C’est « la souris jaune » qui m’a donné envie de lire ce roman. Et aussi le fait que cet auteur ait reçu « le Goncourt des lycéens ». Depuis Farrago de Yan Appery , je fais toujours attention à ce prix. Ce roman est composé de deux parties assez différents la première partie raconte l’amour désespéré de Sacha Malinoff pour la belle Cynthia la fille du Maître des Paons. Il en viendra à tenter de disparaître, puis il s’imposera peu à peu dans la vie de la famille très originale de Cynthia. Un peintre uniquement occupé à peindre des paons et un frère très bizarre. En réalité, le personnage principal de ce curieux récit est » le mas des paons » une demeure attirante remplie de mystère. J’ai beaucoup pensé au château de la fête du « Grand Meaulnes », à cause de l’attirance et du mystère qui entoure cette demeure et ces habitants. J’ai beaucoup aimé le style de cet auteur, une langue aussi précise que poétique. Mais je suis restée sur ma fin sur le plan de l’intrigue, j’éprouvais comme un léger ennuie pendant cette lecture ; je reconnais que cela allait bien avec le sujet.
Citations
La mémoire
J’ai observé au cours des cinquante premières années de ma vie, une vie qui m’échappe de plus en plus, que chacun entretient avec sa mémoire une relation personnelle, unique, sauvage, inavouable assez souvent, comme avec son corps, sa langue, ses humeurs et l’ensemble de l’univers.
Le charme des timides
Mon truc, c’était de prendre les devants sans en avoir l’air. Je me moquais de moi avant qu’elle n’eût le temps de le faire. J’affectais une gaucherie de convention pour masquer la véritable que je ne pouvais maîtriser. Aller vite en donnant l’impression d’être trop lent, cacher la précision sous l’embarras, c’est le procédé des vieux clowns. Ce fut le mien. Que n’aurais-je fait pour que son regard triste et bleu s’arrêtât longuement sur moi sans chercher plus loin son bonheur ?
Beauté du style
J’allais m’asseoir, encore tremblant, sur un billot abandonné, quand me parvint du fond du bois, pour la première fois cette année-là, le cri le plus insaisissable de la nature, la double note du coucou, triomphante, moqueuse, délurée, qui soutient à la face de l’univers la suprématie vagabonde des dieux furtifs.
Les timides
J’étais d’une timidité de lynx, animal que sa vue a rendu célèbre, mais qui craint à bon droit les hommes et qui les évite. Certes, comme tous ceux qui souffrent du même mal, et qui sont légion, j’usais de remèdes désespérés pour combattre la maladie, alcools d’hiver, recherche vestimentaire, lunettes noires, et un lot presque inépuisable de plaisanteries à lancer en cas de détresse.
Les rencontres avec Cynthia et le mas des paons
À l’occasion de cette visite de jours, je déchiffrai dans le regard mélancolique de Cynthia une demande à laquelle je me soumis immédiatement et qui constitue la clause tacite (et unique) de notre pacte. Je ne devais jamais poser de questions concernant la propriété et ses habitants. Ne pas chercher à visiter les parties des bâtiments qu’on ne m’avait pas encore montrées. Me garder de toute indiscrétion. N’être surpris de rien. À ces conditions seulement, je ne serais pas un intrus, et tout me serait révélé peu à peu, à son heure, sans brusquerie.Ce pacte resta en vigueur aussi longtemps que je fréquentai le domaine et je crois qu’il avait du bon puisque il m’est impossible aujourd’hui de repenser à ma découverte lente des lieux sans retrouver les battements de cœur qui l’accompagnèrent toujours.
Amour désespéré
Il y a des jours où je fus à deux doigts d’avouer à Cynthia que je l’aimais, mais ne le savait-elle pas et n’avait-elle pas répondu à mon silence par le sien, qui disait tout autre chose ? Je suis tenté de croire aujourd’hui, sans en être certain, que je me gardais de tout aveu pour ne pas dissiper une ambiguïté où logeait encore de l’espérance.
Après le premier baiser qui n’était que de circonstances et n’engageait rien, la main gauche du séducteur, sa bonne main qui maniait avec une égale élégance le stylo à plume et la canne, cette main sinistre, je ne crains pas de le dire, habituée aux fouilles babylonienne, dégrafa sans attendre une permission et les trois boutons du chemisier -un trio qui m’avait souvent intrigué- et elle fit jaillir les seins de leurs bonnets, afin que la pleureuse comprît par cet attentat amoureux que le grand homme ne la consolait pas par pitié, dans un esprit de sacrifice chevaleresque, mais qu’il agissait pour le compte d’une puissance supérieure à la compassion, sous l’empire du désir fou.
Mmouais, pas palpitant, quoi ! J’ai beaucoup suivi les prix Goncourt lycéens, je trouvais même qu’ils avaient meilleur goût que les adultes. Mais depuis deux trois ans, il me semble que leur avis est plus conventionnel. Mais c’est peut-être lié à la sélection ?
Je crois que leurs avis sont plus travaillés que les avis des vieux adultes du Goncourt
Je n’ai jamais lu cet écrivain et je ne suis pas très tentée par le titre dont tu parles aujourd’hui.
il y a un très beau style, une atmosphère et une léger ennuie.
J’ai lu ce roman lors de ma première grossesse, une amie me l’avait offert avec plein d’autres parce que je devais rester allongée. Donc ça remonte un peu (27 ans…), et pourtant il m’a marquée, mais de manière négative. Il m’avait enlisée, entre ennui et incompréhension…
Cela remonte à loin, quelle gentille amie de t’offrir de la lecture! oui une forme d’ennuie jesuis tout à fait d’accord servie par une belle écriture. Il va bien le bébé de 27 ans?
Si tu t’es ennuyée je passe sans regret.
Ennuie mais avec du style ….
Ennui même avec du style, je passe…
ok tu as le droit … mais c’est quand même plus agréable bien écrit que le contraire.