Édition Actes Sud
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Avec 68 pages Éric Vuillard, exprime toute sa rage et son désespoir face aux révoltes qui ont traversé le XVI° siècle. On est loin de la vision de l’histoire dont j’ai gardé quelques souvenirs de mes années lycée. Les conditions d’extrême pauvreté engendrent des révoltes très violentes. Et quand en plus, les populations sont soumises à une religion qui dans les textes d’origine demande à ses disciples de reconnaître son frère dans le plus pauvre des humains on comprend que certains se demandent : « Où est le vœu de pauvreté dans l’opulence de l’église de leur époque ? ». Et puis, Gutemberg invente l’imprimerie, alors tout le monde pourra lire la Bible dans le texte et constatera que l’église les trompe lourdement. Il n’est plus besoin alors de se soumettre mais bien plutôt de se révolter et de revenir aux sources du christianisme. Livre incandescent et soutenu par un style incantatoire. Il se lit très vite, mais ne s’oublie pas de sitôt. Si l’imprimerie a permis le schisme protestant, c’est bien l’arrivée de l’internet qui soutient les révoltes actuelles. La soumission et la pauvreté engendrent toujours des mouvements violents, ils sont souvent réprimées énergiquement également mais beaucoup moins qu’au XVI° siècle.
Citations
Un homme révolté
John Wyclif eu l’idée qu’il existe une relation directe entre les hommes et Dieu. De cette première idée découle, logiquement, que chacun peut se guider lui-même grâce aux Écritures. Et de cette deuxième idée en découle une troisième ;,les prélats ne sont plus nécessaires. Conséquence : il faut traduire la Bible en anglais. Wyclif – qui n’était pas, comme on le voit, à court d’idées – eut encore deux ou trois autres pensées terribles : ainsi, il proposa qu’on désigne les papes par tirage au sort. Dans son élan, il n’était plus à une folie prêt, il déclara que l’esclavage est un péché. Puis il affirma que le clergé devait vivre désormais selon la pauvreté évangélique. Enfin, pour vraiment emmerder le monde, il répudia la transsubstantiation, comme une aberration mentale. Et, pour finir, il eut sa plus terrible idée, et prôna l’égalité des hommes.
La haine de l’église
Bien sûr, Rome condamna John Wyclif, et, malgré sa parole profonde et sincère, il mourut isolé. Et plus de quarante ans après sa mort, condamné par le concile de Constance, on exhuma son cadavre, on brûla ses ossements. On avait contre lui la haine tenace.
Il me tente malgré son peu de pages.
Ou grâce à son nombre de pages !
j’ai une prévention contre l’auteur, je sais je sais c’est un peu ridicule mais je n’aime pas non pas ses sujets mais le ton d’imprécateur qu’il prend
je comprends le ton est un peu bizarre , mais la haine religieuse mérite bien ce ton là!
comme Dominique, je maintiens une distance de sécurité par rapport à cet auteur dont le style ne me convient pas, je crois…
Et comme une grande partie de son succès vient de son style je comprends que tu te tiennes à distance.
J’ai été un peu déçue par les derniers livres de cet auteur … j’hésite
continue à hésiter si tu as d’autres lectures qui t’appellent, enfin selon moi.
Bonsoir Luocine, à la différence des autres commentatrices, j’aime le style de Vuillard que j’ai découvert avec 14 juillet. L’ordre du jour m’a plu et celui-ci aussi. Et c’est vrai qu’il va à l’essentiel. Bonne soirée.
J’ai bien aimé « 14 juillet » , celui-ci moins mais pourtant ce qu’il raconte est important pour la compréhension de l’intolérance religieuse.
J’aime beaucoup le style de cet auteur qui colle bien aux tèmes qu’il choisi. Ici, je trouve encore que ça fonctionne bien mais le propos politique est trop présent, je le préfère plus romanesque.
C’est un auteur assez « clivant (mot à la mode!) je ne déteste pas mais et j’ai bien aimé « 14 juillet » celui-ci un eu moins.
Je trouve toujours ses livres trop brefs, pas assez fouillés, alors là 68 pages…. je crains le pire !
pas le pire, une émotion que je partage : que d’horreurs les hommes ont subies ou perpétuées au nom de Dieu.