Éditions Actes sud, 320 pages, août 2025
Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. (Albert Camus)
J’avais été très déçue par un livre de cette auteure qui a pourtant connu un grand succès « Kinderzimmer » , en revanche « l’île Haute » m’avait beaucoup plu. Pour ce livre, mon avis est mitigé, il y a des aspects qui m’ont beaucoup plu et puis j’ai aussi des agacements qui m’ont empêchée de lui mettre plus de coquillages. Gambadou a beaucoup moins de réserves que moi, et elle m’a donné envie de lire ce roman.
Je commence par ce qui m’a agacée : l’accumulation des mots qu’il faut rechercher, j’en donne quelques exemples mais il y en a tellement : « plumbago », « bigaradier », » micocou », « benzoate d’émamectine » … ce sont des mots qui ne sont utilisés qu’une seule fois et pour moi ils obscurssissent et alourdissent le récit. En revanche le mot « stipe », mot exact pour ce que j’appelais le tronc du palmier est un mot important pour le récit et je l’ai appris et je comprends que l’écrivaine ait voulu utiliser le mot exact. (Son livre sur ma photo est adossé à un stipe.)
J’ai aussi été agacée par la façon dont les personnages arrivent dans l’histoire, de temps en temps, elle parle de son père, puis de Marco, qui est la même personne sans que le lecteur comprenne pourquoi elle utilise ces deux appellations, sa mère, de la même façon est sa mère ou Annabelle. Les autres personnages arrivent dans la narration sans que l’on sache bien qui ils sont par rapport à la narratrice.
Enfin dans la construction même du récit, je ne comprends pas alors qu’on a fait témoigner cette enfant après l’agression dont elle a été victime à la gendarmerie pourquoi il a fallu autant de temps pour que la famille comprenne que Vive doit absolument aller voir un psychologue alors que depuis ce jour là elle n’a pas pu dormir seule dans sa chambre.
Extraits.
Début.
L’herbe courte est cassante poinçonne ses plantes de pied, elle n’y prête aucune attention. Pas plus qu’à la mèche collée en travers de son front ou qu’à la grosse mouche qui vibrionne dans sa nuque. La paume refermée sur le poil de la chienne elle regarde l’homme casqué, ganté de fer, caparaçonné de rouge et noir fendre la fixité de ce matin d’août, se hisser vingt mètres au-dessus du sol une tronçonneuse fichée dans le do. Elle l’accapare entière, l’enfant, cette reptation lente et silencieuse. L’homme rehausse cran à cran la longe enlaçant le stipe, un demi-mètre à la fois. On n’entend rien que les chocs sourds de la corde, l’enfoncement des griffes d’élagage dans le faux tronc et les halètements de Jujube.
Le plaisir de la langue.
Le père ne pense plus au charançon, ça se voit. C’est fini le charançon. Le père va partir pour l’usine, il a d’autres chats à fouetter comme il dit, pourquoi des fouets pourquoi des chats, mystère.Les arbres d’usine le captivent plus qu’un palmier mort.
Elle s’est jurée de n’appeler Dieu qu’en dernier recours, l’a réservé pour une situation extrême : ne pas brûler ses cartouches, dirait Marco pourquoi brûler, pourquoi les cartouches, mystère.
Une odeur sans image est orpheline.
– Une odeur sans images est orpheline.Il explique : ce qu’on ne voit pas on a du mal à le reconnaître. Nous sommes si habitués aux imagesque sans image, même les odeurs les plus évidentes nous échappent. Il refait passer des mouillettes face à la mosaïque de photos, cette fois toutes les réponses sont juste. Il dit qu’on rééduque l’anosmie, la perte de l’odorat, en invitant les gens à imaginer la forme et les couleurs des ingrédients qu’ils respirent. Sentir de l’eau de rose et visualiser une rose. Respirer du poivre et visualiser du poivre. Et le cerveau, tout doucement recommence à établir le lien à reconnaître les odeurs perdues. Il dit que les apprentis parfumeurs notent les images que leur veut évoque chaque essence dans un quai spécial pour les mémoriser.
Amusant.
Ce qui manque, chez Alia c’est les arbres. Sur la façade de son immeuble on peut lire « Les mimosas » en grandes lettres brunes, entre deux autres inscriptions « Les pins » et « Les oliviers », trois blocs de béton parfaitement identiques posés sur une dalle grise. Devant, quelques carrés d’herbe, deux arbrisseaux éthiques bardés de tuteurs, quatre cyprès rectangles en guise de parc à chiens.
J’ai lu deux romans de V Goby, sans y trouver mon compte (Banquises et Un paquebot dans les arbres), je ne pense donc pas lire ce dernier livre.
J’ai vraiment regretté cet achat, j’aurais préféré emprunter ce roman et depuis je le prête sans beaucoup de succès. Toutes mes amies butent sur les difficultés du vocabulaire. Et pourtant, elles lisent beaucoup.
Je n’accroche pas trop à cette auteure, une histoire de prénoms (j’en ai parlé en comm de ton billet sur kinderzimmer) et aussi ça m’avait agacée dans Un paquebot dans les arbres. Ici, Vive, je sens que ça passerait moyennement.(désolée pour les filles prénommées ainsi ^_^) Et puis quelle agression?
Sur babelio, on aime!
Il y a beaucoup de gens qui aiment cette auteure. J’ai vraiment des réserves sur ce roman, avec de bons passages.
Les avis que j’ai lus, y compris le tien, ne m’invitent pas à le noter, ce qui m’arrange (tu connais le problème des listes !)
Oh oui , on se dit un que je ne rajouterai pas…
J’ai lu les deux mêmes romans que Cath L. sans grand enthousiasme. J’en ai conclus que ce n’était pas une autrice pour moi.
Moi j’ai aimé « l’île haute » mais pour ce roman elle m’a beaucoup agacée.
J’ai toujours eu des sentiments ambivalents en lisant Valentine Goby. J’ai arrêté de lire ses derniers livres.
Elle a des manies d’écritures que je trouve agaçantes, en tout cas pour ce roman c’est évident.