Édition Albin Michel, 292 pages, janvier 2024
Traduit du suédois par Anne Karila
J’ai encore perdu la trace de l’arrivée de ce roman dans ma pile, j’espère que c’est une personne qui suit mon blog pour que je puisse mettre un lien. C’est un roman au rythme aussi lent que peut l’être un auteur suédois. Le roman est construit en suivant plusieurs personnages sur trois générations, la dernière,une jeune femme, Yana a été élevée par une mère fantasque Harriet et un père, Oskar, qui n’explique rien de ce qu’il s’est passé avec sa mère dans ce curieux village de Malma au bout d’une ligne de chemin de fer. Harriet est la fille d’un père encore plus étrange, Bo, et d’une mère qui l’a abandonnée en partant du domicile familiale avec sa soeur Amelia.
On est souvent dans ce train à des moments très différents et au début le mystère est épais, on sent que l’on découvrira l’énorme cassure qui a brisé une famille sur trois générations. Est-ce que la pauvre Yana réussira à tout comprendre et à être un peu plus libre dans sa vie ?
Si je révèle le poids du secret du départ, cela pourrait sembler ne pas mériter l’autre catastrophe qui va obscurcir à jamais la vie de Yana. Les personnages sont profondément tristes, les hommes sont des taiseux bien incapables d’aimer les femmes qui essaient de vivre à tout prix. Je dis bien à tout prix, même celui du malheur de leurs enfants. Il faut dire qu’au départ les parents qui divorcent prennent une étrange décision de ne plus se revoir en prenant chacun une des filles. Harriet sera élevée par Bo, et Amelia par sa mère. Harriet ne se remettra jamais de n’avoir été choisie par aucun de ses parents, son père s’est résigné à garder Harriet alors qu’il avait choisi, lui aussi Amelia . Un jour, son père emmène sa fille retrouver sa soeur mais celle-ci dit quelque chose à Harriet, elles se battent, elles sont en maillot de bain et Harriet mord de toutes ses forces le téton de sa soeur jusqu’à l’arracher.
Harriet est à jamais déséquilibrée et son mari Oskar est bien incapable de calmer ses angoisses. Yana est leur enfant et grâce à ses recherches, le lecteur mettra peu à peu toutes les pièces de puzzles de cette tragédie à leur place.
L’intérêt du roman ne tient pas seulement à dénouer les différents fils du suspens, mais dans la peinture des personnalités des personnages. Le père d’Harriet , qui se cache avec sa fille dans les toilettes du train pour ne pas payer son billet, qui se révolte contre la police quand il est arrêté sur la route, n’est vraiment pas un personnage sympathique et contribue beaucoup à déséquilibrer la personnalité de sa fille.
La pauvre Harriet, se marie avec un Oskar encore un Suédois incapable de comprendre les traumatismes de sa femme.
J’ai beaucoup hésité pour mettre un jugement sur ce roman, la construction méritait selon moi 5 coquillages , l’intérêt des personnages 3, donc j’ai fait une moyenne.
Sachez que si vous lisez ce roman vous partez pour un roman profondément triste. On retrouve cette atmosphères si lourde qui m’avait tant troublée dans « les survivants« , de ce même auteur.
Extraits
Début.
Debout dans l’ombre de son père, sur le quai, elle le voit plisser les paupières dans le soleil bas du matin. Elle guette les signes d’agacement dans son regard et dans ses gestes. Aujourd’hui, elle est particulièrement attentive, car c’est pour elle qu’ils font ce voyage, elle se sent donc redevable envers lui. C’est à cause d’elle que papa est là, sur ce quai, à cause d’elle la chaleur, à cause d’elle l’heure matinale, le retard du train, elle est responsable de tout ce qu’il doit endurer dorénavant, et lui se tait, indéchiffrable
Caractère de son père (humour ?).
Papa lui n’est pas pressé. Il ne l’est jamais. Il y a quelque chose dans ses gestes, on dirait qu’il fait tout deux fois moins vite. Il n’improvise rien, n’agit jamais sur une impulsion, Harriet a le sentiment que chez lui tout est parfaitement réfléchi. Parfois, elle s’imagine que le matin il prévoit avec précision tous ses gestes de la journée, du petit déjeuner jusqu’au soir, et qu’il les accomplit ensuite exactement selon son plan. Peut-être est-ce pour cela qu’il est toujours impassible, parce que rien ne peut le surprendre, il n’est jamais pris de court.
Genre de phrase que je ne comprends pas bien :
Une seule et unique fois dans la vie, on se rencontrera soi-même, et cet instant, celui-là seulement, sera le plus heureux ou le plus amer de notre vie
Une enfant trop grosse et malheureuse.
La première fois qu’elle a pris l’avion, c’était pour aller sur l’île de Gotland avec le lycée. L’avion était petit, seulement quarante places, ils y étaient tous entrés en courbant la tête, avaient gagné leurs sièges. Une hôtesse de l’air s’était approchée d’elle juste avant le départ, aurait-elle l’obligeance de bien vouloir changer de place et d’aller s’asseoir un peu plus loin vers l’arrière ? C’était une question de répartition du poids pour l’équilibre de l’appareil. Elle s’était vite levée, gênée. Après cela, elle n’avait plus voulu prendre l’avion.
Comme ça, je ne suis pas trop tentée par le sujet… et je me rends compte que j’ai le précédent roman en poche dans ma pile à lire. J’espère qu’il me plaira !
le précédent avait été un coup de coeur à mon club de lecture.
Cet auteur me semble à suivre. Peut-être d’abord avec son premier roman cependant.
« les survivants » avaient beaucoup plu à mon club de lecture, il faut pour celui-ci accepter un rythme très lent mais la construction du récit est vraiment étonannte.
Je vais plutôt noter Les survivants, parce que les histories de trains….
tu as peut être subi les grèves de la SNCF ?
Je ne connais pas vraiment l’auteur , bon, je vais passer en dépit des 4 coquillages. Trop à lire!
je comprends , évidemment !
Je l’ai lu en début d’année et je l’ai trouvé comme toi très réussi, sa construction étant vraiment son point fort. Je l’ai pour ma part préféré à « Les survivants » que j’ai lu par la suite.
la construction du roman est effectivement bien imaginée et les personnages sont très humains et j’ai détesté le père d’Harriet .
J’ai lu récemment un autre avis à son sujet (j’ai oublié où…) qui m’a également plutôt incité à noter Les survivants..
moi j’ai préféré celui-ci mais les deux sont intéressants.
J’avoue que je n’ai pas très envie de ma plonger dans un roman profondément triste en ce moment. Je vais essayer de retenir le nom de l’auteur au cas où je tomberais sur un autre de ses livres
et c’est vrai qu’il est triste .
Pas trop envie de passer du temps avec des personnages profondément tristes en ce moment. je passe.
je comprends profite du soleil sur la plage c’est mieux!
Bonsoir Luocine, si c’est triste, ce n’est pas pour moi en ce moment. Mais merci pour ce billet. Bonne soirée.
c’est un roman profondément triste, c’est vrai.
Je pense que tu l’as noté après avoir lu le billet de Livr’escapades :) Je ne l’ai pas noté malgré son succès évident, parce que je n’ai pas trop envie de me lancer dans une histoire triste.
C’est difficile de recommander un livre triste il est pourtant très bien construit.