Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Un livre qui m’a davantage étonnée que plu. Il y a deux livres en un, d’abord le récit de formation de Pol Pot du temps où il s’appelait Saloth Sâr . C’est dans toutes les faiblesses de cet enfant, puis du jeune homme que Nancy Houston traque tout ce qui a pu faire de cet homme qui a tant raté, ses études, ses amours, un tyran parmi les plus sanguinaires. Il ne réussit pas à obtenir ses diplômes, il fera tuer tous les intellectuels. Il puisera dans les discours révolutionnaires français, de 1789 à 1968, le goût des têtes qui doivent tomber ! Les chiffres parlent d’eux mêmes, Pol Pot est responsable de 1,7 million de morts, soit plus de 20 % de la population de l’époque. L’article de Wikipédia, en apprend presque autant que ce livre, mais l’émotion de l’écrivaine rend plus palpable l’horreur de ce moment de l’histoire du Cambodge.
Et puis nous voyons la très jeune narratrice, qui doit avoir plus d’un point commun avec l’auteure, passer une enfance et adolescence très marquée par le mouvement hippie pendant son enfance et mai 68 à Paris pendant sa jeunesse. Le but de ces deux histoires, est de montrer les points communs entre cet horrible Pol Pot et la narratrice. Je pense qu’il n’y a qu’elle qui voit les ressemblances. En revanche, le passage par Paris et la description des intellectuels , Jean-Paul Sartre en tête qui soutiennent les Khmers Rouges est terrible pour l’intelligentsia française. La seule excuse à cet aveuglement volontaire, c’est de ne pas vouloir prendre partie pour les américains qui ont envoyé sur le Cambodge plus de bombes que pendant la deuxième guerre mondiale sur toute l’Europe. Et voilà toujours le même dilemme : comment dénoncer les bombardements américains sans soutenir le communiste sanguinaire, Pol Pot.
Citations
l’écriture
De toute façon, elle a appris depuis l’enfance à neutraliser par l’écriture tout ce qui la blesse. Les mots réparent tout, cachent tout, tissent un habit à l’événement cru et nu . Dorit ne vit pas les choses en direct mais en différé : d’abord en réfléchissant à la manière dont elle pourra les écrire, ensuite en les écrivant. Protégée quelle est par la maille des mots, une vraie armure, les agressions ne l’atteignent pas vraiment.
Mai 68
Un jour Gérard vient l’écouter jouer du piano dans l’appartement de la rue L’homond. Au bout d’une sonate et demie de Scarlatti, il pousse un soupir d’ennui : » C’est bien joli, tout ça dit-il, mais je n’y entends pas la lutte des classes. »
Les Khmers rouges
Le 9 janvier 1979, les troupes nord-vietnamienne se déploient à Phnom Penh, révélant au monde la réalité du Kampuchéa démocratique, la capitale désertée, dévastée… Les champs stériles… Les monceaux de squelettes et de crânes… De façon directe ou indirecte, au cours de ces quarante cinq mois au pouvoir, le régime de Pol Pot aura entraîné la mort de plus d’un million de personnes, soit environ un cinquième de la population du pays. Le Cambodge gît inerte, tel un corps vidé de tout son sang .
Pas trop envie, je l’avoue…
Son parti pris est difficilement acceptable.
une auteure découverte à ses débuts mais dont je me suis éloignée plus vraiment convaincue par ses écrits
En tout cas ce n’est pas celui-là qui te fera revenir vers elle.
Je n’ai pas adhéré à son parallèle, très tiré par les cheveux. Et puis sa vie ne m’a pas passionnée. D’habitude j’aime beaucoup ce qu’elle écrit mais là je suis restée perplexe.
Visiblement nous avons vécu la même chose à cette lecture.
J’aime beaucoup cette auteure, au point d’avoir acheté ce titre sans savoir de quoi il y était question. Je ne l’ai pas encore lu, mais les avis souvent mitigés à son sujet me font un peu retarder cette lecture. Ceci dit, j’avoue en même temps qu’il suscite ma curiosité… à voir, donc !
Donc nous lirons avec plaisir ton billet.
J’ai un roman d’elle dans ma PAL depuis bien longtemps ; ses prises de position des dernières années dans les medias m’ont laissée très dubitative. Je n’ai pas envie de la lire.
Je ne l’avais jamais entendu parler dans les médias mais si son autoportrait est réaliste, on peut imaginer toutes les bêtises qu’elle a pu asséner d’un ton péremptoire.
Je passe
Pas du tout un sujet qui m’attire. Je veux par contre depuis longtemps découvrir Nancy Huston, mais ce sera sans doute avec un autre titre
Bizarre. Je passe mon tour moi aussi.
Ce n’est pas moi qui t’encouragerais à aller plus loin.
Bonjour Luocine, j’apprécie l’écriture de Nancy Huston mais je ne suis pas du tout tentée par ce roman. Bonne journée.
Pour ma part, j’ai énormément aimé les livres de N. Huston jusqu’à ce qu’elle publie « Reflets dans un oeil d’homme ». Là, je n’ai pas compris ce qui lui était arrivé.
Ce n’est sans doute pas ce roman qui te reconciliera avec elle.