Édition Quai Voltaire La table Ronde, 467 pages, paru en 1950 et réédité en mars 2022 .

Traduit de l’anglais par Denise Van Moppes

C’est un livre qui a enchanté plusieurs d’entre vous, si vous me le signalez, je mettrai un lien vers vos blogs.

Pour une fois, je peux raconter la fin, sans m’attirer le moindre reproche, puisqu’elle fait l’objet du premier chapitre. Une maison transformée en hôtel, a été complètement ravagée par l’effondrement d’une falaise qui la surplombait à l’arrière. Le pasteur qui doit écrire une homélie à la mémoire des disparus nous annonce que, le récit de ce qu’il s’est passé dans cet hôtel, lui a été fait par les survivants. Le récit, qui s’étale sur une semaine, suit les différents occupants de cette maison-hôtel,(on dirait chambre d’hôtes aujourd’hui) jour après jour, jusqu’à la catastrophe finale.

Un petit tour des différents protagonistes acteurs de cette histoire :

Mr. et MRS Siddal et leurs quatre garçons., Mr. Siddal est le propriétaire de la maison mais n’a jamais voix au chapitre, il est relégué au second plan dort dans un placard à chaussures parce qu’il n’ouvre jamais son courrier, il portera une lourde responsabilité dans la catastrophe que, pourtant, les autorités lui avaient annoncée.
Mrs. Siddal veut absolument avoir assez d’argent pour envoyer son plus jeune fils dans une bonne université. Elle n’aime pas son aîné, Gerry, médecin qui semble le seul à vraiment l’aider.

Nancibel une jeune fille du village qui vient aider.

Fred un homme à tout faire légèrement débile.

Ellis la cuisinière femme de chambre, colporteuse de ragots, la méchanceté personnifiée

Lady Gifford son mari Sir Henry Gifford et leurs enfants. La femme se prétend malade et veut être servie uniquement dans sa chambre, elle a visiblement quelque chose à cacher. Son mari a de plus en plus de mal à la supporter, leurs enfants, l’ainée Hebe, enfant adoptée jouera un rôle important dans l’histoire, Caroline leur fille, Luke et Mikael adoptés également

Mr Paley et sa femme Christina. Ils ont perdu un enfants et se sont enfermés dans une tristesse sans fond.

Mrs Cove et ses trois filles, Blanche, Beatrix et Maud , cette femme horrible martyrise ses enfants et ne pense qu’à l’argent

Mrs Wraxton le chanoine irascible et odieux avec sa fille Evangeline

Bruce secrétaire et amant de la vieille écrivaine Mrs Anna Lechene une femme aux mœurs dépravés et qui jouera un bien vilain rôle dans cette histoire.

Le drame va se nouer autour des enfants Cove qui rêvent de faire partie de la bande des enfants Gifford, les trois filles ont failli périr noyées pour le plus grand soulagement de leur mère qui ne rêve que d’une chose s’en débarrasser. Pour les consoler Christine Parley sortant enfin de son deuil et aidée par Evangeline Wraxton, va organiser pour les pauvres petites un festin (d’où le titre) en haut des falaises . Tous les gentils (ou presque gentils) de l’histoire s’y retrouveront et assisteront à l’effondrement d’une partie de la falaise sur l’hôtel tuant d’un seul coup les plus horribles des protagonistes du drame. L’intrigue du roman est remplie d’anecdotes tragiques, la pire sans doute est celle qui concerne Hebe que l’écrivaine aide à s’enfuir pour aller dans une communauté avec un vieux pervers qui veut abuser de la petite fille en la saoulant tout d’abord. L’horrible Mrs. Cove cette femme sans cœur essaie de faire de l’argent avec tout sans aucun scrupule, elle a essayé de rouler la grand-mère de Nancibel en lui rachetant pour trois sous un objet qui aurait pu en valoir 2000. Mais cette fois c’est elle qui sera trompée, sur la valeur de l’objet.

J’ai lu sans déplaisir ce roman, mais je me souviens d’avis enthousiastes, je suis beaucoup plus mesurée. D’abord cela m’a profondément agacée que les femmes soient celles par lesquelles tous les malheurs arrivent. La méchanceté voire la cruauté est essentiellement féminine, Ellis là colporteuses de ragots agit par pure méchanceté sans qu’on comprenne bien pourquoi, Mrs Siddal favorise outrageusement un de ses enfants au dépend de celui qui semble le seul prêt à l’aider, Lady Gifford est malhonnête et fait le malheur de son mari et de ses enfants, l’écrivaine célèbre est dépravée mais la pire de toutes c’est bien sûr Mrs. Cove.

Pour équilibrer, il y a le chanoine qui est colérique et empêche Evangeline d’être heureuse, et Mr. Siddal qui est paresseux et négligent.
Comme tous les méchants resteront sous les tonnes de cailloux on peut se dire que l’histoire finit bien.
Je n’ai pas pu croire à aucun des personnages proposés dans cette histoire, sauf Nancibel, qui est la jeune fille la plus sensée de ce récit. Le style de l’auteure est vieillot tout est exposé dans des dialogues et des réflexions intérieures des personnages sans nuance. J’ai eu parfois eu l’impression de lire un roman pour adolescent dans la forme et dans l’absence de nuance pour décrire la méchanceté. Un aspect m’a bien intéressé : les réalités économiques de l’Angleterre à la sortie de la guerre 39/45. Mais ce n’est vraiment pas le cœur du roman.
Bref, je suis contente d’avoir sortie ce roman de mes étagères, mais j’ai regretté de n’avoir pas ressenti l’enthousiasme que j’avais lu dans vos billets.

 

Extraits

Début du prologue.

En septembre 1947, le révérend Gérald Seddon, de St Frideswide, Roméo s’en fut comme chaque année passer quelques semaines chez le révérend Samuel Bott, de St Sody, Cornouailles.
 C’étaient de vieux amis et leurs vacances ensemble constituaient leur plus grand plaisir. Car Bott, qui n’avait pas les moyens de s’absenter, s’accordait une espèce de congé pendant que Seddon était chez lui. Il troquait alors la soutane qu’il portait en tout autre temps contre un vieux contagnel et un chandail et il s’en allait observer les oiseaux sur les falaises. Le soir, ils jouaient aux échecs. 

Les Paley.

 Les Paley donnaient toujours cet impression de tragédie momentanément suspendue Ils prenaient chaque matin leur petit déjeuner dans un silence farouche et concentré, comme pour se préparer à soutenir quelque énorme effort au cours de la journée. Quelques instants après, on pouvait les voir traverser la plage portant des livres, des coussins, et un panier de pique-nique. Ils marchaient l’un derrière l’autre, Mr Paley en tête. Ils montaient le sentier de la colline et disparaissait sur le promontoire. À quatre heures,caprès s’être, comme le disait l’impertinent Duff Siddal, débarrassé du cadavre, ils rentraient, toujours l’un derrière l’autre, prendre le thé sur la terrasse. On avait peine à croire qu’ils n’avaient rien fait d’autre de la journée que lire et manger des sandwichs.

La gouvernante , l’horrible Ellis.

 – Bon. Quand vous aurez fini le salon, vous irez aider à la cuisine. je descends tout de suite. »
 Ce questionnaire se répétait tous les matins et son caractère offensant était très net. Il sous-entendait que Nancibel n’avait ni assez d’intelligence pour se rappeler l’emploi du temps quotidien, ni assez de conscience pour le suivre sans qu’on l’y obligeât. Cela s’appelait Être-après-cette-fille et constituait, selon miss Ellis, sa principale fonction une tâche qu’on ne pouvait accepter pour moins de quatre livres par semaine.

Richesse et pauvreté après la guerre .

 Dans le wagon, les autres voyageurs se sentaient solidaires de la veuve, et l’image que renvoyaient les Gifford ne risquaient pas de les faire changer d’avis. Ils paraissaient particulièrement bien nourris, et aucune famille ne pouvait être aussi impeccablement habillée grâce aux seuls coupons de rationnement. De toute évidence, ils faisaient partie de ces gens qui se ravitaillement au marché noir, portaient des bas de contrebande et ne faisaient aucun scrupule, en temps de pénurie de prendre plus que leur part.
(…)
 Les nouvelles occupantes ne respiraient ni les dents rées du marché noir ni les cartes de rationnement textiles achetées à quelques femmes de ménage dans le besoin. Elles avaient l’air d’une illustration de propagande pour la campagne « Sauvez l’Europe ». Tout en elles était maigre. Les trois fillettes étaient longues et pâles comme des plantes poussées dans l’obscurité. Elles avaient des dents en avant mais ne portaient pas d’appareil dentaire ; leurs yeux bleu clair étaient myopes, mais elles n’avaient pas de lunettes. On leur avait coupé les cheveux au bol, et leurs robes de coton râpé couvraient à peine leurs genoux osseux.

La championne des ragots : la gouvernante miss Ellis.

 « Un jour, promit miss Ellis, je dirai à la jeune Hebe Gifford d’où elle vient. Gifford ! Elle ne s’appelle pas plus Gifford que moi. Ils l’ont adoptée. C’est une bâtarde, l’enfant d’une bonne probablement. Et c’est moi qui vide ses pots de chambre ! »

 

 

 

 

25 Thoughts on “Le Festin – Margaret KENNEDY

  1. Athalie on 26 août 2024 at 09:41 said:

    Tu es effectivement moins enthousiaste que certaines lectrices, mais je lirai quand même ce titre, parce que malgré quelques défauts, j’ai bien aimé découvrir cette autrice avec Les oracles. Et j’aime bien l’idée du huis clos à la semaine !

  2. Le côté vieillot est assez normal, il a été écrit en 1950. Je l’ai terminé récemment (pas encore de billet). Je l’ai apprécié plus que toi je pense. J’aime le mélange humour et férocité. J’ai juste eu un peu de mal au début à identifier tous les personnages. Après je ne l’ai plus lâché. Elle décrit un milieu assez particulier aussi. Ceci dit j’ai préféré « divorce à l’anglaise » lu juste avant

    • Je savais bien que je serai un peu seule dans mon jugement plus que mitigé, puisque ce sont des avis enthousiastes qui m’avaient amenée à acheter ce livre.

  3. Ce livre a rejoint ma PAL suite aux avis enthousiastes, mais comme toi, je tique quand on fait porter tous les malheurs sur le dos de la femme. C’est souvent le cas dans les films des années 1940 et cela m’irrite au plus au point. J’ai donc un doute si c’est une si bonne idée de le lire.

    • Surtout c’est sans aucune nuance , la femme qui veut se débarrasser de ses enfants n’est pas crédible, enfin c’est ce que j’espère.

  4. Je n’étais pas trop enthousiaste non plus… Il a fait l’objet d’un court avis dans un billet groupé
    https://lettresexpres.wordpress.com/2022/06/30/lectures-du-mois-27-juin-2022/

  5. keisha on 27 août 2024 at 07:31 said:

    Dommage, trois coquillages, mais c’est le jeu!!! Je fais partie de enthousiastes.

  6. J’ai beaucoup apprécié la vision cynique, mais pleine d’humour, que l’autrice propose de ce petit monde bourgeois. Dans mon souvenir, les hommes ne sont pas épargnés. Je pense à Wraxton, bien -sûr, mais aussi à Siddal, à Paley, à Bruce… (quand ils ne sont pas méchants, ils sont lâches, fainéants ou opportunistes.)

    • la méchanceté des hommes n’a quand même rien à voir avec la perversité des femmes, être capable de se réjouir de la mort de ses 3 enfants pour hériter c’est quand même pas piqué des vers!

  7. Oh… j’ai tellement adoré ce mélange d’humour, de cruauté jusqu’à la caricature. Vraiment un mélange d’agatha christie et de 4 mariages et un enterrement ! Divorce à l’anglaise est à la bib de st lu, je compte le lire assez prochainement.

  8. J’avais bien aimé que chaque personnage représente un péché capital (l’avarice, la colère…). Pour le reste, il m’a manqué un petit quelque chose.

  9. Ah, dommage… Je fais partie des enthousiastes moi aussi. C’est d’ailleurs le titre que j’ai préféré sur les trois qui ont été réédités jusqu’à présent.

    https://livrescapades.com/2022/03/16/le-festin-margaret-kennedy/

  10. Oui c’est un bon bouquin ! J’avais aimé.

  11. Emprunté à ma bibli, ce roman s’est bien reposé chez moi quelques semaines et je l’ai rendu sans l’avoir lu ! Je ne regrette pas tant que ça, à te lire…

    • RIRES!
      Que le lecteur ou la lectrice à qui ça n’est jamais arrivé jette la première pierre… (surtout que maintenant, les bibliothèques vous harcèlent électroniquement pour qu’on les rende…).
      (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

      • Le pire des conduites compulsives ce sont les achats des livres qui finissent dans des piles et qu’on a jamais le temps de lire. J’en ai quelques unes à la maison.

  12. je l’ai trouvé excellent, sans relever sa propension à rendre les femmes plus détestables que les hommes (de mémoire, au moins 3 d’entre elles rattrapent les autres, et les portraits de plusieurs hommes ne sont pas vraiment flatteurs non plus). J’avais aimé la férocité de l’ensemble, et je m’étais laissée prendre par le suspense (qui a survécu ?)… ceci dit, je trouve toujours rassurant qu’un roman ne fasse pas l’unanimité !!

    • Les femmes sont vraiment gratinées dans ce roman, mais le pire pour moi c’est le côté caricatural des personnalités. J’ai regretté aussi, que le côté immédiate après guerre ne soit pas plus traité. Mais j’ai lu jusqu’au bout ce roman. Et je suis d’accord c’est bien que nos goûts divergent parfois.

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