Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. (Mon club de lecture va peut -être devenir célèbre)

Ce petit roman m’a beaucoup plu, mais je suis incapable de savoir s’il plaira à d’autres. Je le définirai comme un roman d’atmosphère, il règne une ambiance à laquelle je me suis laissée prendre. La narratrice, part en train sur les bords du lac Baïkal pour retrouver un homme qu’elle a aimé Gyl, et dont elle n’a plus de nouvelles. Ce voyage est l’occasion de renouer tous les fils qui font d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui. Cette pérégrination vers ce qu’elle est, avait commencé quelques années auparavant lors de sa rencontre avec une femme très âgée, sa voisine du dessous, Clémence Barrot, une ancienne modiste qui ne sort plus guère et à qui elle lit des histoires. Elle la retrouve le plus souvent possible installée sur son canapé rouge, -d’où le titre- .

Cette femme est riche d’une histoire d’amour qui s’est brutalement terminée en 1943. Paul a été fusillé par les Allemands, il avait été recruté par le PCF et était entré dans la résistance. Clémence garde une photo prise sur les bords de la Seine, qu’elle cache derrière le canapé. Ils avaient 20 ans, ils étaient amoureux, ils étaient beaux et la mort a tout arrêté. Clémence en veut terriblement aux Nazis et un peu au communisme qui lui a enlevé son amoureux. On retrouve un des éléments qui a constitué le passé d’Anne et Gyl, ils étaient tous les deux utopistes et voulaient changer la société. Gyl, n’a pas supporté que le communisme s’arrête et c’est pourquoi il est parti en Sibérie pour faire revivre ce en quoi il croit. Clémence aime les histoires qu’Anne lui raconte, il faut dire qu’elle choisit des femmes au destin étonnant, la brigandine Marion du Faouët, Olympe de Gouge, et Miléna Jezenska.

C’est l’autre élément qui construit le destin d’Anne : toutes ces femmes qui ont ont lutté jusqu’à la mort pour s’accomplir. Et puis il y a les livres qui l’habitent, Dostoïevski et Jankélévitch qu’elle a apportés avec elle pour ce voyage. Mais surtout, le plus important c’est de croire en la rencontre amoureuse. Tout cela provoque son départ et son voyage vers Gyl, mais en chemin elle croise Igor et s’il ne se passe pas grand chose avec lui, c’est un personnage important du voyage. Cette traversée de la Russise et son arrivée à Irkoutsk lui permettent de prendre conscience de ce qu’elle était venue chercher : elle même plus que Gyll. Hélas ! à son retour Clémence n’est plus là, elle ne pourra donc pas savoir qu ‘Anne a enfin trouvé ce qu’elle cherchait.

Citations

Fin d’une utopie

Je n’étais pas seule à percevoir cette insidieuse érosion des certitudes qui avaient emballé notre jeunesse, mais ce qui m’effrayait c’était le sentiment, que partageaient quelques-uns de mes amis, de ne rien pouvoir d’autre que de m’abîmer dans ce constat. J’avais lu dans un roman à propos de la mort des théories, « On se demande jusqu’à quel point on les avait prises au sérieux ». J’en voulais à l’auteur pour sa cruelle hypothèse. Ce monde rêvé, cette belle utopie : être soi, pleinement soi, mais aussi transformer la société tout entière, pouvaient-il n’être qu’enfantillages ? Nous consolaient-ils seulement d’être les héritiers orphelins des dérives commises à l’Est et ailleurs, que certains de nos aînés avaient fait semblant d’ignorer ?

Nostalgie

Sans aucun doute, Igor était né après la mort de Staline, et je me demandais ce qu’il me répondrait si je prononçais ce nom. J’aurais pourtant aimé lui dire combien son pays avait habité nos esprits, les cruelles désillusions qu’i l nous avait infligées, et comment ce voyage me ramenait à des années lumineuses où le sens de la vie tenait en un seul mot : révolution.

Fin d’un amour

Je me souviens aussi qu’en ouvrant la porte, j’avais en tête une phrase d’Antonioni,  » Je cherche des traces de sentiments chez les hommes ». Je l’avais dit un jour à l’homme qui me quittait sans l’avouer, par petites trahisons successives. Nous faisions notre dernier voyage. En entrant dans la chambre après des heures d’errance dans une ville où nous nous perdions, je lui avais dit ces mots comme s’ils 
étaient les miens et il avait pleuré. Je le voyais pleurer pour la première fois. La fatigue alourdissait nos corps, nous avions fait l’amour dans une sorte de ralenti, d’engourdissement, il continua de sangloter dans mon cou, j’aurais aimé que ces minutes ne s’arrêtent jamais, tout se mélodrame délicieux nous séparait avec une infinie douceur, contenait à lui seul le temps vécu ensemble.

 

16 Thoughts on “Le Canapé Rouge – Michèle LESBRE

  1. C’est mon préféré de l’auteure et je le relirais volontiers.

    • Je l’ai connu grâce à mon club,et j’ai bien aimé aussi. Je trouve que sa quête d’un homme que finalement on ne rencontre pas, est originale et beaucoup plus proche de la vie que ce que l’on peut lire dans beaucoup de romans.

  2. Je me souviens seulement que j’étais un peu mitigée… je n’avais pas trop aimé le style…

    • Moi j’ai aimé son style et l’ambiance. Ce garçon qu’elle recherche et que l’on voit apparaître dans le ressenti d’une autre femme cela m’a beaucoup plu. Cet Igor qui la trouble m’a aussi beaucoup intéressé. Mais c’est vrai que je me suis demandé plusieurs fois pourquoi j’aimais tant ce roman il peut sembler un peu vide.je n’ai pas aimé la fin. Trop idéale et qui ne correspond pas à ce sue lon vient de lire.

  3. Lu (à cause du Transsiberien)

  4. Je n’ai pas réussi à entrer dans ce roman, tant pis !

  5. Je n’ai pas lu celui là mais c’est une auteure que j’apprécie

  6. Depuis le temps que je veux découvrir Michèle Lesbre, ce serait sans doute le roman parfait pour commencer.

  7. Me plairait-il ?

    • Je ne sais pas car je reconnais que je me suis laissée séduire par un charme assez léger. J’ai aimé aussi sa quête amoureuse. Mais pas la fin qui j’en suis presque sûre t’agacera aussi. (Mais que je ne te raconte pas!)

  8. Bonjour Luocine, pas encore lu de roman de Mme Lesbre. J’ai la petite trotteuse qui m’attend. Sinon, ceci n’ayant rien à voir avec cela, j’ai appris qu’avec les intempéries récentes, la plage de Dinard avait souffert. J’espère que tout va rentrer dans l’ordre. Bonne soirée.

    • Bonjour Dasola,
      Un livre qui a du charme et qui m’a plu. Pour les plages de Dinard ce n’est que du sable déplacé quand on voit le désespoir des gens dont les maisons sont envahies par l’eau… c’est plus simple de se remettre de cela. C’est vraiment gentil de penser à moi. Merci et à bientôt
      Luocine

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