Éditions Julliard

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

…il ne serait sorti que pour leur parler de la relativité du laid et du mensonge des apparences.

Parfois un livre vous fait partir loin dans des pays lointains, grâce à ce roman vous partirez dans le passé, à la cour du jeune roi Louis XIV, auprès d’une femme, Cateau qui est au service d’Anne d’Autriche, sa mère. Ce livre est si bien écrit que je vous garantis le voyage ! Catherine Beauvais avant d’être le médecin à la cour a beaucoup souffert, car elle est très laide. Enfant, elle a été rejetée par ses parents, puis souffre douleur des enfants avec qui elle a été gardée. Elle a connu un moment de bonheur avec sa grand-mère qui lui a appris les mystères des soins par les plantes, en particulier avec les lavements.

Un homme se mariera avec elle pour pouvoir mettre sur sa vitrine « magasin du Monstre » et voir ses ventes augmenter. Sa grand-mère, toujours elle, l’aidera à venir près de la reine pour soigner « cette grosse femme » qui mangeait beaucoup trop. C’est alors que les vrais monstres vont se déchaîner, les courtisans qui ne comprennent pas comment une femme si laide peut vivre à la cour. L’auteur visiblement n’aime pas beaucoup Mazarin qu’il accuse de tous les pêchés (je dis bien de tous les pêchés !), et a peu de considération pour Madame de Sévigné, ses traits d’esprit étaient surtout méchants.

Ce livre est bien écrit, il est enlevé et rempli d’allusions littéraires qui font plaisir. Je vous le disais, un voyage dans le temps et un excellent moment de lecture alors que, ce qui y est raconté sent, parfois, la pisse, la merde , la putréfaction. Le mal n’est pas toujours là où on le croit comme le disent ces derniers mots du roman prononcés par un voyageur qui pourrait bien être l’auteur ou vous lecteur  :

…il ne serait sorti que pour leur parler de la relativité du laid et du mensonge des apparences.

 

Citations

 

Un début qui m’a donné envie de lire ce livre.

 Pour le voyageur qui, en 1655, découvrait Paris du haut de la butte Montmartre, la ville semblait une vaste mer de toits argentés au milieu desquels émergeaient, par endroits, le mât pointu d’une église ou les tours carrés d’une cathédrale. Et c’était un spectacle merveilleux, vraiment, que celui de cette étendue qui allaient se perdre au fond de l’horizon, et d’où montait, comme une chanson, une continuelle rumeur de cloches, de hennissements et de cris.
 Mais sitôt que le voyageur avait dévalé l’un de ces petits chemins éclaboussé d’arbustes qui serpentaient jusqu’à la ville, c’en était fini de la beauté. Il n’est pas toujours bon de pénétrer le revers des choses. Car sous cet immense tapis d’ardoises, au pied de ces grandes tours où Dieu veillait au destin de quatre cent mille de ces créatures, se cachait un monde d’une laideur repoussante.

Détails puants.

Les Parisiens et les Parisiennes, faute de latrines, pissaient et chiaient où bon leur semblaient (quoi qu’il existât certains lieux plus prisés que d’autres : aux Tuileries, par exemple ils étaient plusieurs centaines à se retrouver chaque matin sous une allée d’ifs pour débarrasser de leurs intestins du mauvais repas qu’ils avaient ingurgité la veille). Tous les jours les boueurs évacuaient vers la banlieue près de vingt mille boisseaux de merde. 

J’adore ce genre de raccourcis.

 Les discussions étaient rares entre Catherine et Pierre. Comment aurait-il pu en être autrement au sein de ce couple où le mari croyait que sa femme était bête et où la femme savait que son mari l’était.

C’est drôle, non ?

Jamais, durant les séances de soins, la reine ne lui parlait des affaires du royaume ce n’est pas parce que l’on montre son derrière à son médecin que l’on est obligé de tout lui dire.

Les hôpitaux .

 La plupart des malades, quelque fût leur affection, étaient rassemblés dans un immense dortoir qui puait l’urine, les chaires moisies et la soupe suri. Ce spectacle misérable était compensé par l’extraordinaire dévouement des sœurs qui s’occupaient de l’endroit. Sans doute n’étaient-elles pas pas les femmes les plus tendres et les plus patientes de la terre. Mais au moins ne passaient-elles pas leur temps, comme les nonnes des Filles-Dieu, à marmonner des prières, persuadées que cela suffirait pour changer le monde.

14 Thoughts on “Monstres – Frédéric RICHAUD

  1. Je lis un essai sur l’affaire des poisons en ce moment mais voilà longtemps que je n’ai pas lu de romans historiques sur cette période. Ce que tu écris sur celui-là est très tentant, les citations aussi.

  2. keisha on 15 mai 2023 at 08:45 said:

    Heureusement que tu en parles, la couverture est belle, mais j’ignore si je serais y allée voir.

  3. C’est tout le bonheur des blogs littéraires, découvrir un livre qu’on n’aurait sans doute jamais déniché
    Le sujet me plait, l’époque n’est pas ma préféré mais qu’importe, Mazarin je ne l’ai jamais porté dans mon coeur, par contre Mme de Sévigné cela m’attriste :-)
    c’est noté merci à toi

    • Mazarin c’est une horreur, le plaisir des bons mots peuvent aussi faire beaucoup de mal et Mme de Sévigné avait ce plaisir là

  4. C’était déjà une époque où personne ne se faisait de cadeaux ! Je ne raffole pas des romans historiques mais celui-ci a l’air intéressant.

    • en tout cas , tu peux voir que je l’ai adoré il restitue bien l’ambiance des courtisans et l’art de plaire. Et ce goût du faux- séduisant est toujours d’actualité

  5. Ho là là là, mais il est pour moi, ce titre, j’adore la période et les ragots de la cour ( Cateau, c’est pas « la borgnesse » de son surnom ? celle qui a été chargée de déniaiser Louis XIV ? ) Et que madame de Sévigné soit écorchée n’est pas pour me déplaire …

    • Alors tu vas te régaler, j’ai adoré la description de la vie à la cour, et oui Mme de Sévigné est bien décrite comme tant de courtisans elle ne résistait pas au plaisir de faire un bon mot.

  6. A priori, ce n’est pas dans ma zone de confort… Mais pourquoi pas ?!

  7. Melanie B on 21 mai 2023 at 21:39 said:

    J’avais repéré cet ouvrage en librairie pour sa couverture magnifique mais je n’étais pas trop attirée par le sujet. Il n’est pas trop tard pour le découvrir, merci pour ton billet !

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