Après « Avant que les ombres s’effacent » , voici ma deuxième rencontre avec cet auteur. Et ce récit a été encore un vrai plaisir de lecture, au moins pour les trois quart, j’avoue avoir été moins intéressée par le personnage de Laura qui termine l’histoire de cette étonnante famille italienne, romaine, plus exactement. D’un côté la famille maternelle représentée par une comtesse qui est la quintessence de la noblesse catholique italienne. Le talent de l’auteur c’est de nous la rendre drôle même quand elle tyrannise toute sa famille ; il faut dire qu’elle a eu beaucoup de mérite de garder à flot cette famille car son mari qui ne pense qu’à ses maîtresses a dilapidé toute la fortune la sienne et presque toute celle de sa femme. Il fallait « paraître » et organiser des réceptions pour le gotha romains et cela « la comtesse » sait le faire mieux que tout le monde à Rome. Sa fille, Elena va épouser Giuseppe, un enfant d’une vieille famille juive romaine, le pendant de la comtesse, c’est Zia Rachele qui est la bonté même . Grâce à Giuseppe on découvrira le sort des juifs sous le fascisme et leurs difficultés, même s’ils ont survécu, à oublier leur peur. Dans cette grande maison vit aussi un concierge tout dévoué à Rachele et toute la famille. Ce sont des juifs non pratiquants, mais la soeur de Giuseppe partira vivre en Israël, même si toute sa famille cherche à l’en dissuader, elle partira quand même mais deux ans après l’avoir annoncé.
J’ai moins aimé le personnage de Laura la fille d’Elena et de Giuseppe qui va d’errance en errance sans que l’on sache bien pourquoi, elle permet à l’auteur de décrire les années noires de l’Italie , celles des attentats et des engagements politiques hasardeux. Laura risquera même d’y être mêlée de plus près qu’elle ne l’imaginait en fréquentant son professeur spécialiste de la littérature russe. Elle ne rêvait que d’une aventure sexuelle et sera fort déçue de ne pas parvenir à ses fins. Les rapports de Laura et de sa famille en particulier sa jalousie vis à vis de sa soeur m’ont carrément ennuyée. Dommage, car j’étais bien avec tous les autres membres de sa famille.
Ce qui fait le charme de cet auteur c’est son style et son humour et c’est sans doute plus facile d’avoir de l’humour sur des événements moins tragiques ou plus lointains que les attentats qui ont endeuillé l’Italie des années de jeunesse de Laura .
Extraits
Début.
« NONNA » ADÉLAÏDE, la grand-mère maternelle de Laura, autrement nommée la « comtessa », qui tenait à ce titre de noblesse hérité du défunt père des enfants -le seul apport conséquent de celui-ci à leur union, selon les dires de la vieille dame-, descendant d’une longue lignée d’aristocrates désargentés .
Un bilan de vie séquelle raconte avec humour.
Au delà de la crainte de lier les dernières années que Dieu lui concédait de vivre avec un tire au flanc libertin et de l’imposer qui pis est, à ses enfants et petits-enfants, elle n’avait nulle envie d’exposer aux yeux d’un inconnu sa nudité chiffonnée – elle n’était pas si décatie non plus. En dernière analyse, si elle n ‘avait connu, bibliquement parlant, que le père de ses enfants, se faire secouer tel un prunier par un érotomane, au moment de se mettre au lit en quête de sommeil bien mérité, ne lui manquait pas le moins du monde, sauf à tisser une liaison qui viendrait l’aider à redorer les lustres ternis au fil des ans…. On n’était jamais à l’abri d’une bonne surprise, n’est ce pas ?
Humour.
Non par conviction républicaine, si tant est qu’il eût jamais une conviction dans la vie, hormis l’entrecuisse des femmes ….
J’adore cette grand mère .
Elle avait des principes auxquels elle n’aurait dérogé pour rien au monde, comme laisser choir dans sa gorge quelque breuvage que ce fût qui n’eût transité par de la porcelaine de Limoges ou du pur cristal taillé de Murano, le rebord dûment doré à l’or fin.
Le passage par les psychologues (Leur fille, Laura, demande à ses parents d’aller voir un psychologue )
… sans s’imaginer un instant qu’avec son mari, ils ouvraient la boîte de Pandore et engageaient leur fille sur une voie tordue de plusieurs décennies, où elle irait de gourou à gourou dans une éternelle insatisfaction. L’un lui laisserait entendre qu’elle était un haut potentiel intellectuel, normal d’être incomprise de la majorité des êtres humains, de niveau plutôt moyen, voire médiocre ; l’autre la traiterait comme une servante, la rabaisserait plus bas que terre, ramassant les miettes dès qu’elle ferait mine de changer de boutique, mais tous lui expliqueraient la nécessité vitale de payer à prix d’or leur écoute, de la budgétiser au même titre, si ce n’est en priorité, que se nourrir et d’avoir un toit sur la tête.
Le style de l’auteur semble intéressant !
Oh que oui. Et l’histoire aussi.
Je connais l’auteur, oui il est agréable à lire, alors pourquoi pas? (et puis l’éditrice, j’aime)
Un bon moment de lecture même si j’ai une réserve pour le personnage de Laura.
Moi aussi j’ai aimé « Avant que les ombres s’effacent », c’était drôle et enlevé malgré le sujet.
Il a un style qui me va bien cet auteur. J’aime lire ses livres.
Je n’ai pas été totalement convaincue par « Avant que les ombres s’effacent ». J’ai aimé le sujet, fort instructif, et son humour, comme le souligne Sandrine, qui rend la lecture fluide, mais j’ai eu du mal à m’y plonger vraiment, ayant trouvé l’ensemble un peu trop « lisse » (d’un point de vue stylistique).
Du coup, je suis un peu réticente à relire cet auteur.
moi je préfère toujours l’allusif au démonstratif et dans le premier j’avais appris la position d’Haïti par rapport à l’extermination des juifs e cela m’avait beaucoup intéressée
Tu me donnes envie de découvrir cet auteur.
je suis contente car les deux romans que j’ai lus de lui m’ont bien plu
J’ai été moins emballée que d’autres par Avant que les ombres s’effacent… je vois le commentaire d’Ingannmic et je me reconnais tout à fait dans ce qu’elle dit !
le portrait de la l’aristocrate romaine vaut vraiment le détour.
je me disais que le nom de l’auteur me rappelais quelque chose. Je l’avais sélectionné dans le cadre du mois consacré à l’Amérique latine pour Haïti mais je ne savais pas trop à quoi m’attendre et je ne suis pas allée jusqu’au bout du programme que je m’étais fixé. Je note que son style te plait beaucoup ainsi qu’à Sandrine et Ingannmic.
Le style et aussi les sujets qu’il choisit de raconter . Sur Haïti je ne savais absolument pas ce qu’il avait raconté dans son roman.
Les extraits me plaisent bien alors pourquoi pas pour découvrir cet auteur ?
Oui pourquoi pas ? Mais encore faut-il avoir le temps pour tout lire.
J’avais beaucoup aimé son premier roman ; je le relirai volontiers une deuxième fois.
c’est pour moi aussi, un auteur que j’aime bien et je n’oublierai pas de sitôt le portrait de la « comtessa »
Merci pour ton billet. J’avais noté il y a longtemps « Avant que les ombres s’effacent » quand il fut le lauréat du Prix Orange, mais je n’ai pas encore franchi le pas.
J’aime bien cet écrivain celui-ci m’a beaucoup plu pour les trois quart.
J’aime bien l’écriture dans les extraits que tu a mis.
Ah tant mieux il a une très belle plume.