Édition Albin Michel . Traduit de l’allemand Dominique Autrand
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Les enfants font naître en toi des sentiments et puis ils s’en vont et te laissent en plan avec tes sentiments
Un roman très surprenant : je pourrai écrire deux billets différents, je vais commencer par le positif. Je suis partie ailleurs grâce à cette écrivaine et jamais un pays ne m’a semblé plus étranger dans un roman (sauf peut-être le Japon). Elle raconte le parcours d’une femme de cinquante ans qui décide d’aller vivre sur la mer baltique au nord de l’Allemagne. Elle a laissé dans sa ville son mari, Otis, avec qui elle reste en contact, sa fille Ann est partie dans un grand voyage à travers le monde.
Nous sommes dans un pays de Landes, de vent et de paysages infinis. De gens tristes et porteurs de déséquilibres qui les empêchent de bien vivre habitent cet endroit (sans doute la Frise). Son frère qu’elle appelle « un imposteur » est tombé amoureux d’une jeune fille de 20 ans alors que, lui, en a 58. Cette fille est complètement déjantée et lui totalement amoureux ce qu’il n’a jamais été auparavant. Le personnage principal, va commencer une relation avec l’éleveur de 1000 porcs. Alrid est le frère de Mimi une femme fantasque qui sera la relation amicale de la narratrice. Cette Mimi se sent libre de ses choix de vie et elle permet à la narratrice de s’adapter à cet étrange pays .
Le talent de cette auteure c’est de nous embarquer dans un monde étrange de gens habités par des histoires très tristes.
J’aurais pu aussi écrire un tout autre billet. Dans un beau décor bien décrit, un monde de vent et de paysages très ouverts sur le grand large , des gens tous plus bizarres les uns que les autres se baladent sans que l’on comprenne bien leurs relations. La narratrice a bien fait de laisser son mari qui remplit son appartement d’objets les plus divers au point de ne garder qu’un lit pour pouvoir dormir. Leur fille Ann ne s’est pas trompée, elle a fui ce couple mortifère. La narratrice a été employée dans une usine de cigarettes, ce qui lui permettait de fumer gratuitement en volant des cigarettes. Elle a été marquée par une proposition de magicien qui voulait la découper tous les soirs dans une boite sur une scène de spectacle. La boîte, on la retrouve avec la petite amie de son frère : elle y aurait été enfermée par une mère maltraitante. Dans une scène de beuverie, on verra la narratrice faire une fellation à l’éleveur de porcs sous les yeux de Mimi sa sœur. Mimi qui se ballade toute nue, soit pour se baigner dans les eaux marronasses du port soit dans son jardin. Elle racontera à la narratrice une horrible histoire mythique d’Ondine violée et massacrée par les gens du village.
On ne comprend jamais la nature des liens des gens entre eux, c’est difficile d’admettre que cette fille de la ville ait une relation avec un éleveur de porcs d’une porcherie industrielle, peut être parce qu’il sait installer des pièges pour attraper une fouine qui l’empêchait de dormir, dans un geste que je n’arrive pas à comprendre elle finira par fermer le piège et le rendre inutilisable , il est vrai qu’elle n’avait attrapé qu’un merle et un chat Son frère semble vraiment amoureux mais d’une fille totalement barge.
Bref trop de bizarreries et aucune explication pour comprendre tous ces gens fou-dingos. Lors de la séance de notre club de lectures deux lectrices ont exprimé leur dégoût total de ce roman, elles ont tout trouvé « laid » c’était leur mot surtout les personnages et elles n’ont même pas été sensibles aux paysages. De plus elles ont souligné les maladresses de style : la répétition des « il me dit …je lui ai dit .. « , que je n’avais pas vraiment repérée.
Extraits
Début.
Cet été là, il y a presque trente ans, j’habitais dans l’ouest et très loin de l’eau. J’avais un studio dans les nouveaux quartiers d’une ville moyenne et un travail dans une usine de cigarettes. Le travail était simple, je devais veiller à ce que la tige de tabac se présente bien dans l’axe du module de découpe, c’est tout ; en fait la machine le faisait, elle avait un capteur, la tige de tabac passait en ronronnant et quand elle n’était pas dans l’axe la machine s’arrêtait.
Son lieu de vie aujourd’hui.
J’ai loué une maison à l’extérieur du village. Elle est isolée, elle est délabré et minuscule, dans une rue non pavée, sablonneuse, qui se termine dans le polder. Devant la maison s’étendent des champs et des pâturages jusqu’à l’horizon, derrière coule un étroit cours d’eau. Un canal. Le canal achemine l’eau de l’intérieur du pays vers le polder, du polder elle rejoint la mer, l’eau est brunâtre et vaseuse, mais il y a toutes sortes d’oiseaux dans les roseaux, il y a des foulques des rats musqués et des libellules
Portrait de son frère.
Autant que je sache, mon frère ne s’était jamais vraiment intéressée à quoi que ce soit de toute sa vie, il ne s’était jamais investi dans rien, n’avait rien appris, ne savait à peu près rien faire. C’était un imposteur, il était très douée pour faire semblant de savoir tout faire, et la restauration semblait une bonne solution dans ce cas de figure
Son ex mari accumulateur d’objets .
Pourtant il continue à accumuler. De temps en temps il vend ou il donne tel ou tel objet, mais il en trouve beaucoup plus qu’il n’en cède. Il sait exactement ce qu’ils possède. Si tu lui demandes une lampe de poche, ça prendra du temps, mais tu l’auras. Avec des piles, intacte et en état de marche. Si tu lui demandes une bâche pour un bateau, il te la sort de sous son matelas. Tu as besoin d’une canne à pêche. Une hache. Une lampe à pétrole. Une seringue à insuline, une trousse de secours, une boussole et un livre où on dit quels champignons sont comestibles ou pas. Une carte géographique. Du bois de chauffage. Tout ça. Otis l’a, et il te le donne. Et pourtant me dis-je cette accumulation est l’expression du chagrin, et il regarde passer la vie
Se baigner en mer baltique.
Mini me précède à grands pas, elle a hâte d’atteindre l’eau. Elle va nager dans le bassin portuaire à partir du môle, elle dit qu’enfant déjà elle nageait dans le port. En mer il n’y a pas assez de profondeur à son goût, il faut patauger un quart d’heure pour avoir de l’eau au niveau du genou à marée haute.
Élevage de porcs.
Les centaines de cochons dans des box, sur un sol en caillebotis nus et clignant des yeux, ils sont couchés les uns sur les autres, trébuchent les uns sur les autres, grimpent dans les mangeoires, se jettent contre les barreaux en acier des enclos. Des paniers métalliques oscillent au dessus des box. Les cochons sont tous absolument identiques, curieusement on ne dirait pas des cochons c’est qu’il y en a beaucoup trop. Presque tous nous regardent. Nombre d’entre eux n’ont plus de queue, leur dos et leurs flancs sont couverts de griffures, un cochon gît tout seul dans un coin, ses courtes pattes écartées, impossible de voir s »ils respirent. La lumière excite les autres leurs cris stridents enflent, le son est atroce.
Fête chez les parents d’anciens paysans.
Onno est assis en face de nous. Il est nettement plus aimable qu’Alrid, carrément ouvert en comparaison, il est débonnaire. Il a un appareil auditif dans l’oreille gauche, il y porte fréquemment la main, tourne la molette, je le soupçonne de couper le son quand il en a marre.Il me tend sa grande main chaude par-dessus la table.Une amie de Mimi est venue aussi, c’est bien.Ce n’est encore jamais arrivé, explique Alrid. Une amie de Mimi, c’est inhabituel, les amitiés c’est pas trop notre truc dans la famille.
Ton club de lecture participe aux Feuilles allemandes ? ;-)
Je ne connaissais pas cette autrice, et je n’éprouve pas l’envie de lire ses romans, s’ils sont tous de ce genre !
mon club de lecture est très éclectique et c’est ce que j’apprécie. J’ai beaucoup de mal à me contraindre pour participer aux différents challenges que je trouve très intéressants par ailleurs, j’en respecte deux : mon club de lecture et le mois des feuilles allemandes. Dès que je lis un livre de littérature allemande je le programme pour novembre et cela me permet d’en avoir plusieurs et de ne pas m’obliger à rechercher pour ce mois là des auteurs allemands.
Ceci dit, tu peux oublier ce roman l’auteure en a peut-être écrit de meilleurs.
Arf, un raté, ça arrive malheureusement.
oui et ce n’est pas si grave ! car tant d’autres livres me plaisent.