Édition Points
Le foot n’est pas une option. Le latin. Le grec, sont des options. Le foot c’est obligé. Si tu es un garçon.
Il est des livres qui donnent immédiatement envie de lire tout ce qu’a écrit l’auteur. Pourquoi ? parce que j’ai lu avec un tel regret la dernière phrase du livre qui pourtant est une fin superbe à ce récit. Je sais que je peux relire encore une fois la trajectoire de ce personnage qui réalisera un de ses plus grands rêves : voir une fille à poil ! Mais j’aimerais aussi découvrir ce qu’il a écrit d’autre, pour voir si je retrouve le même plaisir.
Tout m’a plu dans ce récit , la naïveté de l’enfance, l’incompréhension du monde des adultes en particulier celui de ses parents, ses questions sur l’existence de Dieu, puis le mal-être de l’adolescence, son inadéquation au système scolaire.
Cet enfant, fils donc d’un professeur de lycée, sent que sa mère va mal, elle est souvent triste, et son père va passer du statut du Dieu qui sait tout à celui du père dépassé qui ne comprend pas ce fils qui lui même ne sait plus très bien ce qu’il veut. La naissance de son petit frère est compliqué pour lui, car il semble réussir là où lui ne fait que se poser des questions.
Une question qui revient à plusieurs reprises dans ce roman : Pourquoi Dieu a-t-il demandé à Abraham de tuer son fils ? Est ce que son père l’aurait, lui aussi, sacrifié si Dieu le lui demandait ?
Tout aussi important ou presque, comment devenir bon au foot, car à Saint-Étienne dans ces années là, le foot « ce n’était pas une option », c’est lui qui le dit. Il va y arriver, il va réussir aussi à ne plus croire en Dieu mais surtout il va réussir à approcher une fille, la plus belle du monde, même si elle ne porte pas de porte-jarretelles. Elle va surpasser les images de la Redoute et c’est tant mieux pour lui !
Évidemment, un tel roman ne tient que par le style : cet auteur est à la fois drôle et tendre et il sait raconter aussi bien l’insouciance de l’enfance que les tourments de l’adolescences. Je conseille à tous ceux (et à toutes celles) qui se sont ennuyés à 17 ans dans une ville de province, de lire les déambulations du personnage dans les rues de Saint -Étienne, je serai bien surprise qu’ils ne s’y reconnaissent pas.
Extraits
Début.
Quand j’étais enfant je trouvais tout normal. Ma mère m’enfermait régulièrement dans la cave dans le noir complet. Je trouvais ça normal.
Sympa.
Lina ma petite cousine me dépassait d’une tête. C’est une particularité des filles, je le découvrais : elles ont des cheveux longs, elles portent des jupes et des fois, elles sont plus grandes même quand elles sont plus jeunes. Les filles ne font rien comme tout le monde.
Les disques.
Sur les disques de mes parents il y avait parfois un personnage qui avait l’air de revenir d’un enterrement, habillé en noir et qui ne rigolait pas. Sur les pochettes de Lina envoyer toujours des barbus colorés et des filles aux cheveux longs avec des foulards partout.
Les majuscules.
Mon père m’aidait à faire mes devoirs. À ce moment là ça voulait dire faire des lignes d’écriture, pas toujours des trucs utiles, par exemple les lignes de k majuscules. Je ne connais aucun adulte capable d’exécuter correctement un k majuscule en cursive, et pour être honnête ça ne sert pas souvent.
Le désir de plaire à son père.
Quand il m’expliquait je levai les yeux sur lui et je les ouvrais en grand, je voulais qu’il voie comme j’étais attentif. Je voulais qu’il reste là dans la chambre, avec moi, à m’expliquer. Je faisais tellement d’effort pour avoir l’air d’écouter ce que la plupart du temps je n’entendais rien de ce qu’il me disait.
Aller sur la lune.
Quand Neil Armstrong met le pied sur la Lune en 69, je ne suis pas très impressionné. En fait des trouve ça assez normale je lis « Guy L’Éclair » depuis que je suis tout petit, j’ai toujours vécu au milieu des fusées, des Skorpies et des planètes lointaines. Je suis né dans un monde de science-fiction. La Nasa est très en retard sur moi.
Le mépris de son père pour les BD.
– Il faut lire des livres. Des vrais livres, pas ces âneries dessinées.Son mépris était aussi lisible que s’il avait arboré des peintures de guerre sur la figure. Qu’est-ce que je pouvais dire ? Cétait un excellent album en plus, « Les Pirates du désert ». Hubinon commençait à trouver son style, plus académique, mais aussi plus étrange, que ses modèles américains.Des vrais livres. Évidemment, ce n’était pas compliqué, dans cette maison. Il y en avait partout. On pouvait se demander pourquoi je persistais à lire « Tif et Tondu » de préférence à Tolstoï.
Qu’est ce que tu vas devenir ?
C’était une drôle de question. Je n’avais jamais pensé que j’étais censé devenir quelque chose. Le monde des adultes ne ressemblait pas à un avenir possible. Je ne pouvais pas devenir kiné, comme mon kiné ou pharmacien. Et surtout pas prof. Les adultes étaient une race à part. Leurs petites vies prosaïques et monotones, leur calvitie, leur embonpoint, leurs conversations creuses et répétitives, sur le temps pourri qu’on avait et que fait le gouvernement, ils ne faisaient pas envie.
Eh bien, tu enchaînes les bons livres en ce moment ! Je ne connais pas cet auteur et évidemment, tu donnes envie de le découvrir.
Le prochain est une énorme déception. On ne peut pas toujours bien tomber !
Fonce! J’en ai lu deux de Chomarat, dont Le dernier thriller norvégien (ha la la!!!) Je note ce lui -ci aussi.
(https://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2020/01/le-dernier-thriller-norvegien.html)
Merci du conseil , je ne connaissais pas cet auteur et c’est un plaisir de le découvrir.
chère Keisha j’espère que tu viens voir si je réponds à tes commentaires ! je ne peux plus mettre des commentaires sur ton blog et je n’e peux plus te laisser un message , je vois que d’autres y arrivent si vous pouviez m’aider !
Ah zut, le livre n’est pas dispo à la bibli ! Mais ta chronique est très convaincante. Je vais tenter de le trouver ailleurs.
En livre de poche par exemple. Moi je l’ai déjà laissé partir vers des amis qui comme moi on beaucoup aimé.
Je suis bien contente qu’il t’ait autant plu, ça tombe bien, je l’ai acheté il y a peu ! Je me réjouis de le lire.
J’ai hâte de lire ton billet.
Quelle bonne idée de lecture tu me donnes là
je ne connais pas du tout l’auteur mais je vais chercher, le thème bien que souvent utilisé me plait quand c’est comme ici manifestement réussi
Oui le thème est éternel depuis longtemps les êtres humains aiment raconter d’où ils viennent. Depuis Rousseau en passant par Chateaubriand ….
Je prends note du nom de l’auteur ; le thème de celui-ci ne m’emballe pas, mais un autre peut-être.
Moi j’aime lire l’enfance quand c’est bien raconté.
habituellement, je n’aime pas particulièrement les romans qui parlent des ados. Mais j’ai aimé celui-ci car il se déroule dans ma ville.
Je crois que Saint Étienne ressemble à tant de villes de province, le foot en plus.
Je n’ai pas encore lu Luc Chomarat, mais tu me donnes envie d’aller y voir de plus près. Je pense un peu (mais peut-être que je me trompe, à Jean-Philippe Blondel, au moins pour ce roman-là)
Tu as raison c’est la même nostalgie un peu triste et surtout beaucoup de bienveillance.
Jamais lu cet auteur et la narration à hauteur du regard d’un enfant, c’est toujours risqué, mais les extraits montrent qu’ici c’est réussi, drôle, touchant … Je note !
j’ai aimé ce retour sur l’enfance et la jeunesse de cet auteur, je lirai d’autres livres de cet auteur car j’aime son humour et sa tendresse .
J’ai eu 17 ans, et je me suis ennuyée ne comprenant pas ce qui se passait autour de moi. Donc…
et encore ton père n’était pas prof dans le lycée que tu fréquentais !
J’en avais entendu parler, tu me donnes envie de le découvrir, par ta critique et les extraits. Merci
j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !
Oh, j’aime beaucoup le ton de l’auteur dans les extraits que tu as choisis ! Je comprends que tu aies été sous le charme !
Oui un roman plein de charmes et d’humour : je continuerai à lire cet auteur.