Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Il a obtenu un coup de coeur.
Roman choral qui suit tous les membres d’une famille pendant la guerre 39/45, au Havre. Ce roman nous fait revivre ce qui s’est passé dans cette ville et qui est, sauf pour les Havrais, quelque peu oublié. Dès le début de la guerre, cette ville a été plus que généreusement bombardée afin de détruire les installations portuaires. Mais l’épisode le plus douloureux se situe à la fin de la guerre. Une garnison allemande a refusé de se rendre alors que les alliés encerclaient la ville. Le commandant allemand a proposé de faire évacuer les civiles, on ne saura jamais pourquoi les Anglais ont refusé ni pourquoi ils ont bombardé Le Havre réduisant cette ville en cendre. Cet article du Figaro pose bien toutes ces questions.
Le roman suit la vie d’Emilie et de Joffre qui ont deux enfants Lucie et Jean et de Muguette sœur d’Emilie et de ses deux enfants. Les caractères sont bien imaginés et la vie de cette famille sous l’occupation est, sans doute, très proche de la réalité. J’ai découvert l’existence de la fondation Guynemer qui envoyait des enfants en Algérie pour les éloigner des duretés de la guerre. Beaucoup d’enfants du Havre et de Saint Nazaire ont ainsi bénéficié pour 6 mois ou un an d’une vie plus saine. Le déchirement pour les parents de devoir se séparer de leurs enfants est très bien rendu et aussi, la façon dont on doit se méfier de tout le monde quand on n’accepte pas de collaborer. C’est un bon roman historique qui permet de se remettre en mémoire de façon objective ce qui s’est passé au Havre à cette période.
Citations
Souvenirs de la guerre 14-18
La guerre chez nous avait déjà mangé presque tous les hommes, le père de papa décapité par un obus la veille de l’armistice, le père de maman et une demi-douzaine de grand-oncle gazés par les Boches -eux étaient rentrés en 1928, mais pas pour longtemps, ils étaient déjà asphyxiés et sont morts paraît-il dans d’atroces souffrances.
Portrait d’une femme qui parle peu
La cuisine, c’était sa manière à elle de montrer son amour, parce que les mots, je voyais bien qu’elle les cherchait sans jamais les trouver, quand ça sortait, presque toujours ça faisait mal et je la détestais, puis aussitôt je lui par donnais ; elle faisait de son mieux et s’en voulait sincèrement de m’avoir blessée.
Je ne connaissais pas l’expression
Félix Mercier – un grand échalas qui ne se prenait pas pour la queue d’une poire.
La collaboration
« La collaboration cousine, tu sais de quoi il s’agit : donne-moi ta montre et je te donnerai l’heure. »
Tu ne partages pas l’enthousiasme de tous ceux qui ont lu ce roman avant toi ! Bon mais pas époustouflant, donc…
J’ai un problème avec ce roman. Si tu lis l’article que j’ai mis en lien, tu verras que tout est exact de plus les personnages sont crédibles mais je ne peux pas trop expliquer pourquoi ces personnages ne m’ont pas entraînée avec eux. Je trouve que sur cette période beaucoup d’écrivains ont mieux rendu le tragique. J’étais bien la seule à la soirée du club à avoir la moindre réserve. Je sais que je n’oublierai jamais ce qui s’est passé au Havre et je le dois donc à cette auteure. Elle a eu le mérite de nous rappeler ce que nous n’aurions jamais dû oublier. Mais il est vrai qu’on a eu du mal après la guerre contre le nazisme à se souvenir des erreurs cruelles des alliés.
Très intéressant et merci pour le lien figaro…
L’article du Figaro en dit autant que ce roman . Cela permet de se faire une idée exacte de ce qui s’est passé et c’est une horreur. La partie romancée est tout à fait honnête.
une auteure très appréciée mais moi je n’arrive pas à m’intéresser à ses romans, pourtant des sujets prometteurs mais chaque fois je reste en dehors du coup j’ai arrêté de la lire
Tiens,tiens. Je croyais que tout le monde aimait. Le sujet m’a vraiment intéressé . Je pense que c’est très important d’écrire sur ce qui s’est passé au Havre. Elle relate la vérité, ses personnages sont crédibles . Alors? Je pense qu’elle a voulu mettre tout et par exemple l’enfant juif caché dans une cave est peut-être en trop. Mais en réalité je ne sais pas pourquoi je n’ai pas adhéré à son roman. Je ne crois pas que je lirai d’autres livres du même auteur. Surtout que l’on m’a dit que celui-ci était le meilleur.
Je sais bien ce qui s’est passé au Havre, je n’en suis pas loin et quand j’étais enfant, mon entourage en parlait souvent. Tous pleurait la ville disparue et n’aimait pas du tout le béton qui l’avait remplacée (classé par l’Unesco ça en fait rigoler plus d’un ici). La Normandie doit beaucoup aux alliés (c’est ironique ..). J’ai assisté à une rencontre avec l’auteure ; je lirai son livre, sans urgence, pour l’aspect historique.
J’ai lu que le classement par l’Unesco avait redonné une certaine fierté aux havrais. Je connais aussi les villes de Normandie . La guerre est une horreur et elle laisse toujours des martyres derrière elle. J’y pense souvent en ce moment quand aux informations on parle de la guerre contre La lutte contre Daesh .
La photo a côté du livre fait froid dans le dos et m’a fait penser à Alep… comme quoi les leçons de l’Histoire ne rendent pas l’homme plus finaud :-(
la guerre reste la même en tous lieux et dans tous les temps!
Je n’ai pas lu ce livre, et je ne le lirai sans doute pas. Je comprends tes réticences. Même si j’aime beaucoup les romans historiques, j’ai moi aussi du mal à y adhérer, lorsqu’il y manque de reconstruction romanesque qui dépasse l’énoncé des faits factuels. Si un simple article peut résumer l’histoire du roman, ce n’est pas la peine. je vais me contenter de l’article …
les personnages qu’elle a imaginés sont tout à fait crédibles. et elle a eu le mérite de remettre dans nos mémoires des faits que nous avions oubliés ou ignorés.
Je l’ai tellement vu passer sur les blogs, celui-ci que je n’ai pas eu envie de le lire. Et après ton billet, toujours pas envie !
moi je ne donne pas particulièrement envie de le lire mais je ne l’avais pas encore repéré sur les blogs, il a fallu mon club de lecture pour qu je le lise, à mon club il a été plébiscité.
j’avais lu beaucoup d’avis complètement élogieux et un seul mitigé, tu es la 2è à ne pas être complètement convaincue… Donc, je vais attendre…
Tu es effectivement plus modérée que les autres billets que j’ai lus. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas envie de le lire.
Je suis un peu étonné de ne voir que 3 coquillages. On sent, il est vrai, un petit manque d’enthousiasme sur ce livre : du bel ouvrage, mais… Mon épouse vient de m’en parler (elle a publié ce soir sa chronique sur le livre) et elle a beaucoup apprécié.
J’ai déjà essayé d’expliquer pourquoi je n’ai pas adhéré complètement à ce roman. Il a, il est vrai, le grand mérite de nous informer sur ce qui s’est passé au Havre. Oui mais l’information on peut l’avoir facilement. Alors l’auteur doit créer des personnages crédibles. Ils le sont . Alors quoi? C’est tout simple. Je ne suis pas partie avec cette auteure dans son roman. Je suis restée sur la partie historique que je trouve bien racontée mais pour le reste je ne l’ai pas suivie. Peut être une question de style ?
Tiens cette écrivaine est venue il y a deux années dans la ville voisine (Visé – Liège). (Elle n’a pas du tout les apparences d’une asiatique).
Je note ce titre, merci.
c’est son meilleur livre. Et il est intéressant s’il ne m’a pas totalement convaincu je l’ai trouvé très intéressant.
Comme Patrice a mentionné plus haut, j’ai beaucoup aimé ce roman. Il existe de nombreux livres sur le sujet, mais celui-ci a apporté un élément nouveau pour moi – le sort des enfants envoyés en Algérie. Par contre, en relisant un de tes commentaires, je dois te donner raison que l’enfant caché a été superflu, je suis d’accord avec toi qu’elle voulait en faire trop.
Pingback: Valérie Tong Cuong, Par amour – Lettres exprès