Édition Le Livre de Poche
Une auteure et un livre que vous êtes nombreuses (sans oublier Jérôme ) à aimer. Je l’ai lu rapidement l’été dernier sans faire de billet. Il m’avait rendu si triste ce roman, justement pour son aspect circulaire. Dans ce cercle où tout se reproduit à l’identique, je me sens malheureuse et je crois que la vie peut être plus belle que cela. Marion Brunet à mis en exergue de son roman cette citation de Maupassant que j’aime tant :
« La vie voyez vous , ça n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit ».
Mais ici, il n’y a rien de bon que du sordide.
Le roman commence par une scène qui sera reprise à la fin, la famille va ensemble a une fête foraine mais le soir Céline, la fille aînée de Manuel, un maçon d’origine espagnole et de Séverine, fille d’un paysan de la région annonce sa grossesse à ses parents. Elle n’a que 16 ans et refuse de dire qui est le père de cet enfant. C’est vraiment dommage car, pour son père, cela ne peut être que Saïd l’Arabe avec qui il revend des objets que celui-ci vole dans les villas qu’il restaure, l’Arabe va le payer très cher. Je sais vous n’aimez pas qu’on divulgâche le suspens des romans, surtout qu’ici on annonce un roman policier. Tout est tellement prévisible dans cet enfer de gens qui ont tout raté dans leur vie et qui ne trouvent de l’énergie que dans la bière ou les cigarettes . Pour moi ce n’est pas le côté policier qui fait l’intérêt du roman mais dans la description d’un milieu social qui n’a aucun sens des valeurs. J’ai du mal à imaginer que de telles personnes existent mais pour le temps du roman, il faut l’accepter. Personne ne sort indemne de cette peinture sociale pas plus le grand père paysan qui emploie des clandestins et les dénonce à la gendarmerie pour ne pas les payer, que les parents de Céline et de Johanna qui ne cherchent pas à comprendre leurs filles adolescentes, même Saïd trempe dans des affaires de recels, l’institutrice gentillette est ridicule et la police complètement nulle. L’absence de leur enquête montre bien qu’il ne s’agit pas d’un roman policier. La seule qui donne un peu d’espoir c’est Johanna qui aime le théâtre et les livres.
C’est un roman sur l’adolescence dans un milieu frustre et aigri dont les seuls dérivatifs sont l’alcool et les cigarettes. Il se lit facilement car il est bien enlevé et rempli de remarques très justes sur un monde qui va mal, mais pour moi tout est trop prévisible.
Citations
Le début du roman
Chez eux , se souvient Johanna, ou une main au cul c’était un truc sympa, une façon d’apprécier la chose, de dire « t’as de l’avenir » – à mi-chemin entre une caresse et une tape sur la croupe d’une jument. Les filles avaient des atouts, comme au tarot, et on aurait pu croire que si elles jouaient les bonnes cartes au moment adéquat, il y avait moyen de gagner la partie.
Conséquences de l’alcool au volant.
David et son cousin Jérémy s’étaient plantés un soir, au carrefour entre l’entrée d’autoroute vers Marseille et la bretelle pour Cavaillon. La bagnole avait heurté le parapet, finit sa course sur une berges du Rhône. Les pompiers avaient mis des heures pour les sortir de là. David après six mois de coma, s’était réveillé légume (….)Les premières années, Jérémy allait le voir régulièrement. Il avait eu plus de chance, des fractures, mais il s’en était remis(….) Ses vannes tombaient toujours mal au pied du cousin, pied tordu vers l’intérieur et chaussé de baskets neuves qui le resteraient Il avait cessé de venir, à cause de sa tante, qui ne supportait plus de le voir. Ce regard lourd de reproches et de détresse ça le rendait fou – c’était lui qui conduisait, ivre mort.
Genre de dialogues qui me rendent triste.
– Comment va Séverine ?– Bien.-Elle fait un métier difficile. Tous ces mômes c’est bien ce qu’elle fait.– Elle est cantinières, papa. Elle leur sert à bouffer, c’est tout.-Nourrir des gosses, pour toi c’est rien ?– Papa…
J’ai l’intention de le lire, j’ai beaucoup aimé Vanda de cette auteure -même s’il est également désespéré-, découverte sur les conseils de Jérôme, justement..
Je crois que la vie est moins désespérée que ça, mais je suis peut-être mal placée pour dire ça.
Le hasard veut que j’en parle aussi aujourd’hui. J’ai aimé cette lecture, effectivement très sombre, mais j’ai l’impression que j’ai plus aimé que toi. On est d’accord que ce n’est pas un roman policier !
Sympa un nouveau blog que je ne connaissais pas.
Effectivement, le roman tourne sur lui même, mais contrairement à toi, j’avais trouvé que cette structure montre bien l’enfermement des personnages dans une condition sociale dont il ne peuvent ( et ne veulent) sortir. Le manège de la fête foraine … Un roman dur, qui évoque une réalité un peu concentrée, soit, sans trop de concession à l’espoir .
Oui je suis d’accord c’est un roman réussi je le répète mon expérience de la vie me conduit à penser que ce n’est jamais totalement noir. Pour le romanesque c’est peut-être important de détruire l’espoir ?
Je passe, pas envie de sordide ni d’être triste en sortant d’un livre….
Pas trop envie de tristesse moi non plus.
Je n’ai encore rien lu de cette auteure qui m’intrigue à vrai dire. Je pense que je tenterai en bibliothèque pour me faire une idée.
Ce n’est pas une auteure qui donne le moral.
Comme Ingannmic, je souhaite lire ce titre parce que j’ai beaucoup aimé Vanda, bien sombre aussi…
Donc tu aimeras car cette auteure a du talent.
Il est dans ma pile à lire et ce sera le premier de l’auteure.
Je pensais avoir lu ce titre chez toi.