lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Un des avantages du club de lecture de Dinard (et ce n’est le seul) c’est de chercher des titres dans les romans français, enfin surtout pour les nouveautés et cela me change un peu des auteurs étrangers.
Ce livre est un petit bijou tout en délicatesse et pourtant … Pourtant il traite d’un des sujets qui me révolte le plus, et je ne dois pas être la seule ! Les souffrances infligées aux enfants dans des institutions censées les protéger. Dans le genre le Canada doit être en première ligne avec le sort réservé aux enfants indiens arrachés à leurs familles pour les ré »éduquer » dans dans des maisons qui ont été pour nombre d’entre eux l’antichambre du cimetière. L’Irlande n’est pas mal non plus et voilà que nous sommes dans un endroit que j’adore : Jersey et les îles anglo-normandes. D’ailleurs on y parle de Serk et des Écrehous qui sont parmi les plus jolies îles que j’ai vues. Mais loin de ce tourisme ou de l’évasion fiscal, Jersey a eu son orphelinat à la tête duquel un directeur pervers à régner. Le malheur pour ces enfants c’est que l’île est loin de tout et qu’il a fallu bien du temps pour que les langues se délient. D’ailleurs les habitants de l’île ne veulent toujours pas parler de cette affaire bien réelle hélas ! La romancière a imaginé des personnages qui semblent tellement vrais, si eux n’ont pas existé leurs sosies ont bien souffert de tous les maux qu’elle nous décrit. Lily est une petite fille de 8 ans, et elle arrive à survivre dans cet enfer car elle aime les oiseaux et la nature mais le petit qu’elle protège (je peux dire sans divulgâcher que c’est son petit frère) lui n’a que quatre ans et ne peut pas se protéger. La fin est tragique, je vous laisse deviner. La narratrice du roman est une femme de 60 ans qui veut faire toute la lumière sur ce qui s’est passé car cela la concerne de près. Il y a aussi un personnage qui lui a existé : il vivait un peu en marge de la société et a été accusé de crimes à connotation sexuelle, il était innocent et on découvrira plus tard que le vrai coupable était employé à l’orphelinat c’est lui en particulier qui faisait le père Noël … Cet homme dégouté par ses concitoyens se réfugiera au Écrehous et se déclarera roi de ces îles. Vous pourrez vous renseigner sur lui dans cet article ce fait divers n’est vraiment pas à la gloire des habitants de l’île, c’est le moins qu’on puisse dire ! !
La si belle île de Jersey s’est refermée sur son silence et la narratrice n’apprendra pas grand chose d’autre que ce que l’enquête officielle n’avait découvert.
Comme je le disais au début un livre d’une délicatesse étonnante pour un sujet sordide . Bravo Maud Simonnot !
Citations
Les iliens.
Les mimosas étaient en fleur et leur jaune d’or apportait une couleur de plus à une incroyable palette des végétaux qui se détachaient sur le bleu céruléen de l’eau. En temps normal j’aurais été séduite par la beauté de ce spectacle marin, mais depuis quelques jours je percevais la mer différemment : c’est elle qui avait permis à ces gens de vivre en paix avec leurs secrets et qui leur conférait cette arrogance. Coupés du reste du monde par l’immensité d’eau ils étaient entre eux.
La beauté mais aussi la prison .
Après avoir longé le Trou du Diable, je m’approchais des bruyères bordant la falaise pour contempler la silhouette de la petite ils de Serk, aux contours indigo rendu flou par la brume comme ceux d’un royaumes disparu. J’avais toujours vu dans les îles de merveilleuses terres de liberté, pour Lily ça avait signifié l’inverse : il était doublement impossible de s’échapper de l’orphelinat puis de Jersey. Son purgatoire était une île dans l’île, une prison dans la prison…
C’est très triste.
L’environnement qui avait permis autant de crimes, cette culture locale du silence, était presque aussi terrible que les personnes mêmes qui les avaient perpétrés. Parce que ces enfants étaient orphelins, pauvres, inoffensifs, il avait été facile de détourner le regard. Et même si, après une très longue procédure, la commission d’enquête avait fini par conclure en 2017 que « sans l’ombre d’un doute un nombre important d’enfants pris en charge par les autorités de l’île avait été victimes de violences physiques et sexuelles et de négligence émotionnelle ». Pour ces enfants il n’y aurait jamais ni justice ni consolation.
Lu sans billet, je confirme que c’est un beau roman (comme le précédent de l’auteur, si tu veux t’y pencher)
parce qu etu lis des livres que tu ne chroniques pas ! cela veut dire que tu ls plus que ce qui paraît dans ton blog !
Je n’imaginais pas dut tout qu’il traitait de ce sujet… mon conjoint a lu récemment un roman de Simone Gélin (j’ai oublié le titre) qui se passe à Jersey, et dans lequel il est également question de cette institution.
oui, hélas ce fait est connu maintenant mais le silence a bien fonctionné un beau roman qui brise ce silence.
J’ai regardé un documentaire cette année sur ce problème des enfants maltraités à Jersey. il y en a encore qui se taisent parmi les politiques qui ont trempé dans le système. C’est révoltant, comme toutes les affaires de cette sorte et c’est effarant de voir le nombre de complicités.
je n’ai pas vu ce documentaire mais l’auteure parle d ce poids du silence et de la complicité des notables de Jersey
A lire, mais il vaut mieux trouver le bon moment, non ?
C’est une très belle écriture, je trouve que c’est un livre à lire pas seulement pour le sujet mais pour l’écriture aussi.
Ce thème m’a rappelé un livre de Gonzague Saint-Bris Les vieillards de Brighton dans lequel il relate son enfance dans une institution, asile de vieillards, alors que son père, diplomate, est en poste en Angleterre. Paru il y a 20 ans, terrifiant de solitude…
mais il a été abusé ?
je ne connais pas cet auteur .
On te sent particulièrement touchée, et ça ne m’étonne pas. J’ai bien envie de le lire aussi…
la grande soeur qui protège son petit frère m’a beaucoup touchée et le silence des notables est insupportable
Je passe. Ca me rend malade de lire des trucs comme ça….
Oui je comprends mais elle le fait avec beaucoup de pudeur
Belle délicatesse dans un sujet dur.
oh, oui un beau livre sur un sujet atroce
Une auteure que j’ai déjà lue et que je relirai avec plaisir. Et même sur ce sujet, malgré sa dureté, car il me révolte aussi sacrément, d’autant plus que souvent, ces institution étaient… catholiques ! Et tu connais mon point de vue à ce niveau là !
Pour une fois c’était une institution anglicane pas mieux que les institutions catholiques.