Éditions Albin Michel, 186 pages, mars 2025.

 

Le temps vient à bout de toute chose , excepté l’enfance. 

Victoria Mas m’avait déçue avec « le Bal des folles », et pour des raisons différentes celui-ci n’est pas une lecture qui a soulevé mon enthousiasme. Sur le plan historique, c’est assez réussi : on apprend de façon détaillée ce qui fut le sort des enfants de Marie-Antoinette et Marie-Thérèse et Louis -Charles qui mourut faute de soin approprié dans la prison du Temple, le 10 juin 1705 à l’âge de 10 ans. Sa sœur survivra et partira en exil .

Pour donner vie à ces tragiques épisodes , Victoria Mas imagine un gardien révolutionnaire convaincu en 1794, gardien au Temple et qui aurait écrit des lettres pour raconter à sa tante ce qu’il s’est passé pour ces deux enfants. Et pour corsé un peu le roman, elle a créé une histoire d’amour entre ce gardien et la jeune captive. Sur le plan historique , mais Wikipédia vous en apprend autant, c’est la façon dont ont été gardé ces deux enfants est une pure horreur. Le sort du plus jeune s’apparente à la torture, il est dans une pièce sans éclairage survivant sur un grabat, la pièce jamais nettoyée rempli d’immondices ou vivent aussi rats et cafards. La mort de Robespierre, va soulager leur rétention, Louis XVII mourra avec un peu de confort, et Marie Thérèse aura une femme de chambre et vie plus agréable.

Ce que raconte bien ce roman, c’est le retournement de l’opinion publique, de symboles de la monarchie avec tous les privilèges et donc détesté et dont on souhaitait la mort sans vouloir la donner, Marie-Thérèse et Louis sont passés au rang de victime et la mort de l’enfant a poussé les autorités à prendre des mesures plus humaines. Peu à peu, les parisiens se sont entichés de « la princesse du temple » au point de guetter le moindre de ses sorties à partir d’un immeuble donnant en face de la prison du Temple .

Ce roman se lit facilement et rapidement et un petit coup de rafraichissement de mémoire sur les côtés peu glorieux de la révolution peut faire du bien. La mise en page fait que ce qui tiendrait en une petite centaine s’étale en 180 pages. Le style est fluide et le point de vue du gardien crédible.

Extraits

Préface

« Voici deux jours que la princesse s’en est allée du Temple … »
 C’est par ces mots que je découvris les lettres de mon père. Je crus d’abord que celles-ci m’avaient été destinées par erreur, qu’elles s’adressaient à une autre Marie Herbelin qui elle aussi, depuis peu, pleurait devant une pierre tombale au milieu d’un cimetière. L’enveloppe mentionnait pourtant mon adresse. L’écriture m’était inconnue, tout comme le prénom de celle qui me faisait parvenir ces écrits : une certaine Françoise, vivant en Provence bien au fait de mon existence, tandis que j’ignorais parfaitement la sienne.

Début du roman première lettre

Lettre du 21 décembre 1795
Ma chère tante,
 Voici deux jours que la princesse s’en est allée du Temple. D’après les rumeurs, le convoi n’a pas encore atteint la frontière. Tout Paris demeure dans l’attente de ses nouvelles. Une étrange amertume a succédé ici à la joie de sa libération. Sa présence dans cette forteresse nous était finalement devenue coutumière.

16 Thoughts on “L’orpheline du Temple – Victoria Mas

  1. Je n’avais pas franchement aimé son premier, alors je n’ai jamais lu celui-ci.

  2. keisha on 15 août 2025 at 08:13 said:

    Mouais, pas trop mon genre de bouquins, ce mélange Histoire et histoire…

    • C’est le principe du Roman historique, mais je n’ai pas adhéré à l’histoire tout en reconnaissant que ce livre se lit facilement et permet de se souvenir de l’Histoire.

  3. Je copie sur Keisha ; son premier titre ne m’avais déjà pas trop attirée et celui-ci encore moins je crois.

  4. Je garde un souvenir mitigé du Bal des folles. Vu ce que tu en dis je passe donc sur celui-ci.

  5. J’avais bien aimé « le bal des folles » mais beaucoup moins son suivant « un miracle ». Je passe mon tour pour celui-ci vu ton avis.

  6. Je n’ai jamais lu l’autrice parce que je sentais bien un peu tout ce que tu dis dans ta critique :)

  7. Pourquoi pas, j’aime cette idée de peinture de l’opinion publique, mais cette partie de l’Histoire ne m’intéresse pas spécialement en général (pas la Révolution mais le thème éternel des victimes collatérales).

    • cet aspect est vraiment bien raconté . Les parisiens avaient tellement détesté Marie-Antoinette est ses enfants puis tout à coup ceux -ci leur ont semblé des victimes.

  8. J’avais adoré le bal des folles, mais avais été mitigée par « un miracle », 2ème roman de l’autrice.
    Ce titre ci me tente tout de même, d’autant que tu dis bien qu’il est fluide et à la lecture agréable.

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