Édition Gallimard NRF juin 2023 . 202 pages
Encore un roman sur l’extermination des Juifs et aussi des Tziganes organisée par les Nazis, mais bien aidés par en Hongrie par les « Croix Flêchées ». Ce qui rend ce livre lisible malgré les horreurs que l’on connaît mais qui sont tellement difficiles à lire c’est que les deux fillettes qui ont fui l’extermination se soutiennent et vivent dans un zoo où les animaux sont tellement plus faciles à vivre que les humains ivres de sang. La petite juive Sheindel, et le petite Tzigane Izeta se sont retrouvées dans le zoo de Budapest et aident les animaux à survivre à la guerre. Elles sont aidées par un soldat Dumitru de l’armée rouge originaire de Roumanie, qui est vétérinaire. Leurs rapports avec les animaux permettent d’alléger l’horreur de cette lecture. Et puis, après la guerre, les deux petites sont séparées, l’une ira vivre en Israël, l’autre retrouvera les Tziganes en Europe. Et Dumitru ira au goulag où sa mère va mourir. Il en reviendra et s’occupera de chevaux, Sheindel le retrouvera mais, en revanche, Izeta et elle n’arriveront pas à se rejoindre. La dernière partie du roman voit l’arrivée d’un journaliste, Frédéric qui a des points commun avec le correspondant de guerre et auteur, Jean Hatzfeld. Il suit la guerre en Croatie puis en Bosnie, cette région à de nouveau connu une guerre civile avec son lot de pillages, de bombardements, de viols et d’exterminations.
Ce roman se lit facilement même s’il raconte la partie la plus noire de l’humanité . Mais j’ai une réserve, qui vient sans doute que j’ai vraiment beaucoup lu sur ce sujet et que, et le mélange de la vérité historique et de l’imaginaire n’a pas très bien fonctionné (pour moi). En peine guerre de Bosnie, le narrateur reprend une histoire de zoo, mais cette fois, le journaliste dit clairement que c’est une fiction qu’il a inventée car la réalité était trop horrible. Alors qu’en est-il pour la vie des deux petites filles dans le zoo de Budapest pendant la guerre ?
Extraits
Début.
La scène se répétait, rien n’allait et il faisait un froid de canard. Muni d’une fourche qu’elle maniait avec peine, une fillette incitait des dromadaires à sortir de leur stalle, sourde à leurs blatèrements que les murs renvoyaient en écho. Ils refusaient de quitter le fond, qu’ils ne cessaient de longer dans une bousculade exaspérée.
Images terribles qui doivent hanter tous les descendants des juifs d’Europe centrale.
À cet instant un cortège surgit dans la rue Király. En tête des miliciens coiffés de leurs calots verts marchaient d’un pas trop impulsif pour être cadencé. Derrière, un premier rang de femmes ; les suivait une foule d’hommes, le plus souvent cravatés, et encore des femmes silencieuses avec leurs enfants. Des hommes vêtus d’habits religieux marchaient en petits groupes, il y en a qui s’étaient bandé la tête d’un tissu pour dissimuler des blessures ou simplement la nudité de leurs joues qu’ils avaient sans doute été obligés de raser en guise d’humiliation. Ils avançaient au rythme des militaires hongrois et des gendarmes allemands fusils à la main Tous ne portaient pas l’étoile jaune, ils levaient les mains à hauteur d’épaule, rien dans leur comportement ne trahissait la panique. La marche n’était troublée que par les cris des miliciens. Sur les trottoirs, on chuchotait, les passants s’arrêtaient sauf ceux qui filaient pour ne plus voir.
L’autre thème du livre : les animaux .
Quand tu parviens à te tenir immobile dans un endroit sauvage, avec de la chance, tu vois un animal venir à toi, te rendre visite, répondit Sheindel. Rien de comparable avec un animal qui passe par hasard et marque un temps de surprise. Ou un animal à l’affût que l’on observe avec des jumelles en évitant d’écraser des branches sèches sous ses bottes. Un animal qui s’approche de toi à petits pas, le museau frémissant, c’est fantastique pour la simple raison qu’il vient pour toi.
Le sujet est difficile alors je trouve l’introduction des animaux à travers le zoo intéressante. Le mélange historique/imaginaire fonctionne ne général assez bien sur moi mais cela dépend de la manière dont c’est amené…
Un livre intéressant mais je n’ai cru à rien de ce qu’il décrivait sauf l’horreur de la guerre.
L mélange historique imaginaire ne fonctionne pas trop bien pour moi (mon prochain billet est ce genre…)
En lisant ce roman je voulais surtout savoir la part de vérité.
Je n’ai jamais lu cet auteur. Est-ce qu’il n’écrit que sur la guerre ?
c’est mon premier livre de cet auteur je ne peux pas te répondre.
C’est un des sujets sur lesquels je lis avec modération car c’est toujours éprouvant et parfois la forme adoptée par l’auteur ne me convient pas du tout. Ce roman me fait penser à une histoire vraie de propriétaires d’un zoo qui ont caché des Juifs, mais je ne sais plus si c’était en Allemagne ou en Pologne.
oui j’ai entendu cette histoire moi aussi c’est peut être cela qui lui a inspiré ce roman
J’ai le même problème avec les romans sur la Seconde Guerre Mondiale : ayant déjà beaucoup lu sur le sujet, il m’arrive de trouver des incohérences qui m’agacent.
incohérence ou volonté de porter un regard neuf qui me dérange, c’est le cas ici
Je ne sais pas trop quoi penser. J’ai l’impression que les auteurs cherchent de plus en plus souvent des manières originales d’aborder le sujet, pour le rendre moins pesant dans la plupart des cas.
oui c’est vrai, mais le sujet est pesant de toute façon
Sur le sujet j’ai plus de mal avec les romans qu’avec les essais
J’ignorais que cet auteur avait écrit sur la Shoah
tu as lu d’autres livres de lui ? je suis comme toi c’est un sujet qui souffre du romanesque
Décidément, le mélange réalité/fiction est de plus en plus présent en littérature et ce n’est pas trop mon truc. Je laisserai passer celui-ci qui ne m’inspire vraiment pas.
Je comprends. Depuis j’ai vu que cet auteur a suivi beaucoup de guerres en temps que journaliste et a écrit des livres remarqués sur le Rwanda.