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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lucie Delplanque.

3
Je voulais comprendre ce qu’était Facebook. J’ai donc lu ce livre et j’ai bien compris , je le recommande donc, à tous ceux ou celles, qui se posent des questions sur ce phénomène. Le livre n’a pas d’autre intérêt que de nous faire comprendre le monde très particulier d’une création sur Internet qui fait gagner beaucoup d’argent. L’écrivain n’a pas pu rencontrer Mark Zuckerberg (le personnage principal) alors il raconte cette histoire à partir des témoignages de ceux qui ont entouré le petit « génie » puis se sont séparés de lui avec procès à la clé. J’ai compris ce qu’était Facebook, c’était le but par contre cela ne rend pas le monde des petits génies d’Internet très sympathique.

L’idée est simple : en ne donnant qu’une adresse email chacun peut retrouver immédiatement tous les gens qu’il a connus et qui sont sur le site Facebook. Le nombre fait que la publicité y est rentable et donc la société vaut beaucoup d’argent. On peut résumer la chose en une formule pour se venger des filles qui ne le regardaient jamais, Mark Zuckerberg a inventé le moyen le plus rapide de rencontrer des gens. Et lui, a toutes les filles qu’il veut car il est très, très, riche !

Depuis je suis sur Facebook… Mais je n’ai rencontré personne.

Citations

Le type à la droite d’Eduardo, un grassouillet d’un mètre soixante-cinq, était membre de l’équipe d’échecs de Harvard et parlait couramment six langues. Rien de vraiment utile en matière de drague.

 

Pour un observateur extérieur la relation qu’il entretenait avec son ordinateur semblait bien plus harmonieuse que toutes celles qu’il pouvait créer avec le monde extérieur. Mark ne semblait jamais aussi heureux que devant son écran.

 

Même à Harvard, la plus prestigieuse université du monde, il n’était en réalité que question de cul. To fuck or not to fuck. Il y avait ceux qui s’envoyaient en l’air et les autres.

 

 C’était un outil inouï pour lubrifier les rapports sociaux. Tout allait beaucoup plus vite. Sur Facebook, vous connaissiez déjà les gens que vous invitiez à être vos amis en ligne, même si vous ne leur aviez parlé qu’une fois.

On en parle

Stef au pays des livres.

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Traduit de l’arabe (Égypte) par Hussein Emara et Moïna Fauchier Delavigne.

4
J’ai écouté Khaled Al Khamissi aux étonnants voyageurs à Saint Malo, j’ai été surprise et séduite par son intelligence et la clarté de ses propos. Je me suis précipitée sur son livre et je n’ai pas été déçue. Le procédé est sympathique, l’écrivain narrateur imagine 58 rencontres dans des taxis du Caire et à partir de leur propos nous fait revivre toutes les facettes de la vie des habitants de cette mégalopole.Comme il nous l’a raconté lors de son intervention à Saint-Malo, la vie des habitants pauvres du Caire est une course perdue d’avance pour vivre et parfois même survivre.

À chaque taxi, un nouvel aspect des difficultés égyptiennes apparaît : la corruption et l’aspect kafkaïen de l’administration, le prix des denrées et la difficulté de se nourrir, la course vaine aux cours particuliers pour que les enfants réussissent l’école, l’absence de confiance dans les hommes du gouvernement, la maladie, la fatigue, l’extrême fatigue ….( celle qui contraint un chauffeur à s’endormir tous les dix minutes , par exemple)…

Tout cela raconté de façon très drôle mais je suis persuadée que la traduction gomme les effets de style de l’égyptien de la rue. On retrouve bien la faconde des chauffeurs taxi et l’art qu’ils ont, parfois, à refaire le monde le temps d’une course. Je recommande à tous les Français qui râlent (à juste titre souvent) lorsqu’ils sont confrontés à l’administration de lire le récit du chauffeur 57 qui doit renouveler son permis tous les trois ans, c’est la règle. Je ne peux pas résumer trois jours de queue, de bakchichs, de demandes toutes plus invraisemblables les unes que les autres mais à la fin quand le chauffeur dit ;

« Vous avez une idée pourquoi ils nous font ça ? »

je trouve que c’est une des meilleures questions du livre, oui pourquoi ? Tant d’absurdité, on a l’impression que tout se ligue pour empêcher ce pays de vivre normalement. Khaled Al Khamissi avait senti que ce pays était au bord de l’implosion, après avoir lu Taxi on comprend encore mieux que le peuple ait mis Moubarak à la porte à la fin trop c’est trop. Mais le pays semble trop corrompu pour qu’il puisse facilement s’en sortir.

Citations

Mon Dieu ! Quel âge pouvait avoir ce chauffeur de taxi ? Et quel âge pouvait avoir sa voiture ? Je n’en croyais pas mes yeux quand je me suis assis à côté de lui. Il y avait autant de rides sur son visage que d’étoiles dans le ciel. Chacune poussait l’autre tendrement, créant un visage typiquement égyptien qui paraissait sculpté par Mahmoud Mokhtar. Quant à ses mains, qui tenaient le volant, elles s’étiraient et se rétractaient, irriguées par des artères saillantes comme le Nil allant abreuver la terre desséchée. Le léger tremblement de ses mains ne faisait basculer la voiture ni à gauche ni à droite. Elle marchait droit en avant, et les yeux du chauffeur, recouverts de deux énormes paupières, laissaient transparaître un état de paix intérieure qui suscitait en moi et dans le monde entier une profonde quiétude.

 

Qu’est ce qu’il se passerait si on disait aux Etats-Unis : « Vous avez des armes nucléaires, vous avez des armes de destruction massive, si vous ne vous débarrassez pas de toutes ces armes, nous allons rompre nos relations avec vous et vous déclarer la guerre.

 

– Tu connais la dernière ?
– Non
– Celui qui n’est pas allé en prison sous Nasser n’ira jamais en prison, celui qui ne s’est pas enrichi sous Sadate ne s’enrichira jamais, et celui qui n’a pas mendié sous le règne de Moubarak ne mendiera jamais.

 

Il m’arrive souvent de prendre des taxis qui ne connaissent pas bien les rues, ni leurs noms. Mais ce taxi avait l’insigne honneur de ne connaître aucune rue, sauf la sienne bien sûr.

 

Et bien, au final, on va larguer ce pays pourri comme tout le monde. C’est clair que c’est le véritable projet du gouvernement : nous obliger tous à partir. Mais je ne comprends pas, si on part tous, qui est ce que le gouvernement va pouvoir voler ?

 On en parle

Une critique plus négative Moi Clara et les mots.

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4
Recevoir un livre d’une amie est une douce chose, on s’y plonge avec d’autant plus de plaisir qu’on sait y découvrir à la fois le talent d’un écrivain et le goût de cette amie pour un roman qu’on ne connaissait pas. L’immeuble Yacoubian est un véritable chef d’œuvre, je ne suis pas la seule à le penser puisqu’il est devenu un best-seller dans de très nombreux pays. Le lire aujourd’hui à la lumière des événements qui secouent les pays Arabes dont l’Egypte est particulièrement intéressant. Tous les problèmes de ce malheureux pays y sont évoqués, avec également en contre point la chaleur et la force de vie des Egyptiens et Égyptiennes.

L’immeuble Yacoubian, a été érigé au temps de la splendeur de l’Egypte, aujourd’hui rongée par la pauvreté, la corruption, les élections truquées, les combines pour survivre et se loger, l’islamisme, la violence de la police. Les personnages sont tous décrits avec une profonde humanité, l’émotion est partout et rend le récit chaleureux et tendre quand il s’agit des amours de Zaki Dessouki, émouvant et tragique quand nous vivons les interdits de l’amour homosexuel, et pratiquement insoutenable quand Taha raconte les séances de tortures auxquelles il a été soumis.

La double fin est superbe, la vengeance et la mort en martyre pour le jeune Taha qui n’a pu trouver que dans le fanatisme islamiste une consolation à tous les outrages qu’il a vécus. Le mariage amoureux pour Zaki Dessouki qui a aimé et été aimé des femmes sauf de sa sœur poussée par un esprit de lucre qu’il ne comprend pas et qu’il essaie de contourner sans utiliser la force.

Si vous le l’avez pas déjà lu, précipitez-vous sur ce livre, vous passerez des moments merveilleux et vous comprendrez mieux ce pays aux facettes aussi multiples que les habitants de « l’immeuble Yacoubian ».

Citations

Pourtant Zaki bey a fait l’amour avec des femmes de toutes les classes sociales : des danseuses orientales, des étrangères, des femmes de la bonne société, des épouses d’hommes éminents, des étudiantes et des lycéennes mais également des femmes dévoyées, des paysannes, des domestiques. Chacune avait sa saveur particulière et, souvent, il compare en riant l’alcôve soumise de la nabila Kamila et cette mendiante qu’il avait ramassé dans sa Buick, une nuit qu’il était ivre, et qu’il avait amenée dans son appartement, passage Bahlar. Quand il était rentré avec elle dans la salle de bains pour la laver lui-même, il avait découvert qu’elle était si pauvre qu’elle s’était fabriqué des sous-vêtements avec des sacs de ciment vides. Il se rappelle encore avec un mélange de tendresse et de chagrin la gêne de la femme lorsqu’il enleva ses vêtements sur lesquels était écrit en gros caractère « ciment Portland ». Il se souvient que c’était une des plus belles femmes qu’il ait connue et une des plus ardentes en amour.

 

Elles se disputent souvent et échangent alors les pires insultes et des accusations injurieuses puis, soudain, elles se réconcilient et retrouvent des relations tout à fait cordiales, comme s’il ne s’était rien passé. Elles se couvrent alors de baisers chaleureux et retentissants, elles pleurent même, tant elles sont émues et tant elles s’aiment. Quant aux hommes, ils n’attachent pas beaucoup d’importance aux querelles féminines, qu’ils considèrent comme une preuve supplémentaire de cette insuffisance de leur cervelle dont leur avait parlé le Prophète, prière et salut de Dieu sur lui.

 

S’il y avait de la justice dans le pays, il faudrait que quelqu’un comme toi étudie au frais du gouvernement. L’éducation et la santé sont des droits naturels pour n’importe quel citoyen au monde, mai en Egypte le pouvoir fait exprès de laisser les pauvres pour pouvoir les voler

On en parle

Un nouveau blog à découvrir : Les lectures de Sophie.

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3
J’ai bien aimé ce film, chaudement recommandé par Anne. J’y ai bien retrouvé l’émotion dont elle a parlé, et comme elle, j’ai eu les larmes aux yeux quand Angèle renonce, devant la juge, à récupérer son enfant parce qu’elle ne veut pas lui faire du mal en s’imposant à lui. J’ai beaucoup aimé la façon de filmer la mer et le port de pêche, je garderai en mémoire la sortie du bateau par temps calme, on a rarement vu cette image au cinéma.

Je n’ai jamais vu aussi bien filmé les montées des côtes à vélo . Je ne sais pas si Angèle a mieux compris que moi les plateaux et les vitesses, mais ce qui est sûr, c’est que je peine autant qu’elle dans les côtes et que je freine aussi fort dans les descentes ! J’ai bien aimé l’histoire de cette femme qui veut retrouver une vie après la prison et l’amour de son fils. L’acteur qui joue Tony (Grégory Gadebois) est remarquable et on croit à son personnage, moins à celui d’Angèle (Clotilde Hesme) qui est très belle, mais on a du mal à comprendre ses réactions.

Pourquoi ne mettre que trois coquillages ? Parce que j’ai trouvé que l’histoire était plus esquissée que racontée, les seconds rôles sont à peine dessinés. Une exception le personnage du frère qui est très bien vu . Je mets un lien vers l’article du Monde, tout ce qui est dit est juste ; je me demande si je ne deviens pas trop exigeante au cinéma. la même histoire en roman m’aurait, sans doute, complètement séduite. Tout sonne juste dans ce film, mais malgré de bonnes idées, de très belles images et la l’honnêteté des sentiments il y a un effet de distance, si on le raconte tout est parfait mais quand on le voit on n’y croit pas.

Il y a un aspect du film que je trouve remarquablement bien rendu :la gêne du marin pêcheur devant la drague agressive de la jeune femme qui est donc contrainte à se poser un peu plus de questions sur ce Tony et pour cette raison le découvrir et finir par l’aimer. Allez voir ce film , il en vaut la peine.

On en parle

L’article du MONDE

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Une chose est sure, personne ne peut rester indifférent à ce film. Son sujet : l’horreur de la guerre, en particulier de la guerre civile. On tue visiblement avec plus de cruauté son voisin que son ennemi lointain. Il y a dans ce film un aspect tragique qui le rend différent de bien d’autres œuvres sur le même sujet, tout se déroule de façon inéluctable, comme dans le théâtre de Racine et avant lui des tragédies Grecques. A cause des paysages et des événements qui constituent la trame d’Incendies on pense à Sophocle, à Antigone pour la détermination de la femme à ne pas se résigner, à Œdipe évidemment pour l’horreur absolue.

On ne peut pas raconter ce film, d’autant qu’il faut accepter quelques invraisemblances, ce n’est pas un film réaliste, c’est une allégorie de la violence et du mal absolu sous-tendu par la guerre. Le point de non retour dans la violence, l’apogée de l’horreur, c’est cette scène du bus brûlé avec tous ses occupants, c’est insupportable et l’indifférence de ceux qui assistent à cette tuerie en dit long sur les limites de l’âme humaine confrontée aux tueries les plus barbares.

Toujours le même constat (surtout depuis les révélations des horreurs de la Shoa) il y a ceux qui agissent et ceux qui les regardent dans une indifférence complice ; mais à ce moment du film, le spectateur bien confortablement assis dans son cinéma préféré, se demande s’il ne participe pas au silence général, à la passivité bien pensante devant l’horreur absolue. Il me reste à parler de la force cinématographique de ce film pas seulement la beauté et l’intelligence des images, mais aussi la façon dont on se déplace sans arrêt du point de vue des victimes à celui des bourreaux, les rôles étant souvent interchangeables.

La façon dont le cinéaste nous oblige à garder en mémoire une image dont la signification ne sera donnée qu’à la fin du film, en particulier l’image de la piscine qui est absolument bouleversante et je crois que je reverrai le film pour cette image.

Voilà, je ne vous conseille pas d’aller voir ce film car il est très dur mais c’est vraiment un chef d’œuvre. Ne vous laissez pas amuser par l’accent québécois, ces quelques minutes de légèreté permettent seulement de respirer.

 

On en parle

Toujours raison site où j’ai emprunté l’affiche du film.

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4
Je suis allée voir ce film car j’aime cet écrivain et j’étais attiré par le synopsis que j’avais lu sur internet. Je ne regrette pas ma soirée ! C’est un film chaleureux, émouvant, drôle. Le personnage du frère anti-Berlusconi est absolument irrésistible. Certains moments m’ont fait mourir de rire. L’accent italien toujours aussi agréable à entendre.

Il y a quelques faiblesses mais ce n’est pas si grave, la galerie des personnages secondaires est bien trouvée, le chef de chœur de l’ensemble de musique baroque est plus vrai que nature, la bande d’amis n’est pas piquée des hannetons.

Un des charmes du film, ce sont les acteurs, ils sont tous très bons et pas très connus, si bien que l’on croit facilement à leur personnage. Une mention spéciale pour Neri Macore qui joue le frère d’Allessandro. La ville de Strasbourg est très jolie sans le côté pittoresque genre carte postale, je me demande s’il y fait toujours aussi beau !

Certains diront encore une comédie à la française, et on a déjà vu tout ce qui y est raconté : la crise de l’adolescence d’une fille que son père ne voit pas grandir, la bande de copains quelque peu branquignole, la mort, l’amour. Peu importe ! On peut se laisser porter, le rire est garanti au moins deux trois fois, pour la détente je ne peux que vous conseiller ce film.

On en parle

Beaucoup moins enthousiaste , le critique du « Monde » n’a pas entièrement tort à propos du côté pathos.

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2
Livre reçu dans la cadre de Masse critique de Babelio. Mon avis est très négatif et sans doute trop sévère, je n’apprécie que très peu la littérature policière, j’aurais dû me méfier. Quand des romans policiers me plaisent, ils sont en général excellents. Pour celui-là, je pense qu’il s’agit d’un honnête polar qui, personnellement, m’a beaucoup agacée.

Sans doute, pour donner un cadre particulier et une ambiance inoubliable, cela se passe sous les purges staliniennes, pour la violence c’est garanti ! J’avais été surprise et j’avais apprécié « Enfant 44 » de Tom Rob Smith. Voilà, un nouveau genre est né : le policier vaguement honnête du temps de Staline, à quand celui sous Pol-Pot ! ! !

Sinon, on a, à peu près, tous les ingrédients, les coups, le sang , le sadisme, les larmes, les traitres, avec une petite dose de religiosité. Comme c’est en Russie, c’est plus énorme plus violent, plus désespéré mais guère plus passionnant. L’enquête autour d’une icône volée est très compliquée et permet de décrire ce qui reste des croyances religieuses en Union Soviétique et la corruption des dirigeants, tout cela sans grand fondement historique (du moins si je me réfère à mes lectures sur le sujet).

J’ai lu attentivement ce roman, car j’avais accepté d’en parler sur mon blog, je vais l’oublier très vite.

 On en parle

Miss Alfie a l’air d’aimer.

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Merci, un grand merci, à Evelyne, notre bibliothécaire, elle sait choisir des livres qui font du bien. Celui-là vous fera rire quelles que soient vos convictions sur le réchauffement climatique ( : le RC). Et vous amènera, aussi, à réfléchir. À force de recevoir des idées, plus ou moins vraies, vantant la bonne cause écolo, on oublie de réfléchir par soi-même : voilà le thème de ce livre.

Iegor Gran, a un talent fou, pour croquer les travers des bien-pensants moutonniers. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas là pour créer un parti de militants anti-écolo, il veut réfléchir et s’amuser du consensus de la peur qui réunit Yann Arthus-Bertrand, François-Henri Pinault, Luc Besson et ses voisins qui trient avec ardeur leurs poubelles !

Surtout ne ratez pas ses notes en bas de page, d’ailleurs vous ne pourrez pas, elles sont parfois plus longues que le texte, elles sont toujours passionnantes et souvent très drôles. J’ai bien ri quand son dentiste lui assène des arguments alors qu’il a la bouche grande ouverte et qu’il ne peut, évidemment, pas répondre. Qui n’a pas déjà vécu une telle situation ?

Comme lui, j’ai bien du mal à croire au sérieux de la candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République (excusez le du peu ! !), et j’aimerais avoir son talent pour en rire. (En réalité je trouve ça plutôt triste). Ce petit livre décrit aussi l’évolution de ses rapports avec son meilleur ami, Vincent, convaincu du RC (réchauffement climatique), et, le dîner où l’ on évite tous les sujets qui fâchent est très bien raconté et tellement vrai !

Je crois que ce livre fait un bien fou, comme toutes les réflexions qui vont à contre courant elles nous apportent un vent frais qui nous permet de mieux respirer, et quand en plus l’auteur nous fait rire, alors on se sent soudain heureux : content de faire partie de cette humanité là, celle qui ose rire de tout et se questionner sur nos comportements mêmes ceux qui nous semblent les plus ordinaires .

Citations

 Un marchand de soupe a mis son pied dans mon pas-de-porte. On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place.

(En note)

Rappelons que dans une vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar ? Étonnante conversion. Les voies du gazole sont impénétrables.

 

Son papier-toilette ressemble à un journal de l’Est, il est gris et n’absorbe pas ? (Mesdames, évitez les toilettes de Vincent !) Il aime à penser que, quand il se torche le derrière, aucun arbre n’est lésé dans l’affaire.

 

Un peu d’humilité la science ! Cou couche panier ! Peut-être faudrait-il déjà qu’elle se mette d’accord sur l’existence ou non du point G, avant de s’attaquer à ces choses autrement plus obscures.

 

 La cinquantaine… c’est l’âge où les grenouilles de bénitier se noient définitivement, où les komsomols tournent apparatchik, où les femmes se mettent à manger des graines- l e premier stade de la vieuconisation.

 

Et une petite dernière pour la route et quelqu’un que je connais…

Le mari est toujours fautif, vingt-quatre heures sur vingt quatre, il est coupable au sens métaphysique, il porte sur ses épaules un péché originel. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’avoir un mari, ce pourquoi la femme le tolère, dans sa grande clairvoyance. 

Il m’arrive de ruminer ce genre de pensées non dénuées de tendre misogynie.

 

 

On en parle

Le Pandémium littéraire.

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5
J’ai lu et je lirai tous les livres de cette auteure, depuis « la Place ». Ils sont tous dans ma bibliothèque, je les relis et surtout j’y pense souvent. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui sache aussi bien expliquer le changement de condition sociale qui accompagne la réussite scolaire. Le jour où la petite fille n’a plus lu les revues style « nous deux » que lisaient les femmes appartenant au même milieu que sa mère, le fossé n’a cessé de se creuser.

Elle revient dans ce très court texte sur cette sœur morte avant sa naissance et dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Comme toujours avec Annie Ernaux, il n’y a pas un mot de trop , cela souligne la justesse de ses sentiments. Je crois que je n’ai jamais aussi bien compris l’intérêt de son style qui m’avait tant séduit quand j’ai découvert cette auteure. Si elle est brève et parfois même un peu sèche, c’est qu’elle est vient de ce milieu là, de gens qui n’avaient pas le don de la parole.

Il me semble qu’elle ne peut ni ne veut les trahir. Elle écrit donc une lettre à cette sœur qu’elle a, dit-elle, remplacée auprès de ses parents. Avec trois ou quatre photos, le silence parfois douloureux de son père et une phrase au combien maladroite de sa mère( l’autre était la gentille, la morte !), elle fait vivre le poids du deuil dans cette famille.

L’évocation des années 50 dans la province cauchoise à travers les maladies enfantines et le sentiment religieux est réussie, en tout cas pour moi. Vite lu, ce livre ne sera pas pour autant, vite oublié.

Citations

 

Comme me le confirmera aussi un jour la directrice du pensionnat en me traversant de ses yeux étincelants « on peut avoir vingt partout en classe et ne pas être agréable à Dieu ».

 

Je n’écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j’écrive, ça fait une sacré différence.

 

Aujourd’hui seulement je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue : pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte et mère à mon tour ? Pourquoi ne pas leur avoir dit que je savais.

 

Tu n’as d’existence qu’au travers de ton empreinte sur la mienne. T’écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence. D écrire l’héritage d’absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture.

 

Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.

On en parle

Moi Clara et les mots.

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3
Je me rends compte que je n’ai pas fait d’article pour « Les Adieux à la Reine » alors que j’ai vraiment adorée de la même auteure « Le testament d’Olympe » est un roman en deux parties, ce qui permet à Chantal Thomas de balayer l’ensemble de la société sous Louis XV, l’enfance d’Olympe se passe à Bordeaux dans une famille bien née mais très pauvre, misérable même, car le père refuse de travailler pour d’obscures raisons religieuses. C’est Apolline qui raconte la vie d’Ursule sa sœur ainée qui deviendra Olympe. À la mort de cette dernière, elle retrouve son cahier. Olympe vient de mourir dans l’extrême misère après avoir été la maîtresse du roi grâce au duc de Richelieu, gouverneur d’Aquitaine.

La deuxième partie c’est, donc, la vie d’une favorite du roi Louis XV. J’ai beaucoup aimé la première partie moins la seconde, c’est tellement sordide de voir les hommes les plus puissants du royaume satisfaire tous leurs plaisirs alors que la majorité de la population ne connaît que la misère, la faim la maladie, la mort. Il faut reconnaître que la maladie touche aussi les riches, leur fin est moins sordide, mais ils meurent aussi beaucoup. J’ai pensé en lisant ce roman (les mêmes faits sont d’ailleurs évoqués : les enlèvements d’enfants pour assouvir les plaisirs sexuels des seigneurs libertins à « la marche rouge » de Marion Sigaut », étude intéressante mais absolument insoutenable car très bien documentée).

J’ai trouvé passionnant dans ce roman, la description de l’emprise de la religion du haut en bas de la société, le moins croyant c’est sans doute le duc de Richelieu . le Roi, lui-même, est hanté par le péché ce qui ne l’empêche pas de se livrer à tous ses plaisirs et d’être d’une cruauté absolue quand il veut se débarrasser de quelqu’un. Le XVIIIe siècle français décrit dans ce roman ne méritent guère l’appellation « siècle des lumières » mais plutôt celui des obscurantistes religieux, des injustices et du malheur absolu d’être une femme.

Citations

 Il était une chose qu’il honnissait en particulier et dont il se préservait davantage que de la peste : le travail, malédiction originelle, penchant ignoble péché d’orgueil et de désespoir. Il fallait être bien prétentieux par rapport au pouvoir de la Nature pour oser se targuer d’en obtenir davantage que ce qu’elle nous offrait, et bien méfiant par rapport à Dieu pour ne pa s s’en remettre, dans l’insouciance à son parfait Amour. « Est-il ou n’est-il pas notre Père ? » proférait mon père en levant vers le plafond cloqué d’humidité de la cuisine.

 

Nous étions entourés de laborieux de toutes espèces, de gens qui, manifestement, doutaient de la main de Dieu

 

Je fus longtemps malade, sans doute gravement, puisque la cérémonie de ma première communion se joignit à celle de l’extrême-onction. C’était chose banale à Notre-Dame-de-la –Miséricorde, comme dans tous les couvents, où mouraient en grand nombre, surtout les premiers mois de leur séjour, les pensionnaires,-mais nulle part autant qu’à Saint-Cyr, véritable mouroir de petites filles.

 

Le sujet parfait est l’homme qui jouit de se ruiner pour une femme qui lui refuse tout.

 

Ce qui me répugne le plus chez Voltaire, ce n’est pas le traitre, ce n’est pas le philosophe athée-encore que les libres penseurs me fassent horreur-, c’est le vil courtisan, le flatteur. Si je pouvais lui retirer sa charge d’historiographe du royaume, pour laquelle je le paie deux mille livres par an, sans que mon geste provoque une affaire d’Etat je le ferais …

On en parle

Ma librairie.