Traduit de l’anglais par Christine Raguet.

Une plongée dans la souffrance d’un homme rongé par l’alcool, et qui a laissé sur son chemin un bébé qui a dû se débrouiller tout seul pour grandir. Non, pas tout seul car le geste le plus beau que son père a accompli, a été de le confier au seul être de valeur rencontré au cours de sa vie d’homme cabossée par une enfance bafouée, puis par la guerre, par le travail manuel trop dur et enfin par l’alccol : « le vieil homme » saura élevé l’enfant qui lui a été confié et en faire un homme à la façon des Indiens , c’est à dire dans l’amour et le respect de la nature. Bien sûr, cet enfant a de grands vides dans sa vie : son père qui lui promettait tant de choses qu’il ne tenait jamais et sa mère dont il ne prononce le nom qu’aux deux tiers du roman mais que la lectrice que je suis, attendait avec impatience. Ce roman suit la déambulation lente de la jument sur laquelle le père mourant tient tant bien que mal à travers les montagnes de la Colombie-Britannique, guidé par son fils qui jamais ne juge son père mais aimerait tant le comprendre. Après Krol, Jérome Kathel, j’ai été prise par ces deux histoires, la tragédie d’un homme qui ne supporte sa vie que grâce à l’alcool. Et celle de son enfant qui a reçu des valeurs fondamentales de celui qu’il appelle le vieil homme. Tout le récit permet aussi de découvrir le monde des Indiens, du côté de la destruction chez le père, on vit alors de l’intérieur les ravages mais aussi la nécessité de l’alcool. Souvent on parle de l’alcoolisme des Indiens, comme s’il s’agissait d’une fatalité, mais au centre de ce comportement, il existe souvent des secrets trop lourds pour que les mots suffisent à les évacuer. L’enfant en parle ainsi

C’est un peu comme un mot de cinq cents kilos

L’autre aspect, bien connu aussi du monde des Indiens, c’est l’adaptation à la nature qui remet l’homme à sa juste place sur cette planète. Et l’auteur sait nous décrire et nous entraîner dans des paysages et des expériences que seule la nature sauvage peut nous offrir.

 

Citations

Être indien

Il était indien. Le vieil homme lui avait dit que c’était sa nature et il l’avait toujours cru. Sa vie c’était d’être seul à cheval, de tailler des cabanes dans des épicéas, de faire des feux dans la nuit, de respirer l’air des montagnes, suave et pur comme l’eau de source, et d’emprunter des pistes trop obscures pour y voir, qu’il avait appris à remonter jusqu’à des lieux que seuls les couguars, les marmottes et les aigles connaissaient.

L’alcool

 Le whisky tient à l’écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elle. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d’autres personnes parfois.

La souffrance et l’alcool

 J’ai essayé de me mentir à moi-même pendant un paquet d’années. J’ai essayé d’me raconter que ça s’était passé autrement. J’ai cru que j’pourrai noyer ça dans la picole. Ça a jamais marché du tout.

Les couchers de soleil

Lorsqu’ils passèrent la limite des arbres au niveau de la crête, les derniers nuages s’étaient écartés et le soleil avait repris possession du ciel à l’ouest. Les nuages été à présent pommelé de nuances mordorées et il pensa que c’était bien la seule cathédrale qu’il lui faudrait jamais.
Photo prise dans un blog que j’aime beaucoup : ruralité .net
 oui, les couchers de soleil sont des cathédrales !

32 Thoughts on “Les étoiles s’éteignent à l’aube – Richard WAGAMESE

  1. Un livre que j’ai chroniqué il y a quelques mois et que j’ai vraiment aimé. Nous sommes d’accord.

  2. On en a beaucoup parlé (en bien) sur les blogs!

  3. J’avais été enthousiasmée par cette lecture !

  4. Il y a de plus en plus de livres sur ce thème et je note pour les 4 coquillages ( la couverture est très belle)

  5. J’aime ce genre d’histoire et en plus tu mets quatre coquillages…

  6. J’ai retenu mon souffle le temps de découvrir que tu avais aimé ! Ouf ! Je viens d’emprunter Jeu blanc du même auteur à la bibliothèque et j’ai hâte de le lire.

    • Je comprends ta réaction car à propos d’un roman qui joue sur l’émotion savoir que quelqu’un avec qui on a souvent des appréciations communes sur des lectures, cela doit être décevant de voir que l’autre n’a pas accroché. Rassure-toi ce roman est terrible mais si bien écrit qu’il devient magique. Je garde en mémoire à jamais plusieurs scènes, celle de la guerre 14/18 et la lente déambulation de l’homme sur le cheval.

  7. Toi aussi, tu as succombé au charme de ce roman… Je n’ai pas encore lu une seule chronique négative, ni même tiède, sur ce roman.

  8. J’ai beaucoup aimé… et je viens de lire Jeu blanc du même auteur, très touchant aussi.

  9. Je crois n’avoir lu aucune déception à son sujet, et ce n’est pas étonnant, c’est un si beau texte. Je suis impatiente de lire son autre titre, dont j’attends la sortie en poche..

  10. Merci ! Je mets enfin une histoire sur cette couverture que j’ai souvent vue ces derniers temps dans les librairies. Très belle histoire.

  11. le sujet me tente moyennement mais tous les retours que j’ai lu étaient effectivement très bon

  12. Tiens, c’est drôle …. Je viens juste de publier ma note sur ce titre, et je suis tiède …. voire froide ….

  13. Il y tellement de profondeur dans ce roman qui ne tourne jamais au pathos alors que la situation aurait pu facilement nous y mener.

    • Je connais ta peur du pathos, mais c’est vrai que dans ce roman il n’y en a pas et je suis d’accord c’est un très beau roman. Je pense que les enfants blessés sont peu enclins au pathos.

  14. C’est la première fois je lis un billet sur ce livre qui semble fait l’unanimité moins une : Athalie. je vais aller voir ce qu’elle lui reproche !
    Ce coucher de soleil est splendide.C’est un spectacle dont on ne se lasse pas !

    • je passe beaucoup de temps à regarder le soleil illuminer la mer quand il se couche. Oui ce livre est magnifique , pourquoi Athalie n’est pas rentré dans cette histoire, cela reste mystérieux même après avoir lu son billet.

  15. ça a l’air costaud! Ce nom d’auteur me dit quelque chose mais je ne sais plus si c’est pour ce titre…

  16. Merci d’avoir parlé de mon blog :-).

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