Encore un roman que je peux rayer de ma liste. Quel succès sur Babelio ! plus de 617 lecteurs et 137 critiques, très favorables le plus souvent. Je ne connaissais pas l’auteure Lola Lafon, depuis, je l’ai écouté chanter et je lirai à l’occasion ses autres romans. Elle était particulièrement bien placée pour comprendre la vie de Nadia Comaneci : c’est une femme , elle vient des pays de l’est et a vécu en Roumanie. Elle revendique un point de vue féministe et fait très justement remarquer, dans les interviews qu’elle a données à propos de ce roman, que les commentateurs sportifs, le plus souvent masculins parlaient de magie quand Nadia avait un corps de petite fille et n’éprouvaient plus la même « attirance » quand elle a eu un corps de femme. Elle a construit sa biographie, en dialoguant avec l’ex-championne de gymnastique, celle qui est dans toutes les mémoires, pour avoir obtenu le premier 10 en 1976 aux jeux Olympiques de Montréal.
J’ai, dans un premier temps, pensé que Nadia C. avait donné son accord pour que ce livre décrive sa vie ainsi et qu’elle répondait aux questions de sa biographe, grâce à vos commentaires, je me suis rendu compte de mon erreur. En réalité, même si c’est bien un roman à deux voix , c’est Lola Lafon qui les imagine toutes les deux. Cela permet d’exprimer deux opinions. Nadia C. réagit fort pertinemment , à propos des différences en ce qui concerne les entraînements de sportifs de hauts niveaux en système communiste et capitaliste. Elle sait reconnaître également qu’elle est un produit du pays communiste roumains et elle n’a pas, loin de là, que des mauvais souvenirs. Elle mettra du temps à comprendre les abus du pouvoir. En réalité pour qu’une enfant réussisse à ce niveau en gymnastique, il n’y a pas deux systèmes, elle doit d’abord être douée, et son entraîneur savait reconnaître les dons chez les enfants. Il y avait beaucoup de petites Roumaines douées, mais il a su repérer le don unique de Nadia C. Ensuite tout n’est qu’entraînement et travail forcené.
Si la médaille d’or de 1976 est un choc extraordinaire, je trouve que l’on sent encore plus en 1980 le talent de son entraîneur, car Nadia a alors 18 ans, un tout autre corps et sa prestation est parfaite. D’ailleurs, Bella Karolyi recommencera avec le même succès aux États-Unis avec Mary Lou Retton qui apportera à ce pays sa première médaille d’or dans la spécialité . En revanche, on peut vraiment se poser des questions sur la violence des entraînements pour arriver à ce résultat : oui, un enfant peut le faire, et surtout on ne peut atteindre ce niveau que si on est un enfant, mais à quel prix ! Lola Lafon, nous plonge donc dans ce monde impitoyable de la très haute compétition et les ambiances des championnats, en particulier les jeux olympiques de Moscou alors que l’URSS envahit l’Afghanistan. J’ai lu avec grand intérêt cette biographie, alors que je ne m’intéresse pas du tout à ce sport, et cela m’a amenée à changer mes points de vue un peu simplistes sur cette spécialité. (Je me disais qu’il fallait interdire toutes les compétitions aux mineurs, mais ce n’est pas si simple !).
Citations
L’entraînement vu par Nadia
Nadia C. ne fait aucune remarque mais le lendemain, lorsque je lui demande comment elle explique l’obéissance absolue des gymnastes, elle paraît gênée par ce mot, obéissance : « C’est un contrat qu’on passe avec soi-même, pas une soumission à un entraîneur. Moi, c’étaient les autres filles, celles qui n’étaient gymnastes, que je trouvais obéissantes. Elles devenaient comme leur mère, comme toutes les autres. Pas nous ».
Le programme de Bella Karolyi
Il redessine les journées ; 6 heures-8 heures : entraînement. 8-12 heures : école. 12 heures-13 heures : repas. heures-14 heures : repos. 14 heures-16 heures : leçons. 16 heures- 21heures entraînement. 21 heures 22 heures : dîner, leçons et coucher.
Le système communiste roumain
Si vous avez souhaité écrire mon histoire, c’est que vous admirez mon parcours. Et je suis le produit de ce système-là. Je ne serai jamais devenue championne dans votre pays, mes parents n’auraient pas eu les moyens, pour moi tout a été gratuit, l’équipement, l’entraînement, les soins !
Pour revoir le premier 10 en 1976 aux jeux olympiques de Montréal attribué à une jeune fille (au corps d’enfant) de 14 ans Nadia Comaneci :
J’avais aussi repéré cette autobiographie : le contexte historique m’intéressait beaucoup plus que le sport !
la compétition sportive de haut niveau est le sujet principal, et moi je ne m’y intéresse pas, mais c e livre m’a forcée à voir les choses autrement.
Ce livre ne m’avait pas convaincue. Pourtant j’en garde un souvenir assez précis, ce qui n’est pas toujours le cas pour des livres que j’avais encensés… Et si je me souviens bien, le dialogue entre Nadia et l’auteur est purement fictif… C’est un livre qui nous engage à réfléchir.
Je croyais que le dialogue était réel. J’ai été surprise par les réflexions que je me suis faites à propos de ce livre, en particulier sur le sport de haute compétition.
Le sujet ne m’attire pas une seconde mais tout le monde en dit tellement de bien…
je n’étais pas attirée moi non plus mais je voulais me faire une idée , et j’ai apprécié le travail de l’auteure
c’est un livre que j’ai lu mais non que je ne l’ai pas apprécié mais il évoque en moi une période difficile, j’ai entrainé des enfants à un niveau local pendant des années et une de mes filles a atteint elle le haut niveau et j’ai vu de près les méthodes d’entrainement la façon dont sont malmenés ces enfants et hop on a tout arrêté car non les enfants ne sont pas fait pour souffrir
par contre je suis toujours convaincu des bienfaits d’une discipline sportive qui forge le caractère, qui donne le goût de l’effort mais à la condition d’y mettre des bornes très précises
et justement dans ma tête je me suis demandée où étaient ses fameuses bornes…. Ce livre m’a fait réfléchir à ce problème. De nombreuses petites filles et petits garçons aiment sauter rebondir et se lancer sur des barres, que faut-il interdire pour que la souffrance reste supportable?
J’apprécie beaucoup ton commentaire , je te comprends , j’ai vu la souffrance en danse classique , ce n’est pas triste non plus!
J’avais bien aimé l’écriture de ce livre et surtout ce qui y était dit du regard sur le corps féminin … Un brin de nostalgie aussi, parce que Nadia, c’était quand même un peu une icône de mon adolescence … Pas encore lu d’autres romans de Lola Lafon, mais j’y reviendrai.
Et oui, c’est un dialogue fictif. Il y a pas mal d’extraits d’entretiens avec l’auteure où elle explique sa démarche sur la toile. (je l’avais entendue à « Etonnants voyageurs, elle est très intéressante et prolixe !)
j’ai cru à un vrai dialogue, mais son livre en sort renforcé , elle a beaucoup de talent cette auteure…
je n’avais pas été plus emballée que ça, ce mélange de fiction et de réel m’avait perturbée.
je trouve que ce livre fait réfléchir sur la compétition de haut niveau.
J’ai énormément apprécié ce roman très bien construit et encore plus de rencontrer l’auteure dans un festival et d’écouter son spectacle musical autour du livre.
je ne savais pas qu’elle avait construit un spectacle musical autour de son livre, je suis d’accord avec ton avis , alors que le sujet ne m’attirait pas plus que ça.