20161112_145710Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

4Il pleuvait ce soir là, mais dès que j’ai lu les dix premières pages, j’ai su que j’allais passer un très bon moment, qui me ferait oublier la pluie, les jours qui raccourcissent et toutes les mauvaises nouvelles du monde réel. Un policier honnête qui croit encore que son rôle est de défendre les victimes quelles que soient leurs origines : prostituées, noirs, drogués, pauvres ou riches découvre tout au long de sa carrière que toute la société américaine est gangrenée par une corruption soutenue par le trop rapide enrichissement des nouvelles entreprises liées aux nouvelles technologies. Il se trouve chargé d’une enquête : il doit retrouver Ada, création d’une société immensément riche qui travaille sur l’intelligence artificielle.

C’est l’occasion pour ce romancier de retrouver ses thèmes favoris : le monde virtuel, les complots, l’intelligence artificielle. Une simple recherche sur Internet nous montre que le créateur d’Ubiqus, Antoine Bello,connaît bien ce nouveau monde. L’enquête de Frank Logan permet d’explorer les différentes sociétés qui peuplent et font vivre la Silicon Valley. On le sait maintenant ce sont des jeunes qui ont réussi à gagner des sommes absolument folles sans pour autant que leurs richesses ne soient fondées sur la production de biens mais sur des compétences virtuelles qui fournissent des informations qui seront utilisées à des fins que nous ne maîtrisons pas.

Ce qui rend ce roman à la fois drôle et intrigant, c’est que Ada a été conçue pour devenir écrivain. Cela nous amène à réfléchir sur l’écriture et sur ce que pourrait faire en matière d’écriture l’intelligence artificielle. C’est drôle mais très inquiétant, pas tant d’ailleurs pour la création romanesque que pour la formation intellectuelle. Comment lutter sur le copier/coller dans les recherches universitaires, dans ce roman Antoine Bello décrit des logiciels qui vont chercher des informations dans tout internet et qui seront bientôt capables d’en faire la présentation, niveau collège, lycée, université, et pourquoi pas de thèses, en 10 mots en 100 mots, en 1000 mots et plus. Bien sûr nous voyons tous les métiers de l’écriture disparaître les logiciels sont déjà bien meilleurs que n’importe quel « trader », mais bientôt les articles de la presse sportive ne seront pas écrits par des journalistes mais par des robots.

Toutes les activités humaine qui laissent des traces sur un ordinateur, peuvent être analysées par des logiciels et le grand collecteur de tous ces DATA prendront le pouvoir sur l’homme si faillible. J’ai apprécié que l’auteur face une place particulière à l’amour qui semble échapper encore à l’intelligence artificielle contrairement à la création littéraire puisque voilà Ada qui a écrit un premier roman dans la collection Arlequin mais qui peut certainement s’améliorer, d’ailleurs qui sait, n’est-ce pas elle qui se cache derrière le pseudo Antoine Bello ?

Citations

Humour d’Antoine Bello

Frank avait vu « Black Runner » à sa sortie en 1982 . Il en gardait deux souvenirs :

  1. Harrison Ford pourchassait des robots d’apparence humaine
  2. Il n’avait rien compris au film.

La prostitution aux États-Unis

On estime que 1500 travailleurs du sexe entrent chaque année aux États-Unis contre leur gré, le plus souvent sans savoir à quelles fins ils seront utilisés. Torture, pédophilie, trafic d’organes : les rares affaires rendues publiques offrent un aperçu terrifiant des turpitudes de l’âme humaine. Là encore, la Californie, capitale mondiale de l’industrie pornographique, paie un tribut particulièrement lourd.

L’évolution commercial dans le monde

Les coiffeurs à 1 dollar de l’époque (1950) avaient cédé la place à des salons de soins capillaires où le prix des coupes démarrent à 250 dollars

Humour sur les succès littéraires

les éléments qui tirent les livres vers le succès ; en vrac : les échanges de vœux, les chatons, la tour Eiffel, la paille, la marée montante, les brouettes, les cartomanciennes, les promenades en gondole, les miroirs en pied, les porte-jarretelles et l’huile solaire.

D’autres éléments à l’inverse tirent les ventes à la baisse : l’aïoli, les verrues plantaires, les tortues, les voyages en classe économique, la bière brune, la couleur jaune, les jardiniers mexicains, le basket-ball et la tectonique des plaques.

L’accueil dans les grandes firmes

Trois réceptionnistes qui auraient pu constituer le podium de Miss Danemark étudiaient leurs ongles derrière un comptoir en verre dépoli

Trait de caractère toujours négatif

Ambitieux et paresseux à la fois : le plus dangereux des cocktails …

Starbuck

N’en déplaise à ses porte-parole, Starbuck avait esquinté le tissu économique de l’Amérique en remplaçant les entrepreneurs par des employés et, accessoirement, en imposant à tous ses restaurants de diffuser la même musique insipide du mépris des coutumes locales.

La religion

Nos compatriotes donnent chaque année 100 milliards à des associations religieuses pour réserver leur place au Paradis ! Sans garanti, évidemment- personne ne les remboursera en cas de publicité mensongère.

22 Thoughts on “Ada – Antoine BELLO

  1. Hé oui, on le dévore, ce roman!!!

  2. Ah le monde virtuel ! Je pense que cela pourrait me plaire…

  3. Ah cet auteur ! chaque fois que je le vois sur les blogs, je culpabilise de ne pas l’avoir encore lu.

  4. Toujours pas lu cet auteur, il va vraiment falloir que je m’y mette. Ce roman pourrait bien me plaire !

  5. j’ai un peu de mal à marché à ce genre de récit mais vous êtes toutes tellement positives que je m’interroge ??? peut être vais je céder à la pression

    • Pour moi ce que je trouve fascinant dans ce récit , c’est qu’il est juste un petit peu plus loin que notre monde contemporain. Il imagine un logiciel écrivant un roman pour la collection Arlequin. Tu crois que c’est impossible? j’ai entendu des professeurs d’université se lamenter du fait que tout travail de recherche était pollué par le « copié collé », et qu’ils leur étaient pratiquement impossible de savoir si l’étudiant avait fait un travail personnel de recherche ou lancé une recherche sur Google avec les bons mots clés. Il existe déjà des logiciels pour résumer en 100 mots, 1000 mots ou plus des articles. Ce livre permet de réfléchir à tout ça autour d’ une intrigue assez plaisante. C’est la raison pour laquelle nous les dévoreuses de livres, on a aimé Antoine Bello qui bouscule notre petit monde.

  6. Malgré les éloges et même si je comprends parfaitement ce qui t’a plu, je persiste à ne pas être attiré par ce roman.

    • tiens tiens, je me demande pourquoi? je pensais que cet auteur serait aimé de tous les gens qui travaillent avec les livres car il sait poser de bonnes questions. Mais on ne peut pas être attiré par toutes les sollicitations.

  7. Je rebondis sur cette idée de logiciel écrivant des romans : je me demande si ce n’est pas déjà le cas, pour certains, et votre remarque sur les résumé 100/1000 mots en atteste. Au final, les livres à succès ne seront/seraient peut-être pas plus/moins nombreux.
    Je me demande aussi s’il ne sera pas plus simple d’écrire (ou faciliter l’écriture) des romans par logiciel interposé que d’en faire des traductions automatiques convenables.
    Ces questions ont au moins le mérite d’être posées, merci en tout cas d’avoir abordé la question Luocine et de souligner ce livre.

  8. c’est la raison pour laquelle ce livre m’a plu, c’est de la science fiction mais à peine … les professeurs qui doivent lire des thèses et des mémoires s’arrachent les cheveux devant la difficulté de reconnaître la pensée originale du « copié-collé »

  9. J’ai hâte de le lire ! Déjà en biblio ? J’ai des livres de cet auteur dans ma PAL et j’ai envie de le découvrir

  10. Oh, ça a l’air super original comme roman de science-fiction ! Ca me tente beaucoup, merci pour cette chronique !

    • Bonjour . L’originalité vient de ce que l’auteur connaît très bien les logiciels et l’intelligence artificielle . Du coup ce qu’il raconte est crédible.

  11. Bonjour Luocine, ce roman est un vrai régal. C’est ludique, drôle et très bien écrit. Bonne journée.

  12. J’aime bien l’auteur. Du coup, je risque de me laisser tenter en poche!

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