Édition « les Éditions de Minuit »

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Deuxième lecture réussie pour le club de cette année. Un livre qui se lit très vite mais qui ne s’oublie pas. L’auteur grâce à une écriture très sensible, raconte le destin d’un enfant appelé « M. » fils d’un soldat français et d’une femme allemande.

Ce n’est pas lui qui nous raconte cette histoire mais le petit fils du soldat français : Malcusi époux d’une femme de 86 ans, Imma. Il apprend le jour de l’enterrement de ce patriarche au caractère peu commode l’existence de cet enfant. Il va partir à la recherche de ses souvenirs et des souvenirs des siens. Imma ne veut pas entendre parler de cette histoire et exige de son petit-fils qu’il cesse cette recherche.
Peu à peu le voile qui cache ce secret de famille se déchire et la vérité à la fois simple et tragique va apparaître.

J’ai appris qu’il y a eu beaucoup d’enfants ayant un père français en Allemagne et tous auraient bien voulu retrouver leur père qui, pour la plus part, ont fui à toute jambe leurs responsabilités.

Parlons du style : d’abord ce que j’aime moins, je n’arrive pas à comprendre le pourquoi de l’absence de majuscule au début des paragraphes. Je ne comprends pas pourquoi non plus le personnage de l’enfant est appelé « M. », j’ai quelques hypothèses mais pas de réponse. De la même façon la femme dont il est en train de se séparer s’appelle aussi « A ».

Mais ce n’est rien par rapport à mon plaisir de lecture, on sent à quel point la révélation de l’existence de cet enfant a transformé la vie du narrateur. Le récit de l’oncle âgé qui a reçu « l’enfant dans le taxi » est bouleversant. Peu à peu, le portrait du grand-père Malcusi s’enrichit mais pas à son avantage ! Je trouve très fort de démarrer le récit avec un personnage positif et de finir avec un homme si peu sympathique ! D’ailleurs sa propre femme revit après son décès : cette veuve très joyeuse fait tout ce qu’elle n’avait pas pu faire du temps de son mariage : apprendre à nager et voyager dans des endroits les plus pittoresques.

Le narrateur, qui est écrivain, est sans doute plus sensible aux malheurs de « M » qu’il est lui-même en pleine séparation avec la mère de ses deux enfants. Les salons du livre auxquels il participe ne suffiront pas à lui remonter le moral.

Un beau roman bien servi par une écriture à laquelle j’ai été très sensible, malgré quelques partis-pris de style que je ne comprends pas.

 

 

Citations

Le début.

 Ce matin-là, elle aide son père à fendre le bois dans la cour. Il a neigé toute la nuit, le sol est blanc, maculé de boue aux endroits qu’ils piétinent. Depuis une heure elle lui présente l’une après l’autre les bûches, ramasse chaque fois le coin dans la neige pour le replacer à l’aplomb d’un nouveau rondin, le buste penché en avant le bras crédit dans l’attente du coup de masse.

Ne pas faire de vagues.

 À l’éternel impératifs de « ne pas faire de vagues » : quelque chose comme un ordre supérieur aux allures de glacis, chape de silence devenue invisible à force d’habitude, d’autant plus puissante que paisible, sans aspérité, sans prise, puisque tous les secrets sont faits de cette pâte innocente, habillée des meilleures intentions, parée de souci du prochain : si je ne t’ai rien dit c’était pour ton bien. Puisque depuis toujours dans l’ordre des familles le crime c’est de vous parler, jamais de se taire.

La vieillesse triomphante.

 Souriant comme chaque fois qu’elle constatait par contraste le délitement de tel ou tel cousin pourtant de vingt ans plus jeune qu’elle.
 Ah oui toi aussi tu l’as vu récemment.
 Baissant brusquement la voix pour chuchoter. 
Tu as vu ce coup il a pris.
Un de ces coups le pauvre, ça m’a fait de la peine. Rien à voir avec moi.
Cela dit avec un sérieux soudain qui manquait me faire éclater de rire. 

Portrait d’une femme efficace .

 La mère qui n’avait jamais voulu voir M., jamais voulu entendre parler de M., jamais voulu se demander si son refus de le rencontrer était légitime ou non, simplement c’était ainsi, cela lui coûtait trop de repenser à tout ça, elle ne voulait repenser à rien et pourquoi aurait-il fallu qu’elle se force. La mère dont l’inclination en tout, toujours, consistait à faire place nette. Des ronces. Des vieux objets. Des blessures. Des souvenirs 

L’enfant du taxi qui voulait voir son père et à été reçu par un oncle.

 Trois jour remplis de douceur et d’amour au terme desquels je l’ai d’un commun accord remis dans le train en sens inverse, si bien qu’il est reparti, avait continué Louis, la fameuse erreur de jeunesse de Malusci est reparti renvoyé à sa mère qui a pensé quoi du récit rapporté par le gamin, pensé quoi de le voir revenir si vite quand elle croyait peut-être lui avoir dit adieu pour des années. 
trois jours forts gravés dans la mémoire de Louis qu’il avait dû retenir son l’émotion, attendre que le tremblement de sa voix cesse avant de raconter la lettre que Jacqueline et lui avaient une semaine plus tard reçue, écrite dans un français maladroit qui la rendait encore plus belle, une lettre dans laquelle M. nous remerciait joyeusement, avait dit Louis une lettre dans laquelle il racontait avec humour qu’il mettait tout le temps ma chemise, dormait dans mon pyjama
grâce à vous je me suis senti comme un fils terminait le bref courrier qui ne disait pas un mot de l’humiliation infligéee par Malusci, ne formulait les pas une plainte, pas avoir un regret, ne montrait pas un seul signe d’amertume
 grâce à vous je me suis senti.comme un fils.

 

 

20 Thoughts on “L’enfant dans le taxi – Sylvain PRUDHOMME

  1. Tu donnes très envie de le lire. Ton club de lecture est épatant, trop loin de chez moi, dommage…

  2. keisha on 26 octobre 2023 at 07:47 said:

    Je vois bien tes bémols. ce roman est à la bibli, mais a priori ne m’attirait pas.

  3. Je n’accroche pas aux histoires racontées par Sylvain Prudhomme… Son style me plairait, si ce qu’il raconte me parlait un peu… J’ai essayé à deux reprises, mais non !

  4. le thème me plait mais je crois que je n’ai jamais lu l’auteur, je suis tentée par un essai et voir si il est transformé

    • certaines postures de style ne m’ont pas convaincue mais sinon j’ai bien aimé l’histoire et découvert ses enfants né de soldats français en allemagne

  5. Tu es enthousiastes mais tes bémols concernant le style me refroidissent un peu.

  6. J’ai abandonné le premier roman de Sylvain Prudhomme à cause du style. Je n’accrochais vraiment pas. Je suis un peu méfiante à l’idée de refaire une tentative, pourtant ici l’histoire m’intéresse. On n’en parle jamais de ce problème-là, toujours des femmes tondues en France, mais pas de ce qu’on pu faire les hommes en Allemagne. Je pourrais tenter en bibliothèque.

    • Le sujet c’est plutôt le secret de famille à propos d’un enfant né en Allemagne d’un père français. Il semble qu’il existe un nombre conséquent d’enfants de père français nés en Allemagne après guerre. Le style est parfois agaçant pour des détails mais beau dans l’ensemble.

  7. Moi non plus, le style de cet auteur ne m’a pas convaincu à la lecture de Par les routes … Et en lisant les extraits que tu as choisis, ça me confirme que ses choix stylistiques ne sont pas pour moi. Tant pis pour l’histoire …

    • C’est bizarre, il est vrai qu’il y a des partis pris stylistiques agaçants et pourtant j’ai aimé son style et surtout cette histoire et la façon dont elle est racontée.

  8. Une lecture qui me fait de l’oeil depuis sa sortie.

  9. J’ai beaucoup entendu parler du cas inverse : les enfants de soldats allemands nés en France, mais pas de l’inverse et cela m’intéresse beaucoup ! Je ne connais pas cet auteur et n’ai donc pas d’a priori. Vu ton enthousiasme, il mérite que je lui donne sa chance ;-D

  10. Je ne comprends pas , j’ai l’impression de venir régulièrement sur ton blog, et là, quand je vois le nombre de billet que j’ai en retard, je me dis… que le temps passe très vite !
    Bon à priori, pas top tentée par ce genre d’histoire. Je passe !

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