Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème « mère fille ».
Je me demande qui d’entre les participantes du club découvrira à cette occasion Annie Ernaux, je dois avouer que, s’il y en a une, je l’envie un peu. Je me souviens du choc que fut pour moi ses premiers romans. J’ai commencé par « la Place » et je n’ai jamais quitté cette auteure. En relisant « Une femme » pour notre future rencontre, je me suis demandée si j’allais découvrir des aspects que j’avais oubliés. Et bien oui, je ne me souvenais pas à quel point, elle réfléchissait sur sa façon d’écrire :
Mon projet est de nature littéraire, puisqu’il s’agit de chercher une vérité sur ma mère qui ne peut être atteinte que par des mots. ( C’est-à-dire que ni les photos, ni mes souvenirs, ni les témoignages de la famille ne peuvent me donner cette vérité). Mais je souhaite rester, d’une façon, au-dessous de la littérature.
À part cet aspect que j’ai trouvé très intéressant, j’ai tout retrouvé : cette mère qui parle trop fort qui aime sa fille mais qui sait si mal le lui dire. Cette façon dont elle a poussé sa fille vers les études et la réussite mais qui était aussi le chemin vers la séparation avec le monde de son enfance.
À l’église, elle chantait à pleine voix le cantique de la vierge, « J’irai la voir, un jour, au ciel, au ciel ». Cela me donnait envie de pleurer et je la détestait.
Elle avait avait des robes vives et un tailleur noir en « grain de poudre », elle lisait « Confidences » et « La mode du jour » ; Elle mettait ses serviettes avec du sang dans un coin du grenier, jusqu’au mardi de la lessive.
Quand je la regardais trop, elle s’énervait, « tu veux m’acheter ».
Je trouvais ma mère voyante. Je détournais les yeux quand elle débouchait une bouteille en la maintenant entre ses jambes. J’avais honte de sa manière brusque de parler et de se comporter, d’autant plus vivement que je sentais combien je lui ressemblais.
À chaque fois que je lis ce livre, je suis saisie par la justesse de cette analyse, je crois qu’Annie Ernaux explique mieux que quiconque que changer de culture : passer de « Nous deux » à « Proust » , c’est une rupture absolue, un exil définitif et comme tout exil c’est très douloureux. Cela passe par des moments qui peuvent être violents :
À certains moments, elle avait dans sa fille en face d’elle, une ennemie de classe.
Pour celles et ceux qui n’ont pas encore lu cette auteure, j’enfonce des portes ouvertes en rappelant que, ce que l’on remarque tout de suite, c’est son style, tout en retenu et pourtant dévoilant tout ce qui peut être su par l’autre même ce qui d’habitude est caché. Dans ce « roman » ce qui me touche le plus c’est ce cri d’amour, cette fille a su écrire son amour à sa mère, Annie Ernaux est maintenant une grande dame de la littérature de notre époque et celle qui l’a mise au monde, cette femme un peu rude, un peu trop voyante peut être fière de sa fille.
Voici le moment télévisé où je l’ai découverte, le lendemain j’allais acheter son livre. Que de souvenirs !
D’Annie Ernaux je n’ai lu que « La femme gelée » qui m’avait beaucoup plu. J’ai envie de lire « Les années » et tu me tentes aussi avec celui-ci. Je sens que je vais aller fouiller au rayon E de ma bibliothèque ;-)
et oui, moi j’ai un faible pour « la place » parce que c’est le roman grâce auquel je l’ai découverte , elle est pour moi une auteure indispensable au paysage littéraire de notre époque.
J’ai découvert Annie Ernaux avec un de ses premiers romans : la femme gelée qui me semblait tellement proche de ce que je vivais
Ensuite ses deux textes sur ses parents m’ont définitivement convaincu jusqu’aux Années le roman de notre génération
Oui toute son œuvre est intéressante et beaucoup plus variée qu’il n’y paraît.
Une auteure que je ne connais que trop peu…
En lisant ton blog, je me dis que cette auteure ne peut que te plaire , car elle est très réservée, audacieuse et pudique e même temps, et ce qui plaît à tout le monde , une écriture parfaite , ciselée à la virgule près.
J’en ai encore quelques uns à lire, à une époque je m’étais lassée, je me demande pourquoi aujourd’hui. J’ai lu tous les premiers dont « une femme », puis j’ai repris avec « les années » que j’ai adoré et qui m’as remis le pied à l’étrier. C’est une très grande Annie Ernaux.
C’est vrai , on est sous le charme de l’exigence de cette auteure incomparable.
De l’auteur, je n’ai lu que « La honte » et le titre que tu présentes m’intéresserait. Mais je lirai « Les années » avant car je l’ai acheté récemment en poche.
Et merci pour cette archive de l’INA, qui me permet de découvrir Annie Ernaux « en vrai ».
En vrai mais il y a longtemps. J’apprécie tous ses livres, mais j’ai un réel attachement à ses premiers livres.
J’ai lu Annie Ernaux il y a longtemps, j’étais à la fac et je suivais une UV sur l’autobiographie. Je n’ai pas du tout apprécié. Mais à l’époque, j’avais tout juste vingt ans et pas lu grand-chose. A te lire, je me dit qu’à présent, mère trois fois d’enfants désormais grands, je l’apprécierais peut-être…
On ne dira jamais assez le mal que peuvent faire les études littéraires au goût de la lecture. Je sais de quoi je parle. Je ne dois à ces études que mon goût pour Racine, la poésie française et Marcel Proust et cela grâce à deux enseignantes de Lycée, mes études universitaires m’ont plu , mais je n’ai plus rien découvert.
je vais me faire huer mais je fais partie des (rares?) lecteurs qui n’aiment pas Ernaux, sa façon de se mettre à nu m’horrifie!
Bien sûr que non tu ne vas pas te faire huer, et je suis ravie d’avoir un avis différent sur mon blog. Je comprends parfaitement ce que tu veux dire, ce mélange de style pudique avec une réalité crue , peut choquer , et elle a été une des premières à parler avec clarté du corps féminin , des règles , du plaisir, de la seduction, de la ménopause… Elle dit aussi bien d’autres choses , c’est vrai que certains livres m’ont moins plu mais je lui reconnais toujours un effort d’honnêteté incroyable.
Je ne l’ai lue qu’une fois. Je ne sais même plus quel titre. Et ça ne m’a rien laissé d’autre qu’une impression de m’être ennuyée ;)
Cela fait donc deux personnes qui ne l’apprécient pas . Violette va se sentir moins seule. J’ai un peu de mal à imaginer l’ennui dans ses romans car ils sont très en retenu mais ça ne se discute pas . Je recommande quand même »la place » que je trouve parfait…on ne sait jamais!
Tu ne seras pas surprise d’apprendre que c’est une auteure que j’adore. Les années et La place restent mes titres préférés.
C’est pour ça que j’ai conseillé cette auteure à Noukette car je vous trouve souvent en harmonie pour vos lectures; Mais je suis contente de voir des avis négatifs sur mon blog. Celui de Violette me trotte dans la tête, je comprends bien ce qu’elle veut dire.
Bonjour Luocine, moi c’est seulement avec Les années que j’ai découvert Annie Ernaux (ce livre est un chef d’oeuvre). Depuis, j’ai lu La place qui m’a émue. Annie Ernaux c’est un sens de la narration remarquable. Bonne réveillon de Noël à toi.
Jecsuis bien d’accord, bon Noël à toi aussi , etnmerci pour tes conseils si précieux pour les films à ne pas rater.
Une auteure que j’ai lue avec plus ou moins d’intérêt (peut-être parce qu’elle s’adresse à des femmes ?), mais toujours avec plaisir. « La place » m’avait enchanté. « Passion simple » m’a un peu déçu.
Lors de son dernier passage télé, je ne sais plus très bien si c’était avec F Busnel, elle m’avait semblé nerveuse et fatiguée.
Je vous souhaite de joyeuses fêtes, Luocine et surtout de bonnes lectures.
Merci et bon Noël j’espère entouré de gens que vous aimez. Passion simple m’avait déçu moi aussi , bonne lecture à vous également.