Édition Zulma poche . Traduit de l’islandais par Régis Boyer.

À Brekkukot, les mots étaient trop précieux pour qu’on en fasse usage parce qu’ils signifiaient quelque chose. Nos propos étaient comme de l’argent immaculé avant l’inflation. L’expérience était trop profonde pour pouvoir être exprimée.

 

C’est chez Dominique que j’avais pioché cette idée de lecture . C’est un livre que je qualifierai livre « d’autrefois « . Je veux dire par là qu’autrefois on avait le temps de se plonger dans des lectures longues et lentes. Des livres d’ambiance où il ne se passe pas grand chose qui mélangent réalité et contes. J’ai adoré ce genre de livre … autrefois, justement ! Mais j’ai depuis longtemps succombé à l’air du temps et j’ai besoin de plus de rapidité dans le récit. En plus, ce n’est pas un livre qui se lit facilement car l’écrivain ne donne pas les clés de compréhension des rapports entre les différents personnages. Il suggère plus qu’il n’explique et le lecteur s’y perd facilement. Tout est raconté du point de vue d’Alfgrimur un enfant adopté par des gens remarquables, qui ne sont pas mari et femme mais qui ont ouvert leur demeure (Brekkukot) à tous ceux qui ont besoin d’être recueillis. Ces deux personnes seront pour l’enfant des grands-parents aimants et compréhensifs. Alfgrimur se voit bien devenir pêcheur de lompe comme son grand-père mais ses talents scolaires et sa rencontre avec la célébrité locale, un chanteur d’opéra vont en décider autrement.

Si j’ai eu du mal à situer et à comprendre tous les personnages, j’ai savouré certaines scènes racontées avec un humour certain. Savoir par exemple si se faire couper la barbe par un barbier relève de l’hygiène ou de l’exploitation de classe. Les hommes du village en discuteront toute une partie de la nuit sans arriver à se mette d’accord, mais cela ne les empêchera d’y mettre toute la force de leur passion ni de citer Marx et Engel .

Une plongée dans le passé dans un pays très étrange et la découverte d’un prix Nobel de littérature. Des moments de grande poésie et en même temps une difficulté à garder mon intérêt éveillé durant les 352 pages du livre.

 

Citations

 

La pendule.

 Il va sans dire que, s’il se passait quelque chose dans la pièce, on entendait jamais la pendule, comme si elle n’existait pas. Mais dès que le calme était revenu, que les invités étaient partis, qu’on avait fini de débarrasser la table et que la porte était fermée, elle recommençait sans se laisser troubler. Et si on écoutait attentivement, on distinguait parfois des accent chantants dans le mécanisme, ou quelque chose de très semblable à un écho.
 Comment se fait-il que je me sois mis en tête que dans cette horloge vivait une étrange créature a vu qui était l’Éternité ? Pour une raison ou pour une autre, il m’a paru tout simplement, un jour, que le mot qu’elle prononçait en tictaquanr, un mot de quatre syllabes accentués sur les syllabes paires, était é-Ter-ni- Té, é-Ter-ni-TÉ.

Façon de s’adresser au lecteur.

 Si je raconte ce qui lui arriva, c’est parce que cela est resté ancré dans mon esprit et que ma propre histoire ne serait pas complète si je ne le mentionnais pas ici. Mais avant de raconter son histoire, je voudrais surtout prévenir le lecteur que ce qu’il va entendre là n’a rien de spectaculaire ni d’épique

Personnage secondaire

 » Avant d’en finir avec la description des mérites de Runólfur Jónsson, il ne faut pas que j’oublie le haut fait qui, selon toute vraisemblance, immortalisera son nom dans l’Histoire : c’est que ce digne compagnon de nuit et frère adoptif fut l’un des premiers hommes à être écrasé par une automobile. Il avait alors presque de quatre-vingt ans. Cela se produisit parce que, lorsqu’il buvait, il avait coutume de marcher au milieu du chemin tout en agitant une bouteille, en chantant, en tenant des discours et en riant. Il était toujours escorté d’une collection hétéroclite de compagnons de beuverie, de flâneurs, de chiens errants, de chevaux et de cyclistes : ceux que je viens de mentionner en dernier lieu constituaient une nouveauté et étaient danois. Ils ne prêtait pas plus attention aux automobiles qu’à toute autre boîte de conserve roulant le long du chemin.
Et donc, si d’aventure le mauvais sort voulair que Runólfur Jónsson, ce descendant de juges suprêmes, disparaissent un beau jour de ce livre et que j’oublie de noter le moment de cette disparition, ce serait parce que ce frère adoptif a été écrasé par la première automobile qui arriva en Islande. »

Quel humour ! lecture du sermon.

 Mais il ne déviait jamais de la manière particulière de lire que les gens, en Islande, adoptaient pour la parole de Dieu, ces accents monotones et solennels dits d’une voix suraiguë qui se terminer à la quarte à la fin d’une phrase. Cette façon de lire ne ressemblait à rien de connu en ce monde, quoiqu’elle représentât certaines similitudes avec les marmottements de certains dérangés mentaux.

La publicité en vers.

 

 A cette époque la, la coutume était de faire des annonces en vers si l’on voulait vendre de la morue séchée ou si l’on avait besoin d’une femme pour les travaux du printemps. Ces poèmes, nous les apprenions par cœur. Aujourd’hui encore, il n’y a guère de poésie qui me restent gravée dans la mémoire comme les annonces vantant la qualité du haddock gelé et autres poissons séché, louant cette sorte de pâtisserie étrangère appelée « Fluff » et remède universel chinois venant du Danemark et découvert par un homme appelé Vladimir Pedersen.

Ambiance garantie.

À Brekkukot, les mots étaient trop précieux pour qu’on en fasse usage parce qu’ils signifiaient quelque chose. Nos propos étaient comme de l’argent immaculé avant l’inflation. L’expérience était trop profonde pour pouvoir être exprimée.

Flirt à l’islandaise !

D’habitude lorsque je rencontrais des jeunes filles, je prenais soin de regarder dans une autre direction. Je ne me sentais pas rassuré avec ces créatures et ne les comptais pas exactement parmi les êtres humain, pas plus que je ne le faisais pour les « autorités ».

Je me demande ce qu’est ce « tourniquet » ?

 Autrefois, j’avais craint de perdre la sécurité qui régnait jusqu’au tourniquet de Brekkukot ; maintenant, j’appréhendais les nouveaux chemins qui s’ouvriraient quand je cesserais de fouler les sentiers battus menant à l’école, le matin, décrivant un demi-cercle autour de l’Étang et revenant à la maison dans l’après-midi

Remarque tellement vraie !

Je ne sais pour quelle raison, les pleurs de femmes rondouillardes n’ont jamais été pris au sérieux en ce monde, et un martyr grassouillet a toujours été perçu comme étant contraire aux lois de la raison -et d’ailleurs il est impensable, en peinture. Dans tout concept culturel la seule eau salée valable est celle qu’une personne maigre a la mine défaite verse à flots dans le monde chrétien.

 


Édition de l’Observatoire

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Une vraie déception pour ce roman écrit pas la soeur de …  ! La quatrième de couverture annonce une écriture d’une grande force poétique. Je me méfie souvent de ce genre d’affirmation. La poésie ça ne se décrète pas, c’est un ressenti, une émotion et une langue que l’on ne peut pas oublier. Il y a ici plusieurs freins au partage, d’abord la langue québécoise qui n’est pas traduite, donc, parfois, à peu près incompréhensible pour des français. Ensuite la volonté de tout écrire du point de vue d’une jeune adolescente qui, peu à peu, apparaît comme retardée mentale. La poésie de cette naïveté là, est pour moi, difficilement acceptable. J’ai beaucoup de compassion pour elle et sa solitude, mais je ne peux pas partager sa conception des relations humaines.
Je vous explique rapidement ce que j’ai compris : une très jeune fille vit avec sa soeur au bord du fleuve Saint Laurent. Elle se sent différente des autres et sait que cela vient de son manque d’intelligence. Elle souffre car ses parents l’ont abandonnée avec sa soeur. Une femme leur vient en aide, mais c’est très difficile de vivre dans cette région où l’hiver est si froid. Elle croisera un jeune homme qui l’émeut beaucoup. Je ne peux pas vous en dire plus, non pas parce que je ne veux pas divulgâcher le livre mais parce que l’histoire n’a pas plus d’importance que ça. Ce qui est raconté tout au long de ces pages c’est la façon dont cette enfant perçoit le monde et voudrait par dessus tout être aimée.

Citations

Genre de phrases dont j’aimerais avoir la traduction.

Mais cette fois, c’est juste sa voix qui m’a miellée, qui m’a abrillée correctement.

La langue du Québec.

 L’autre soir, l’école a encore appelé à notre demeure. Après ça, Titi a dit que j’étais une cancre, elles étaient énormément en colère et ses cheveux se mouillaient sur sa tête. Je suis peut-être nulle à l’école, mais je sais au moins ce qu’est une cancre, et je sais que c’est triste à mourir. Je sais aussi que quand on change une lettre de place dans le mot « cancre » ça donne « cancer », et que ça non plus ce n’est pas propre propre. J’étais en beau fusil, j’ai fait une crise, j’ai commencé à courir autour de la table en grognant, en tapant mes mains ensemble et en tapant ma figure avec.
 Flatter ma branche m’a fait du bien.

Phrase que j’aime bien.

Ça n’est pas facile d’être à l’intérieur de moi, et des fois je préférais plutôt être à côté pour pouvoir me sauver en criant

 

 

 


Édition Folio Junior

Traduit de l’anglais par Alice Marchand

Ce livre est un projet de lecture avec mon petit fils de huit ans. Sa maman se désole car il ne lit plus que des mangas. J’ai fait une recherche dans les différentes maison d’édition et j’ai été étonnée à quel point c’est difficile de trouver un roman d’aventure. J’espère que celui-ci lui plaira mais je lui laisserai la parole.

Pour moi ce livre est parfait car il insiste beaucoup sur les possibilités de débrouillardise des enfants, mais en ne niant pas du tout les risques qu’ils ont encourus. Quatre enfants étaient dans un petit avion pour aller jusqu’à Manaus en Amazonie . Le pilote meurt brutalement d’une crise cardiaque, l’avion s’écrase. Les enfants sont vivants mais pour combien de temps ?

Heureusement pour eux, ils rencontreront un homme qui va les aider. J’ai beaucoup aimé les descriptions de la nature qui est loin d’être accueillante. L’auteure est visiblement très bien renseignée sur les habitudes alimentaires des animaux de la région, comme les singes qui se badigeonnent de fourmis avant de plonger leurs mains dans les ruches sans se faire piquer. Comportement que les enfants vont imiter. Les rapports entre eux n’est pas immédiatement fluide mais ils finiront pas se connaître et s’entendre. On apprend beaucoup de choses sur les animaux et les plantes de cette région . Il y a quelques invraisemblances, mais pas trop. Je pense qu’aucun enfant n’oubliera le passage sur les mygales. Et, j’espère vraiment qu’Arthur va aimer.

 

Arthur (8 ans)

J’ai beaucoup aimé ce livre mais j’ai mis du temps à le lire car il est un peu difficile et long mais si on se laisse prendre par l’histoire c’est très bien. Je pense que c’est un livre pour des enfants un peu plus grands que moi. Mon passage préféré c’est quand les enfants font un pacte en faisant sur leur peau une marque avec un couteau pour jurer qu’ils garderont le secret de l’explorateur. J’ai appris dans ce livre que l’on pouvait manger des mygales et que c’était très bon. J’irai bien en Amazonie mais j’ai un peu peur aussi.

Citation

Manger une mygale .

Fred prit son courage à deux mains. Il détacha la mygale du bâtonnet. Elle était chaude et croustillante, mais avait gardé son allure d’araignée. Il se boucha le nez et croqua une patte.

Il fut stupéfait. Elle avait un goût de poisson, un goût de sel, comme la mer. Il croqua une plus grosse bouchée.
– C’est pas mal, commenta-t-il.
Connie le considéra d’un air incrédule. 
– Tu es en train de manger une araignée. Tu en as conscience ?

 

 


Édition Seuil

 

Merci aux éditions Seuil et à Babelio d’avoir sollicité mon avis sur ce roman. Il m’a permis de passer un bon moment de lecture.
Nous sommes dans un commissariat de police et trois femmes vont devoir répondre à des questions de policiers que nous n’entendrons jamais. Elles sont toutes les trois interrogées car depuis deux ans, Thomas, le mari de Claire a disparu. Hélène et Joan sont ses amies. Nous devons d’abord comprendre pourquoi Claire n’a pas prévenu avant de la disparition de son mari. Elle, son mari et ses deux amies se sont connues à l’université, seule Claire s’est mariée, et après avoir été professeure, elle a repris les vignes de ses parents. Hélène a été aussi professeure, mais elle a voulu vivre du théâtre et disons pour faire simple qu’elle vit surtout des charmes de son corps. Joan est d’origine américaine et veut vivre en France sans avoir les bons papiers. Au fil des interrogatoires le destin de ces trois femmes se construit dans la France contemporaine, et dévoile peu à peu la personnalité de Thomas. Ensemble, elles décident de se retrouver dans un ailleurs genre ZAD qu’elles appellent « la commune ». Elles ont besoin d’argent et il devient donc urgent que Claire divorce de ce fantôme encombrant pour récupérer l’argent de sa ferme et l’investir dans la « commune ». Voilà pourquoi elle vient aujourd’hui parler de la disparition de son mari. Deux ans après.

On découvre peu à peu une autre Thomas sur lequel, visiblement, la police en sait beaucoup plus que Claire, sa femme. Hélène détient une part de la vérité mais si peu finalement.

L’intérêt du roman ne tient pas qu’à cette seule enquête mais aux trois destins de ces femmes. Tout n’est pas complètement expliqué en ce qui concerne Thomas et sa disparition, il y a aussi un côté science fiction dans ce qui est raconté comme une catastrophe écologique « le jour de l’Oural », cela ne m’a pas empêchée d’adhérer au récit . Mais ce qui m’a gênée c’est le côté solution dans le retour à la nature dans une communauté genre années 60, pour moi, c’est la preuve d’un militantisme dépassé, et qui hélas n’a jamais fait ses preuves, même si parfois il y a des exemples de réussite. Et, au cours du récit, il y a un petit côté générosité de gauche que je trouve facile. Le propriétaire de Joan un gros bourgeois qui loue la chambre de bonne au noir et qui la mettra à la porte sans aucun remords, la famille bourgeoise qui a adopté un petit enfant asiatique qui sert de jouet et de souffre-douleur à leur fils odieux. Cela me semble des passages obligés pour faire accepter la solution du retour aux vraies valeurs de partage dans la nature.

Citations

Premier interrogatoire de Claire.

 Le détail qui me rassurait dans les heures qui ont suivi le départ de mon mari, c’est qu’il n’avait pas pris ses affaires. Je veux dire tout était resté dans le dressing. Ses vêtements, ses valises. Il n’avait pas préparé un déménagement. Il était parti avec son portefeuille et son téléphone. Avec toutes ses absences depuis des mois, j’avais commencé à imaginer des histoires. J’ai pensé à toutes les hypothèses, comme vous le faites, là. Sauf que, et là je vais peut-être vous surprendre, c’est que ça ne me gênait pas outre mesure. C’est agréable aussi d’être seule. Non, là j’enjolive les choses. Ça fait longtemps qu’il est parti, c’est pour ça. il ne reviendra pas, on est d’accord. Vous le pensez aussi ? C’est quoi la statistique ? Il n’y a pas de statistique ?

Est-ce le COVID qui a fait penser à l’auteure au « Jour de l’Oural » ?

C’est comme avec le Jour de l’Oural. Quand les pluies ont commencé, le chiffre des morts nous tétanisaient. Mais on s’habitue à tout. Vous vous rappelez, toutes les conneries qu’on se disait pour se rassurer ? Que les masses d’air chaud étaient repoussées par le Gulf Stream ? On s’habitue à la menace permanente, on s’habitue à l’idée de la mort, c’est un long apprentissage mais ça vient. Pendant longtemps, ça nous a semblé lointain abstrait. Ces pluies touchaient des territoires qui nous apparaissaient éloignés comme si on ne vivait pas sur la même planète, comme si nous n’étions pas reliés par le même univers. Le drame était obscure. Quand les contaminations reprenaient ici et là dans les cours d’eau et sans raison apparente, je sentais que, Léo et Hortense se crispations. Ils avaient été particulièrement impressionnés par les Italiens train de pomper les dernières réserves d’eau douce. Vous vous rappelez ces images ? Après quelques semaines la pluie la brume la neige redescendaient sous des seuils supportable. Alors les activités reprenaient, jusqu’à la pénurie complète à laquelle on est arrivés. 

Les couples.

 Les gens sont rarement seuls. Il y a toujours quelqu’un qui vous suit où vous précède, dans le secret des souvenirs. J’ai toujours cru que les couples, tous les couples fonctionnaient ainsi. Ceux qui se tiennent par la main sont épaulés par d’autres, à leur gauche, à leur droite ; ils avancent parmi une foule de fantômes qui se frôlent.


Éditions de l’Observatoire 

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Un des avantages du club de lecture de Dinard (et ce n’est le seul) c’est de chercher des titres dans les romans français, enfin surtout pour les nouveautés et cela me change un peu des auteurs étrangers.
Ce livre est un petit bijou tout en délicatesse et pourtant … Pourtant il traite d’un des sujets qui me révolte le plus, et je ne dois pas être la seule ! Les souffrances infligées aux enfants dans des institutions censées les protéger. Dans le genre le Canada doit être en première ligne avec le sort réservé aux enfants indiens arrachés à leurs familles pour les ré »éduquer » dans dans des maisons qui ont été pour nombre d’entre eux l’antichambre du cimetière. L’Irlande n’est pas mal non plus et voilà que nous sommes dans un endroit que j’adore : Jersey et les îles anglo-normandes. D’ailleurs on y parle de Serk et des Écrehous qui sont parmi les plus jolies îles que j’ai vues. Mais loin de ce tourisme ou de l’évasion fiscal, Jersey a eu son orphelinat à la tête duquel un directeur pervers à régner. Le malheur pour ces enfants c’est que l’île est loin de tout et qu’il a fallu bien du temps pour que les langues se délient. D’ailleurs les habitants de l’île ne veulent toujours pas parler de cette affaire bien réelle hélas ! La romancière a imaginé des personnages qui semblent tellement vrais, si eux n’ont pas existé leurs sosies ont bien souffert de tous les maux qu’elle nous décrit. Lily est une petite fille de 8 ans, et elle arrive à survivre dans cet enfer car elle aime les oiseaux et la nature mais le petit qu’elle protège (je peux dire sans divulgâcher que c’est son petit frère) lui n’a que quatre ans et ne peut pas se protéger. La fin est tragique, je vous laisse deviner. La narratrice du roman est une femme de 60 ans qui veut faire toute la lumière sur ce qui s’est passé car cela la concerne de près. Il y a aussi un personnage qui lui a existé : il vivait un peu en marge de la société et a été accusé de crimes à connotation sexuelle, il était innocent et on découvrira plus tard que le vrai coupable était employé à l’orphelinat c’est lui en particulier qui faisait le père Noël … Cet homme dégouté par ses concitoyens se réfugiera au Écrehous et se déclarera roi de ces îles. Vous pourrez vous renseigner sur lui dans cet article ce fait divers n’est vraiment pas à la gloire des habitants de l’île, c’est le moins qu’on puisse dire ! !
La si belle île de Jersey s’est refermée sur son silence et la narratrice n’apprendra pas grand chose d’autre que ce que l’enquête officielle n’avait découvert.
Comme je le disais au début un livre d’une délicatesse étonnante pour un sujet sordide . Bravo Maud Simonnot !

 

Citations

Les iliens.

 Les mimosas étaient en fleur et leur jaune d’or apportait une couleur de plus à une incroyable palette des végétaux qui se détachaient sur le bleu céruléen de l’eau. En temps normal j’aurais été séduite par la beauté de ce spectacle marin, mais depuis quelques jours je percevais la mer différemment : c’est elle qui avait permis à ces gens de vivre en paix avec leurs secrets et qui leur conférait cette arrogance. Coupés du reste du monde par l’immensité d’eau ils étaient entre eux.

La beauté mais aussi la prison .

 Après avoir longé le Trou du Diable, je m’approchais des bruyères bordant la falaise pour contempler la silhouette de la petite ils de Serk, aux contours indigo rendu flou par la brume comme ceux d’un royaumes disparu. J’avais toujours vu dans les îles de merveilleuses terres de liberté, pour Lily ça avait signifié l’inverse : il était doublement impossible de s’échapper de l’orphelinat puis de Jersey. Son purgatoire était une île dans l’île, une prison dans la prison…

C’est très triste.

 L’environnement qui avait permis autant de crimes, cette culture locale du silence, était presque aussi terrible que les personnes mêmes qui les avaient perpétrés. Parce que ces enfants étaient orphelins, pauvres, inoffensifs, il avait été facile de détourner le regard. Et même si, après une très longue procédure, la commission d’enquête avait fini par conclure en 2017 que « sans l’ombre d’un doute un nombre important d’enfants pris en charge par les autorités de l’île avait été victimes de violences physiques et sexuelles et de négligence émotionnelle ». Pour ces enfants il n’y aurait jamais ni justice ni consolation.

 


Édition Arthaud. Traduit de l’italien par Béatrice Vierne.

En ce trois octobre, ma meilleure amie a 80 ans et comme cette auteure, elle aime par dessus tout créer des jardins, comme elle, elle lutte aussi contre des maladies graves mais heureusement qui la laisse en vie permettant à ses amis de profiter de son incroyable optimisme . C’est aussi une photographe de talent et j’avais parlé d’un de ses livres sur le pain sur Luocine.

Le titre du livre vient d’un poème d’Emily Dickinson :

« Je ne l’ai pas encore dit à mon jardin

Tant je redoute ma défaillance.

Pour le moment, je n’ai pas tout à fait la force

De mettre l’abeille dans la confidence »

Pia Pera est connue pour ses livres sur les jardins et elle écrit ce dernier livre en luttant contre une maladie qui va finalement l’emporter. Tout le long des années où elle a senti son corps la trahir, elle a cherché du réconfort auprès des plantes dont elle s’était occupée dans son merveilleux jardins. Elle a aussi cherché auprès de la médecine, si impuissante dans son cas, une guérison qui n’est pas venue. Elle a accepté de trouver dans des médecines non conventionnelles un peu de réconfort, elle a beaucoup espéré hélas, en vain. Elle a trouvé aussi dans les lectures des points d’appui, plus sans sans doute que dans la science médicale. Mais ce qui fait le charme de ce livre qui a tant plu à Dominique -au point de me donner envie de le lire et de l’offrir- ce sont tous les passages sur les merveilles de la nature. Autant elle sent l’inutilité des souffrances qu’on lui impose pour soi-disant la soigner, autant on sent qu’elle se regénère à chaque fois qu’elle peut se fondre dans le paysage qu’elle a su créer.

Comme ce livre suit ses pensées, il fourmille de petits passages merveilleux qui enlèvent la tristesse du propos. Par exemple savez vous qu’à Détroit les habitants créent des jardins potagers et des fermes sur des terrains arrachés aux friches industrielles ou aux barres d’immeubles vidés de leurs habitants par la délocalisation des industries métallurgiques et automobiles. De nombreux jardins sont évoqués que j’aimerais bien aller visiter, et tant de livres que je n’ai pas lus et où elle trouve des propos qui correspondent à son état physique et mental. Car évidemment son corps souffre et trahit la femme active qu’elle a toujours été. C’est triste mais pas tragique car dès qu’elle peut adapter son corps à des plaisirs physiques, on la sent heureuse. Comme ce dernier bain de mer à l’île d’Elbe dans une voiture adaptée. Mais, ce sont les passages sur les plantes qui font tout le charme de ce livre et pourtant ce n’est pas mon sujet de prédilection. Je vous ai recopié le passage sur les rose pour vous donner une petite idée du style de Pia Pera.

Finalement que dire de plus : un très beau livre et un hymne à la vie. Comme le dit la mère de José Saramago

« Le monde est si beau, quel dommage d’être obligé de mourir. »

 

 

Citations

On a envie de s’y promener.

J’ai tenté de raconter comment j’avais transformé une ferme austère en lieu où l’on pouvait, par une transition progressive entre le spontané apparent et le champêtre, entre le fortuit et le délibéré, assez discrète par une transition imperceptible côtoyer des bosquets, des oliviers, un verger, un potager, jusqu’au jardin des buis, derrière la maison. Mon intention avait été d’effacer ou pour le moins d’estomper mes propres traces, tous les indices risquant de laisser deviner un projet, une attention. 

Les plantes et les ruines.

 Ce qui émeut, dans les plantes superbes poussant telle de courageuses pionnières, parmi les ruines archéologiques, ce n’est pas la mort, mais la vitalité.

J’espère que mon amie arrivera à cette sagesse .

 La canne à la main, me dis-je, je ne me laisserai plus dominer par personne. Je tiendrais tête. Vraiment, elle me met en joie. Elle favorise ma vocation de despote. J’adore dire aux autres ce qu’ils doivent faire. Il a fallu que je tombe malade pour découvrir à quel point donner des ordres est plus gratifiant, au fond, qu’une pénible autonomie. Au début, je m’obligeais pour des raisons morales, à tout faire toute seule. Maintenant, malade, je peux profiter en secret d’un privilèges suspect sur le plan éthique.

Les roses.

Depuis leur premières apparition, j’appelle les boutons de rose minuscules et serrés, comme des écrins en miniature tantôt ronds, tantôt allongés, avec parfois des pétales disposés capricieusement, par petites Gilles. Chacun d’eux m’inspire une tendresse poignante, mêlée de curiosité envers les nuances, les formes comprimées jusqu’à l’invraisemblable. Et puis enfin, quelque chose transparaît : l’étreinte des sépales se relâche tandis que la fleur pousse afin de s’ouvrir à la lumière. Pour le bouton c’est la capitulation , et alors les rôles s’inversent : on voit la petite couronne de sépales ployer, vaincue, au pied de la fleur triomphante, tantôt dessinée selon des lignes Art nouveau, tantôt fluide comme la tache de couleur d’un impressionniste, tantôt avec des pétales disposées en corolle simple, comme dans un codex enluminé.

Une autre amoureuse de jardin.

Aussi longtemps qu’elle (Vitæ Sackville-West) l’a pu, elle a vécu avec et pour son jardin. Elle n’était pas femme à sacrifier un seul instant pour penser à cette goujate qu’est la mort .

J’ai aimé tant de passages comme celui-ci :

José Saramago, dans son discours pour le Nobel, évoque l’homme le plus sage qu’il est connu – son grand-père maternel, qui ne savait ni lire ni écrire. Pressentant qu’il ne reviendrait pas du voyage qui d’Azinhaga allait le conduire jusqu’à un hôpital de Lisbonne, il a pris congé, en larmes, des arbres de son jardin, les étreignant un par un. quant à sa grand-mère maternelle, elle a déclaré : « Le monde est si beau, quel dommage d’être obligé de mourir.

 

 


Édition la cosmopolite stock. Traduit de l’italien Anita Rochedy
Un roman très agréable à lire, comme un grand bol d’air pur dans la haute montagne. Cet écrivain sait rendre hommage aux paysages qu’il aime tant. Surtout n’attendez pas trop d’histoire de loups car s’ils sont présents dans ces montagne et dans le roman, ils ne sont pas les personnages principaux. L’auteur écrivain se met en scène dans un restaurant où il fait la cuisine « Le festin de Babette » en hommage à la nouvelle de Karen Blixen qui a inspiré à Gabriel Axel un film que je revois de temps en temps toujours avec le même plaisir. Il va rencontre Sylvia avec qui il aimera faire l’amour, mais ce n’est pas non plus le sujet principal du roman, aucune histoire n’est vraiment menée jusqu’au bout ; c’est ce qui m’a empêchée de mettre cinq coquillages au roman. Un peu comme dans la vie, on croise des gens que l’on aimerait mieux connaître, parfois aussi mieux aider mais cela ne se fait pas car nous suivons une autre route. Fausto aimera Sylvia, mais il n’est pas sûr qu’ils restent ensemble, il aidera un montagnard après un accident et nous apprendrons que cet homme a été le mari de Babette (c’est ainsi que l’on surnomme la propriétaire du restaurant) et qu’ils ont eu une fille ensemble, mais rien de plus.
Le vrai sujet de ce roman, c’est l’imbrication de la vie de ces personnages dans une nature qui domine tellement les hommes. Seuls les loups sont réellement libres dans ces montagnes, c’est peut-être le sens du roman.
Un roman qui permet d’oublier le quotidien grâce à ce que la montagne peut apporter aux hommes en quête de beauté liée à l’effort pour y accéder.

Citations

Une avalanche.

 Sylvia retourna alors sur la terrasse pour tenter de voir les avalanches. Elle observa les montagnes face à elle, l’envers, exposé au nord, de Fontana Fredda. Elle réentendit le grondement, l’effondrement, même s’il était plus bas que le premier, et aperçut un souffle de neige contre les rochers. Puis un autre sur une paroi, comme une cascade. Un peu partout la neige s’éboulait, dans les endroits où la pente était trop raide où ceux où elle s’était trop accumulée, elle dévalait en suivant les reliefs de la montagne, ses à-pics et ses glissoires puis faisait halte plus bas. Au bout d’une minute, Sylvia vit une vraie avalanche se détacher dans un couloir. Elle remarqua d’abord l’éclair puis, avec un temps de retard, le coup de tonnerre lui parvint, long et profond. On ne pouvait l’entendre sans éprouver une once d’angoisse. La masse de neige dévala longtemps, se gonfla en s’enroulant et en charriant celle qui était sur son passage, et quand elle finit par s’arrêter elle laissa sur le flanc de la montagne une tache sombre, comme un mur dont le plâtre serait tombé.

La fin de l’hiver .

 En cette fin de saison, la neige cédait déjà vers midi, après quoi, elle se transformait en bouillasse : il lui semblait qu’elle suppliait qu’on la laisse retourner à l’état liquide, baigner la terre et ruisseler au bas de la vallée.

Milan.

 Sur la place du quartier, des coursiers péruviens allaient et venaient, des Arabes désœuvrés étaient assis à des tables dehors, des Africains grands et minces attendaient de récupérer leur linge devant les laveries automatiques. L’humanité était comme la forêt, pensa-t-il plus on descend en altitude et plus elle se diversifie.

La santé des montagnards.

 L’état de santé général de monsieur Balma pouvait être qualifié de catastrophique. Il avait un foie d’alcoolique et les artères épaissies et bouchées, il pouvait faire une ischémie à tout moment, ou pire encore. Il n’avait pas vu de médecin ni fait d’examen sanguin depuis des années. Des histoires de montagnards.
 Il enchaîna sur le pluriel, commença à parler d’ « eux » au lieu de « lui », et dit : Vous savez comment ils sont faits. Avec ce qu’ils mangent, à cinquante ans ils ont plus de gras que de sang dans les veines. Et ils vont pas changer leurs habitudes pour autant 
À croire qu’ils attendaient l’inévitable.

Changement de population dans les refuges.

 À midi, le refuge était un chassé croisé de gens qui partaient et qui rentraient. Fausto a reconnu le salon, les photos d’époque au mur, l’odeur de cuisine et de transpiration et de vieilles boiseries. Quelque chose d’autre avait changé depuis son enfance. Avant, il ne voyait que des hommes d’âge mûr, parlant italien ou français ou allemands, et tous les panneaux étaient traduits dans les trois langue du mont Rose. Désormais le refuge était rempli de jeunes gens, la même humanité qu’on aurait pu trouver dans les grandes métropoles du monde, et les panneaux étaient tout simplement passés à l’anglais.

Édition Actes Sud . Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

 

Il pourrait être un de vos cadeaux de Noël, ce roman. En tout cas, j’espère que ceux et celles qui aiment les romans qui se passent dans la nature encore sauvage vont le noter, même si cette superbe nature est en train de se faire dévorer par un incendie comme ceux qui tous les ans détruisent les somptueuses forêts américaines ou canadiennes.
Ce récit décrit l’aventure de deux jeunes amis , Wynn, et Jack qui ont décidé de descendre le fleuve Maskwa jusqu’à son embouchure dans la baie d’Hudson. Ils ont très bien préparé ces quelques semaines d’aventures dangereuses mais à leur portée car ils connaissent bien tous les deux la vie dans la nature peu ou pas domestiquée par l’homme. Ce sont deux pêcheurs émérites et cela nous vaut de très belles scène dans des cours d’eau sauvages aux rapides imprévisibles.
Et puis, deux événements vont transformer ce voyage de rêve en un vrai cauchemar. D’abord, ils repèrent un incendie d’une force incroyable, ils n’ont donc qu’une solution aller de plus en plus vite pour rejoindre leur point d’arrivée, mais on sent qu’ils en sont capables d’autant que Jack connaît très bien les dangers du feu de forêt. Mais un deuxième danger va donner à cette course contre la montre un aspect de thriller absolument haletant. Will et Jack doivent sauver une femme laissée pour morte par son mari sur une plage et Jack comprend tout de suite cet homme est prêt à les tuer eux aussi.
Face au danger, les deux personnalités des deux amis vont diverger. Wynn, le gentil, ne peut croire à la méchanceté humaine et sans le vouloir, il met en danger la réussite de leur expédition car son premier réflexe est toujours de croire à la bonté. Jack le sait et prend le leadership de leur expédition. La tension entre les deux amis donne une profondeur au récit que j’ai beaucoup appréciée. Et puis la nature toujours présente amicale ou hostile ponctue ce texte de moments inoubliables.

Un grand roman dans lequel a forêt, la rivière, le feu sont des personnages au même titre que les protagonistes de de ce drame.

 

Citations

Le feu

 « Ouais, mais si on est au milieu de la rivière.. »
Jack haussa les épaules.  » Peut-être. L’air devient brûlant. C’est ça qui crée un incendie dévastateur. En fait, les rouleaux de fumée sont chargés de gaz et si le vent est favorable, à la moindre étincelle, tu peux te faire carboniser à quatre cents mètres. »

Les rapides

 Ce devait être des chutes de classe VI, une série de saillies rocheuses englouties sous un volume d’eau gigantesques. On aurait dit un orage en mer du Nord dévalant un escalier. Vingt et un mètres entre le sommet et le fond avec une pente qui s’étendait sur deux cents mètres. Au milieu, un îlot rocheux de la taille d’une barque portait un épicéa tordu et rabougri. Voir cet arbre trembler dans tout ce chaos ne rendait la cataracte que plus terrifiante.
 Le soleil perça un récif de nuages et éclaira les chutes, d’argent ses rayons sur les eaux-vives et neigeuses, mettant étonnamment les sonorités encore plus en relief, et Wynn se dit que ça aussi, c’était magnifique. Que la roche brute des saillies ou les avalanches étaient magnifiques.

Le feu

 Une grosse partie de la région avait été couverte de lichens et de mousses parfois sur plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur et tout ça avait brûlé dans la nuit, avec les sous-bois, les épilobes et les saules, ne restaient que la terre calcinée et la roche, les pieux noirs et sépulcraux des arbres, et sans la forêt, on voyait beaucoup plus loin, le sol qui s’élevait légèrement et retombait tout autour des eskers quasiment débarrassés de leur arbres, des plis où les ruisseaux avaient coulé, secs comme s’ils s’étaient évaporés.

 

 

 

Édition de l’Olivier

 

Une lecture que je n’oublierai pas, un roman facile à lire et très bien construit écrit dans une langue simple et efficace. Une jeune femme Bess renoue ses lacets, elle doit pour cela lâcher la main de l’enfant qui était avec elle. Geste normal et simple, sauf que l’écrivaine entraîne son lecteur en Alaska en plein blizzard. L’enfant en quelques secondes a disparu. Le roman commence sous forme de monologues intérieurs, tous les habitants de ce coin perdu d’Alaska vont partir à la recherche de Bess et de l’enfant qui vont mourir de froid si on ne les retrouve pas immédiatement. Les quatre personnages que nous allons entendre ont tous les quatre un poids énorme d’une souffrance de leur passé que cette recherche dans le froid extrême et le blizzard va mettre à jour.

Bess tout d’abord qui s’en veut d’avoir lâcher la main de cet enfant, et nous comprendrons que peu à peu son rôle dans cette histoire et pourquoi elle est arrivée auprès de Bénédict et son « fils » dont elle s’occupe.

Bénédict le père de l’enfant qui fou de douleur part à leur recherche. C’est un homme des bois adapté à cette région et il sait que ces deux personnes sont en grave danger. Il racontera l’histoire de sa famille et la fuite de son frère Thomas qu’il n’a jamais acceptée, c’est en le recherchant que sa route croisera celle de l’enfant qu’il a reconnu comme le sien.

Cole le personnage négatif mais vous découvrirez pourquoi et son acolytes Clifford.

Freeman le policier Noir vétéran du Vietnam qui donne à cette histoire un côté suspens qui est bien fait.

J’ai aimé découvrir les quatre personnalités qui vont peu à peu construire l’histoire, le blizzard la difficulté de la vie dans cette partie du monde fait tout le charme de ce livre. Un bémol à mon enthousiasme, mais très léger les personnages sont sans doute un peu simples, certains diront un peu faciles. Mais j’ai apprécié que les hommes si proches de la nature ne soient pas meilleurs que les New – Yorkais, ma fréquentation du monde rural m’a prouvé qu’il y a des gens biens partout et des crapules aussi. La différence c’est que, en ville, on peut parfois les éviter à la campagne beaucoup moins !

Citations

 

L’angoisse

 Rétrospectivement, je crois que j’ai senti que quelque chose ne tournait pas rond. C’est un peu comme lorsque vous avez la sensation qu’un insecte vous chatouille l’oreille. Vous faites un geste pour vous en débarrasser, mais en réalité c’est une alarme, votre alarme interne, réglée au strict minimum. Pas assez forte pour vous faire bondir, mais juste assez pour vous empêcher de dormir tranquillement. Je dormais justement et je me suis réveillé en sursaut.

L’Alaska en hiver

 La poudreuse m’arrive à mi-cuisse. Chaque pas est un effort. chaque pas est une brûlure. Pourtant, j’ai déjà connu ça. il nous est arrivé quelques fois, quand nous étions mômes, de nous retrouver coincés avec papa, alors que nous étions partis relever des pièges ou chasser, à cause d’une chute de neige un peu plus importante que ce qu’il avait prévu, même s’il avait un sixième sens pour prévoir le temps qu’il allait faire. Il arrivait toujours à nous ramener sains et saufs si nous n’étions pas trop loin de la maison pour que maman ne s’inquiète pas, ou alors il nous trouvait un abri de fortune.

 

Le personnage négatif (Cole)

 J’ai jamais eu envie de m’encombrer d’une bonne femme et, comme il en faut une pour faire des gosses, j’en ai pas eu. Les bonnes femmes, c’est que des ennuis. Elles sont jamais contentes. À croire que le bon Dieu les a créés imparfaites pour nous faire tourner en bourrique. Maintenant, en plus elles veulent tout comme les hommes, le travail, les salaires, les mêmes droits, comme si elles voyaient pas la différence. pourtant, ça saute aux yeux qu’elles sont pas faites comme nous. Elles sont faibles et géniales, elles savent pas ce que c’est la vraie camaraderie des hommes entre eux.

Retour de la guerre d’Irak

La guerre nous avait pris notre fils et elle nous avait restitué que le négatif de la photo, juste une ombre blanche sur un fond désespérément sombre.

Éditions Gallmeister. Traduit de l’américain par Françoise Happe

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Le club de lectures me conduit à lire des livres que je ne choisirai jamais, et souvent ce sont de bonnes surprises. Ici il s’agit d’un roman policier, on ne peut plus classique, et, ce fut un vrai pensum pour moi. Le seul intérêt réside dans le suspens ce qui entrave toujours ma lecture. J’ai essayé de jouer le jeu et de ne pas commencer le roman par la fin mais pas de chance les ficelles sont si grosses que j’ai immédiatement compris de quoi il s’agissait. Comme l’enquêteur est un personnage récurent on sait qu’il ne va pas mourir puisqu’il doit être disponible pour les autres enquêtes.

Calhoun est un homme amnésique qui a été un agent très performant d’une agence secrété américaine. Même s’il ne se souvient de rien ses réflexes d’enquêteurs sont parfaits et donc la même agence l’utilise pour résoudre une affaire étrange dans laquelle un de leurs hommes a trouvé la mort. Ce qui est bizarre c’est qu’on l’a retrouvé avec une balle en plein coeur alors qu’il était déjà mort de botulisme à côté d’une jeune femme morte dans les mêmes conditions.

J’espérais qu’en dehors de cette enquête sans le moindre intérêt, j’allais me plaire dans des paysages somptueux du nord américain. Mais à part une partie de pêche rien n’est venu égayer cette lecture. Je vais sans aucun doute choquer touts les amateurs du genre et de cette prestigieuse maison d’édition, mais je le redis les polars dont l’intérêt ne réside que dans le suspens, ce n’est vraiment pas pour moi.

 

 

Citations

Humour, choix des mouches et psychologie des poissons

 Il y a des jours, dit Calhoun en hochant la tête, ils restent là sans bouger et ils se disent, je mordrais à rien, sauf si c’est une Matuka jaune avec trois bandes de Flashabou de chaque côté, fixée à un hameçon Limerick 4XL avec du fil blanc. D’autrefois, ils vont attendre une Black Ghost Carrie Steven toute la journée, et s’ils s’aperçoivent que ce n’est pas une authentique, ils disent : Bn, je laisse tomber, ils préfèrent rester sur leur faim. 
Fallows fronça les sourcils comme s’il se disait qu’on était peut-être en train de se payer sa tête, mais il n’en était pas sûr.
– Stoner a raison, dit Kate. On emporte jamais trop de mouches parce que, comme vous l’avez dit, on ne sait jamais ce que les poissons pourraient penser.