Éditions Grasset

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

Après le Secret et la Mauvaise Rencontre, je renoue avec cet auteur grâce au club de lecture. Le narrateur doit faire face au deuil de sa compagne tendrement aimé. Cela lui devrait être chose plus aisée qu’à d’autres puisqu’une de ses spécialités en tant que psychanalyste c’est justement « Le deuil ». Seulement comme chacun le sait, c’est tellement plus simple d’expliquer et d’aider les autres que de se comprendre soi-même et de ne pas faire les erreurs que l’on a vu les autres commettre. Le narrateur plonge donc dans le deuil sans que rien ne puisse le retenir : ni l’affection de sa fille, ni son ami violoncelliste, ni son médecin qui surveille la pile qui doit empêcher son coeur de s’arrêter. La nouveauté qui nous vaut ce roman, c’est le « service » que propose des « start-up » : créer un avatar de la personne récemment disparue et dialoguer avec elle . Oui, ce service existe, et non, je ne connais personne qui l’a essayé. On devine comment cela marche, et l’auteur le raconte très bien, vous laissez des créateurs de logiciel entrer dans votre vie virtuelle, vous leur confiez photos et document sonores, grâce à des entretiens, ils découvrent votre vie et celle du défunt, et moyennant un budget conséquent, ils créent l’avatar de la personne disparue qui pourra dialoguer avec vous.

Pour le romancier ce sera salutaire puisque c’est grâce à cela qu’il retrouvera l’inspiration nous raconter son deuil enrichi de cette expérience  : et hop ! la boucle est bouclée.

On apprend au passage qu’avoir une pile dans le coeur, n’est pas anodin et que vous donnez à une compagnie le droit de ralentir ou d’accélérer votre rythme cardiaque. D’ailleurs, il y a quelqu’un qui a montré qu’un hacker pourrait ainsi neutraliser des personnes très âgées porteuses de ce genre de pile (si possible des dirigeants politiques).

C’est un roman très facile à lire et qui met en lumière une pratique funéraire qui risque de se développer : notre société veut tellement fuir la mort que je pense que ce genre d’entreprise va connaître un bel essor. Malgré une écriture très agréable, je n’ai pas été touchée par ce roman que j’ai trouvé vide. Il est rare que j’apprécie un livre où l’auteur raconte comment il a du mal à écrire tout en écrivant, c’est une impudeur qui me gêne.

PS c’est tout à fait par hasard que sur mon blog deux auteurs ayant le même nom se suivent !

Citations

Un père et sa fille.

 Quelques années auparavant, Agnès avait rencontré l’homme de sa vie qui allait devenir son mari, puis le père du petit miracle devant lequel Irène et moi sommes retombés en enfance. Seule ombre au tableau : la complicité qui me liait à ma fille s’était émoussée. Il m’était difficile de percevoir encore dans la femme épanouie celle qui, autrefois blottie dans mes bras, me confiait ses secrets. La grossesse puis la maternité d’Agnès avait naturellement installé une nouvelle distance : la fille aimée était maintenant avant tout une épouse et une mère. J’ai su faire bonne figure afin que personne n’aperçoive, sous les attentions et la tendresse d’un grand-père, la nostalgie d’un père.

L’Après.

 Dans le tiroir du meuble de la salle de bain, j’avais entrepris d’enfermer ses produits de beauté mais au moment de les ranger je n’ai pu résister au besoin de dévisser le bouchon de son parfum : tel le génie de la lampe, Irène avait jailli du flacon, remplissant la pièce de ces effluves autant que de son absence.

Joli passage :

 « C’est une curieuse expérience de constater que ma vie ne tient qu’à un fil, celui qui relie cette pile à mon cœur, un cœur qui ne bat plus pour personne »
Lui confiai-je, Peu après la mort d’Irène, un jour où l’absence de mon épouse me pesait plus encore que d’ordinaire et me rendait impossible cet exercice dans j’avais pourtant la maîtrise : faire bonne figure. Une autre fois où je retrouvais un peu de mon humour, je parvins à lui demander :
 « Docteur vous qui savez redonner du rythme à ceux qui défaillent, pouvez-vous faire quelque chose pour les cœurs brisés ? »
Il répondit en souriant :
« Et vous, qui savez si bien écrire sur le deuil, votre sagesse et votre plume ne peuvent-elles vous aider à traverser cette épreuve ? »

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 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4
Il a fallu la force de persuasion de ma bibliothécaire préférée pour que je lise ce roman. J’avais gardé un souvenir en mi teinte du « Secret » mais je ne sais plus pourquoi, et surtout je crois que je confonds le livre et le film. Ce roman raconte une amitié de petits garçons qui se poursuit jusque dans l’âge jeune adulte. L’auteur nous fait revivre les années 50 , celles de son enfance et mai 68 époque de sa jeunesse, comme cela se passe à Paris dans un milieu bourgeois où les femmes passent leur temps à jouer au bridge en mangeant des petits fours, ce n’est pas tout fait la vie de tout le monde. Ce roman nous concerne cependant, car Philippe Grimbert raconte très bien l’universalité des comportements humains, des nôtres donc. On aurait pu appeler ce roman, récits des trahisons ordinaires : comme beaucoup d’enfants, Loup, le narrateur, niera de connaître son meilleur ami Mango quand une bande de garnements lui demandera s’il ne connaît pas l’Italien de Fénelon, à l’adolescence Loup espacera les visites à sa tante Nine, qu’il a tant aimé dans sa petite enfance, et plus grave il la trahira au moment de sa à la mort comme il trahira également Gaby, l’amie excentrique qui lui a tant apporté.

Mais ce roman n’est pas un énième roman sur la mauvaise conscience, même si la culpabilité y joue un grand rôle, c’est beaucoup plus un roman sur « la » mauvaise rencontre.Et là, il m’a beaucoup touchée, je sais que chaque mot est exact, ce n’est pas si difficile pour Philippe Grimbert étant donné sa formation et sa profession, mais c’est très bien raconté .

Je sais que beaucoup d’entre vous n’aimez pas qu’on donne les clés de l’intrigue romanesque, alors je ne peux vous en dire plus et ne lisez pas ma dernière citation, qui est trop explicite si vous voulez lire ce roman avec un effet de suspens. Pour moi, c’est l’inverse, je l’ai lu une première fois assez légèrement sans trop m’y intéresser. Avec la clé qui n’est donnée qu’à la fin ou presque, je l’ai relu avec beaucoup plus d’intérêt, j’ai alors décidé de lui mettre 4 coquillages.

Citations

Il y a presque tout dans ce début de roman

Rien n’aurait dû les séparer, croix de bois croix de fer, à la vie à la mort. Il n’y a pas eu de rivalités imbéciles, c’est autre chose qui les a déchirés, quelque chose qui était là depuis le début, mais que personne ne pouvait encore imaginer.

Amitié de petits garçons

Très vite nous avions su que nous allions devenir inséparables, mais, au contraire des filles, les petits garçons ne se disent jamais qu’ils s’aiment : ils se donnent des tapes dans le dos, se poursuivent, se bagarrent.

Jeux de garçons

Nous y mourions aussi, car les petits garçons adorent ce jeu : deux doigts pointés vers l’autre et bang ! Le corps qui s’effondrait en vrille, avec la grimace du cow-boy rencontrant enfin la balle qui lui était destinée… Les petites filles qui partageaient nos jeux se précipitaient et sanglotaient, couchées sur notre poitrine. Nous aimions mourir, elles aimaient pleurer.

La mort

Mais il ne peut plus m’entendre, un raz de marée l’a emporté, avec tout ce qui faisait notre complicité. Du sans-retour, aussi fort que la mort. Alors un nouveau choc, encore plus violent, me fait vaciller. Je viens de comprendre que Mando, l’intègre, l’exigeant Mando, a une fois de plus tenu parole. Ce soir, après toutes ces années et en dépit du silence de ces derniers mois, il est resté fidèle au pacte de notre adolescence, au serment échangé solennellement : le premier qui passe de l’autre côté fait un signe à celui qui reste.

La mauvaise rencontre

On ne devient pas psychotique on l’est . L’apparition des symptômes était souvent le fruit de ce qu’il a appelé la mauvaise rencontre…

 

Édition Le Dilettante

 

Après « 39,4 » je savais que je lirai ce roman qui de plus se concentre sur un problème qui me touche car une de mes filles est professeure en collège à Paris : la volonté des parents de contourner à tout prix les règles d’affectation scolaire pour mettre leur enfant dans un bon collège. À Paris, plus qu’en province, le succès des établissements privés est considérable, mais si on habite à côté d’Henry IV ou Louis Le Grand c’est une grande chance pour ces parents trop concentrés sur la réussite scolaire des enfants. Ils peuvent laisser leur chère progéniture dans le public et bénéficier d’un environnement élitiste.

Paul, le père de Bérénice est un de ces pères là et si Sylvie son épouse est plus attentive au bonheur de leur enfant, c’est quand même elle qui demandera à leur ancienne femme de ménage, une mère célibataire d’origine africaine maintenant concierge à côté du collège tant convoité -Henry IV, de domicilier sa famille chez elle ! L’éclat de rire de cette femme qui rend volontiers ce service contre rémunération, m’a fait du bien.

Ensuite le roman enchaîne les manœuvres pour maintenir Bérénice au top de l’élite intellectuelle parisienne, il s’agit de donner à la jeune tous les cours particuliers qui lui permettent de rentrer au lycée Henry IV puis en classe prépa. Et là soudain catastrophe Bérénice tombe amoureuse du seul garçon boursier de la prépa.
Je ne peux vous en dire plus sans divulgâcher, l’imagination de Paul pour obtenir que sa si précieuse fille franchisse les derniers obstacles de la classe prépa.

C’est donc la deuxième fois que je lis un roman de cet auteur, je suis frappée par l’acuité de son regard sur une société qu’il connaît bien, mais comme pour « 39,4 », j’ai trouvé que ce regard pertinent manquait de chaleur humaine et que son humour est parfois trop grinçant. On ne retrouve un peu de compassion que dans le dernier chapitre. Je vous conseille cette lecture si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur le petit monde des gens qui veulent à tout prix la réussite scolaire de leurs enfants à Paris. Je sais, c’est un centre d’intérêt limité mais n’oubliez pas qu’ensuite ces braves gens gouvernent la France avec un regard quelque peu méprisant pour le commun des mortels.

 

Citations

Cet humour grinçant qui parfois peut déranger .

 Paul redouta le développement d’un trouble dysphasique sévère. Alerté par une fréquentation compulsive des sites spécialisés sur le net, il fit partager à Sylvie le spectre des conséquences à anticiper : isolement, syndrome autistique, arriération, et décès précoce dans une institution privée située à plus de cent cinquante kilomètres de Paris où ils se seraient auparavant rendus une fois par semaine, le samedi après-midi, afin de passer quelques heures en compagnie de leur fille dans un atelier artisanal de création de lampes en sel coloré.

Les enfants à haut potentiel .

 Son retard initial dans l’acquisition du langage de même que ces manifestations d’anxiété s’intégrant d’ailleurs dans la description proposée par le psychologue Jean-Charles Terrassier, du phénomène qualifié de « dyssynchronie » pour caractériser un certain nombre d’enfants dits « précoces », dont la maturité affective n’était pas en adéquation avec le niveau des connaissances accumulées, expliquant nombre de comportements puérils et négatifs susceptibles de retarder certaines acquisitions. Ainsi naquit ces acquis dans l’esprit de son père l’hypothèse selon laquelle Bérénice était une enfant à « haut potentiel  » au potentiel caractéristique plus gratifiante que les annotations qui ponctuent ses bulletins scolaires de CM2 et lui assignant un rang médian tout en louant des effort qualifiés de « méritoires »

L’élitisme scolaire.

Bérénice fit donc solennellement son entrée au collège Henri-IV sous le regard transfiguré de son père qui conduisit en personne sa fille vers le sanctuaire où elle allait désormais, à l’instar d’une chrétienne béatifiée, recevoir les sacrements d’une pédagogie aristocratique. La jeune fille ne protesta pas, heureuse de l’effet que provoquait sa mutation scolaire sur l’humeur quotidienne de Paul, à défaut de prendre pleinement la mesure de la chance qu’il lui était offerte de s’extraire du troupeau vagissant des futurs exaltée du vivre ensemble. Elle avait en effet, depuis quelques années, pris conscience de la puissance que produisait ses résultats scolaires sur l’humeur de son père et entrevoit les quelques stations de métro supplémentaires qui accompagneraient ces trajets quotidiens comme un maigre tribu à l’équilibre familial.

Se construire soi même une mauvaise foi.

 À la manière d’un rongeur amphibien, il prit la résolution, afin de se prémunir de ses assauts paradoxaux, d’établir une sorte de digue interne, constituée de petits bouts d’arguments qu’il assemblait les uns sur les autres dans la plus grande anarchie pour s’assurer une protection étanche contre les efflux critiques qui l’assaillaient périodiquement. Il lui fallut pour cela mobiliser toute la rigueur de sa formation scientifique et, ainsi que s’organisent naturellement certaines voies de communication au sein d’un épithélium, définir un cadre formel, agencer selon des règles systématiques les voies de signalisation et de régulation à l’intérieur desquelles lui, Bérénice, Aymeric, Henri IV, l’Éducation nationale et ses ramifications s’intégraient et se déplaçaient sans jamais en questionner la finalité.

Les indignations de la jeunesse favorisée .

 Pernille était une jeune fille à la conscience « éveillée » et particulièrement encline à l’indignation. La situation des réfugiés syriens, l’absence de menu bio au réfectoire d’Henri-IV, le nombre de places d’accueil pour les SDF par grand froid, la taille des jupes de sa mère où la fonte du permafrost, tout l’indignait.

Et oui ce genre de spectacle existe (comme ça ou presque).

 Sylvie et Paul s’était laissé surprendre par une invitation l’été dernier afin d’assister à une « mise en espace » consacrée à la poésie médiévale dont la principale originalité tenait au fait que les vers se trouvaient déclamés par des comédiens perchés au sommet des arbres. Églantine Campion expliqua à ses invités, et plus tard à l’ensemble des spectateurs, qu’elle tenait par cette scénographie à renforcer la nature gravitationnelle du processus politique en en inversant la trajectoire, pour mieux signifier que si les vers élevaient l’âme de ses auditeurs, ils avaient l’humilité, en quelque sorte, de descendre jusqu’à eux et de ne point les exclure de leur dimensions parfois ésotérique. Les représentations furent néanmoins interrompues avant leur terme et par la chute malencontreuse d’un comédiens qui se fractura pour l’occasion deux vertèbres, suscitant, en guise de conclusion anticipée, une réflexion de l’organisatrice sur la radicalité de l’acte poétique, son éternel potentialités à transformer, fragmenter même, chacune de nos confortables « zone de réalité ».


Éditions Le Dilettante . Couverture Camille Cazaubon.
 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

J’ai indiqué le nom de la personne qui a imaginé cette couverture car elle m’a bien plu. Dans le grand rond, le titre je vais l’expliquer dans mon billet, mais dans tous les petits ronds d’autres chiffres et peut-être vous amuserez vous comme moi, et la bibliothécaire du club de Dinard à en trouver la signification – pour 1515, ok nous sommes nombreux mais pour 8848 ?- . (Je me demande ce que Goran aurait pensé de cette couverture ?)

Mes coquillages parlent pour moi : ce roman a su me séduire et pourtant j’ai quelques réserves. Je trouve que les personnages manquent d’humanité , la compagne du « héros » montre l’étendue de ses sentiments, seulement au dernier chapitre.

Revenons à l’histoire : François est un haut cadre chez Google France, il gagne très bien sa vie, il est divorcé et père d’une adolescente peu sympathique, il va de conquête en conquête, bref tout va bien pour lui. Sauf que … il va avoir soixante ans et il est absolument terrifié par la vieillesse. Heureusement, il fait beaucoup plus jeune que son âge.

La fiction peut commencer, dans une société où on peut demander à changer de nom, de sexe pourquoi ne pas demander à changer de date de naissance et se rajeunir de quelques années. François fera calculer son âge par un algorithme mis au point par une toute nouvelle société : « Humanprog » et découvrira que son âge biologique est de trente neuf ans et quatre mois.- d’où le titre 39,4.

On le comprend bien ce roman est l’occasion pour cet auteur dont j’ai très envie de lire le premier roman (Panne de secteur), de se moquer de la peur du vieillissement. Il le fait avec un don incroyable, celui de saisir tous les travers de notre société. Je pense que son poste d’observation de professeur et chef de clinique dans un grand hôpital parisien lui donne accès aux grandeurs et aux petitesses de l’âme humaine. La scène chez le chroniqueur Ruquier est tellement vraie, le pauvre philosophe qui veut simplement dire que finalement nous mourrons tous et la façon dont une chroniqueuse le renvoie « à la niche » sans lui permettre de s’exprimer est d’une tristesse qui n’a d’égale que celle que nous éprouvons parfois quand nous regardons les intervenants sur les plateaux de télévision mettre en pièce un philosophe ou un scientifique qui ne parle pas le langage à la mode du petit monde parisien.

Le style de cet auteur est très particulier, il avait, semble-t-il rebuté des lecteurs par un goût prononcé pour des mots rares de la langue française, il le fait ici aussi mais ça ne gène pas la lecture. Je ne suis pas certaine que je me souviendrai de

 un quérulent processif 

Bien que l’auteur en donne l’explication dans la fin de sa phrase :

François se trouver présenté comme un quérulent processif, l’un de ces illuminés en proie à un délire de revendication destiné à redresser un dommages fictif.

 

Ce n’est pas un roman que l’on lit facilement car souvent on doit rester concentrer pour savourer ce qu’il va nous décrire et comme hélas ce qu’il nous raconte sont les côtés les plus superficiels et les plus tristes de notre société, le lecteur (en tout cas moi) est un peu sonné par sa lecture. On rejoint mon bémol du début, je suis certaine que même chez les bobos parisiens il y a plus d’humanité que ce qui est décrit par Philipe B Grimbert. (à ne pas confondre avec un autre Philippe Grimbert !)

(PS : lors de notre réunion du club de lecture 7 avril, une lectrice a exprimé son dégoût de ce roman, car elle trouvait le personnage absolument « machiste », ce qui est vrai, mais à aucun moment l’auteur n’a de la sympathie pour son personnage . Et pour moi j’y ai vu surtout une condamnation du machisme de ces hommes qui ont tout réussi en même temps qu’ils gardent une apparence physique digne de la jeunesse. Et finalement la seule personnage sympathique sera la femme qui clôt l’histoire. Mais si vous lisez ce livre j’ai hâte de savoir comment vous interprétez les intentions de l’auteur )

 

Citations

Portrait de la chroniqueuse chez Ruquier.

Elle était à cet instant semblable à ces chiens de combat musculeux de petite taille qui paraissent trouver dans l’obturation déterminée de leur mâchoire sur leur proie, le point d’équilibre et de justification de l’ensemble de leur personnalité. elle s’était saisie du vieux philosophe, lui agrippait un morceau de chair pendante avec une telle puissance qu’il paraissait improbable, même en la soulevant dans les airs, de lui faire lâcher prise.

Et fin de l’émission

 François et Jehan regagnèrent les coulisses, laissant sur le plateau Jacques Hofstein et son regard aussi expressif qu’une feuille de papier journal froissée. L’assistante leur assura qu’ils avaient été « top » avec une pointe d’audimat enregistrées pendant près d’une minute quarante. On entendit une voix lointaine l’animateur introduire les invités suivant pour un débat consacré à « l’insémination des vaches laitières et ses relations avec notre culture du viol ».

Quel art de la formule.

À part quelques épidémies virales gérontophages on continuait à s’enliser dans la comptabilité marécageuse des régimes de retraites et les dernières réformes, illustrées du slogan tout droit sorti du cerveau d’un énarque facétieux « travailler plus longtemps pour vieillir moins lentement  » laissant craindre une nouvelle secousse tellurique. 

La description des urgences de Cochin sent le vécu.

 Il s’était bêtement tordu une cheville un dimanche matin en plein footing et, craignant une entorse grave, s’était rendu aux urgences de l’hôpital Cochin. Arrivé vers 11heure , il avait quitté les lieux à 19 heures armé d’une ordonnance pour du Doliprane rédigé par un interne moldave qui l’avait examiné d’un air flapi. Bien avant cela, il avait patienté dans une salle d’attente surpeuplée, à côté d’un vieillard couché sur un brancard, qui répandait autour de lui une forte odeur d’urine ne semblant même plus incommoder la femme usée qui lui tenait la main. Le sol était maculée de taches diverses et, tous les quarts d’heure, une voix de femme annonçait en hurlant le nom de la personne invitée à s’approcher de l’office où trois infirmières s’affairaient. Tout autour se tenait une foule composite d’adultes seuls ou de familles. Un peu à l’écart s’agglutinaient en grappes près d’une vingtaine d’hommes, de femmes et d’enfants autour d’un homme d’une soixantaine d’années coiffé d’un feutre vert élimé. Le voisin de François l’informa, avec le ton résigné d’un homme rompu à la fréquentation des lieux, qu’il s’agissait du patriarche d’une famille de gitans donc les avatars culturels l’incitaient à ne jamais se déplacer à l’hôpital sans la totalité de son « cheptel ».

Quel regard acerbe ! Paris était envahi par les manifestants « gilets jaunes ».

 Par le plus grand des hasards et pour le plus grand bonheur de François, Jehan Lamarc et Tigrane Fanfard s’étaient vu empêcher l’accès au théâtre du Rond-Point pour l’un et à la fondation de Louis Vuitton pour l’autre. C’est ainsi qu’un miracle se produisit. Unis par la frustration dominicale, tels deux naufragés d’une croisière de luxe échoués sur une plage de Sicile parmi les clandestins, la glace se brisa.

« Baiser » avec une grand mère.

 Il venait de baiser avec une grand-mère. Une vision d’effroi le parcourut comme un frisson. Celle du loup dans « le petit chaperon rouge » après qu’il eut ingurgité la mère-grand. François avait toujours redouté que la vieille, ses os décalcifiés est sa chair avariée, intoxique gravement l’animal. Il se sentit fiévreux. Moins d’une minute plus tard il traversait au pas de course la cour de l’amphithéâtre, les lacets défaits, la chemise hors du pantalon, la conscience souillée comme s’il venait de s’adonner à un acte de haute perversité, et sitôt rentré chez lui, se nettoya avec frénésie pour effacer les traces de cet acte odieux.

Le tourisme écologique.

 Bien que presque tout, jusqu’à l’eau, fût importé de Casablanca ou d’autres villes du Maroc par avion, hélicoptère et puissant 4×4, l’ensemble du village affichait son esprit « éco-friendly ». Cela se traduisait par une absence de papier hygiénique et de télévision, l’utilisation exclusive de serviettes recyclables, une politique zéro plastique et un club enfant écopédagogique même si, élément appréciable, il n’y avait aucun enfant en ce milieu.

La vieillesse et la dépendance.

 En écoutant les récits de certains de ses amis sur les fin de vie pathétiques de leurs propres parents, François réalisait la chance qu’il avait eue. Il avait échappé au dimanche en EHPAD, aux vacances bouleversés par les aléas médicaux, sans parler des conséquences financières, les sommes exorbitantes avalées pour maintenir des vieillards grabataires et énurétiques « dans le confort et la dignité », qui entamaient parfois de façon drastique le montant des héritages futurs.

Le vieillissement.

 Outre le fait que la majorité de ses fréquentations, passé le demi-siècle, se trouvaient engagées dans une relation exclusive avec une hypertrophie de la prostate, un carcinome mammaire ou les prodromes d’une ischémie coronarienne, beaucoup exhibait un intérêt nauséabond, qui suintait comme un exsudat dans leurs conversations quotidiennes, pour la fréquence de leur coloscopie, la grandeur d’âme de leur urologue, ou le talent démiurgique de leur nutritionniste.

E-H

E

El Aswany (Alaa) (L’immeuble Yacoubian 14 avril 2011) (J’ai couru vers le Nil 23 aout 2021)

Éliard (Astrid) (Danser 19 août 2017)

Ellis (Mary Relindes) (Wisconsin 5 octobre 2015)

Eltchaninoff (Michel) (Dans la tête de Vladimir Poutine 22 juin 2015)

Empoli (Da) Giuliano (Le mage du Kremlin 19 janvier 2023)

Enard ( Mathias) ( Déserter 10 mai 2024)

Enia (Davide) (La loi de la mer 15 juillet 2019)

Epenoux (François d’) (Le réveil du Cœur 4 avril 2014)( Le presque 7 juillet 2018)

Ernaux (Annie) (L’autre Fille 14 avril 2011) (Une Femme 17 décembre 2015)

Esquivel (Laura) (Chocolat amer 25 mai 2010)

Etkind (Efim) (La traductrice 11 janvier 2014)

Evans (Nicholas) (les blessures invisibles 5 octobre 2023)

F

Fabcaro (Zaï Zaï Zaï Zaï 22 février 2016) (Et si l’amour c’était d’aimer 29 mai 2018)(Formica 12 février 2020) (Moon River 6 décembre 2021)

Fadelle (Joseph) (le prix à payer 25 mai 2013)

Fante (John) (Mon chien stupide 22 juillet 2019

Fargues (Nicolas) (La ligne de courtoisie 3 avril 2012)

Fauquemberg (David) (Bluff 11 juin 2018) (Nullarbor 5 juillet 2021)

Favier (Emmanuelle) (Virginia 5 novembre 2020)

Fawas( Hussain) ( le syrien du septième étage 18 mars 2021)

Faye (Eric) (Éclipses japonaises 20 février 2017)

Faye(Gaël) (Petits Pays 3 décembre 2020)

Fayolle (Marion) (Du même bois 19 avril 2024)

Fellowes (Julian)(Passé Imparfait 13 janvier 2020) (Snobs 30 mars 2020)

Fermine (Maxence) (Neige 19 novembre 2012) (Le violon noir 8 juin 2023)

Fernandez (Dominique) (Ramon 27 aout 2006)

Ferney (Alice) (Les Bourgeois 25 février 2019)

Ferrante (Elena) (l’amie prodigieuse 4 juillet 2016)

Ferrari (Jérôme) (le Sermon sur la chute de Rome 30 août 2013) (Nord Sentinelle 22 novembre 2024)

Ferrier (François) (Le Louvre insolent 6 juin 2016)

Filhol (Elisabeth) (La Centrale 24 février 2010)

Filipenko (Sacha) (Kremulator 6 juin 2024)

Finn (Anne) (Le tyran domestique 14 janvier 2011)

Fives (Cariole) (Quelque chose à te dire 6 décembre 2022) (le jour et l’heure 25 mars 2024)

 décembre Flagg (Fanny) (Miss Alabama et ses petits secrets 29 août 2016)

Flanagan (Richard) ( Dispersés par le Vent 2 septembre 2021)

Flaten (Isabelle) (Adelphe 15 juillet 2021)

Flatland (Helga) (Une famille moderne 24 mars 2022)

Flaubert (Gustave) (Madame Bovary  7 janvier 2016)

Foenkinos (David) (La délicatesse 26 novembre 2009) (Nos séparations 23 avril 2010) (Les souvenirs 15 octobre 2011) (Charlotte 5 janvier 2015) (La famille Martin 29 octobre 2020)

Fonlupt (Amélie) ( La passagère 26 janvier 2023)

Fontanel (Sophie) (Grandir 14 janvier 2011)

Fottorino (Eric)( Chevrotine 15 octobre 2014) (Korsakov 13 février 2015) (L’homme qui m’aimait tout bas 7 février 2022)

Fourest (Caroline) (Libres de le dire 23 avril 2010)

Fournel (Paul) (La liseuse 22 mars 2012)

Fournier (Jean-louis) (Veuf 14 avril 2012) (Ma mère du Nord 10 mars 2013) (Mon Autopsie 20 octobre 2017) (Je ne suis pas seul à être seul 1 septembre 2023)

Franc (Régis) (Je vais bien 26 janvier 2024)

Franceschi (Patrice) (Première personne du singulier 11 octobre 2016)

Freche (Emilie) (Choukette 23 avril 2010)

Fricke (Lucy) (Les occasions manquées 4 novembre 2024)

Froidevaux-Metterie (Camille) (Pleine et Douce 5 mai 2023)

Fromm (Pete) (Mon Désir le plus Ardent 17 décembre 2019)

Fulas( Christian) (Iochka 9 octobre 2023)

Fuller (Claire) (Terre Fragile 30 septembre 2024)

Funder (Anna) (Stasiland 12 août 2024)

G

Gaarder (Jostein) (Le monde de Sophie 28 décembre 2022)

Gagnon (Pierre) (Mon vieux et moi 21 novembre 2010)

Gamboa (Santiago) (Une maison à Bogota 1 juin 2023)

Garat (Anne marie) (La chambre noire 22 janvier 2024)

Garcin (Jérôme) (Le dernier Hiver du Cid 20 juillet 2020) (Mes fragiles 22 septembre 2023)

Garde (François) (L’effroi 6 février 2017) (Mon oncle d’Australie 9 août 2024)

Garnier (Pascal) (le grand Loin 12 janvier 2014)

Garrigues (Sabine) (Rien n’est su 26 novembre 2023)

Gaudé Laurent (le soleil des Scorta 2 avril 2024) (Terrasses  26 juillet 2024)

Gavran (Kristina) La guitare de Pa avril lissandre 7 septembre 2023)

Gestern (Hélène) (Eux sur la photo 12 juillet 2012) (555  8 décembre 2022)

Ghoussoub (Sabyl) (Beyrouth sur Seine) 9 janvier 2023)

Giordano (Paolo)( La solitude des nombres premiers 27 octobre 2009)

Giuliano (Serena) (Félicita 17 juin 2024)

Goby (Valentine) (Kinderzimmer 23 mars 2014) (L’ïle haute 30 janvier 2023)

Goddard Robert (La Croisière Charnwood 4 décembre 2019)

Gran (Iegor) (L’écologie en bas de chez moi 14 avril 2011) (Ipso Facto 9 janvier 2017) (Les services compétents 28 février 2022) (Z comme Zombie 22 décembre 2022)

Grannec (Yannick) (La Déesse des Petites Victoires 24 mai 2021) (Les simples 19 mai 2022)

Grebe (Camilla) (Le Journal de ma Disparition 11 février 2019)

Green (Graham) (Notre agent secret à la Havane 7 décembre 2023)

Greer (Andrew Sean) (Les Tribulations d’Arthur Mineur 12 juillet 2021)

Griffin (Anne) (Toute une Vie et Un Soir 6 avril 2020)

Grimbert ( Philippe) (La mauvaise rencontre 4 février 2015) (les morts ne nous aiment plus 22 avril 2022)

Grimbert (Philippe B) (39.4 18 avril 2022) (Panne de secteur 18 juillet 2022)

Grumberg (Jean-Claude) (La plus précieuse des marchandises 24 février 2020)

Guene (Faïza) (Millénium Blues 27 Mai 2019)

Gyasi (Yaa) ( No Home 13 septembre 2024)

mai

H

Hachmeister et Bikerfeled ( deux dans Berlin 11 novembre 2024)

Haddad (Hubert) (Un Monstre et un Chaos 3 août 2020)

Hanf (Verena) (La fragilité des funambules 25 mai 2023)

Haratischwili (Nino) (Le chat le général et la Corneille 17 mars 2022) (la lumière vacillante 22 novembre 2024)

Harpman (Jacqueline) ( Moi qui n’est pas connu les hommes 28 mai 2024)

Harris (Joanne) (L’été des Saltimbanques 9 mai 2022)

Harris (Robert) (D 20 janvier 2015)

Hatzfeld (Jean) (Tu la retrouveras 6 mai 2024)

Helfer (Monika) (Héritages 10 novembre 2022)

Hegland (Jean) (Dans la Forêt 29 juin 2017) (Apaiser nos tempêtes 27 décembre 2021)

Heilbronn (François) (Deux été 44 – Metz 1744/ Drancy 1944 , 5 août 2024)

Hein (Christoph) (L’ombre d’un père 13 novembre 2023)

Heisbourg (François) (Cet étrange nazi qui sauva mon père 26 août 2019)

Heller (Peter) (La rivière 24 décembre 2021) (la constellation du chien 03 mars 2022)

Héraclès (Julie) (Vous ne savez rien de moi 12 février 2024)

Hermann (Judith) ( une clarté dans le lointain 7 novembre 2024)

Hertmans (Stefan) (Guerre et térébenthine 9 décembre 2019)

Hinkson (Jake) (Au nom du bien 11 janvier 2021)

Hill (Nathan) (Les Fantômes du Vieux Pays 20 novembre 2018)

Hochet (Stéphanie) (Pacifique 21 décembre 2020)

Hoffmann (Stéphane) (On ne parle que d’amour 31 décembre 2021)

Hofman (Geneviève) (Histoire du pain 9 novembre 2015)

Hodasava( Olivier) (Une ville de Papier 24 juin 2021)

Honeyman (Gail) (Eleanor va très bien 31 octobre 2018)

Hope Anna ( Le chagrin des vivants 28 novembre 2016) (La sale de bal 20 décembre 2017) (Nos espérances 22 juillet 2021)

Hornakova-Civade (Lenka) (La symphonie du nouveau monde 27 juillet 2020)

Horvat-CEC (Zelika) (Scène Villageoise Sans Cochon 10 juin 2024)

Houellebeck Michel (Plateforme 9 septembre 2019)

Houston (Nancy) (Lèvres de Pierre 3 décembre 2018)

Hug (Nathalie) (L’enfant Rien 26 avril 2021

Hugues (Pascale) (Marthe et Mathilde 17 novembre 2022)

Huisman (Violaine) (Les monuments de Paris 15 avril 2024)

Humbert (Fabrice) (L’origine de la violence 14 janvier 2011) (La fortune de Sila 22 novembre 2012) (Le monde n’existe pas 1 novembre 2021)

Hunzinger (Claudie) (Les grands cerfs 23 décembre 2020)

Hureau (Simon) (L’Oasis 31 mars 2021)

Huth (Angela) (Valse Hésitation 30 aout 2021) (Les Filles de Hallows Farm 30aout 2021)