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B.D que je dois à Jérôme et Noukette et aussi à une irrisistible envie de me faire du bien. Voilà une histoire où des gens s’aiment, savent se le dire et que je ne trouve pas « gnangnan » pour autant. Sans doute à cause de la part de rêve que ce dessinateur sait mettre dans son récit. Et puis, j’aime bien ce dessin où il y a plein de petits détails à découvrir, on peut rester sur une planche rien que pour le plaisir des yeux. Je l’avais achetée pour mes petits enfants, mais je vais la garder pour moi, ils la liront à leur prochaine visite. Ma collections de BD à propos de personnes âgées augmente après Mamette, les Vieux Fourneaux , voici ce merveilleux grand-père chinois J’espère que comme moi, mes petits enfants seront sensibles à ce genre de phrases, même quand la vie devient difficile :

Pépé avait raison chacun doit croire en sa chance

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Livre lu grâce aux billets de Mior et de Galéa, je les remercie pour cette lecture. Bien sûr , nous avons tous et toutes, lu beaucoup de livres sur la persécution des juifs pendant la guerre. Mais chaque cas est unique, et la grande originalité de ce témoignage c’est qu’il a été écrit à chaud , pendant et juste après les événements. Cela fait penser à « Suite française » de Irène Némirovsky, tout en étant moins littéraire c’est quand même très bien écrit. Françoise Frenkel a une passion : les livres et en particulier ceux des écrivains français. Grâce à des études littéraires de très bon niveau, à la Sorbonne, elle ouvre une librairie française à Berlin en 1921. Ce lieu devient vite, grâce à sa culture, un haut lieu de la civilisation française en Allemagne. Hélas les nazis détruiront ce beau rêve et malheureusement pour elle, son origine juive et polonaise la met en grand danger. En 1939, elle arrive à Paris, puis se réfugie à Nice, en danger partout elle veut fuir en Suisse où l’attendent des amis. Son récit s’arrête lorsqu’elle pose les deux pieds dans ce pays où elle a pu survivre. Elle raconte avec précision, d’abord sa joie de créer à Berlin un lieu de culture française, puis son exil dans une France trop vite occupée et enfin sa fuite vers la Suisse, cela permet au lecteur de partager le quotidien d’une femme qui cherche à s’échapper de la nasse qui se referme inexorablement sur elle et ses relations.

Elle nous montre toute la diversité des réactions des Français, ceux qui sont dans l’évidence de la main tendue, comme ce couple de coiffeurs, qu’on a envie d’embrasser tellement ils sont intelligents et gentils, et puis ceux qui sont indifférents ou hostiles, une gamme de réactions qui sonnent tellement vraies. Françoise Frenkel tient à souligner l’attitude des Savoyards, c’est dans cette région qu’elle a senti le plus de compassion et le maximum d’aides pour ceux qui étaient traqués par la milice ou la Gestapo. Un livre prenant donc et indispensable au moment où des hommes et des femmes sont à nouveau traqués par une idéologie mortifère.

L’introduction de Patrick Modiano est superbe, on comprend très bien pourquoi il s’est retrouvé dans ce témoignage lui qui a vécu la guerre sans la défense d’un milieu familial protecteur et qui a ressenti comme Françoise Frenkel, les valeurs humaines se déliter et le danger planer sur la moindre rencontre de personnalités plus ou moins bizarres. Il nous dit aussi que ce livre qui a paru en 1945 et qui a été totalement oublié ne livre pas l’intimité de l’écrivain mais que ce n’est pas si important. Mais, je dois être une femme de notre époque, car j’aimerais bien savoir, pourquoi elle ne nous parle pas de son mari, mort à Auschwitz, comment elle avait quand même un peu d’argent pendant la guerre, et surtout si de 1945 à 1975 elle a été heureuse à Nice. Oui j’aimerais en savoir plus sur cette femme si pudique et si courageuse.

Citations

Ambiance à Nice parmi les réfugiés

Un grand nombre de réfugiés se préparaient à l’émigration. Ils comptaient sur un parent plus ou moins proche, sur un ami, ou sur l’ami d’un ami, sur des connaissances établies dans de lointaines parties du monde et qui les aideraient, pensaient-ils, à réaliser ce projet.

Ils entretenaient une correspondance laborieuse, à mots couverts, lançaient des télégrammes coûteux, demandaient des affidavits, des visas, recevaient des réponses, des contre-demandes, des questionnaires, des circulaires qui engendraient une nouvelle vague de correspondance.

Ensuite, ils stationnaient des matinées entières devant les consulats pour apprendre que tel ou tel document manquait, n’était pas conforme aux prescriptions ou se trouvait inexact. Lorsque quelques-uns sortaient avec un visa, ils étaient regardés comme des phénomènes, comme des bienheureux !

Les départs étaient peu nombreux

L’exilé et la guerre

Le fond de cette existence était l’attente, canevas où un espoir toujours plus mince et une pensée de plus en plus morose brodaient ensemble des arabesques nostalgiques

L’âme humaine

Un fond de sadisme doit être caché en tout homme pour se dévoiler lorsqu’une occasion s’en présente. Il suffisait qu’on ait donné à ces garçons, somme toute paisibles, le pouvoir abominable de chasser et de traquer des êtres humains sans défense pour qu’ils remplissent cette tâche avec une âpreté singulière et farouche qui ressemblait à de la joie.

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Un trajet Saint-Malo – Paris en découvrant le pays Dogon. Merci pour ce conseil de lecture Maggie. Le roman a deux principaux intérêts une enquête policière, qui est sans mystère. On comprend très vite les enjeux du conflit qui opposent des jeunes pervertis par l’argent, aux anciens du village respectueux des traditions du pays des Dogons. L’autre intérêt ce sont justement ces traditions. Et aussi, celles de toutes les composantes du Mali. On se sent bien avec ce commissaire Habib et son assistant Sosso, on comprend leurs réactions très cartésiennes face ce qu’on voudrait leur faire prendre pour de la magie. Une question restera sans réponse : l’assassin est-il le pire personnage de cette sombre histoire ?

Si j’ai aimé la première partie de ce roman, et la plongée dans cette culture qui a fasciné tant d’ethnologues, la seconde moitié où l’enquête policière doit être résolue m’a beaucoup moins plu, et j’ai même alors trouvé que les réalités africaines étaient trop caricaturées. Je suis décidément extrêmement difficile pour la littérature policière et donc, je ne suis pas un très bon juge. Si ce roman vous tombe sous la main, mes réserves, ne doivent pas vous arrêter, Koussa Konake m’a quand même permis d’oublier complètement le train et les passagers entre Saint-Malo et Le Mans ( un peu trop court pour aller jusqu’à Paris) , j’étais sur les routes cabossées entre Mopti et le pays Dogon, malgré les nombreux rappels de la restauration me disant que la voiture Bar était dans la voiture 14 et que des plats de grande qualité m’y attendaient.

Citations

Vivre dans des milieux hostiles

Ces terres arides, rocailleuses, ravinées, où tout porte l’empreinte d’une érosion sans fin, sont à l’image de la vie rude de leurs habitants. Ici, il n’y a que la sueur de l’homme pour faire verdir les rochers. Si, quelque fois, un marigot offre son eau, c’est juste pour assurer la survie. La nature n’écrase pas l homme, elle le minimise.

La religion en pays Dogon

Il arrive qu’une mosquée ou une église de ciment détonne dans cet univers tellement uniforme, mais on sent qu’elles attendent un Dieu qui n’est pas d’ici. Car le Dieu des Dogons n’a besoin ni de mosquée ni d’église. C’est Amma et il vit en chaque chose, dans chaque objet sculpté, dans l’âme de chaque Dogon.

Humour, après une conversation avec le ministre de l’intérieur

– Il a toujours été comme ça, jovial, sympathique, dynamique. Un vrai séducteur. On ne peut pas dire le contraire. Il est éloquent aussi, c’est sûr.
– Mais paresseux.
– Ben oui, on ne peut pas tout avoir.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard 

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Ce roman est une lente déambulation, parfois poétique, dans un corps qui commence à vieillir, dans le deuil d’un ami proche, dans la création artistique. Rien n’est très difficile pour ce cinéaste, sa vie est douce sans aspérité, Philippe Claudel a créé un personnage d’aujourd’hui qui a la chance de pouvoir encore aimer et être aimé. Il se laisse aller à la tristesse car son ami qui avait de l’énergie pour deux a été vaincu par un cancer. Commence alors pour lui une réflexion sur la vie, la mort et le vieillissement. Le titre du roman vient de cette civilisation des Toraja qui font une place très particulière aux morts et aux funérailles.

J’ai été très touchée par cette image des tout petits bébés que l’on enterre dans le tronc des arbres pour qu’ils puissent continuer à grandir, en quelque sorte. Ce livre se lit sans déplaisir certains passages m’ont bien plu car ils expliquent assez bien ce que je ressens quand l’âge s’attaque à mes forces vitales. Pour autant, sans le club, je n’aurais certainement pas lu ce roman et je ne sais pas s’il peut vraiment plaire à un large public.

Citations

Nous enterrons nos morts. Nous les brûlons aussi. Jamais nous n’aurions songé à les confier aux arbres. Pourtant nous ne manquons ni de forêts ni d’imaginaire. Mais nos croyances sont devenues creuses et sans écho. Nous perpétuons des rituels que la plupart d’entre nous seraient bien en peine d’expliquer. Dans notre monde, nous gommons désormais la présence de la mort. Les Toraja en font le point focal du leur. Qui donc est dans le vrai ?

Le vieillissement

Vous entrez dans la phase que j’appelle « le corps inamical ».

Pendant des années, vous avez vécu avec lui, en lui, en parfaite osmose, dans un équilibre qui vous satisfaisait : vous l’entreteniez du mieux que vous pouviez, et il vous procurait en échange ce que vous attendiez de lui, au moment où vous l’attendiez, performances physiques, amoureuses, plaisirs alimentaires, sensations… Puis le temps a lentement érodé votre partenaire. Vous avez senti peu à peu sa présence, je veux dire sa marque, son usure, son défaut à vous suivre.

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Vous avez été nombreux à dire du bien de ce roman, Keisha, Jérôme, Noukette, je savais donc que je le lirai. Un roman vite lu sur un sujet tragique : la maladie mentale . C’est une jeune femme extraordinaire qui est malade, elle a su se faire aimer d’un homme inventif et très drôle . L’amour est ici un feu d’artifice , brûlant et pétillant. L’enfant, au milieu d’adultes aimant la vie et s’aimant si fort que rien n’aurait dû pouvoir les séparer , se construit son monde et ses jugements sur les adultes qui l’entourent. Un monde de fête et d’absence totale de convention. Bien sûr on se laisse prendre, qui peut résister à la voie de Nina Simone et à tant d’amour. En plus c’est vraiment plein d’humour et de moments très drôles.

Malheureusement pour bien connaître la maladie mentale je me sens un peu mal à l’aise : je n’ai pas connu de moments de vraies fêtes avec des bipolaires, mais j’ai vu, même quand ils semblaient gais et inventifs à quel point ils souffraient. C’est ma réserve pour ce roman, mais je ne veux priver personne d’imaginer que l’on peut se sentir heureux dans la folie, ça fait une très belle histoire, c’est certain.

J’ai, depuis peu, lu plusieurs billets qui expriment également des réserves sur l’aspect joyeux de ce livre et de la folie. Dasola par exemple.

Citations

Début du roman (comment ne pas lire la suite ?)

Mon père m’avait dit qu’avant ma naissance, son métier c’était de chasser les mouches avec un harpon. Il m’avait montré le harpon et une mouche écrasée.
– J’ai arrêté car c’est très difficile et très mal payé, m’avait-il affirmé en rangeant son ancien matériel de travail dans un coffret laqué.

Dialogue entre ses parents

À cette époque, je l’ai toujours vu heureux, d’ailleurs il répétait souvent :
Je suis imbécile heureux !
Ce à quoi ma mère répondait :
– Nous vous croyons sur parole Georges, nous vous croyons sur parole !

La réalité de la maladie mentale

Après des années de fêtes, de voyages, d’excentricités et d’extravagante gaîté, je me voyais mal expliquer à mon fils que tout était terminé, que nous irions tous les jours contempler sa mère délirer dans une chambre d’hôpital, que sa Maman était une malade mentale et qu’il fallait attendre sagement de la voir sombrer.

Et pour écouter cette superbe chanson de la grande Nina Simone sur laquelle les parents ont tant dansé…

« I knew a man Bojangles

And he danced for you
In worn out shoes
With silver hair, a ragged shirt
And baggy pants, the old soft shoe
He jumped so high, he jumped so high
Then he lightly touched down
Mr. Bojangles, Mr. Bojangles
Mr. Bojangles, dance ! »

https://www.youtube.com/watch?v=eAW3y5l6Dm4

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème roman épistolaire.

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Ce n’est pas exactement un roman épistolaire, mais l’auteure, Fanny Chiarello, s’est amusée à écrire son roman, à travers des lettres, le journal intime de Carlotta , des comptes rendus de police, des articles de presse, et pour finir de la pièce de théatre qui a été composée à partir de la vie de cette cantatrice.

Que s’est il donc passé (qui m’a si peu intéressée) ? Une cantatrice au sommet de sa gloire disparaît pendant 15 jours, puis revient. Le monde du spectacle ne lui pardonnera jamais cette escapade. Je me demande à qui peut plaire ce roman ? Aux lectrices de la presse people, là où vous apprenez tout sur les amours des chanteuses, actrices et personnel politique ? Je ne le le crois pas parce que dans notre société où même notre président s’échappe du palais de l’Elysée en scooter pour rejoindre sa nouvelle maîtresse, cette histoire doit sembler bien anodine.

Alors, ce roman peut-il plaire aux gens qui comme moi, n’ont aucun intérêt à ce genre d’anecdotes et qui savent trop bien que cette presse peut terriblement nuire à la réputation des personnes ? Si je peux me considérer comme un bon exemple, ça ne m’intéresse pas du tout que cette femme ait eu besoin d’une aventure avec un portier de l’hôtel pour exister. Je ne vois donc, que les amateurs de puzzles pour s’y intéresser puisqu’il faut sauter d’un texte à l’autre pour reconstituer peu à peu toute cette pitoyable histoire. Bref ce livre n’est vraiment pas pour moi, je n’ai même pas eu envie de recopier, pour vous, le moindre passage.

Mais Mior avait aimé alors lisez son avis, cela permet de se faire une meilleure idée peut-être.

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Roman étonnant et que je n’aurais jamais lu sans le Club. J’ai vu que cette auteure a dédié son livre à Nelly Arcan, que je ne connaissais absolument pas. J’ai cherché à comprendre et je me suis rendu compte que ces deux auteures avaient en commun de s’être beaucoup exposées dans les Médias. Nelly Arcan s’est suicidée, et Camille Laurens a fait, subi et gagné un certain nombre de procès. Bref, c’est une adepte d’un genre qui me touche rarement « l’autofiction », à force de se dévoiler dans des romans, on en souffre mais cela peut être le moteur d’une écriture particulière et qui a trouvé son public. Ce roman est vraiment un roman moins auto-fictionnel que d’autres, et même si sa vie lui sert de trame de fond, il a l’avantage d’être également construit de façon littéraire intéressante. Il a pour sujet une manipulation sur Facebook, Claire un peu par vengeance d’un homme qui l’a repoussée parce qu’elle a vieilli (du moins, c’est ce qu’elle pense), décide de créer un profil d’une femme de 25 ans sur Facebook. Commence alors une correspondance, et un lien virtuel entre elle et le meilleur ami de cet homme, et une passion amoureuse partagée par les deux personnages.

Une grande partie du roman parle de ça : du désir, de celui qui disparaît chez l’homme quand la femme de son quotidien vieillit. C’est aussi un roman sur la création littéraire et la façon d’exister au monde à travers ce pouvoir que possède l’écrivain. Au cœur de la vie parisienne, Camille Laurens connaît bien la puissance des rumeurs, des ragots . Elle commence son livre en comparant deux couples célèbres du « Tout Paris » , celui de Moscovici qui a 30 de plus que sa dernière femme sans que cela ne choque personne et Macron qui a 20 ans de moins et dont le couple apparemment est souvent sujet de quolibets. Bien loin de toutes ses réalités qui ne m’intéressent pas vraiment, je partage son avis, le vieillissement de la femme est différent de celui de l’homme, l’âge se marque différemment chez les deux partenaires. Mais pour être entourée de gens très âgés, je vois aussi que passé 80 ans les femmes s’en sortent plutôt mieux côté séduction.

Ce livre m’a souvent agacée, et parfois intéressée, le genre « ragot » ce n’est vraiment pas ce qui peut me retenir, en revanche, la manipulation sur Facebook et le danger qu’il y a à entretenir une relation virtuelle est bien analysé. Comme je plains les personnes réelles qui entourent cette écrivaine, elles peuvent un jour se retrouver dans ses romans et les comptes qui se règlent par écritures interposées ressemblent plus à une guerre civile qu’à une œuvre artistique.

Citations

L’aide quand on va mal

Vous êtes médecin ou seulement psychologue ? Quelle différence, remarquez ? Ce que je n’aime pas dans votre discipline, votre prétendue science, c’est qu’elle ne change rien. Vous avez beau savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, vous n’êtes pas sauvé pour autant. Quand vous avez compris ce qui vous fait souffrir, vous souffrez toujours. Aucun bénéfice. On ne guérit pas de ce qu’on rate. On ne reprise pas les draps déchirés.

Internet et Facebook

Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente, on ne peut pas faire son deuil d’une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices qui hantent la toile, ai lieu de se déliter on se relie . Ne serait-ce que la petite lumière verte qui indique que l’autre est en ligne ! ah la petite lumière verte, quel réconfort , je me souviens.

Humour

C’est comme cette épitaphe sur la tombe d’un Américain au Père-Lachaise. Sa femme a fait graver : « Henry, je sais enfin où tu dors ce soir. »

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Livre très étonnant qui, parfois, est très énervant et parfois très passionnant, et très amusant , bref il est très, très, très …. Je pense que sans le club, je ne serais pas allée jusqu’au bout, Or, cela aurait été vraiment dommage car j’ai eu parfois de véritables moments de bonheur. Avant d’essayer de vous expliquer, je vous raconte mon premier énervement, cela ne concerne pas le roman mais la maison d’édition. Acte Sud édite des livres petits formats que l’on doit tenir à deux mains si on veut les lire, car sinon ils se ferment, ça m’énerve beaucoup.

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Je le tiens d’une main, pour la photo mais déjà il se referme et empêche la lecture.

Judith est une femme de plus de soixante dix ans, elle vient de perdre l’homme qu’elle aimait et souffre beaucoup de son absence. Elle vit à New-York et a une amie, Janet qui est plus âgée et qui a décidé de résister à sa façon aux affronts de la déchéance physique de la vieillesse. Judith est française et a fui sa mère, son frère, la France qui n’ont pas su la retenir quand elle avait 18 ans. Je ne peux en dire plus sur cette souffrance dévoilée seulement à la fin du roman. Mais plus que le dévoilement de cette meurtrissure, ce que j’ai beaucoup aimé dans le roman ce sont des courts de moments de vérité qui m’ont absolument enchantée. Par exemple , la scène ou Judith regarde des cars entiers de touristes se précipiter vers le stand de glaces après leur visite de l’usine Ben et Jerry est absolument jouissive. Puis son regard s’arrête sur un couple discret qui attend sagement son tour pour avoir enfin le droit de profiter de ce qui semble la récompense suprême de cette visite : acheter leur cornet Ben et Jerry, surgit alors leur dragon de guide qui leur intime l’ordre de remonter immédiatement dans leur car sans leur glace…

Tout ce voyage en car d’excursionnistes sous la houlette d’une guide peu patiente est criant de vérité. Judith finira par faire un rêve où elle s’imagine au paradis mais celui-ci a la forme du plus grand Mall dans lequel elle ne soit jamais allée. L’autre moment que j’ai aimé c’est quand les deux amies se souviennent , l’une de l’odeur du café, l’autre du rimmel et puis soudain se retrouvent dans un souvenir commun, elles étaient unies dans un même spectacle de théâtre, l’une a sans doute habillée l’autre. Et pourtant, elles ne s’étaient pas reconnues.

Alors un très bon roman ? (qui en plus s’accompagne de la lecture de Céline). « Le bout de la nuit » de Judith , c’est dans sa jeunesse qu’il faut la chercher. Cette quête rend le livre lourd et laborieux, il y a une lenteur qui en rend la lecture difficile. C’est d’autant plus étonnant, que le texte est comme parsemé de moments de plaisir. Il se veut aussi et surtout une réflexion sur la vieillesse et le sort que l’on réserve aux vieux dans nos sociétés. Peut-être que l’auteur a voulu trop en dire , et en conséquence de quoi son roman manque d’unité, on n’y retrouve pas le mouvement qui entraîne le lecteur à tourner de plus en plus vite les pages.

Citations

Le passage qui m’a fait accrocher au roman

Je n’ai rien contre les romans non plus, mais souvent je leur trouve un goût d’artifice, je perçois le petit bruit de fond de leurs rouages ; on veut me conduire quelque part, à l’aveugle prétendument, mais les décors et les accessoires censés m’aiguiller ont quelque chose d’arbitraire, de falsifié.

Une phrase simple mais vraie

la jeunesse n’est jamais l’âge du doute mais de l’excès de certitudes.

La tenue des personnes âgées qui partent en excursion

Tous semblaient s’être donné le mot pour enfiler, ce matin-là, de similaires combinaisons de jogging, en molleton mou, aussi seyantes qu’un pyjama, marquées pour certain du logo de leur marque de fabrication, combinaisons qui ne les flattaient franchement pas et évoquaient l’uniforme réglementaire d’une institution spécialisée qui leur aurait accordé une autorisation de sortie exceptionnelle.

Une définition de la vieillesse

Profiter, oui, pardon, j’étais arrivée à l’âge où ma fonction sociale était de profiter, y compris de la vacuité.

20160307_145754Traduit de l’américain par Françoise Cartano.

Quand j’ai appris la nouvelle de la mort de Pat Conroy, je me suis sentie triste, et ne pouvant pas participer ni de près ni de loin au deuil qui doit toucher profondément ses proches, j’ai décidé de relire « le prince des Marées » ; roman qui m’avait profondément marquée en 2002.

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Ma relecture attentive de ce gros roman (600 pages) m’a remis en mémoire tout ce que j’aime chez cet auteur. Tout d’abord, son formidable humour et j’ai encore bien ri à la lecture de la scène où sa grand mère entraîne ses petits enfants dans le choix de son cercueil, au milieu de tant de souffrances d’une enfance ravagée par la violence d’un père et de l’insatisfaction de sa mère, ce petit passage où Tholita (la grand-mère) finira par faire pipi de rire sur les azalées du centre ville est un excellent dérivatif aux tensions créées par les drames dans lesquels la famille Wigo est plongée.

J’ai de nouveau apprécié la construction romanesque : nous connaîtrons peu à peu les drames successifs de la famille à travers l’effort que doit faire le personnage principal, Tom, pour aider la psychiatre de sa sœur jumelle, Savannah, à s’y retrouver dans le délire psychotique de celle qui est aussi une poétesse admirée du tout New-York des lettres. Ce procédé permet de rompre la chronologie et de croiser plusieurs histoires. « Le prince des marées » est un roman foisonnant et généreux le drame est toujours mélangé à une énergie vitale qui permet de supporter les pires vilenies des humains. C’est peut être le reproche qu’on peut faire à ce livre , cette famille est vraiment touchée par une série de drames trop horribles. Parfois on se dit : c’est trop ! mais peu importe, c’est si extraordinaire de découvrir le Sud des États Unis sous plusieurs facettes : le racisme ordinaire, la religion, le côté bonne éducation, la force des éléments.

Enfin ce livre est un hymne à la nature et les descriptions vous emportent bien loin de votre quotidien. C’est le genre de roman que l’on quitte avec regret chaque soir et que l’on voit se terminer avec tristesse. Bravo Monsieur Part Conroy d’avoir su écrire sur l’enfance martyrisée en gardant la tête haute et votre merveilleux sens de l’humour ; et merci, vos livres ont fait voyager tant de gens vers un pays dont vous parlez si bien.

Citations

Sa rage contre les parent destructeurs

Les parents ont été mis sur terre dans le seul but de rendre leurs enfants malheureux.

Un des portrait de sa mère

Ma mère se baladait toujours comme si elle était attendue dans les appartements privés d’une reine. Elle avait la distinction d’un yacht – pureté de ligne, efficacité, gros budget. Elle avait toujours été beaucoup trop jolie pour être ma mère et il fut un temps où l’on me prenait pour son mari. Je ne saurais vous dire à quel point ma mère adora cette période… Maman donne des dîners prévus plusieurs mois à l’avance et n’a pas le loisir de se laisser distraire par les tentatives de suicide de ses enfants.

Folie de sa sœur

Depuis sa plus tendre enfance, Savannah avait été désignée pour porter le poids de la psychose accumulée dans la famille. Sa lumineuse sensibilité la livrait à la violence et au ressentiment de toute la maison et nous faisions d’elle le réservoir où s’accumulait l’amertume d’une chronique acide . Je le voyais, à présent : par un processus de sélection artificiel mais fatal, un membrure de la famille est élu pour être le cinglé et toute la névrose, toute la fureur, toute la souffrance déplacées s’incrustent comme de la poussière sur les parties saillante de ce psychisme trop tendre et trop vulnérable.

Portrait d’une méchante femme de sa ville natale

Ruby Blankenship pénétra dans la pièce, royale et inquisitoriale, ses cheveux gris brossés sévèrement en arrière, et les les yeux fichés comme des raisins secs dans la pâte molle de sa chaire. C’était une femme immense, gigantesque, qui faisait naître une terreur immédiate dans le cœur des enfants. À Colleton, elle était perçue comme « une présence », et elle se tenait sur le pas de sa porte d’où elle nous observait avec cette intensité singulièrement ravageuse que les personnes âgées qui détestent les enfants ont su élever au rang des beaux-arts. Une partie de sa notoriété locale était due à l’insatiable curiosité que lui inspirait la sante de ses concitoyens. Elle était l’hôte omniprésente de l’hôpital autant que du funérarium.

Dialogue avec sa mère

Je n’aurais pas dû avoir d’enfants, dit ma mère. On fait tout pour eux, on sacrifie sa vie entière à leur bonheur, et ensuite ils se retournent contre vous. J’aurais dû me faire ligaturer les trompes à l’âge de douze ans. C’est le conseil que je donnerais à n’importe quelle fille que je rencontrerais.
– Chaque fois que tu me vois, Maman, tu me regardes comme si tu voulais qu’un docteur pratique sur toi un avortement rétroactif.

Humour

Les enseignants américains ont tous des réflexes de pauvres, nous avons un faible pour les congrès et foire du livre tous frais payés, avec hébergement gratuit et festin de poulet caoutchouteux, vinaigrette douceâtre et petits pois innommables.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. où il a obtenu un coup de cœur sans aucune hésitation.

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Quel roman ! On est pris par le récit parfois palpitant, par les descriptions de si beaux paysages, par l’évocation de personnalités romanesques, et puis par cette guerre qui a failli tout détruire. Le Liban c’est le pays de mes amis, et cette photo le raconte : entre les gâteaux qu’ils m’offrent et cette nappe qu’ils ont fait broder pour moi, j’ai placé ce livre qui m’a fait revivre les histoires qu’ils m’ont maintes fois racontées. Ces grandes familles libanaises qui, au delà de leur confession, s’entendaient parce qu’ils aimaient leur pays et savaient trouver les alliances pour le tenir en équilibre. Les grandes familles étaient, chrétiennes, chiites, druzes ou sunnites. Elles étaient avant tout libanaise, et ce doux pays aux vergers incomparables vivaient en se respectant. Certes les classes sociales étaient très marquées, et les amours devaient servir à conforter des alliances financières, mais au-delà de ces contraintes la vie était belle. Les réfugiés palestiniens, chassés de leurs pays ont apporté les premiers troubles, et puis, on connaît les enchaînements tragiques.

Cette grande famille des Hayek* alliée aux Ghosn*, est mise à mal par la mort du patriarche et la guerre qui se passe à leur porte. À l’intérieur de leur superbe villa, Marie la femme, et Mado la belle sœur, qui cultive sa haine pour la femme de son frère se livrent une guerre sans merci. C’est également une des réussites du roman : cette guerre fratricide qui suit les aléas de l’autre guerre.

Sans trop dévoiler le roman, le titre « la Villa des femmes » permet de se dire qu’elles arriveront peut-être à s’unir pour lutter contre la destruction ambiante. L’avant-guerre, ce Liban des grandes familles nous entraîne dans un monde merveilleux, celui des princes et des princesses, mais au  XX°siècle. J’ai adoré la scène où toute la maisonnée galope sur de beaux pur-sang pour récupérer les chevaux qui se sont échappés. On sent le vent, les odeurs , la mer .. on rêve. J’ai adoré aussi la scène ou Mado crache son venin sur sa belle-sœur : c’est de la tragédie grecque et Médée n’est pas loin. Bref, je suis enthousiaste et la petite note qui me fait du bien, c’est écrit dans un français superbe parce que dans ce Liban là, la langue de la civilisation des idées et de la littérature c’était la mienne, la nôtre le français.

* La famille Hayek d’origine libanais existe vraiment, et inutile de présenter aux Français la famille Ghosn

Citations

Des histoires de cimetières et de mesquineries

Dans la voiture, elle se mettait en colère et marmonnait dans mon dos contre son frère qui laissait faire, qui donnait son accord pour que fussent inhumés là une vieille femme ou un vieillard trépassés simplement parce qu’ils s’appelaient Hayek . « On n’est plus entre nous, ni sur nos terres ni en dessous » grommelait-elle.

L’amour romantique

Badi’ les accompagne souvent, et voilà la messe est dite, regards équivoques, rougeur sur les joues de Marie qui petit à petit est gagnée par l’audace, qui s’isole avec Badi’, encouragée par ses cousines, et tout le monde évidemment joue avec le feu parce que l’on sait très bien que le mariage de Badi’ et Marie est impossible. Mais on s’amuse, on élabore des scénarios, on essaie de les faire exister, la vie pour un moment est comme un roman.

La guerre et les milices

De jeunes guerriers oisifs, en chemise de corps et qui paraissaient au courant de nos ennuis, si nous avions bien affaire à Salloum dit le Vicieux. J’opinai et je les vis échanger une moue qui semblait signifier que nous n’étions pas au bout de nos peines… Le domaine recommença à être envahi. les miliciens reprirent leurs aises de tous côtés.

À ne pas lire par les anti-divulgâcheuse : la dernière phrase du roman

Et, dans le formidable mais déraisonnable espoir que tout cela recommencerait, il ramena son regard vers les choses qu’il avait sous les yeux et qui portaient les traces de l’usure, du temps, et me demanda : « Bon, alors, par quoi commence-t-on ? »