Édition le Quartanier Traduit de l’allemand par Isabelle Liber
lu dans le cadre des feuilles allemandes organisé par Eva et livrescapade
Je ne me séparerais jamais de la cigarette comme étrangement je ne me séparais jamais des gens et des choses qui m’étaient néfastes
C’est chez Eva lors du mois des feuilles allemandes de l’an dernier que j’ai vu le nom de cette auteure pour un autre livre « la diplomate » , et comme elle promettait un récit plein d’humour, je n’ai pas hésité , d’autant que ce n’est pas la qualité première que je reconnais aux auteurs allemands. J’avoue ne pas avoir ri ni même souri à la lecture de ce livre qui m’a un peu perdue en route. Je n’ai absolument pas compris pourquoi Betty veut absolument retrouver Ernesto, un des compagnons de sa mère, un joueur de saxo italien et pourquoi son amie Martha accepte d’accompagner son père à un rendez-vous en Suisse pour y mourir car le cancer le fait trop souffrir.
Nous suivons deux filles complètement paumées à travers l’Italie puis la Grèce sans jamais comprendre leur motivations. En tout cas moi je ne comprends personne dans ce roman. En revanche ce qui m’a intéressée, c’est à quel point la génération des années 70, qui se croyait une génération libérée a fait souffrir des enfants victimes de leurs instabilités. Au début de ma lecture le style m’a bien plu pour me lasser assez vite, le personnage principal a le cerveau tellement embrumé par les diverses boissons alcoolisées qu’elle ingurgite que ses idées déjà très floues sont vite devenue incompréhensibles Elles n’ont vraiment pas de chance ces deux filles et on est bien content pour elles que les deux pères meurent à la fin , tant pis pour les antidivulgâcheuses, de toute façon on le savait dès le début.
Extraits
Début.
Déjà trois jour que j’étais coincé ici. La nuit, les rats passaient en trombe dans les ruelles ; le jour les touristes s’entassaient devant la fontaine de Trevi. Des gardes armés de mitraillettes surveillaient l’entrée des musées ; les stations de métro trop sombres pour qu’on voie leurs crasse, puaient, et pour le Vatican, il aurait fallu s’inscrire en ligne.
Une vieille de 40 ans ! Qu’est-ce qu’elle dira à 70 !
Dans le miroir, le visage qui me faisait face disait exactement son âge. Quarante ans tout juste passés. Les rides désormais profondes restaient blanches quand le reste bronzait. Comme si mon portrait avait explosé de l’intérieur. Ma beauté ne se conjuguait qu’au passé. L’âge avait pointé son nez un matin et, depuis il revenait invariablement. Autrefois je grandissais dans mes rêves, bientôt j’allais me ratatiner dans mon sommeil .
Conduire en Italie.
Trente minutes auparavant nous avions réservé une chambre sur Internet dans un hôtel baptisé Olympia, situé en plein centre, dont les prix étaient tout juste assez élevés pour ne pas paraître suspects, et qui garantissait une place de stationnement dans un parking souterrain proche. Je rêvais de parking plus que d’un bon lit.« Je n’ai pas de réseau, disais-je à chaque nouveau tunnel. Il n’y a plus de point. Je ne nous vois pas.– À gauche ou à droite à la sortie du tunnel ? demandait Martha.– Je ne sais pas je ne sais plus où on est. »Après les tunnels est venu le tour des ronds-points. Le GPS rallumé nous catapultait dans la ville. Et là Martha a freiné d’un coup sec, elle s’est arrêtée et, sous les klaxon et les insultes d’italiens fous furieux, elle est descendue de voiture.
Une égoïste assumée.
Quand je proposais mon aide, j’espérais toujours qu’on n’en ait pas besoin. Mes qualifications dans ce domaine étaient limitées, et ce, pour une raison simple : j’étais un boulet à tendance égocentrique.
Le bonheur.
L’Italie ne m’avait pas apporté ce que j’aurais nommé bonheur. Mais je n’avais pas eu cette exigence. Il fallait se lever tôt pour trouver le bonheur en Italie, on était tout simplement trop nombreux à le chercher là . En Italie les Allemands n’étaient pas heureux, ils étaient propriétaires.
Les moines grecs.
Nous avons visité un cloître taillé dans la roche, bu la liqueur maison et plaisanté avec les moines. Ils racontaient des histoires, chantaient et riaient en tapant sur leurs frocs chaque fois que Yannis ouvrait la bouche. Avant ça, je n’avais jamais vu de moine rire, mais c’était peut-être simplement parce qu’ils étaient bourrés. Cette île était un paradis peuplé d’ivrognes. On y vivait plus lentement, et on y mourait plus vite.