Édition Phébus. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Bru
Ce roman m’a été offert car j’avais bien aimé « Dans la Forêt » de la même auteure. J’ai plus de réserves sur celui-ci qui connaît cependant un beau succès sur la blogosphère . J’ai eu un plaisir certain à découvrir les destins croisés de Cerise et Anna. Ces deux femmes ont, au même âge, avorté pour Anna, eu un bébé pour Cerise. Nous retrouvons ces deux femmes à d’autres moments clés de leur vie. Cerise éprouvera pour sa fille Mélody un amour si fort qu’elle pensait que rien ne pourrait briser leur entente fusionnelle. Anna se réalisera comme photographe auprès d’un homme attentif avec qui elle aura deux enfants. Elle cachera à tous son avortement et pense mener sa vie sans que cela prenne trop de place.
Pour Cerise la vie est faite de toutes les difficultés d’une mère célibataire pour qui la survie est toujours remise en cause par le moindre problème, et elle va les accumuler, les problèmes ( un peu trop à mon goût). Cela nous vaut l’habituel plongée dans le monde des exclus de la prospérité américaine.
Avec Anna nous partageons la vie d’une femme qui se demande si sa vocation d’artiste vaut la peine de bousculer sa famille en particulier ses deux petites filles.
A travers des rebondissements tragiques pour Cerise, plan galère pour Anna, ses deux femmes se retrouveront et permettront à l’une comme à l’autre un nouveau départ dans leur vie.
J’ai retrouvé les longueurs habituelles pour ce genre de roman américain, plus de six cent pages ! Je peux parfois avoir plaisir à rester longtemps avec des personnages et des lieux mais dans ce roman je me suis trouvée avec des personnalités figées dans des attitudes et des situations qui me semblaient plus proches de la démonstration ou du cliché que de personnes réelles. La révolte de Mélody à l’adolescence tellement traitée dans tous les romans, séries et films américains est un grand classique. Ainsi que la misère de ceux qui en sont réduits à vivre dans un mobile-home comme Cerise avant d’être réduite à dormir dans la rue après le tragique incendie dans lequel son bébé trouvera la mort.
De l’autre côté la difficulté à être une bonne mère quand on veut se réaliser à travers son travail artistique et permettre à son mari de trouver un job à la hauteur de ses ambitions intellectuelles est un sujet intéressant mais déjà traité dans bien des romans.Voilà ma réserve principale, je n’ai pas réussi à croire aux deux personnages de femmes. Je ne voudrais pas que mon opinion l’emporte sur votre envie de lire ce roman qui reçoit des éloges en grande partie mérités .
Citations
L’œil de la photographe
Bien avant d’avoir tenu un appareil photo entre les mains, elle s’était aperçue que, juste en regardant un objet ordinaire, elle pouvait le transformer en quelque chose de rare et d’étrange. Cette sensation que les autres enfants obtenaient en tournant sur eux-mêmes ou en se laissant rouler dans la pente des collines, elle l’éprouvait en scrutant de toutes ses forces le robinet en laiton du mur latéral, ou le moineau qui sautillait sur la terre polie en dessous des balançoires, au point bientôt de ne plus voir que le lustre de l’usure sur le bec du robinet ou l’étincelle dans l’œil du moineau.
Remarque de la mère des dessins de Cerise à propos de son père.
– Je ne sais pas du tout d’où tu tiens ça, pas de moi, en tout cas, ça c’est sûr, ni de ton père, disaient-elles avant d’enchaîner, pleine d’amertume : Ton père n’était même pas fichu de se dessiner un avenir.
Dieu
Parfois, elle essayait de prier, comme Sylvia et Jon le lui avaient conseillé. Mais des réponses qui lui venaient quand elle tentait d’adresser ses réflexions à Dieu pour qu’il lui serve de guide ne ressemblaient jamais à ce qui aurait plu à Sylvia et à Jon, si bien que Cerise se disait qu’elle s’y prenait mal, que ses prières passaient sans doute à côté de Dieu sans l’atteindre, comme quand elle composait un faux numéro et se retrouvait avec un inconnu au bout du fil.
Tellement vrai
Personne n’a le choix, ajouta doucement sa grand-mère. on se dit toujours, « je ne pourrais pas le supporter », mais quand ça arrive, on voit que c’est la seule option possible : supporter.
Des femmes dans le malheur
Parfois les femmes pleuraient, et les larmes qui coulaient sur leurs joues fatiguées jusqu’à leur de menton tremblant paraissaient minuscules comparées à leur ocean de souffrances. Cerise trouvait une sorte de réconfort dans leur histoire et dans ces larmes -pas par ce qu’elle aimait voir toujours plus de souffrances, mais parce que la souffrance était la vrai conditions des humains. C’était logique que les gens souffrent, logique que rien n’aille bien très longtemps. En regardant les autres femmes se rassembler autour de celles qui pleuraient, pour lui tapoter le dos et essuyer ses larmes, Cerise se sentait presque de la famille, presque de la famille des femmes qui la réconfortait.
J’ai adoré « Dans la forêt », et je crois que je n’avais lu jusqu’à présent que de très bons avis sur celui-ci (comme tu le soulignes d’ailleurs). Tu me refroidis un peu, j’attendrai sa sortie poche…
Pour moi c’est un gros pavé américain où l’auteure a voulu trop en faire.
Bon, je peux passer, déjà le précédent, j’avais abandonné (je dois être difficile en romans américains ^_^)
Le précédent est moins gratuit que celui-ci. Et posait des problèmes de survie dans la nature de façon assez nouvelle.Rien de nouveau dans celui-ci.
A vrai dire, je ne me suis pas précipitée, parce que j’ai peur d’être déçue après « dans la forêt » dont le thème était fort et plutôt original. Je ne suis pas sûre de le lire.
Ce n’est pas mon billet qui risque de te donner envie de lire ce roman.
J’ai assisté à une rencontre avec l’auteure et, même si c’était très intéressant, (et de plus, ma première rencontre littéraire depuis deux ans, et dans ma nouvelle ville) je me suis abstenue de l’acheter immédiatement… puis j’ai lu quelques avis dans la tonalité du tien. Et, non, je ne le lirai pas, définitivement !
Tu as bien de la chance de pouvoir assister à des rencontres littéraires, elle parle français cette auteure?
Un peu seulement, mais il y avait une bonne interprète !
J’avais adoré Dans la forêt, je voulais lire celui-ci, un jour mais tu me décourages, là…
Il faut peut-être que tu ailles au bout de ton envie. Tu le sais, l’excès de glauque ce n’est pas ma tasse de thé. Et les malheurs d’une des deux femmes m’ont semblé un peu trop glauque. Et l’autre m’a ennuyée.
J’ai tellement aimé Dans la forêt que j’avoue hésiter à me lancer dans un autre roman de Jean Hegland. Mais ce que vous dites va peut-être me faire réfléchir….
Il faut aussi suivre son avis je suis parfois très sévère pour les romans qui se plaisent dans le glauque.
J’avais bien aimé Dans la forêt, mais pas assez pour me précipiter sur cette nouvelle publication. J’avais feuilleté le début, et genre de détail complétement idiot, j’ai buté sur le prénom de Cerise … Il m’évoque une série de BD que ma fille adorait, impossible de voir Cerise en héroïne d’un roman américain …
Moi j’ai eu du mal aussi avec ce prénom, mais surtout avec l’accumulation des malheurs de la dite Cerise.
comme Aifelle et Bonheur du jour je suis dans l’expectative, son premier roman était tellement réussi que pour faire aussi bien c’est difficile
Une de mes filles l’a lu et bien aimé mais avec à peu près les mêmes bémols que toi
Il y a vraiment des faiblesses dans ce roman. Je vois que je ne suis pas la seule à le dire.
Dans la forêt m’attend toujours sur mes étagères, je vais donc commencer par le lire. Dommage pour celui-ci.
tu as bien raison de lire « dans la forêt » ensuite c’est à toi de décider.
comme d’autres, j’avais tellement adoré Dans la forêt que celui-ci me fait peur et je n’ai pas tort, à te lire…
C’est surtout tellement américain….
J’avais adoré aussi « Dans la forêt », mais les thèmes de ce roman ci ne me tentent pas du tout ! Je passe !
et je te comprends trop bien.
Tu sais que j’ai aimé puisque tu m’as laissé un mot dans mon blog. J’ y ai répondu.
Je comprends que les thèmes déjà traités dans de nombreux romans américains te lassent à force de les lire mais ils n’en sont pas moins vrais. De plus, j’ai trouvé que Hegland les traitais avec justesse et dénonçait la dureté et l’hypocrisie de cette société pour qui l’avortement est un crime mais laisser une toute jeune mère seule, désemparée, dépressive, sans ressources, sans travail, n’en est pas un ! J’ai trouvé le livre courageux et original de ce point de vue car je n’ai lu cette prise de position nulle par ailleurs de la part d’un écrivain américain. Et puis il y a beaucoup d’autres thèmes. C’est un livre assez riche.
c’est justement ce que je reproche à ce roman, l’auteure veut en faire trop ! la mère célibataire avec son ado rebelle qui perd son bébé dans l’incendie de sa caravane , c’t beaucoup pour moi. Et la femme féministe qui essaie de s’imposer à son mari … Déjà lu si souvent.
Je ne dis pas que c’est un mauvais roman mais c’est pour moi un fourre tout de tous les clichés des problèmes nord-américains
Si je comprends bien, c’est davantage un mélo social qu’un manifeste « pour » quelque chose. Bon, j’avais bien aimé « dans la foret » (et ai même lu ensuite l’adaptation en BD); pour ce titre-là, j’attendrai… d’avoir le temps et rien d’autre de prioritaire à lire!
moi je n’ai pas trop aimé j’ai trouvé ce roman beaucoup trop long et trop démonstratif