Édition Zulma collection poche
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Renaud Morin
Ce n’est pas un roman qui se lit facilement, mais je n’ai pas eu envie de le lâcher avant la fin. Comme souvent dans ce genre de roman, le suspens prend trop de place surtout quand l’auteur annonce une catastrophe qui finit toujours par arriver évidemment !
Ce qui m’a attirée vers ce roman, c’est la différence sociale en Grande Bretagne, entre des jeunes dont les parents ont tellement d’argent que le dépenser est leur seule préoccupation en terminant leurs études à Oxford , (parce qu’il faut bien s’occuper à quelque chose), et un jeune homme aide soignant dans une maison de retraite qui a fui son milieu social trop étriqué.
Mais ce n’est pas le sujet du roman et on ne comprend pas très bien pourquoi Oscar est admis sans problème dans la richissime famille Bellwether et ce qu’il reproche exactement à ses parents.
En revanche, l’aspect psychologique des personnages est détaillé avec moult détails, tout tourne autour de la personnalité d’Eden le frère d’Iris l’amante d’Oscar. Celui-ci croit qu’il a un pouvoir de guérison grâce à la musique. Eden est musicien de talent et il utilise ses compétences pour dominer les autres, Oscar le naïf mais surtout Iris sa sœur qu’il se plaît à utiliser comme cobaye. Il déteste qu’Iris puisse échapper à son pouvoir et il fera tout ce qu’il peut pour séparer le couple .
Un élément en dehors des jeunes riches vient de la maison de retraite où travaille Oscar. Il s’entend bien avec un très vieux professeur qui va peu à peu initier Oscar à la culture littéraire et philosophique grâce à sa bibliothèque bien fournie. Ce professeur a été l’ami et sans doute l’amant d’un psychologue réputé qui travaille sur la manipulation mentale et les faux guérisseurs.
La rencontre entre ce psychologue réputé et Eden Bellwether est très importante car ce vieil homme est atteint d’un cancer du cerveau qui ne se soigne pas . Eden pourra-t-il comme il le prétend le guérir ? Ce professeur septique se laissera t-il convaincre parce qu’il a peur de mourir ?
C’est vraiment là le cœur du roman. Existe-t-il des gens avec des pouvoirs supérieurs ? Sont-ils des malades mentaux ? Sont- ils dangereux ?
Le roman décortique avec minutie toutes ses questions, les réponses je ne peux pas les donner sans dévoiler le suspens du récit.
Je ne suis pas très enthousiaste pour ce roman, car pour moi il manque de profondeur dans l’analyse de la réalité sociale. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ces gosses de riches acceptent Oscar avec un engouement étonnant pour sa condition d’aide soignant dans cette maison de retraite. Le sentiment amoureux d’Oscar pour Iris est étrange ou alors trop anglais pour moi : quand elle est là c’est bien, quand elle n’est plus là, il fait avec, sans chercher à s’accrocher.
Bref la partie réussie et pour cela, je vous conseille de lire ce livre, c’est tout ce qui relève de la manipulation mentale, ce n’est pas agréable de lire cela mais c’est très intéressant.
Citations
Différences sociales .
À vrai dire, il n’était pas sûr du tout d’apprécier ses parents. Ils avaient cette insupportable assurance que confère la fortune, l’auto satisfaction que donne la piété. Combien de fois avait-il adressé la parole à Ruth Bellwether, et combien de fois l’avait-elle considéré en clignant des yeux, sans lui répondre, ne l’ayant manifestement pas non plus écouté ?
Les raisons de quitter l’école .
Il dirait au vieil homme que quitter l’école n’avait pas été un choix mais une nécessité, l’occasion d’échapper à l’environnement de ses parents et de se trouver un chez soi à l’autre bout de la ville ; une simple chambre meublée au dessus d’un bookmaker, rien de bien luxueux, mais là au moins, il était libre de voir le genre de personnes qu’il voulait, de s’abonner à un journal sérieux s’il en avait envie, de passer ses week-ends à Londres ou de déambuler dans Cassiory park en nourrissant les canards avec son propre pain rassis. Il dirait au vieil homme qu’à dix-sept ans, l’indépendance était sa priorité, et qu’il l’avait acquise en renonçant au luxe de faire des études ; mais qu’il pourrait toujours les reprendre quand il serait plus âgé.
La richesse.
Iris donnait parfois l’impression d’avoir traversé l’existence en état d’apesanteur sans concevoir le genre de difficultés auxquelles ses semblables étaient confrontés. Non pas qu’elle soit incapable de reconnaître la misère la plus noire – les ventres distendus des familles du Lesotho frappées par la famine, les orphelins roumains entassés à onze dans un lit- , quand ces sujets passaient aux informations, elle était profondément émue et prête à réagir. Néanmoins, elle semblait avoir aucune conscience des soucis d’argent récurrents des gens normaux, ce stress permanent pour trouver de quoi réparer une chaudières en panne, acheter un nouveau pull-over pour l’école, payer les frais d’orthodontiste. S’il lui avait demandé quel était le prix de l’essence, elle ne l’aurait probablement pas su, mais elle était capable de disserter sur le raffinage du pétrole et l’importance des énergies renouvelables. Il y avait des moments où il ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir, pour ce qu’elle possédait les dix neuf années passées dans les meilleures écoles, les vacances au ski, les bons restaurants, parce qu’on lui disait tous les jours qu’elle pouvait avoir tout ce qui lui faisait plaisir. Mais il avait fini par comprendre à quel point il avaient tort de lui en vouloir. Car c’était ce qu’il convoitait pour lui même, et ce qu’il aimerait offrir un jour à ses propres enfants. reprocher à Iris sa vie idéale n’était rien d’autre que de la jalousie le genre d’amertume qui avait détruit son père.