Édition Stock, le Cosmopolite, 378 pages, janvier 2024.
Traduit de l’anglais par Mathilde Bach
Voici un livre que j’ai commencé plusieurs fois, et laissé tomber plusieurs fois aussi. Il faut dire que je l’ai lu pendant l’été et que l’ambiance joyeuse des jeux de plage des enfants ne correspondait en rien à l’atmosphère de ce roman. Claire Fuller nous plonge dans une Angleterre que je ne connaissais pas : la pauvreté extrême en milieu rural britannique.
Julius et Jeanie ont plus de cinquante ans, ils vivent dans un cottage avec leur mère Dot. Le récit commence par la mort de crise cardiaque de Dot. Et avec sa mort, le fragile équilibre que Dot avait construit autour d’elle et cette maison s’effondre.
Tout le roman suit alors les raisonnements de Jeanie et parfois de Julius pour faire face à cette disparition et aux énormes difficultés financières dans lesquelles ils sont immédiatement plongés. Ils n’ont pas assez d’argent pour enterrer leur mère, leur solution est pour le moins étrange : ils l’enterreront dans le jardin ! Cela ne peur pose pas tant de problèmes que cela ! en revanche les rapports de leur mère avec le propriétaire du cottage , un certain Spencer Rawson les amènent à prendre des décisions qui vont tourner au désastre pour Julius. Peu à peu, la personnalité de Dot’ par qui tous leurs malheurs sont arrivés, va se découvrir et la vérité qu’elle a si soigneusement cachée à ses enfants va nous permettre de comprendre le pourquoi de leurs difficultés de vie. Je l’ai trouvée terrible cette mère et d’un égoïsme incroyable et elle a fait le malheur de Jeanie à qui elle a interdit tout parcours scolaire simplement pour la garder auprès d’elle !
« Terre Fragile » est une description émouvante d’un milieu social qui apparaît peu dans la littérature contemporaine, on a l’habitude des dérives violentes dans le milieu urbain, mais on oublie souvent que l’isolement du monde rural peut donner lieu à des tragédies silencieuses tout aussi terribles.
J’ai des réserves par rapport à cette lecture, mais elles sont l’expression de ma difficulté à me plonger dans cette narration, je m’ennuyais ferme avec Jeanie, je me doutais dès le départ qu’elle ne pouvait pas prendre les bonnes décisions et son cerveau embrumé ne m’aidait pas à m’attacher à elle.
Extraits
Début comme tant de romans celui-ci débute par des considérations météorologiques.
Le ciel du matin se dégage la neige tombe sur le cottage. Elle tombe sur le chaume, recouvre la mousse et les trous de souris, lisse les ondulations, comble les creux et les fissures, fond en se posant sur les briques de la cheminée. Elle se dépose sur les plantes et la terre nue du jardin de façade, dessine un monticule parfait comme moulé sous une tasse au-dessus du portail moisi. Elle dissimule le toit du poulailler, ainsi que ceux des cabinets et de l’ancienne laiterie, laisse une fine couche sur l’établi et le sol, à l’aplomb d’une fenêtre dont la vitre est brisée depuis longtemps.
La mort de Dot et le mensonge.
Dans un dernier éclair de lucidité, le cerveau de Dot s’inquiète : le fracas de la poêle et de la brosse métalliques risque d’avoir perturbé les battements réguliers du cœur de sa fille, jusqu’à ce qu’elle se souvienne que c’est bien là le plus gros mensonge de tous. Le tisonnier, tombé lui aussi, roule sous la table, oscille une fois, deux fois, puis s’immobilise.
La pauvreté extrême.
À mesure qu’elle s’affaire, elle ne cesse de se demander pourquoi Dot ne leur avait pas dit qu’elle était malade. Elle était têtue et fière, c’est vrai. Elle leur avait appris à ne jamais accepter de cadeau de quiconque parce que d’un jour à l’autre ils -en particulier si ce « ils » était le gouvernement- pouvait revenir frapper à la porte et réclamer qu’on le leur rende avec des intérêts. Jeanie n’est pas étonnée que sa mère ne soit pas allée chercher ses médicaments gratuits, elle n’est pas non plus choquée outre mesure qu’il y ait si peu d’argent dans la boîte, mais elle ne peut s’empêcher de calculer les dépenses encore et encore dans sa tête : l’enterrement ou la crémation, un cercueil, les croque-morts, le corbillard, les fleurs. Qu’est-on censé faire quand on ne peut pas se permettre toutes ses chose -enterrer sa mère dans le jardin ?
Je crois pouvoir me passer de cette lecture.
J’ai lu un autre roman de Claire Fuller, son premier, je crois, que j’avais trouvé intéressant et prometteur bien que m’ayant laissé un sentiment mitigé. (mais je ne m’en souviens pas beaucoup, c’est la teneur de mon billet)
C’est important de faire des billets sur les livres qu’on lit c’est pour mieux les garder en mémoire que j’ai créé Luocine.
Le milieu social décrit m’intéresserait, mais tu n’es pas là première dont je lis un avis mitigé sur ce roman. Il ne rejoindra donc pas ma PAL et c’est tant mieux pour elle .
Je n’avais encore lu aucun avis sur ce roman. Enfin pas que je me souvienne.
Tu me fais penser que je n’ai pas publié mon avis.. Je l’ai lu l’hiver dernier et je comprends que le fait de le lire l’été n’était franchement pas propice.
J’ai aimé pour ma part cette fragilité et ce désarroi…
Je vais publier mon avis dans les prochains jours ;)
tu as tout à fait raison le désarroi est très bien rendu , je pense que ce roman trouvera son public. (Ou a déjà trouvé!)
L’histoire pourrait être intéressante, mais ton avis trop mitigé pour que je note.
bonjour Aifelle .
dis quand nous reviens-tu sur la blogosphère ? tes billets me manquent.
Luocine, je commençais à me sentir de plus en plus prête à reprendre au moins les « bon dimanche » et patatras le covid m’est tombé dessus (première fois). Me revoilà complètement HS ..
c’est étrange les liens que l’on crée à travers la blogosphère, Dominique et toi vous êtes les deux premières blogueuses que j’ai connues et je dois être de la même génération que vous deux et j’aime beaucoup vous retrouver sur la toile. Nos goûts se rejoignent souvent avec des différences que je connais mais qui élargissent le choix de mes lectures.
Alors reviens nous vite, remets toi , je t’envoie toutes mes pensées positives !
Ton ennui ne m’incite pas à le lire
je n’étais pas d’humeur à le lire à ce moment là , c’est un roman qui a des qualités
Tes bémols sont pour moi rédhibitoires d’avance. Je passe donc mon chemin !
Il faut aussi que tu gardes ton jugement il nous arrive d’avoir des avis divergents
Tout comme Sacha :) : le sujet m’intéresse, mais j’ai aussi lu un autre avis bien mitigé, voire négatif, qui ne m’a pas donné envie de l’emprunter.
Avis négatifs je trouve un peu sévères mais c’est vrai que j’ai eu du mal à lire ce roman.