placé ce livre qui m’a fait revivre les histoires qu’ils m’ont maintes fois racontées. Ces grandes familles libanaises qui, au delà de leur confession, s’entendaient parce qu’ils aimaient leur pays et savaient trouver les alliances pour le tenir en équilibre. Les grandes familles étaient, chrétiennes, chiites, druzes ou sunnites. Elles étaient avant tout libanaise, et ce doux pays aux vergers incomparables vivaient en se respectant. Certes les classes sociales étaient très marquées, et les amours devaient servir à conforter des alliances financières, mais au-delà de ces contraintes la vie était belle. Les réfugiés palestiniens, chassés de leurs pays ont apporté les premiers troubles, et puis, on connaît les enchaînements tragiques.

Cette grande famille des Hayek* alliée aux Ghosn*, est mise à mal par la mort du patriarche et la guerre qui se passe à leur porte. À l’intérieur de leur superbe villa, Marie la femme, et Mado la belle sœur, qui cultive sa haine pour la femme de son frère se livrent une guerre sans merci. C’est également une des réussites du roman : cette guerre fratricide qui suit les aléas de l’autre guerre.

Sans trop dévoiler le roman, le titre « la Villa des femmes » permet de se dire qu’elles arriveront peut-être à s’unir pour lutter contre la destruction ambiante. L’avant-guerre, ce Liban des grandes familles nous entraîne dans un monde merveilleux, celui des princes et des princesses, mais au  XX°siècle. J’ai adoré la scène où toute la maisonnée galope sur de beaux pur-sang pour récupérer les chevaux qui se sont échappés. On sent le vent, les odeurs , la mer .. on rêve. J’ai adoré aussi la scène ou Mado crache son venin sur sa belle-sœur : c’est de la tragédie grecque et Médée n’est pas loin. Bref, je suis enthousiaste et la petite note qui me fait du bien, c’est écrit dans un français superbe parce que dans ce Liban là, la langue de la civilisation des idées et de la littérature c’était la mienne, la nôtre le français.

* La famille Hayek d’origine libanais existe vraiment, et inutile de présenter aux Français la famille Ghosn

Citations

Des histoires de cimetières et de mesquineries

Dans la voiture, elle se mettait en colère et marmonnait dans mon dos contre son frère qui laissait faire, qui donnait son accord pour que fussent inhumés là une vieille femme ou un vieillard trépassés simplement parce qu’ils s’appelaient Hayek . « On n’est plus entre nous, ni sur nos terres ni en dessous » grommelait-elle.

L’amour romantique

Badi’ les accompagne souvent, et voilà la messe est dite, regards équivoques, rougeur sur les joues de Marie qui petit à petit est gagnée par l’audace, qui s’isole avec Badi’, encouragée par ses cousines, et tout le monde évidemment joue avec le feu parce que l’on sait très bien que le mariage de Badi’ et Marie est impossible. Mais on s’amuse, on élabore des scénarios, on essaie de les faire exister, la vie pour un moment est comme un roman.

La guerre et les milices

De jeunes guerriers oisifs, en chemise de corps et qui paraissaient au courant de nos ennuis, si nous avions bien affaire à Salloum dit le Vicieux. J’opinai et je les vis échanger une moue qui semblait signifier que nous n’étions pas au bout de nos peines… Le domaine recommença à être envahi. les miliciens reprirent leurs aises de tous côtés.

À ne pas lire par les anti-divulgâcheuse : la dernière phrase du roman

Et, dans le formidable mais déraisonnable espoir que tout cela recommencerait, il ramena son regard vers les choses qu’il avait sous les yeux et qui portaient les traces de l’usure, du temps, et me demanda : « Bon, alors, par quoi commence-t-on ? »


Édition « La belle étoile. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Aline Pavcoñ)

 

Quand j’ai compris que ce roman se situait au Liban , j’ai immédiatement répondu à Babelio que j’avais très envie de le lire. Il a bien pour toile de fond ce pays qui m’est cher, avant la terrible crise économique qui a réduit à la misère tous mes amis universitaires. On sent dans ce roman à quel point ce pays est incapable de renaître de ses cendres, les feux dont il s’agit dans le titre sont ceux qui sont provoqués par la population qui n’en peut plus de vivre dans les ordures jamais ramassées .
Les trois coquillages montrent ma déception, je pensais connaître un peu mieux ce pays, en réalité je connais tout sur l’histoire d’amour contrariée de Mazna une jeune fille syrienne qui a un talent certain pour le théâtre mais qui n’arrivera pas à devenir actrice aux États-Unis car elle a suivi un homme dont elle n’était pas amoureuse, Idris un jeune libanais qui vient d’une famille plus riche que la sienne. Mazna était follement éprise de Zakaria un réfugié palestinien et ami presque frère d’Idriss. Zakaria est tué car il a lui-même tué des chrétiens et Idriss et Mazna s’enfuient. Ensemble ils auront trois enfants dont nous allons suivre le parcours.
l’aînée, Ava chercheuse en biologie et mère de deux enfants, est mariée à un américain, son couple subit quelques turbulences. Marwan le fils préféré de sa mère, doit choisir entre une carrière de chanteur ou la cuisine et sa vie avec sa fiancée Harper, et enfin Najla homosexuelle et chanteuse à succès qui est revenu vivre et faire carrière au Liban.

Ils se retrouvent tous à Beyrouth car Idriss a décidé de vendre la maison de sa famille. Ce sera l’occasion de raviver les souvenirs que les parents préfèrent oublier. Il faut 420 pages à cette auteure pour faire émerger tous les secrets autour de Zakaria. Ma déception vient de ce que histoire si classique ne fait pas revivre le Liban, à cette nuance près que certaines décisions pouvaient entraîner la mort plus facilement qu’ailleurs. On sent aussi le poids des traditions dans l’éducation des filles et aussi la façon dont la proximité de la mort et de la guerre fait que la jeunesse fonce dans tout ce qui peut lui faire oublier les duretés de la vie et à quel point elle peut être brève : on boit beaucoup, on fume sans cesse et toutes les drogues sont possibles et la musique est toujours à fond.

Donc, une déception pour moi. Je lis sur la présentation de cette écrivaine qu’ « Hala Alyan américo-palestinienne est clinicienne spécialisée dans les traumatismes, les addictions et l’interculturalité ». Je crois que j’aurais préféré que son roman se passe aux USA et qu’elle me fasse découvrir les difficultés pour une jeune américano-palestinienne d’assumer deux cultures. Car, pour ce qui est du Liban, je n’ai vraiment rien appris et je ne l’ai pas senti vivre contrairement par exemple aux roman de Charif Majdalani que j’aime tant.

 

Citations

C’est tellement vrai.

Ava se résigne à endurer le tourbillon de circonvolutions maternelles. « Zwarib » est le mot qu’on emploie en arabe pour décrire ces tours et détours qui ne servent qu’à éviter d’aborder le cœur du sujet. Sa sœur Naj appelle ça du terrorisme linguistique.

J’aime bien ce genre de voix.

Najla adorait la musique. Elle avait une voix hors du commun, rugueuse et gutturale légèrement fausse, mais suffisamment hardi pour que personne ne sente soucie.

Explications des guerres libanaises par un metteur en scène de théâtre en 1972.

Les colonisateurs ont pesé, bien qu’indirectement, dans toutes les décisions politiques qui ont été prises depuis l’époque ottomane. Chaque pays a son oppresseur : les Britanniques pour la Palestine, les Français pour le Liban. Les Occidentaux ont redessiné les frontières. C’est la raison pour laquelle les rues de Beyrouth portent des noms français. Ce sont eux qui ont mis sur pied la structure parlementaire qui distribue le pouvoir de manière injuste. C’est leur faute si les Palestinien sont arrivés ici par milliers en 1948, puis en 1977. Je veux que vous gardiez à l’esprit durant les répétitions, les plus grands criminels de guerre sont toujours en coulisse, même s’ils sont à des continents d’ici. 

Un autre point de vue .

 Les gens n’ont pas besoin de prétexte pour se détester. Nous sommes programmés pour blâmer les autres de notre malheur. et quand ton prêtre, ton imam ou Big Brother te fait croire que tout un tas de gens te détestent, tu prends rarement le temps de vérifier s’il dit la vérité. 

Très possible.

Le feu passe au vert. Ava range son téléphone, bien qu’elle doute de risquer une amende ici. Un jour, elle avait vu un homme conduire avec son fils sur les genoux. L’enfant tenait un cendrier.

 

I-M

I-M

I

Idoux-Thivet (Annie) (L’Atelier des Souvenirs 19 novembre 2018)

 

J

Jablonka (Yvan) (En Camping-Car 5 juin 2019)

Jacques (Paula) (L’héritage de la Tante Carlotta 5 avril 2021)

Jancar (Drago) (Et l’Amour aussi a Besoin de Repos 20 juillet 2018)

Jean (Michel) (Tioka, Ke (montréal) 4 février 224)

Jeffroy (Géraldine) (Un Été à l’Islette 20 janvier 2020)

Jerusalmy (Raphaël) (Sauver Mozart 14 octobre 2013) (La rose de Saragosse 24 octobre 2018)

Jones (Tayari) (Un mariage américain 17 juin 2021)

Josse (Gaëlle) (le Dernier Gardien d’Ellis Island 16 mars 2017) (Une longue impatience 1 mars 2021) (Les Heures Silencieuses 2 mars 2021)

Jousselin (Edouard) (Les cormorans 7 aout 2020)

 

 

K

Kadish (Rachel) (De Sang et d’Encre 14 septembre 2020)

Kamali (Marja) (La librairie de Téhéran 20 mars 2023)

Kapllani (Gazmend) (Le pays des pas perdus 10 août 2020)

Kassimova-Moisset (Maria) (Rhapsodie Balkanique 23 octobre 2023)

Kästner (Erich) (Émile et les détectives 21 nombre 2022)

Katouh (Zoulfa) (Tant que fleuriront les citronniers 11 septembre 2023)

Kawamura(Genki) (N’oublie pas les fleurs 7 mars 2022)

Kerjan (Jean-François) (La naissance du sentiment 26 novembre 2020)

Kern (Étienne) (Les Envolés 7 janvier 2022)

Kerr (Philip) (La trilogie berlinoise 2 juin février 2010) (L’offrande grecque 3 janvier 2022)

Kersaudy (François) (La liste de Kersten 8 février 2023)

Khadra (Yasmina) (Les vertueux 8 mai 2023)

Kingslover (Barbara) (Des vies à découvert 15 avril 2021)

Kitson (Mick)(Manuel de Survie à l’Usage des Jeunes Filles 29 octobre 2018)

Kourkov( Andreï) ( Le Pingouin 15 février 2021) (Les abeilles grises 3 janvier 2023) (L’oreille de Kiev 6 mars 2023)

Katouh (Zoula) ( Tant que fleuriront les citronniers 11 septembre 2023)

Krüger (Horst) (Un bon Allemand 13 juillet 2020)

Küper (Wolf) (un million de minutes 30 décembre 2019)

 

L

Labayle Denis (Nouvelles sur ordonnances 16 septembre 2019)

Labuzan (Niels) (Ivoire 2 avril 2019)

Lacasse( Marie-Eve) ( Les manquants 27 février 2023)

Lafon (André) (L’élève Gilles 14 décembre 201

Lafon (Lola) (La petite communiste qui ne souriait jamais 21 février 2015)

Lafon (Marie-Hélène) (L’annonce 26 novembre 2009) (Joseph 30 octobre 2014)(Histoire du fils 8 avril 2021)

Lalami( Laila)(Les Autres Américains 27 mai 2021)

Lalumière (Jean-Claude) (L’invention de l’histoire 22 mai 2023) (La campagne de France 12 juin 2023)

Lambert Emmanuelle (Le garçon de mon père 10mars 2022)

Lanchester (John) (Chers voisins 4 octobre 2021)

Lançon Philippe( Le Lambeau 12 juillet 2021)

Lane (Harriet) (Le beau monde 31 mai 2021)

La Rochefoucauld (de) Louis-Henri (Château de sable 10 décembre 2021)

Laurain (Antoine) (Les caprices d’un astre 10 juin 2022)

Lavoie (Marie-Renée) (La Petite et le Vieux 24 juin 2019)

Laxness (Hallidor) (les annales de Brekkukot 16 juin 2023)

LEE (Min-Jin) (Pachinko 1 octobre 2021)

Lefteri (Christy) (Les oiseaux chanteurs 7 avril 2022) (L’apiculteur d’Alep 23 février 2023)

Le Clerc (Xavier) ( Un homme sans titre 18 septembre 2023)

Le Goff (Jean-Pierre) (La France d’Hier 15 octobre 2018)

Lentéric (Jean-Baptiste) (Herr Gable 11 février 2022)

Lenz (Siegfried) (La leçon d’allemand 8 novembre 2021)

Leo (Maxim) (Histoire d’un Allemand 15 juin 2020)

Le Tellier (Hervé) (Assez parlé d’amour 23 aout 2010)(Toutes les familles heureuses 26 décembre 2017) (Anomalie 16 aout 2021)

Levison(Iain) (Une canaille et demie 5 septembre 2012) (Un voisin trop discret 26 novembre 2021)

Lewycka (Marina) (Des adhésifs dans le monde moderne 14 juin 2011)

Lindstrom (Merethe) (Quelques jours dans l’histoire du silence 26 juin 2023)

Louis Edouard (En finir avec Eddy Bellegueule 11 avril 2014) (qui a tué mon père 28 mars 2022)

Lurie (Allison) (La ville de nulle part 23 février 2021)

M

Mabanckou (Alain) (Black Bazar 27 aout 2009) (Le coq solitaire 11 mars 2021)

Macrae Burnet (Graeme) (L’Étrange Disparition d’Adèle Bedeau 17 juin 2019)

Madjidi (Maryam) (Marx et la poupée 1 décembre 2022)

Majdalani (Charif) (Villa des femmes 31 mars 2016) (L’empereur à pied 17 septembre 2018) (Des vies possibles 19 août 2019)

Makine Andreï (La vie d’un homme inconnu 27 août 2009) (Le Livre des Brèves Amours Éternelles 26 mai 2012) (L’Archipel d’une Autre Vie 4 septembre 2018)

Mandanipour (Shahriar) (En censurant un roman d’amour iranien 8 novembre 2011)

Mankell (Henning) (Les chaussures Italiennes 14 février 2011)

March (William) (La compagnie K le 24 avril 2023)

Martin-Chauffier (Gille) (Le dernier Tribun 23 mai 2022)

Marzano (Michela) (Mon nom est sans mémoire 3 juillet 2023)

Mas (Victoria) (Le Bal des Folles 9 mars 2020)

Mascaro (Alain) (Avant que le monde ne se ferme 31 mars 2022)

Mathieu (Nicolas) (Leurs enfants après eux 31 octobre 2022) (Conemara 30 novembre 2023)

Mathieu (Tristan) (1800 la main sanglante 4 septembre 2023)

Mauvignier (Laurent) (Histoires de la nuit 9 septembre 2021)

McCann (Colum) (les saisons de la nuit 32 juin 2023) (Apeirogon 29 aout 2022) (Danseur 16 février 2023)

McEwan (Ian) (Solaire 27 juin 2016) ( Amsterdam 2 octobre 4 septembre 2021)(Opération Sweet Tooth 04 décembre 2023)

Mehran (Marsha) (Une Soupe à la Grenade 10 janvier 2022)

Melandri Francesca (Eva dort 22 juin 2014) (Plus haut que la mer 28 septembre 2015) ( Tous, sauf moi 10 juillet 2023)

Message (Vincent) (Maître et Possesseurs 22 octobre 2018)

Meyer (Philipp) (Le fils 24 juillet 2017) (American Rust 12 septembre 2022)

Michau (Marion) (Valsez Regrets 4 juillet 2022)

Michelis (Denis) (Encore une journée divine 29 octobre 2021)

Miller (Madeline ) ( Le Chant d’Achille 24 aout 2023)

Milovanoff(Jean-Pierre) (Le maître des paons 13 mai 2021)

Minard (Céline) ( Le Grand Jeu 23 avril 2019)

Minaudier (Jean-Pierre) (La poésie du Gérondif 11 octobre 2014)

Mizubayashi (Akira) (Une langue venue d’ailleurs 9 avril 2013) (Âme brisée 19 avril 2021) (Suite Inoubliable 7 mars 2024)

Moberg (Vilhelm)(La femme d’un seul homme le 20 juillet 2021)

Monnier (Alain) (Tout va pour le mieux 12 octobre 2023)

Montero (Rosa) (Le roi transparent 28 mai 2013) (Le territoire des barbares 6 avril 2013) (La folle du logis 24 avril 2017) (L’idée ridicule de ne jamais te revoir 13 avril 2017) (La bonne chance 17 février 2022)

Moore (Edward Kelsey) (les Suprêmes 27 octobre 2017)

Moriarty (Liane) (Petits secrets grands mensonges 24 mars 2021)

Morvandiau (Le taureau par les cornes 3 février 2021)

Moutot (Michel) (Ciel d’acier 8 avril 2016)(Route One 16 mai 2022)

Mukherjee (Abir) ( L’attaque du Calcutta-Darjeeling 22 novembre 2021)

Mulisch (Harry) (La Découverte du Ciel 1 décembre 2011) (L’Attentat 29 avril 2019)

Munoz Molina (Antonio) (Tes pas dans l’escalier 31 mars 2024)

Murail (Marie-Aude) (Charles Dickens 27 avril 2009) (Sauveur et fis saison 1 7 septembre 2016) (saison 2 12 juin 2017) ( saison 5 10 décembre 2020)

Murat (Laure) (Proust Roman familial 29 janvier 2024)

Mytting Lars (Les cloches jumelles 24 juillet 2023)

 

 

Que les faisceaux du phare du Créac'h vous apportent à tous et toutes, paix, bonheur, santé et joie, pour une année 2017 sous le signe de lectures partagées par la blogosphère.

Je ne fais pas souvent de retour en arrière mais, comme j’aime bien lire vos bilans, je vous offre le mien mes trois livres devenus quatre et puis toute ma liste de ceux qui en 2016, m’ont enchantée :

Dispersés d’Inaam Kachachi


À lire absolument pour comprendre et aimer les Irakiens tous les Irakiens qui ne reconnaissent plus leur grand et beau pays détruit par une religion musulmane devenue folle.

Watership Down de Richard Adams


Je ne connaissais pas cette fable qui se penche sur les mœurs des lapins pour comprendre l’humanité tout entière.

 

La variante Chilienne de Pierre Raufast


Cet auteur a un talent de conteur qui me ravit.

 

 

 

 

Le pouvoir du chien de Thomas Savage


Un roman parfait : dépaysement, grands espaces américains et analyse très fine des caractères.

 

 

Mais pour en laisser trois(plus un), j’ai laissé de côté avec tellement de regrets :