Éditions Actes Sud,134 pages, juin 2025.
Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux

Je suis souvent à la recherche d’auteurs allemands pour participer au mois de « feuilles allemandes » de novembre, je n’ai donc pas hésité à candidater à Masse critique de Babelio pour ce roman. Mais …

 Voici le fil narratif : un homme d’affaire d’aujourd’hui, très occupé, rencontre à côté de sa maison de campagne, Karl, un homme amoureux de la nature qui vit totalement différemment de lui et du monde moderne, il sait, en effet, profiter de tous les instants que lui offre la vie dans la nature et cultive des pommes de terre à qui il parle pour les aider à combattre les mauvaises herbes !
Les deux hommes éprouvent un fort lien d’amitié, chacun ayant une souffrance à surmonter : le narrateur, quand il était enfant, a été enfermé quelques heures, dans un placard à balais par une animatrice de ski, et Karl le cultivateur de pommes de terre à une maladie auto-immune inguérissable ce qui donne à sa vie un tout autre sens. (Le parallèle entre les deux malheurs ne m’a pas semblé du même ordre !)
Franchement, c’est peu de dire que je n’ai pas adhéré à l’histoire, j’ai même failli lâcher ce court récit de 135 pages, quand Karl explique qu’il parle à ses plants de pommes de terre.
Le retour aux valeurs de la nature avec des personnages si peu incarnés m’a laissée de marbre et parfois frise le ridicule.
Bref, une énorme déception.

Extraits

Début.

5h12. Tous les matins je me réveillais à la même heure. Depuis plusieurs mois, déjà. Peu importait le jour de la semaine. Peu importait l’heure à laquelle j’allais me coucher, ou quelle tisane « nuit tranquille » je buvais. Ce samedi matin de juin n’a pas fait exception. J’étais parti seul à la campagne – ma femme suivait une formation, et nous enfants avaient des plans avec leurs amis.

L’homme moderne très occupé .

 Il y avait tout ce qu’il fallait : la rosée du matin sur les prés verdoyants, le chant d’un merle, le sol souple de la forêt sous mes pas. Mais il y avait aussi ce mur invisible entre moi et le monde.
 Et ainsi, à chaque pas ce n’est pas de la nature que je me rapprochais, de ce sentiment de légèreté auquel j’aspirais, mais de mon bureau mental. Et comme d’habitude, il était bien encombré : la conférence de rédaction de mardi prochain, la discussion d’hier vendredi, cette personne à qui je devais absolument écrire un mail après le petit-déjeuner, cette autre que je devais absolument réussir à joindre. Sans parler du cadeau d’anniversaire de ma tante que je devais encore acheter, si tant est que je trouve une idée.

Description « cucul » (pour moi) de la femme de Karl .

 Une fois la visibilité devenue meilleure la femme de Karl se tenait devant moi. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Heidi, l’héroïne des livres de mon enfance. C’était peut-être ses joues rouges comme deux pommes, ses yeux rieurs, son charme nature. On aurait dit un champ de fleurs. Cette femme respirait la fraîcheur et la joie de vivre. Elle a immédiatement trouvé une place dans mon cœur.

Quand j’ai failli lâcher le livre !

Chaque année, il mettait 77 000 plants en terre, qui donnaient 770 770 pommes de terre. Et son rituel le plus important se déroulait le jour de son anniversaire, le 30 avril. Une fois qu’il avait soufflé ses bougies, il se rendait seul sur son champ, et parcourait chaque rangée en disant un mot gentil mais ferme à chaque plant. Il les exhortait, cette année encore, à ne pas le laisser tomber, à vaillamment lutter, en un combat sacrificiel, végétal contre végétal, contre les mauvaises herbes, mais aussi contre les champignons. Et il leur disait que même s’il les vendait, le cœur gros, juste après leur naissance, il les aimait beaucoup. 

20 Thoughts on “Encore 25 étés – Stephan SCHÄFFER

  1. La description de la femme évoque plus une lessive parfumée qu’un être humain. Je comprends que tu aies décroché !

    • Déjà pour moi, le retour vers la nature quand on ne va pas bien , n’est pas forcément la meilleure des solutions , mais raconté comme ça, ce n’est juste pas possible ! Le dialogue avec les plants de pommes de terre m’a achevée.

  2. Rien à ajouter à ma liste ce matin, merci Luocine.

  3. keisha on 17 mai 2025 at 07:51 said:

    Argh, moi je parle aux insectes pollinisateurs, escargots, etc., les pommes de terre je devrais y penser?

  4. Moi qui sors d’une histoire de farine de glands, je ne suis pas du prête pour une histoire de pomme de terre !
    Ceci dit, je parle à mes fleurs ^-^

  5. Déjà que je culpabilisais un peu chaque fois que je dégustais une assiette de frites. Si je me dis maintenant que je croque dans des êtres pensants…!

  6. Dommage l’idée de base était bonne
    Hier j’ai relu les vrilles de la vigne de Colette, c’est vraiment un régal et même si il y a un ou deux textes auxquels j’accroche moins c’est un doux bonheur

    • Déjà moi je n’aime pas lire Colette quand elle fait parler les animaux, même si elle écrit bien, alors quand en plus l’écriture est plate tu peux imaginer mes réactions.

  7. C’est dommage car je suis moi aussi toujours à la recherche d’écrivains germanophones pour les feuilles allemandes. J’ai lu les 4 extraits et je me demande si l’auteur tente de faire de l’humour.

  8. Tu as été indulgente avec deux coquillages alors :) Merci de me permettre de ne pas noter !

  9. J’aime bien dénicher des auteurs allemands méconnus aussi… ou d’autres pays européens… mais bon, ça ne peut pas marcher à tous les coups !

    • Je n’arrive pas à comprendre le succès de ce genre de romans , je ne crois pas que face aux difficultés de la vie actuelles ce n’est pas la nature si belle soit elle qui peut aider les hommes à vivre ensemble.

  10. Pour en apprendre plus sur la culture des pommes de terre, pourquoi pas.

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