Édition Inculte
Il y a un an Keisha m’avait tentée avec ce titre que j’avais déjà remarqué chez « Lire au lit » . Le point de départ de ce roman est un fait exact qui m’a donné très envie de lire ce livre : savez-vous ce qu’est un « Copyright Trap » ? Personnellement, je n’en savais rien. Dans les années 1920/1930 au moment où l’utilisation de l’automobile explose et donc, la consommation d’essence, les grandes compagnies offraient à leurs clients fidèles des cartes routières. Fabriquer une carte demande un savoir faire et du personnel compétent donc, beaucoup d’argent, alors pour être certain de n’être pas copié, on demandait aux gens qui créaient ces cartes de mettre un détail faux comme une ville qui n’existe pas. Ainsi, si une autre compagnie copiait votre travail, on pouvait le voir grâce à ce détail. Ces villes fantômes ou villes de papier a inspiré Olivier Hodasava : démêler le vrai du faux dans ce roman devient un exercice très difficile car il mélange bien les sources et aussi son imaginaire. C’est ce qui a beaucoup plu à la blogueuse de « Lire au lit » . Inutile de chercher l’histoire de Rosamond sur Wikipédia , en revanche l’histoire de la ville d’Agloe lui ressemble beaucoup. Cette ville a fini par exister, mais je ne peux pas vous dire si une élection de Miss a été perturbée par la foudre, si Walt Disney avait décidé d’en faire une ville modèle, si une enquête permettrait de retrouver des descendants de celui qui avait créé cette ville fantôme ? J’ai aimé le passage où Walt Disney imagine une ville idéale, je dois dire que les villes utopiques m’intéressent beaucoup. Je vous conseille d’aller visiter le familistère de Godin à Guise, Richelieu aussi construit pour être ville idéale au 17° siècle . J’aime ces utopies de bonheur même si ça ne marche pas toujours très bien.
Voici la cour intérieure du familistère de Guise :
Mais revenons au roman, je l’ai trouvé moins enthousiasmant que les deux blogs que j’ai cités, car j’ai trouvé que le fictionnel se mélangeait assez mal avec le réel et que les personnages n’avaient pas assez de profondeur. En dehors du premier chapitre qui décrit ce qu’est un « Copyright Trap » la ville fantôme perd beaucoup de son intérêt et est remplacé par la création du roman car il y a bien là un travail de l’imaginaire par l’écriture et savoir démêler ce qui vient du cerveau talentueux de l’écrivain ou de faits pris dans la réalité est parfois impossible. « Une ville de papier » est bon roman sans être, pour moi, un coup de coeur.
Citations
Préjugé
Ce qui donne sens à sa vie, mise à part l’amour qu’elle éprouve pour Desmond Crother , c’est le violon. Ele le pratique deux heures par jour au moins. Depuis qu’elle a 8 ans. Elle est douée. Au point que ses professeurs estiment qu’une carrière professionnelle puisse être envisageable et ce bien qu’elle soit une femme, qui plus est d’origine mexicaine. Ses parents ne voient pas forcément d’un bon œil ses rêves de percer dans la musique mais son exaltation est telle qu’ils n’osent pas la contrarié. Secrètement, il espère que le mariage qui s’annonce changera sa façon de voir, sûr qu’elle rentrera dans les rangs quand il s’agira de s’occuper d’un foyer et plus encore d’élever des enfants.
La réalité :
– Et alors ? Elle est réelle ?
– Vous savez, tout dépend de la définition que vous donnez du réel. Si être réel c’est exister dans l’esprit des gens alors oui, pour moi, elle est bien réelle. » Il s’empressa de noter cette dernière remarque dans son carnet. Il tenait là -il en était certain- une élégante chute pour son papier.
La ville rêvée de Walt Disney
Faire naître Rosamonde, vraiment.Construire une ville idéale au fur et à mesure. Louer ou vendre les bâtiments une fois ceux-ci construits mais toujours garder un œil sur la vision d’ensemble. …Deux questions fondamentales, se posent à lui et l’obsèdent. Régulièrement, il s’en confie à sa femme. La première pourrait se résumer ainsi : à partir du moment où la ville va exister, à quel point risque-t-elle de lui échapper ? Si des autorités, officiellement, se mettent à la gouverner, pourra-t-il seulement encore nommer ou changer les choses à son gré ? L’autre question, peut-être plus fondamentale encore, concerne les habitants potentiels de la ville. Comment choisit-on les gens que l’on voudrait voir habiter une ville idéale ? Faut-il qui faut-il que soient mis en place des quotas ? Et si oui, sur quelle base ? Par classe d’âge ? Par type de métier ? Par niveau de richesse ? Par origine ethnique ?… Walt Disney ne veut pas faire de sa Rosamon l’équivalent de l’un de ses parcs à thème. Il veut juste une cité aux proportions parfaites. Il voudrait qu’y naisse une société qui ensuite puisse prospérer « naturellement ». Mais alors, comment choisir, ou justement ne pas choisir, ceux qui habiteront un tel endroit ? La problématique est vertigineuse. Au point qu’il lui arrive même parfois de douter que son projet puisse être viable.