Édition J’ai lu
Est-ce que je peux vraiment remercier Krol de m’avoir conseillé ce roman ? j’en ressors tellement pessimiste sur la nature humaine et si effrayée par les conduites des hommes pendant la guerre que celle qui frappe à notre porte me fait encore plus peur ! À mon tour, je vais vous dire qu’il faut lire ce roman même si comme moi vous serez horrifié par ce que vous allez découvrir sur cette guerre au Cambodge qui semble si lointaine dans le temps.
Saravouth est un jeune Cambodgien élevé par un père intègre fonctionnaire de l’état cambodgien et d’une mère dont le père était français, il a une petite soeur, Dara. Sa vie est harmonieuse, c’est un enfant à l’imagination débordante nourrie de la lecture de « Peter Pan » et « L’Odyssée ». Il se construit un monde intérieur imaginaire qui le protège de toutes les horreurs du monde de l’extérieur.
Hélas ! la guerre commence et la corruption du régime de Lon Nol sera bien incapable d’arrêter les Khmers Rouges qui gagnent du terrain par des méthodes d’une barbarie incroyables. Je ne résiste pas à citer le journal du « Monde » la veille de la prise de la capitale par les Khmers rouges. (Je cite l’auteur, je ne peux en vérifier la vérité de chaque mot, mais en revanche je peux témoigner de l’ambiance générale de la gauche bien-pensante française)
Les journaux anglais sont formels : le Cambodge n’en a plus pour longtemps. Phon Penh va tomber. Le peuple sera libéré écrit Philippe Saintes dans les pages du « Monde ».
« Libération » qui a couté deux millions de morts
La famille de Saravouth n’est pas victime des Khmers mais de la lutte du clan Lon Nol contre les habitants qui étaient suspectés d’être d’origine Vietnamienne ou comme son père d’être incorruptible. Ils sont emmenés en forêt et là commence la deuxième partie de la vie de Saravouth. Il est recueilli par une vieille femme qui le soigne grâce à des plantes, il est persuadé que ses parents et que sa soeur sont vivants et il veut absolument les retrouver. Dès qu’il le peut il repart à Phnom Penh pour retrouver sa famille. Mais ce parcours à travers le Cambodge dévasté, c’est une horreur absolue, il arrivera quand même dans la ville où évidemment il ne retrouvera pas ses parents.
Un jour l’horreur envahira complètement son monde intérieur et il perdra toute son innocence. Une dernière partie très courte c’est la vie de Saravouth aux USA, on peut le voir sur un très court reportage que l’auteur nous conseille de regarder. Sa tragédie et ses multiples blessures l’empêcheront de vivre normalement mais la prédiction de la la première femme qui lui a sauvé la vie dans la forêt cambodgienne, les gens auraient toujours envie de l’aider. D’ailleurs pour faire connaître son histoire Guillaume Sire dit qu’il l’a rencontré pendant trois ans et qu’il bénéficiait de l’aide de nombreuses autres personnes.
Citations
La tragédie.
Saravouth se souvient clairement de tout ce qui s’est passé jusqu’au moment où son père s’est mis à courir. Après, il a vu les palmiers devant lui s’effondrer. Il n’a pas senti la balle lui percuter la tête, mais une pression sur ses poumons, depuis l’intérieur, la langue de Shiva. La dernière chose dont il se souvient c’est d’avoir lâché la main de Dara.
La fuite dans les marais.
Ils ont de la vase jusqu’au genou. Les moustiques se posent sur leurs fronts, près des paupières enflées, sous leur menton. Rida et Thol respirent par la bouche, fort, sûrement à cause du paludisme qui le jour est contrôlable mais la nuit grattent par l’intérieur des nerfs. Après une heure de marche, éclairés à la seule lumière d’un croissant de lune visqueux, ils sentent enfin la présence de l’eau. Derrière une ligne d’arbres abondants, les marécages débouchent sur une étendue de clarté.
Saravouth cherche ses parents.
Quand il a l’idée de l’envoyer chez ce libraire français que Phusati aime tant, et qui est pour elle une espèce de confident, il reprend espoir, parce que c’est logique, depuis le début ses parents étaient cachés dans une librairie, à l’abri sous les ficelles des mots. Où est ce que sa mère aurait pu se cacher sinon chez Monsieur Antoine, le libraire avec son sourire gêné et ses lunettes au bout du nez ? Mais non, ils n’y sont pas. Vanak apprend à Saravouth que la librairie est fermée depuis un an. Monsieur Antoine a laissé un mot « Fermé à de la folie des hommes, les livres sont en vacances ».
Philosophie de Vanak.
– Tu es orphelin maintenant, dit Vanak en choisissant le cirage et la graisse de phoque.-Qu’est-ce que tu racontes ?-Les adultes, quand ils volent, c’est parce que ce sont des voleurs. Les enfants, c’est parce que ce sont des orphelins.
Fin du livre.
Saravouth a survécu à la guerre, mais rien en lui de ce qui était davantage que lui-même n’a survécu, sinon dix-neuf éclats d’obus.« Je ne suis pas mort, m’a-t-il dit un soir, mais la mort grâce à moi est vivante ».Le cheval est entré à l’intérieur de Troie.
J’avoue que j’ai surtout retenu l’enchantement de l’écriture de cette épopée …et le souffle, la force, malgré les horreurs traversées. Un livre bouleversant !
moi je retiens surtout les horreurs . C’est à rendre pessimiste le plus optimiste des hommes.
Hélas oui on ne parle plus trop de ces horreurs, qui ont existé!
ce qui est terrible c’est qu’on ne peut pas nommer cette horreur car on ne peut pas parler de génocide car ces morts le sont par une autre partie de la population. On peut mettre cela sur le dos du communisme mais les Khmers rouges étaient-ils communistes ils étaient surtout contre les khmers des villes et toute forme d’éducation.
ce pays comme quelques autres n’a connu que des drames, des massacres
je retiens ce livre j’ai très peu lu sur le Cambodge grâce à toi je pourrai le faire avec un bon roman
mais tu l’as bien compris pas grand chose des horreurs de la guerre ne te sera épargné
Il m’attend… je note sa dimension désespérante, j’essaierai de ne pas le lire en période de déprime !
voilà même si on n’a plus d’illusions sur la cruauté humaine en période de guerre c’est très dur de le lire. Mais c’est important aussi.
Quel titre magnifique….
Mais quelle tragédie !
Oui, oui tu peux me remercier… C’est important de lire des textes forts sur des sujets dont on ne parle pas tant que ça…
et mes cinq coquillages disent bien une forme de remerciement mais j’ai vraiment été bouleversée par ce livre .
Guerre du Cambodge, génocide arménien … tes lectures sont historiquement intéressantes mais assez plombantes.
Je vais peut être passer celui-là qui t’a visiblement chamboulé mais qui à l’air très pessimiste.
Oui je trouve que ce roman est terrible mais je suis contente de l’avoir lu. On n’oublie si vite les drames sans se rendre compte des séquelles que cela laisse chez ceux qui ont subi ces horreurs.
Certes, c’est un sujet difficile mais ce livre a l’air vraiment intéressant (j’aime aussi la citation sur la librairie « fermée à la folie des hommes »). Généralement, je trouve que les livres lauréats du Prix Orange sont très souvent de très bons choix de lecture.
C’est un prix que je ne connaissais pas je vais y faire plus attention car ce roman est inoubliable.
J’ai visité le Cambodge en 2004, les horreurs étaient donc moins lointaines que maintenant, et notre guide avait des souvenirs très précis et personnels de cette période barbare. Et puis, notre circuit contenait la visite du camp S21… Celui de la torture… Jamais « musée » n’a été visité avec autant de silence et de sidération. Aussi, je sais parfaitement toutes les horreurs commises lors de cette période et je n’ai pas envie de m’y replonger… Je passe donc.
j’imagine bien les réactions des visiteurs , l’important c’est de garder notre mémoire intacte on le doit à tous ces martyres peu importe que ce soit à travers un livre ou une visite
je ris à tes premières lignes… et je ne sais pas… pas pour l’été peut-être (oui suis égoïste!!)
Bonjour Violette ça fait un moment que je ne t’ai pas vu sur mon blog et que je ne suis pas allée sur le tien. Ce livre est vraiment terrible mais pour moi il ne faut pas oublier les horreurs du passé.