Édition Actes Sud . Traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

 

Il pourrait être un de vos cadeaux de Noël, ce roman. En tout cas, j’espère que ceux et celles qui aiment les romans qui se passent dans la nature encore sauvage vont le noter, même si cette superbe nature est en train de se faire dévorer par un incendie comme ceux qui tous les ans détruisent les somptueuses forêts américaines ou canadiennes.
Ce récit décrit l’aventure de deux jeunes amis , Wynn, et Jack qui ont décidé de descendre le fleuve Maskwa jusqu’à son embouchure dans la baie d’Hudson. Ils ont très bien préparé ces quelques semaines d’aventures dangereuses mais à leur portée car ils connaissent bien tous les deux la vie dans la nature peu ou pas domestiquée par l’homme. Ce sont deux pêcheurs émérites et cela nous vaut de très belles scène dans des cours d’eau sauvages aux rapides imprévisibles.
Et puis, deux événements vont transformer ce voyage de rêve en un vrai cauchemar. D’abord, ils repèrent un incendie d’une force incroyable, ils n’ont donc qu’une solution aller de plus en plus vite pour rejoindre leur point d’arrivée, mais on sent qu’ils en sont capables d’autant que Jack connaît très bien les dangers du feu de forêt. Mais un deuxième danger va donner à cette course contre la montre un aspect de thriller absolument haletant. Will et Jack doivent sauver une femme laissée pour morte par son mari sur une plage et Jack comprend tout de suite cet homme est prêt à les tuer eux aussi.
Face au danger, les deux personnalités des deux amis vont diverger. Wynn, le gentil, ne peut croire à la méchanceté humaine et sans le vouloir, il met en danger la réussite de leur expédition car son premier réflexe est toujours de croire à la bonté. Jack le sait et prend le leadership de leur expédition. La tension entre les deux amis donne une profondeur au récit que j’ai beaucoup appréciée. Et puis la nature toujours présente amicale ou hostile ponctue ce texte de moments inoubliables.

Un grand roman dans lequel a forêt, la rivière, le feu sont des personnages au même titre que les protagonistes de de ce drame.

 

Citations

Le feu

 « Ouais, mais si on est au milieu de la rivière.. »
Jack haussa les épaules.  » Peut-être. L’air devient brûlant. C’est ça qui crée un incendie dévastateur. En fait, les rouleaux de fumée sont chargés de gaz et si le vent est favorable, à la moindre étincelle, tu peux te faire carboniser à quatre cents mètres. »

Les rapides

 Ce devait être des chutes de classe VI, une série de saillies rocheuses englouties sous un volume d’eau gigantesques. On aurait dit un orage en mer du Nord dévalant un escalier. Vingt et un mètres entre le sommet et le fond avec une pente qui s’étendait sur deux cents mètres. Au milieu, un îlot rocheux de la taille d’une barque portait un épicéa tordu et rabougri. Voir cet arbre trembler dans tout ce chaos ne rendait la cataracte que plus terrifiante.
 Le soleil perça un récif de nuages et éclaira les chutes, d’argent ses rayons sur les eaux-vives et neigeuses, mettant étonnamment les sonorités encore plus en relief, et Wynn se dit que ça aussi, c’était magnifique. Que la roche brute des saillies ou les avalanches étaient magnifiques.

Le feu

 Une grosse partie de la région avait été couverte de lichens et de mousses parfois sur plusieurs dizaines de centimètres d’épaisseur et tout ça avait brûlé dans la nuit, avec les sous-bois, les épilobes et les saules, ne restaient que la terre calcinée et la roche, les pieux noirs et sépulcraux des arbres, et sans la forêt, on voyait beaucoup plus loin, le sol qui s’élevait légèrement et retombait tout autour des eskers quasiment débarrassés de leur arbres, des plis où les ruisseaux avaient coulé, secs comme s’ils s’étaient évaporés.

 

 

 

26 Thoughts on “La rivière – Peter HELLER

  1. Oh, ton billet me plaît, car j’ai adoré La constellation du chien et je compte bien lire celui-ci, après un autre de l’auteur que j’ai déjà engrangé !

  2. Un roman correct sans plus, bien loin de son premier « La constellation du chien »…

    • je ne suis pas d’accord , il est différent de « la constellation du chien » mais il analyse très finement la différence des deux personnalités d’amis : Celui qui par gentillesse met leur expédition en danger, et celui qui prend les bonnes décisions quitte à paraître méchant.

  3. Noté, mais je dois d’abord lire La constellation du chien, qui traîne sur mes étagères depuis un moment (du coup, le commentaire de Kathel me réjouit !).

  4. keisha on 24 décembre 2021 at 13:27 said:

    Peut être ce titre me conviendrait (d’autres de l’auteur, pas accroché, l’écriture je pense)

    • alors là ! je reste sans voix, l’écriture est précise, va à l’essentiel. Je ne sais pas quel livre tu as lu mais « la constellation du chien » est un des meilleurs romans que j’ai lus depuis longtemps.

  5. Je pense qu’il pourrait beaucoup me plaire ce roman et du coup je re-note « la constellation du chien » qui vous a tellement séduites Kathel et toi.

  6. Je l’ai noté celui-ci mais j’ajoute La constellation du chien ! Je suis sûre que ce sont des romans pour moi.

  7. je n’ai lu aucun roman de l’auteur mais il me fait de l’oeil depuis longtemps j’ai déjà fait une belle balade en Alaska avec les saumons et je me sens prête à tenter une autre balade du même genre merci à toi

  8. LaSourisJaune on 27 décembre 2021 at 21:38 said:

    Oh, il me fait également envie, ce livre-là, Merci Luocine, pour ton exploration au plus près d’une nature vierge qui semble être le cadre d’un roman palpitant. Je note !

    • Le plus intéressant c’est la relation entre ses deux amis. Mais sans la description d’une nature à la fois grandiose et dangereuse, leur relation n’aurait jamais pu prendre toute cette vérité.

    • Le suspens est très intéressant car il se double d’une analyse très fine de deux personnalités.

  9. Offert à mon père à Noël j’ai hâte qu’il le lise pour le découvrir !

  10. Bien tentant ! Et billet convaincant ! je note !

    • un très bon roman qui fait réfléchir à plusieurs choses importantes, la nature, mais aussi lee relations humaines et l aprise de décison en cas de danger imminent

  11. Je viens de terminer ce livre et je l’ai beaucoup aimé. Il m’a rappelé un autre livre – lu il y a un ou deux ans et qui m’avait marquée : ” l’archipel d’une autre vie ” de André Makine.

    • on a toujours une joie de voir qu’une petite communauté se réunit autour d’un livre que l’on a beaucoup aimé. merci Mary, je crois que c’est la première fois que tu mets un commentaire sur luocine.

      • C’est sans doute la première fois, mais je suis très régulièrement ton blog car en plus d’être passionnée de cuisine, je le suis de littérature et je m’inspire beaucoup des blogs littéraires pour choisir mes lectures. Ce fut le cas pour ce livre  » La rivière  » . Alors, merci pour ces bons conseils !

        • Je vais regarder ton blog de cuisine mais je fais de moins en moins de cuisine : quand on vieillit on doit manger beaucoup plus diététique et seule ou à deux ça donne moins envie de faire de la cuisine. Je regarde pourtant avec plaisir top chef ….

  12. Pingback: Peter Heller, La rivière – Lettres exprès

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