Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Un roman bien ficelé et qui ferait un très bon film où une pièce de théâtre, il s’agit d’un huis-clos, autour d’une repas, et c’est tellement français ! Étienne un avocat d’affaire a imposé à sa jeune femme Claudia, kinésithérapeute, de recevoir Johar une brillante femme à la direction d’une entreprise qui doit fusionner avec une autre groupe et son mari, Rémi, enseignant en économie dans une classe préparatoire.
Chacun va commencer ce dîner avec des souffrances et des enjeux très personnels. Claudia, avec qui nous serons souvent, est une jeune femme réservée, très timide, d’autant qu’elle ne se sent jamais mise en valeur par son mari. Étienne est le personnage le moins sympathique du roman, il est le fils d’un grand avocat parisien, il est très beau et à l’aise dans toute les situations mondaines contrairement à sa jeune femme. Hélas, pour lui, ses affaires vont moins bien et il compte sur Johar pour obtenir une amélioration de sa situation. Johar est le personnage central du roman, elle a eu un parcours atypique, jeune femme tunisienne, elle cochait toutes les cases de l’échec social, mais elle est très douée et a fait un parcours de réussite exceptionnelle. Pourtant peu de gens misaient sur elle au départ, elle se souvient bien du mépris d’Étienne à ses début , le même Étienne qui la courtise aujourd’hui. Et puis il y a Rémi son mari, le copain d’Étienne, qui a beaucoup aimé Johar, mais leur couple est sur la fin et lui a rencontré une jeune Manon, professeur comme lui qui lui fait beaucoup de bien.
Peu à peu les enjeux de chacun vont devenir tellement divergents que la fin du repas verra l’éclatement de la vérité, la fin des couples et le retour pour au moins trois des personnages vers de vraies valeurs.
Tout tient par la construction du roman et la découverte peu à peu de ce qui se jouait en sous main, dont évidemment je ne peux rien vous dire !
Extraits
Début.
Claudia s’adosse au mur de la cuisine. La chaleur emmagasinée par le plâtre tout au long de la journée se propage dans ses hanches, ses omoplates, ses épaules. Sa tête tombe en avant, infiniment lourde. À la vue des striures rouges qui lui barrent la gorge, Claudia s’enfonce un peu plus profondément dans le mur, indifférente aux traces que ses mains encore grasse d’avoir huilé le poulet, impriment sur la peinture blanche.
Les remarques qui rendent Étienne si antipathique.
« C’était foutu dès ma naissance pour la gloire professionnelle, de toute façon, se dit rageusement Étienne : je ne suis pas une femme et je ne suis pas arabe. »
L’argent.
« Cela ne lui ressemble pas de parler aussi directement d’argent » pense Rémi, « c’est trop vulgaire ». Habituellement dans le monde d’Étienne, on ne nomme pas l’argent, même s’il est présent partout, même s’il se cache sous le tombé parfait d’une chemise, la silhouette féline d’une voiture l’élégance velouté d’un vin.
Les cadeaux.
Il s’était initié à l’art de choisir des cadeaux qui disent qui vous êtes plutôt que de chercher à faire plaisir à leurs destinataire, offrant des truffes fraîches à des amis de retour de week-end dans le Périgord, promettant à d’autres de les ravitailler bientôt en poivre noir tout juste rapporté du Cambodge
Johar.
Son fait d’armes de directrice des opérations n’est pas seulement d’avoir révolutionné l’entreprise, c’est d’avoir révolutionné le pays en remportant et en exécutant de main de maître plusieurs contrats de digitalisation chez les fleurons de la l’industrie française, ainsi que, le Graal absolu, plusieurs ministères de la nation.