Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Le thème de notre club de lecture de Mars 2024 est original et, pour moi, très intéressant : la bibliothécaire est allée chercher dans la médiathèque des romans qui ont eu du succès il y a 20 ans , donc en 2004 !
J’ai beaucoup lu Andreï Makine et souvent avec grand plaisir, je n’avais pas lu ce beau roman d’amour désespéré – nous sommes en URSS !- je n’ai pas du tout regretté cette découverte . Donc après « la vie d’un homme inconnu« , « Le livre des brèves amours éternelles » « L’archipel d’une autre vie », voici le destin de cette femme qui depuis trente ans attend le retour de son grand et seul amour.
Ce roman nous permet de découvrir les ravages de l’hécatombe d’hommes soviétiques morts lors de la deuxième guerre mondiale. Véra vit dans un village près de la mer blanche, Mirnoïe, elle est institutrice mais passe aussi toute sa vie à s’occuper de vieilles femmes complètement seules car leurs maris et leurs fils sont morts à la guerre. La description de ces destinées est vraiment tragique. Le narrateur est un jeune homme de Léningrad et il est séduit par Véra qui a l’âge d’être sa mère, nous dit-il.
Il va l’aimer mais ne saura pas l’embarquer dans sa propre vie, elle qui n’avait été que la fiancée de seize ans d’un jeune homme qui ne revient pas.
On vit avec l’auteur le froid et la violence des rapports humains en URSS, ce n’est sans doute pas son meilleur roman, mais c’est un bel hommage à son pays en particulier aux femmes russes. Les tragédies russes nous donnent souvent envie de pleurer (encore plus fort dans notre actualité de 2024 !)
Extraits
Le début .
« Une femme si intensément destinée au bonheur (ne serait-ce qu’à un bonheur purement physique, oui, à un bien-être charnel) et qui choisit, on dirait avec insouciance, la solitude, la fidélité envers un absent, le refus d’aimer… »J’ai écrit cette phrase à ce moment singulier où la connaissance de l’autre (de cette femme-là, de Véra) nous semble acquise.
Évocation de la nature .
Plus tard, j’apprendrais le dénivelé des chemins, la vêture vivante des arbres, nouvelle à chaque tournant, les courbes fuyantes du lac dont je pourrais bientôt suivre la berge les yeux fermés.
Les Russes soviétiques.
Devant nous, serrés sur les banquettes, ils formaient le tableau vivant de ce que le régime pouvait faire d’un être humain : lui enlever toute individualité, l’abêtir à ce point que, de son propre gré, il lisait la « Pravda » (plusieurs journaux étaient ouverts ici ou là), mais surtout lui enfoncer dans le crâne l’idée de son bonheur. Car qui parmi ces rouages ensommeillés ne se serait pas reconnu heureux ?
Flirter.
Chaque génération a sa façon de flirter. Dans les années soixante, quand j’étais à Leningrad, les hommes qui vous abordaient et qui voulaient surtout brûler les étapes n’avaient que cela à la bouche : « la théorie du verre d’eau » de Kolantaï. Dans la fièvre révolutionnaire la belle Alexandra grande amie de Lénine avait concocté ce précepte : assouvir son instinct charnel est aussi simple que boire un verre d’eau. Cela paraissait tellement vital que, durant les premières années après 1917, on projetait très sérieusement de construire dans les rues de Moscou des cabines où les citoyens pourraient satisfaire leurs désirs physiques. Le meilleur flirt est l’absence de tout flirt. Le passage à l’acte immédiat. On se croise dans la rue, on trouve la cabine la plus proche, on boit « son verre d’eau », on se sépare. Une grosse pierre dans le potager des convenances bourgeoises.
Les bibliothécaires sont formidables et sont souvent de bons conseils. J’ai découvert Andreï Makine avec « Le testament français » dont je garde encore un souvenir prégnant. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas continué de le lire mais ton billet le rappelle à mon souvenir.
c’est un auteur qui toujours sait me toucher.
Une belle idée de ton club de lecture qui permet de voir quels romans ont bien vieilli. Celui-ci semble intemporel et la plume d’Andreï Makine est très belle. Bizarrement, le seul roman que j’ai lu de lui ne m’avait pas beaucoup émue cependant. Je retenterai à l’occasion.
c’est vrai qu’il y en a que j’ai préférés à celui-là mais la solitude de es femmes sans mari ni fils m’a touchée
Je n’ai encore rien lu de Makine et comme tu mentionnes que ceci n’est pas son meilleur, je me tournerais éventuellement vers un autre de ses romans.
j’a tellement aimé « le testament français » je ne connais personne qui soit resté indifférent à ce roman.
Que de bonnes idées dans cette médiathèque!!!
tu es invitée !
Il est dans ma PAL depuis un moment. J’avais beaucoup aimé « l’archipel d’une autre vie ».
tous me plaisent de cet auteur je vais de l’enthousiasme au réel intérêt
Ah ben moi non plus je ne l’ai pas lu et je suis comme toi j’aime bien Makine alors je le note mais bon pas certaine de le lire dans les prochaines semaines
je suis débordée par mes envies de lectures alors je te comprends trop bien!
J’ai failli confondre avec « Une femme aimée » que je n’avais pas aimée justement !!!
Je n’ai lu que 3 makine, l’archipel d’une autre vie en premier, et je recherche toujours la puissance et le plaisir de lecture de ce roman, que je n’ai pas retrouvées dans mes 2 autres lectures.
Ce que tu dis est un peu vrai mais j’aime toujours cet auteur peut être grâce au premier souvenir si fort du « testament français »
Je n’ai encore jamais lu cet auteur… Par contre, un roman sur une femme qui attend un homme pendant 30 ans, ça me tente moyen…
Je comprends mais le contexte explique tant de choses.
J’ai beaucoup aimé les premiers romans de Makine, moins les suivants. Je ne sais pas si c’est lui qui a changé ou moi, un peu les deux, sans doute. Je trouve que ses jugements sur la société contemporaine manquent de nuance. Il y aurait les purs d’un côté et la masse de l’autre.
Je ne vois pas sur quels livres tu t’appuies pour dire cela, pour moi c’est un auteur prolifique avec des livres de qualité inégales selon moi.