Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Édition Albin Michel
Encore la guerre 14/18 ? Non, pas tout à fait ! Il s’agit ici de la fin de cette guerre et le fait qu’elle a engendré celle qui a suivie, et que, d’après l’auteur, rien n’a été fait pour l’éviter. Antoine Rault mêle à son roman des pages très précises d’analyses historiques, et le lecteur revit avec précision la signature du traité de Versailles.
Il sera ressenti comme un « Diktat » humiliant pour tous les allemands. Peu d’entre eux verront dans les années qui suivent l’occasion de fuir la guerre et on connaît la suite l’esprit de vengeance et la folie du National-Socialisme.
Côté romanesque : le personne de Charles-Albert, un soldat amnésique, il sera utilisé par les services de renseignement français pour espionner l’Allemagne, il est à la fois crédible, tragique et attachant. On suit, donc, son parcours, d’abord dans les centres de soins français qui n’ont qu’un seul but dépister les simulateurs. Puis à travers son engagement dans ce qui reste de l’armée allemande, la montée inexorable vers un nationalisme qui va bientôt détruire ce qui reste de la nation allemande. L’état de l’Allemagne après cette guerre que l’armée n’a pas eu la sensation de perdre est parfaitement raconté et même si j’ai trouvé parfois que l’auteur est trop didactique, ses arguments sont imparables et ses démonstrations très convaincantes. Les horreurs de la guerre sont insoutenables et j’avoue avoir découvert ce qui s’est passé, grâce à ce livre, en Lettonie ? Dans les temps actuels, où beaucoup de gens doutent de l’Europe, ce roman permet d’ouvrir les yeux sur les dangers des guerres guidées par le nationalisme c’est donc une lecture que je ne peux que recommander même si la nature humaine apparaît comme bien cruelle qu’il s’agisse des puissants de ce monde qui se jouent de la vie des populations, que des simples soldats qui deviennent des tortionnaires et des bouchers à la première occasion lorsque le droit de tuer leur est donné.
Citations
Les soins aux traumatisés de la guerre
Les poilus appelaient « le torpillage » pour exprimer qu’après s’être fait mitrailler et pilonner dans les champs de bataille, le soldat traumatisé avait droit, en plus, de se faire torpiller à coups de décharges électriques – mais les médecins, eux, parlaient De réalisation ou de galvanisation, suivant le courant utilisé, ça vous avait tout de suite un petit air régénérant, et, bien sûr, ils prenaient soin de préciser que c’était « pour ainsi dire indolore ».Derrière toute cette approche, une grande idée en ces temps de patriotisme exacerbé et de chasse aux « lâches » , aux embusqués, aux déserteurs : consciemment ou inconsciemment, les traumatisés simulent pour fuir les combats. Le but n’est donc pas de les soigner mais de les renvoyer là-bas. Petite précision intéressante : en France, les traumatismes psychiques dus à la guerre ne sont reconnus comme des blessures ouvrant droit à une invalidité que depuis 1992.
Les banques
Et puis, de toute façon, une banque ne peut pas être un profiteur de guerre puisque la vocation même d’une banque, c’est de savoir profiter en toute circonstance… Une banque fonctionne de la même manière en temps de paix qu’en temps de guerre. On lui confie des valeurs et elle accorde des crédits et contribuent ainsi à soutenir l’économie. C’est très noble, au fond, très noble, en temps de paix comme en temps de guerre. Parfois, Alfred se représentait en Dieu multiplicateur et redistributeur. Il y avait un côté magique, démiurgique, dans son métier, qui le mettait en joie. La banque était le métier le plus… aérien… oui, c’est ça… le plus sublimement éthéré du monde. Bien plus qu’un peintre qui emploie de vraies couleurs ou qu’un écrivain qui utilise des mots pour raconter une histoire, le banquier, lui, n’a recourt qu’à l’abstraction et au sentiment. Pour créer, il compte sur la confiance, sur la crédulité humaine. Un Dieu, donc, un illusionniste, un grand manipulateur.
Cruautés de la guerre pays balte 1919
Avant d’abandonner Riga, les généraux russes ordonnèrent à leurs troupes de mettre à mort des centaines de Lettons qui avaient été jetés en prison parce qu’il était suspecté d’être hostiles aux Soviets. Les soldats refusèrent de se livrer à cette boucherie mais les femmes bolcheviques fanatisées l’accomplir avec une sauvagerie inouïe. Naturellement, « à titre de représailles », comme ils se justifièrent eux-mêmes, les Allemands ne furent pas en reste. Ils fusillèrent non seulement ces femmes criminelles mais près de mille prisonniers. Sans compter bien sûr les tortures, les viols et des pillages. Alors, en représailles de ces représailles, les nationalistes Lettons se livrèrent à leur tour à des atrocités à l’encontre des soldats qu’ils parvenaient à capturer. C’est la vieille loi de la cruauté humaine. La barbarie des uns nourrit et libère la barbarie des autres.
Cliché sur les femmes
Les Parisiennes ont du charme, c’est certain, mais elles rouspètent tout le temps, elles réclament, elles ont des tas d’exigences. Ça doit être ruineux, une française. Et puis, elles sont adorables, coquettes, amusantes, mais elles n’ont pas la beauté racée des Slaves.
je note pour le sujet
j’ai écouté des émissions sur France culture sur le fait qu’à l’est, et on l’oublie souvent la guerre de 14/18 ne s’est de fait terminée qu’en 1921 !!!
Sur le ressentiment allemand tous les écrits sur la seconde guerre le note comme une des source du ressentiment et de l’adhésion au national socialisme
c’est complètement dans le sujet. J’ai bien aimé cette lecture pour ces raisons.
J’ai l’impression d’avoir déjà beaucoup lu sur le sujet et j’ai plutôt envie d’autre chose en ce moment.
Comme je te comprends.. vas tu mieux?
Oui, ça va mieux Luocine, merci. Le mal est fait, il va falloir voir les conséquences sur le long terme et se battre pour plus de transparence et de mesures à l’avenir. Je plains les malheureux agriculteurs qui ont beaucoup perdu et les habitants qui habitent tout près.
Je note…
Pour ce livre tu peux le noter j’y ai appris beaucoup de choses alors que sur le sujet je croyais avoir tout lu.