Traduit de l’anglais par Isabelle D.Taudière et Clémentine Peckre.
Lu dans le cadre de masse critique.
Livre historique qui rapproche le destin de deux jeunes allemands de la même génération, l’un Rudolf Höss deviendra le directeur d’Auschwitz, fleuron d’une belle carrière chez les SS. Il sera donc responsable des millions d’être humains massacrés sous ses ordres dans des conditions les plus effroyables que l’humanité a pu imaginer. L’autre, Hanns Alexander un peu plus jeune, a failli être une de ses victimes, mais sa famille a réussi à s’installer à temps en Grande-Bretagne. Issue de la très grande bourgeoisie juive de Berlin, la guerre fera de lui un chasseur de dignitaires nazis, et c’est lui qui retrouvera et fera juger Höss.
Le livre est écrit par le petit neveu de Hanns. Chapitre après chapitre on suit la destinée des deux hommes. Comme souvent dans ce genre de récit, on tremble devant l’aveuglement du père de Hanns, qui décoré de la croix de guerre, et médecin renommé, peine à prendre la décision de fuir ce pays. Un Allemand qui l’avait connu pendant la guerre 14/18, a pris sa défense lorsqu’une première fois des SA veulent s’en prendre à lui. C’est si rare de lire cela que je ne résiste pas à citer son nom, le Capitaine Otto Meyer qui préviendra la famille Alexander qu’elle doit absolument fuir lorsque le danger devient trop pressant. Rudolf Höss, est originaire de Baden-Baden et rien n’aurait dû faire de lui un des plus grand meurtrier de l’histoire.
On retrouve dans cet ouvrage, cette idée, aujourd’hui banale, qu’un homme ordinaire mis dans certaines circonstances peut devenir un bourreau.
Je ne peux pas dire que j’ai appris grand chose, car j’ai beaucoup lu sur le sujet. Un aspect me restera en mémoire, si les allemands n’avaient pas connu la défaite sur leur sol, ils auraient gardé les idées du National-Socialisme et seraient toujours antisémites. Comme ce maire qui soutient à Hanns qu’il n’y a jamais eu de juifs dans son village, alors qu’il s’y trouve un grand cimetière juif ! Jusqu’au bout Rudolf Höss croit en son idéal nazi, c’est la défaite et aussi la lâcheté de ses supérieurs au procès de Nuremberg qui l’amène à, enfin dire qu’il s’est trompé.
Je suis restée songeuse en lisant ce passage qui en dit long sur son soi-disant remord
Dans un passage capital de ses confessions, il estimait que l’extermination des juifs était une erreur, non parce que ces massacres à grande échelle étaient immoraux ou monstrueux, mais parce que, soulignait-il, « c’est cet anéantissement en masse qui a attiré sur l’Allemagne la haine du monde entier.
L’épilogue où l’auteur reçoit la douleur du petit fils de Höss qui visite Auschwitz avec l’auteur est important pour l’avenir de l’humanité. L’ouvrage est illustré, ce petit fils a accepté de publier les photos de famille où on voit les Höss dans leur villa d’Auschwitz mener une vie joyeuse et insouciante. Pendant qu’on assassinait, gazait et brûlait des millions de personnes, Madame Höss acceptait que sa villa soit richement décorée d’objets provenant du camp, d’être servie par des employés qui ne lui coûtait rien, mais elle se plaignait de …l’odeur !
La famille Alexander , ne reviendra jamais en Allemagne, ce pays les aura trahi à tout jamais. Le livre comporte de nombreuses annexes et une abondante bibliographie ce qui certifie le sérieux de cet ouvrage qui se lit très facilement.