Lu dans le cadre de masse critique de Babelio.



Je me souviens que le résumé de ce livre m’avait attirée car on y parlait de la guerre en Abyssinie en 1936. C’est une guerre dont on parle peu mais qui m’a toujours intéressée et révoltée. L’Éthiopie d’aujourd’hui est aussi un pays qui m’intrigue et qui semble avoir un dynamisme où l’on retrouve cette fierté nationale dont parle ce roman. Je ne regrette pas d’avoir dérogé à mes principes et d’avoir répondu à « Masse-critique ». Ce roman historique qui commence en 1936, en Éthiopie pour se terminer à Rome en 1945, est passionnant et a d’étranges résonances avec la période actuelle. L’auteure Theresa Révay à choisi comme héroïne principale une correspondante de guerre. C’est une idée géniale car cela lui permet d’exercer son regard critique sur tous les points chauds du globe à l’époque. De la guerre d’Espagne à la montée du nazisme à l’entrée en guerre de l’Italie fasciste de Mussolini en passant par les guerres du désert et de la vie à Alexandrie. Elle aura tout vu cette sublime Alice et tout compris.

Le seul point faible du roman c’est cette superbe histoire d’amour entre ce prince italien et la belle correspondante de guerre américaine. Mais il fallait bien un amour pour relier entre eux des événements aussi tragiques. J’avoue que je n’y ai pas trop cru, c’est un peu trop romanesque mais ce n’est pas là l’essentiel. L’important c’est de revivre ces époques et se demander si le monde n’est pas à nouveau en train de partir sur des pentes aussi dangereuses que dans ces moments tragiques. Lire le récit de tous ces épisodes dans un même roman cela fait peur car l’enchaînement tragique était évitable sans la mollesse des consciences dans les démocraties. Le Nazisme a vraiment la palme de l’horreur et pourtant Mussolini et Franco n’étaient pas des anges. Je verrais bien ce roman dans une série, chaque guerre constituant une saison ; on aurait alors le temps d’aller au bout des dessous des conflits. Je crois, par exemple, que le public serait content d’en apprendre plus sur la façon dont les Italiens se sont conduits en Abyssinie.

Citations

Les armes chimiques en 1936 en Abyssinie

Après la grande Guerre, les armes chimiques avaient pourtant été proscrites aux termes d’une convention internationale ratifiée par l’Italie. Leur usage était un acte scandaleux et méprisable.

Le correspondant de guerre

Les relations avec les hommes d’État ressemblaient à un jeu de poker. Il fallait garder l’esprit clair, dissimuler ses pensées tout en obtenant qu’ils dévoilent les leurs.

Description qui permet de se croire au Vatican : sœur Pascalina

Le voile sombre ondulé ondulait sur ses épaules. Sa jupe effleurait le sol, dissimulant ses pieds, si bien qu’on avait l’impression qu’elle flottait au-dessus d’un pavement de marbre

Portrait d’Hemingway à Madrid en avril 1937

En face d’elles, un grand miroir se fendilla sur toute sa hauteur. Hemingway, torse bombé, gesticulait en cherchant à rassurer son auditoire. Le célèbre écrivain s’était d’emblée imposé comme le cœur ardent de la bâtisse. Non seulement parce qu’il stockait dans ses deux chambres, outre d’innombrables bouteilles d’alcool, des jambons, du bacon, des œufs, du fromage, de la marmelade, des conserves de sardines, et des crevettes, du pâté français t d’autres victuailles improbables en ces temps de pénurie, mais aussi parce que sa ferveur à défendre la cause républicaine et son tempérament homérique laminaient son entourage.

L’histoire d’amour

Ainsi allait le monde d’Umberto. Elle était consciente de ne pas y avoir sa place. (…) Elle mesura encore une nouvelle fois combien Umberto était écartelé entre sa vie de famille et les moments qu’il lui accordait. (…) A son corps défendant, une pointe douloureuse la transperça et elle regretta d’être devenue une femme amoureuse tristement banal.

Le fascisme

Je viens d’entendre le cri nécrophile « Viva la muerte ! » Qui sonne à mes oreilles comme « À mort la vie ! » s’était écrié le philosophe, avant d’ajouter : Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincre parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincre pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. » Ses adversaires, fou de rage, avaient hurlé : « À mort l’intelligence ! »

Le nazisme

Pour être innocent sous le Troisième Reich, il fallait être enfermé dans un camp de concentration ou mort.

 

 

Un livre vite lu et certainement vite oublié, je ne comprends absolument pas pourquoi cette auteure mêle sa vie sentimentale à ce récit. J’ai essayé de comprendre, puis j’ai lu en diagonal son histoire d’amour torride avec « P » le séducteur. En revanche, j’ai bien aimé la description de sa famille pied-noir. Le portrait de sa grand-mère est criant de vérité. Cette femme si digne , aux cheveux colorés et permanentés, au visage parfaitement maquillé a raconté à sa petite fille ses souvenirs de « là-bas₩ » c’est à dire de son Algérie natale qui n’a vraiment rien à voir avec le « crime contre l’humanité » dont à parlé un politique. Les Montaya sont des Espagnols pauvres qui ont réussi à fertiliser un bout de terre très aride de la campagne oranaise : Misserghin. Toute la famille a vécu dans le souvenir de ce lieu, et l’auteure décide son père à retourner en Algérie. Elle ne sait pas si elle a raison de l’y entraîner, finalement, il l’en remerciera. Dès que son père s’est retrouvé sur les lieux de son enfance, il s’est senti beaucoup plus à l’aise qu’en France où il a toujours été un homme timide et réservé. Les liens entre l’Algérie et la France, à travers les rencontres que le père et sa fille sont amenés à faire avec des algériens de toutes le générations sont décrits de façons sincères et subtiles cela montre que nous sommes bien loin des déclarations simplistes et polémiques des politiques sur ce sujet.

 

Citations

La mémoire de mon père m’impressionne. Celle d’Amin, me stupéfie. Ce n’est pas celle d’un garçons d’une trentaine d’années qui aime avant tout s’amuser et dont le caractère a priori joyeux n’a rien de nostalgique. En aucun cas il ne peut s’agir de ses propres souvenirs, on les lui a transmis. Il a reçu l’Algérie française en héritage, comme moi.

traduit de l’anglais américain par Laura Derajinski. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

J’ai beaucoup hésité entre 3 ou 4 coquillages, car j’ai beaucoup aimé le début de ce roman et beaucoup moins ensuite. J’ai aimé cette petite Caitlin qui s’abîme dans la contemplation des poissons à l’aquarium de Seattle en attendant sa mère qu’elle adore. Un vieil homme s’approche d’elle et un lien amical et rassurant se crée entre eux. Toute cette partie est écrite avec un style recherché et très pudique. On sent bien la solitude de cette enfant de 12 ans dont la maman travaille trop dans une Amérique qui ne fait pas beaucoup de place aux faibles. J’ai aimé aussi les dessins en noir et blanc des poissons ; Bref, j’étais bien dans ce roman. Puis catastrophe ! commence la partie que j’apprécie beaucoup moins, ce vieil homme s’avère être le grand père de Caitlin, il a abandonné sa mère alors que sa femme était atteinte d’un cancer en phase terminale. Commence alors un récit d’une violence incroyable et comme toujours dans ces cas là, j’ai besoin que le récit soit plausible. Je sais que les services sociaux américains sont défaillants mais quand même que personne ne vienne en aide à une jeune de 14 ans qui doit pendant une année entière soigner sa mère me semble plus qu’étonnant. Ensuite je n’étais plus d’accord pour accepter la fin, après tant de violence, j’ai eu du mal à accepter le happy end. On dit que c’est un livre sur le pardon, (je suis désolée d’en dire autant sur ce roman, j’espère ne pas trop vous le divulgâcher) , mais c’est justement ce que le roman ne décrit pas : comment pardonner. Bref une déception qui ne s’annonçait pas comme telle au début.

Citations

Sourire

Il s’appelle comment ?

Steve. Il joue de l’harmonica.
C’est son boulot ?
Ma mère éclata de rire. Tu imagines toujours le monde meilleur qu’il n’est, ma puce.

Le monde de l’enfance déformé par les parents

Tout est possible avec un parent. Les parents sont des dieux. Ils nous font et nous détruisent. Ils déforment le monde, le recréent à leur manière, et c’est ce monde-là qu’on connaît ensuite, pour toujours. C’est le seul monde. On est incapable de voir à quoi d’autre il pourrait ressembler.

 

 

Oui, je suis allée jusqu’à Trans qui sur Wikipédia s’enorgueillit de sa seule ( ?) gloire locale Alain Rémond, pour faire ma photo. Le village a peu changé car il est en dehors des circuits touristiques, il est en tout cas en hiver, d’une tristesse palpable. Le garnit n’est pas une pierre très gaie, même si elle est très solide !

Ce petit livre est depuis plus de 10 ans dans ma bibliothèque, je l’avais lu à l’époque (en 2000) je l’ai beaucoup prêté et je viens de le relire. Il se trouve que je connais bien la région dont il parle qui d’ailleurs n’a plus rien à voir avec le côté bout du monde où il a grandi, sauf, cependant, son village : Trans-la-forêt , et encore ! J’ai vécu aussi dans une de ces familles nombreuses de l’après guerre et il se trouve que la maladie mentale me touche de près. Est-ce pour toutes ces raisons que cette courte autobiographie me touche tant ? Alain Rémond était quand il a écrit ce texte rédacteur en chef de Télérama. Il raconte l’enfance qu’il a vécue à Trans à 15 kilomètres du Mont Saint Michel . C’est un enfant du monde rural très pauvre, car dans sa famille, ils sont 10 enfants à vivre de la paye de son père cantonnier. Leur vie est à la fois chaleureuse par la force d’amour de la fratrie et de sa mère et horrible par la mésentente violente de ses parents. Ce qui fait le charme de ce texte c’est le style tout en pudeur et délicatesse même quand il parle de sa sœur Agnes schizophrène ou bipolaire( ?) . La vie est rude dans le monde rural d’après guerre et seule la force de travail de ses parents tirera la famille d’une misère extrême. Il a aimé ses deux parents qui ne s’aimaient plus, ses courses dans la forêt où il se sentait libre pour tous des jeux d’aventures, sa fratrie et le grenier de sa maison où ils inventaient des jouets qui ne devaient rien aux objets modernes. Mais il a souffert de la mésentente de ses parents, souffert de voir sa mère s’user à la tâche après la mort de son père, souffert d’aller en pension et d’y rester tous les dimanches, souffert d’être le « plouc » par rapport aux bourgeois de Dinan. Mais quelle belle revanche d’y recevoir le prix d’excellence et de voir le sourire de sa mère le jour de la distribution des prix  ! Un témoignage qu’on n’oublie pas d’une époque qui doit sembler bien lointaine pour les jeunes d’aujourd’hui.

 

Citations

Le poids et la force de l’enfance

On ne guérit pas de l’enfance. On ne guérit pas du paradis terrestre. On voudrait que ça dire tout le temps, toute la vie. On voudrait vivre dans une bulle, bien au chaud, qui nous ferait oublier le reste, l’enfer à la maison le soir. et puis la mort de notre père. Et ce silence entre nous. Ce gros bloc de silence noir qui nous empêche de respirer.

Les paroles d’un père sur son lit de mort

Et voici que mon père, avec ce sourire fatigué, sans doute aussi pour faire oublier le père lointain, étranger, qu’il a été, trouve le courage de nous dire combien il nous aime, beaucoup mieux que dans les livres. C’est nous qui n’avons pas su lui répondre, trop interdits, trop bouleversés. J’en veux à mon père, pour tout ce qu’il ne nous a pas donné, pour cette violence dans la maison, pour tout ce qu’il a fracassé en moi. Mais je lui pardonne tout, pour ces mots qu’il a su trouver, en ce dimanche d’été, je lui pardonne tout.

La revanche sociale et le bonheur de sa mère

« Prix d’excellence, Alain Rémond de Trans » C’était la revanche des bleds paumés, des trous perdus, de la campagne oubliée. Mais la vraie récompense, c’était celle-ci : ma mère, venue exprès de Trans, assise au milieu de tous ces gens bien habillés, qui entendait mon nom et qui me regardait descendre de l’estrade avec mes prix. Le regard et le sourire de ma mère, ce jour-là, dans la cour d’honneur des cordeliers, à Dinan, jamais je ne les oublierai.

La sœur malade et tant aimée

Et puis, surtout, il y a Agnès. Je comprends peu à peu, au fil des lettres qu’elle est malade. Pas d’une maladie du corps. Agnès est malade de l’âme, de l’esprit. Elle ne sait plus ce qu’elle veut, ce qu’elle vit , elle glisse peu à peu vers une absence à elle-même, à la vie(….) Agnès avait toujours été pour, pour moi, celle qui riait, qui blaguait, qui débordait d’idées. Elle avait plein d’amis, elle était dynamique, elle voulait faire bouger les choses et les gens. On était tellement proches, tous les deux, tellement complices. On avait des discussions ininterrompues, passionnées. On avait les mêmes goûts, les mêmes dégoûts (….° Peut-être est-elle, parmi nous tous, celle qui a dû payer le prix de cette schizophrénie, en nous : entre le bonheur d’être ensemble, d’être à Trans, et ce trou noir du malheur, ce silence qui nous rongeait de l’intérieur, l’enfer à la maison. peut-être Agnès a-t-elle payé pour nous.

Traduit du Finnois par Anne Colin Du Terrail. Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

Il faut dire que cela me plaisait assez de lire un roman traduit du finnois, ma bibliothécaire m’avait prévenue, c’est un auteur complètement déjanté , mais ce roman-là lui semblait presque « normal ». Je ne sais pas si je n’avais pas le cœur à rire, mais au bout de la page 112, je commençais à être écœurée par tant de méchancetés et j’ai commencé à survoler rapidement. Je dois dire que l’humour finnois est un peu lourd pour moi. Je verrai mieux ce livre en BD, (ça me va bien de dire ça ! Je ne lis que très peu de BD). Disons que c’est un peu l’esprit « Hara-kiri » . Pour ceux qui aiment le genre, je raconte le début : une gentille vieille dame est harcelée par un horrible neveu et ses deux complices et aura toutes les peines du monde à se débarrasser de ces êtres nuisibles. Même dans l’au-delà, ils continueront à lui nuire mais j’en dis peut être trop. Je vous recopie un passage pour que vous appréciez l’humour, si vous aimez allez-y ce livre est plus pour vous que pour moi !

Citations

la société finlandaise vu par l’horrible neveu qui a toujours vécu sans travailler, (cela fait réfléchir sur le revenu universel !)

La société finlandaise et ses criantes inégalités nourrissaient leur amertume. Comment admettre, par exemple, que la pension de Linnea Ravaska atteigne cinq mille marks ? Le seul et unique mérite de cette vieille toupie avait été de vivre avec son croulant de colonel. La pension de Kake (le neveu) ne représentait qu’une infime fraction de celle de sa tante. Et il croyait savoir que certains veinards dans ce pays, pouvaient toucher jusqu’à dix mille marks et plus ? Qu’avait-il donc fait pour être condamné à un sort aussi minable ? Rien. L’écart était encore plus abyssal si l’on comparait sa situation et son mode de vie à ceux de Linnea. De quel droit une frugale petite vieille percevait-elle plus du double de la pension d’un mâle vigoureux qui dépensait pour se nourrir plusieurs fois autant qu’une maigre veuve ? Sans parler de ses autres dépenses : il n’était pas assez cacochyme pour vivoter heureux au coin du feu dans une métairie perdue au fin fond de la brousse. Pour un jeune homme éclatant de santé, vivre en ville revenait horriblement cher, avec les inévitables voyages, les nuits à droite et à gauche. Il devait aussi déjeuner et dîner au restaurant, puisqu’il n’avait pas de domicile convenable, et encore moins de femme pour lui faire la cuisine. Linnea pouvait faire en chemise de nuit, si elle voulait, l’aller retour entre sa ferme et l’épicerie de Harmisto, mais à Helsinski c’était autre chose, s’habiller coûtait une fortune. Quant à s’offrir des cigarettes et de l’alcool, il ne fallait pas y songer. La disproportion des dépenses et des revenus de la colonelle et de son neveu était vertigineuse.
Et si, poussé par le besoin, on se trouvait contraint de voler un peu pour mettre du beurre dans les épinards, on vous collait les flics aux fesses. La Finlande était un état policier. L’action sociale y était digne du Moyen Âge .
Selon Perti Lahtela (le copain du neveu), la responsabilité de cette triste situation incombait aux hommes politiques, et en particulier aux communistes. C’étaient eux qui étaient au pouvoir quand ces misérables lois sociales avaient été votées. Or les cocos appartenaient à la classe ouvrière, et tout le monde savait quelles maigres paies touchaient les prolos . N’ayant aucune idée de ce qu’était un revenu correct, ils avaient fixé les pensions au niveau de leurs salaires. C’était pour cette raison que lui-même votait toujours à droite.

 

 Je ne sais pas depuis quand ce roman était dans ma bibliothèque ni qui l’y a mis. Je n’ai pas souvenir d’avoir voulu le lire, mais c’est chose faite. Est-ce un roman ? un essai ? une autofiction ? Je ne peux pas répondre à ces questions, tout ce que je peux dire c’est que rarement un écrivain aura fait de lui-même un portrait plus déplaisant. En le lisant, je me disais : « quel est le malheur plus grand que de n’être pas aimé ?, de ne pas aimer soi-même ? » et bien j’ai trouvé la réponse « d’être aimé par un écrivain à l’esprit torturé ! ». Car ce « roman russe » raconte la vie d’Emmanuel Carrère, sa mère, son grand père russe et collaborateur des nazis, et l’amour d’ Emmanuel pour une pauvre Sophie qui doit être bien triste de l’avoir aimé. Lui qui, lorsqu’il est angoissé a de l’herpès sur le prépuce. Ne soyez pas étonné que je connaisse ce fait si important, il est dans son roman comme tant d’autres détails dont je me serai volontiers passée. Donc, on connaît tout de ses petitesses dans sa conduite amoureuse, le clou de l’ignominie c’est lorsqu’il lui offre exactement la même bague que Jean-Claude Romand avait offert à sa femme et qu’il l’emmène le soir même une adaptation de son livre « L’adversaire » qui raconte justement les meurtres de Romand. Est-ce que je rejette tout de ce livre ? je me dis qu’il lui a permis peut-être de se reconstruire en étalant ainsi les côtés les plus déséquilibrés de son être et des failles de sa famille. Je trouve aussi que la partie russe résonne assez juste, mais ce dont je suis certaine c’est que si j’avais commencé par la lecture de ce livre je n’aurais plus jamais ouvert un livre de cet auteur.

Citations

Autoportrait peu flatteur

La plupart de mes amis s’adonnent à des activités artistiques, et s’ils n’écrivent pas de livres ou ne réalisent pas de films, s’ils travaillent par exemple dans l’édition cela veut dire qu’ils dirigent une maison d’édition. Là où je suis, moi copain avec le patron, elle l’est avec la standardiste. Elle fait partie, et ses amis comme elle, de la population qui prend chaque matin le métro pour aller au bureau, qui a une carte orange, des tickets restaurants, qui envoie des CV et qui pose des congés. Je l’aime, mais je n’aime pas ses amis, je ne suis pas à l’aise dans son monde, qui est celui du salariat modeste, des gens qui disent « sur Paris » et qui partent à Marrakech avec le comité d’entreprise. J’ai bien conscience que ces jugements me jugent, et qu’ils tracent de moi un portrait déplaisant.

Jugement du principal protagoniste du film Retour à Kotelnitch

C’est bien : et ce que je trouve surtout bien, c’est que tu parles de ton grand père, de ton histoire à toi. Tu n’es pas seulement venu prendre notre malheur à nous, tu as apporté le tien.Ça, ça me plaît.

Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard. Il a obtenu un coup de cœur. 

J’aime à penser que cet homme si bien habillé à côté des nouveaux arrivants qui semblent harassés par leur traversée avec une étiquette collée sur leur chapeau est venu vers Gaëlle Josse afin qu’elle écrive ce roman  :

S’il est quelque chose que j’ai apprise de cette étrange aventure d’écrire, c’est avant tout celle-ci : la liberté de l’auteur, telle que j’ai pu l’éprouver, ne réside pas dans l’invention de figures, de décors et d’intrigues, mais dans l’écoute et l’accueil de personnages venus un jour à ma rencontre, chacun porteur d’une histoire singulière, traversée par quelques-uns de mes questionnements et quelques-unes de mes obsessions.

Lors de ma visite à Ellis Island, haut lieu de la mémoire américaine, comme Gaëlle Josse, j’avais été saisie par les milliers de photos et de noms qui s’imprimaient devant mes yeux comme autant de destins remplis de souffrances et d’espoirs. J’ai gardé cette carte postale car le contraste entre cette cohorte d’hommes aux yeux effrayés et aux habits froissés et cet homme « bien comme il faut » m’avait interpellée. Je comprends qu’on ait eu envie d’écrire un roman sur le dernier gardien, j’en ai voulu au début à Gaëlle Josse de ne parler que de lui, de son amour détruit et d’une jeune émigrée italienne. Tous les autres, les multitudes d’autres, sont des fantômes sans nom en arrière plan du récit. Et finalement, j’ai accepté son parti pris.

L’énorme solitude de ce gardien, face à la multitude de ceux qui ont frappé à la porte de l’Amérique est peut être le meilleur moyen de faire comprendre ce qu’était Ellis Island. C’est un lieu si chargé dans la mémoire collective des Américains mais au moins à cette époque les émigrés ne mourraient pas en mer sur des canots de fortune. Fuir son pays, pour des raisons économique politiques ou religieuses, est toujours une tragédie et être en contact avec ces êtres qui ont tout perdu et détenir une partie de la solution à leur survie est une bien lourde peine.

Citations

Ellis Island

L’île d’espoir et de larmes. Le lieu du miracle, broyeur et régénérateur à la fois, qui transformait le paysan irlandais, le berger calabrais, l’ouvrier allemand, le rabbin polonais ou l’employé hongrois en citoyen américain après l’avoir dépouillé de sa nationalité.

Les émigrés italiens

Ils étaient des conquistadors, des vainqueurs, et leur parole contribuait à l’édification d’une légende sacrée. Leurs lettres, qui mettaient parfois jusqu’à deux mois pour leur parvenir, portaient des timbres colorés de L’US Mail, preuve tangible d’un au-delà des mers. Bien plus qu’une correspondance privée porteuse de nouvelles intimes, ces lettres avaient pour vocation, auprès des membres de la famille restés au pays, d’attester devant la communauté de la réussite des leurs, en faisant l’objet de lectures collectives répétées de foyer en foyer, de café en café, et dont les informations données se trouvaient comportées à l’envi. Le fils de Gironde avait vu de ses propres yeux, des rues pavées d’or…

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Avec ce simple coquillage, je résume complètement ce que je pense de ce livre. Rien ou presque, des personnages dans la caricature la plus totale, une histoire à dormir debout et une morale bien sauve : « il faut être attentif aux vieilles personnes même quand elles ronchonnent ». Un vieux Monsieur Brun risque de se retrouver en maison de retraite parce que sa concierge Madame Suarez (n’allez surtout pas penser que c’est une charge contre les femmes de ménage portugaise, elle est mariée à un Portugais, mais elle est bien française !) cette femme donc ne le supporte pas et avec l’aide de Marion, fille de monsieur Brun, elle essaie de se débarrasser de ce locataire et de son chien. Il y a aussi une petite Juliette qui est une enfant de 9 ans hyper débrouillarde et qui aidera, le vieux Monsieur Brun à sortir de prison pour que le happy-end soit total. Tout le temps de cette lecture, je pestais en pensant aux bons livres que je n’ai pas le temps de lire ! Je pense que des adolescents pourraient s’amuser à cette lecture si tant est que les vieux grincheux et décatis les intéressent.

J’ai plaisir à vous recommander un avis totalement opposé au mien : « Livres et Bonheur »

Citations

un petit sourire trouvé dans ce livre

« CHIEUSE » n’est pas dans le dictionnaire. C’est la meilleure ! Il faudra qu’on m’explique pourquoi on y met que servent jamais ! Est-ce qu’on se sert de « chiffe » ou de « chiton » ? C’est peut-être mon dictionnaire qui est trop vieux. 1993. Les chieuses existaient déjà, non ?

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Il a reçu un coup de coeur. 

J’ai rarement eu un plaisir aussi fort en lecture. Je suis bien dans la langue de cet auteur et avec ses personnages. Je pense aussi qu’une partie de mon bien être vient du contrepoint qu’il apporte à la période que nous vivons en ce moment où tant de gens venant de ces mêmes régions reprennent le chemin de l’exil. En lisant la prose de Raphaël Constant, j’ai ressenti un immense espoir. Espoir que les hommes quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau, leur langue, leur religion, puissent vivre ensemble et façonnent grâce à leurs énergies venant du monde entier une région de notre planète. Je ne savais pas que dès 1920 les « levantins », c’est à dire les Syriens et les Irakiens chrétiens ou musulmans, avaient fui une région touchée par la misère.

Une rue, de Fort de France, porte le surnom de la rue des Syriens, c’est la plus commerçante et c’est là que le personnage dont nous suivons le destin, Wadi, va s’installer et faire fortune. Il aura auparavant quitté son père et sa mère qui vivent en Syrie à Halabiyah (lieu qui vient de connaître une nouvelle destruction et sans doute un nouvel exode). Dès son arrivée il aura la chance de tomber sous la coupe de Fanotte une femme noire qui va lui apporter l’amour physique mais aussi les langues de ce pays : le créole et le français. Grâce à elle et à son incroyable énergie, il va réussir à s’installer et vivre bien en Martinique, sans jamais oublier sa mère à qui il doit ses yeux verts, il la sait malheureuse au pays car elle est la première épouse de son père à qui elle n’a pu donner qu’un fils qui est si loin d’elle.

Le livre croise plusieurs destins, ceux des Syriens qui ont habité cette rue. J’ai été très sensible à la vie de Bachar le cousin de Wadi, il s’est fait chrétien par amour d’une jolie indienne. Le personnage que j’ai préféré c’est Fanotte, son intelligence et son énergie sont les fils conducteurs de ce roman. Elle saura accepter la légitime épouse de son Wadi sans rien perdre de sa superbe : quelle femme ! J’ai aimé entendre toutes ses langues, même si bien sûr il faut les traductions pour que je comprenne le créole, à l’image de ce peuple bigarré les langues sont des marqueurs sociaux très forts mais cela ne les empêche pas de vivre ensemble et de réussir à faire une communauté. Ce n’est pas non plus une image idyllique qui se dégage de ce livre, non c’est une société dure, raciste et implacable pour les faibles mais on sent que la vie est toujours prête à repartir .

Citations

La Syrie après l’empire Ottoman

Là encore, mon père se distinguait parmi les villageois de Halabiyah, qui considéraient les chrétiens d’Europe comme des sauveurs parce qu’ils avaient jeté bas l’Empire ottoman. il aimait à se proclamer, à la grande irritation de certains, Arabe d’abord, Syrien ensuite et enfin sujet de la sublime porte. A l’entendre, cette dernière avait toujours respecté les peuples qu’elle avait conquis, y compris en Europe même, dans une région qu’il désigna comme étant les Balkans. Chaque région jouissait d’une large autonomie et pour peu qu’elle ne rechignât point à payer l’impôt que levait annuellement Istanbul, elle pouvait se développer en toute tranquillité.

 Femme en Martinique

Naître femelle, dans ce pays-là est une sacrée déveine. Non seulement on doit se débattre avec la misère qui ne vous lâche pas d’un pas, mais on doit aussi supporter la scélératesse des hommes. Qu’ils emmiellent avec du beau français appris par cœur ou vous séduisent avec du créole grosso-modo, le résultat est égal : vous vous retrouvez à pleurer toute l’eau de votre corps sur le pas de votre case désertée. Vous avez beau année après année, tenter de vous faire une raison, rien n’y fait ! à chaque fois, vous retombez dans le même piège, mais avec un gros ventre qui augmentera le nombre de vos marmailles.

Le nom des exilés

Il y eut donc les Habib, les Jaar, les Manssour, les Bachar, les Abdullah, les Yacoub, les Ben Amartya, souvent des prénoms que l’administration française, par ignorance, inscrivait comme patronymes. Trop heureux d’avoir atteint les rives de cette terre promise qu’était l’Amérique, les venus du Levant se gardaient bien de protester. Ils comptaient bien mener une nouvelle vie et si le prix à payer n’était que cela, ce n’était pas si grave.

Le style, trois exemples

– Entre le Levant et la Martinique, le courrier prenait ses aises.
– Que son patron se fût laissé aller à lui mignonner l’arrière train, encore moins à exiger qu’elle lui ouvrit son devant.
– Depuis qu’elle suivait l’école du soir, son parler était devenu trop intimidant pour qu’on puisse lui tenir tête, mais d’autres attendaient leur heure. L’aller lui appartient, maugréaient-elles, mais le retour sera nôtre. Patience !

Dicton arabe

Tu es maître des paroles que tu n’as pas prononcées ; tu es l’esclave de celles que tu as laissées échapper

Que j’aime ce passage…

Découvrir que derrière l’étalage de nos rites, l’affirmation têtue de nos croyances, l’entre choc de nos langues et de nos rêves, il n’y avait, dans le fond, qu’une seule et même soif, ne fut pas un mince étonnement.
Soif de tenir tête aux chienneries de l’existence.
Soif de comprendre le pourquoi de celle-ci puisque Dieu semble avoir déserté le monde et que de faux prophètes parlent à Sa place.

L’adaptation en Martinique

Wadi n’avait pas fini d’apprendre dans cette Amérique Martinique où en quatre-vingt ans il avait vécu cent fois plus de choses extraordinaires qu’en dix-sept ans de vie en Syrie. Là-bas , la vie était réglementée depuis us de mille ans, chaque acte était codifiée , chaque parole pesée et soupesée grâce au livre sacré et au hadith, ces faits et gestes du Prophète que des générations et des générations avaient pieusement consignés. Ici à l’inverse, régnaient le précipité, l’improvise, le sauve-qui-peut, l’indifférence au Lendemain, la soif de profiter de chaque instant, le tout enveloppé dans une criaillerie permanente. Comme si les Créoles avaient peur du silence.

Le créole si on le dit à voie haute on peut presque le comprendre

Mandé’y non !  : eh ben pose lui la question

et avec l’intonation

La ! La ! La peut bien vouloir dire : Non ! Non ! Non…

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiatheque de Dinard où il a (grâce à moi) obtenu un coup de cœur.


Un livre étonnant, et encore, pour mon plus grand plaisir, un écrivain qui aime raconter des histoires et qui aime jouer avec la langue et les situations de tous les jours (il me fait penser à Pierre Raufast). Le billet de Sandrine sur son Blog « Tête de lecture » vous montrera que je ne suis pas la seule à avoir été séduite par ce roman. Tout ce livre est construit sur la tension de la révélation de l’origine de la cicatrice du narrateur cachée par l’écharpe drapée autour du cou. Comme je déteste le suspens, j’ai commencé par le chapitre 0 qui termine le roman. Soyez rassurés, je n’en dirai pas un mot dans mon billet, mais j’ai pu ainsi savourer à un rythme plus lent tous les méandres de ce récit qui aboutissent à l’indicible.

Il y a plusieurs façons d’aimer le style de Gilles Marchand, il sait si bien observer l’humanité qu’il nous fait sourire en reconnaissant notre boulangère qui, tous les matins, fait un petit commentaire météorologique, et qui nous interroge toujours au futur.

Et pour vous, ce sera ?

Il nous fait rire quand il répond calmement aux interrogations de son directeur à propos des notes de frais des commerciaux. Il a noté pendant 30 ans « restaurant » « café », alors il s’est amusé à remplacer ces mots si banal par « fausse barbe » « tutu »… On n’est pas très loin de la démission ou du licenciement.

Un soir, son écharpe gorgée de café dévoile à ses meilleurs amis sa cicatrice, il entreprend alors de raconter son enfance pour leur expliquer le pourquoi de ce qu’il a toujours voulu cacher. Ses amis de café après le travail : Lisa la serveuse dont ils sont tous amoureux, Thomas, et Sam entendront donc, s’ils sont aussi patients que l’auditoire qui grandit jour après, le récit de sa vie. Il leur parle de Pierre-Jean son grand père qui l’a élevé en rendant la réalité du quotidien magique pour lui faire oublier le tragique de son passé. Soirée après soirée, les récits de son grand père vont captiver un public de plus en plus nombreux mais la fin, l’explication de tout ce que l’on doit mettre en place pour oublier, ce qui est trop lourd à porter, seuls ses amis l’entendront.

Je n’ai cessé pendant toute ma lecture de noter des passages ou des petites phrases pour les partager avec vous. Je ne suis d’habitude pas très tentée par le fantastique, ni le déjanté, mais grâce à sa langue j’ai tout accepté même le tunnel creusé dans les ordures que la concierge morte depuis quelques mois ne peut plus enlever. Il m’a fait découvrir un air de Beatles moins connu que d’autres (my guitar gently weeps ) et que j’aime bien. Bref un petit régal avec une tragédie, dont vous remarquerez, je n’ai rien dit.

Merci Jérôme de me signaler que Noukette en avait fait un coup de coeur

Citations

Le début en espérant que, comme moi, vous vous direz je veux aller plus loin dans la lecture.

J’ai un poème et une cicatrice.

De la lèvre inférieure jusqu’au tréfonds de ma chemise, il y a cette empreinte de l’histoire, cette marque indélébile que je m’efforce de recouvrir de mon écharpe afin d’en épargner la vue à ceux qui croisent ma route. Quant au poème, il me hante comme une musique entêtante, ses mots rampent dans mon crâne d’où il voudrait sortir pour dire leur douleur au monde. Poème et cicatrice font partie de moi au même titre que mes jambes, mes bras ou mes omoplates. Je ne me sens pas tenu de les examiner pour savoir qu’ils existent. J’ai seulement appris à essayer de les oublier.
Voilà pour mon armoire à souvenirs. J’ai pris soin de le cadenasser solidement et, la plupart du temps, cela marche. C’est la seule solution pour rester à ma manière assez heureux. Mais les cadenas son travail fragiles et il est impossible d’oublier une cicatrice lorsque celle-ci fait office de masque que l’on ne peut retirer.

Un personnage dont je partage les goûts musicaux

Sa seule lacune, « le rock, la pop et leurs frères et sœurs électrifiés » comme il les nomme. Pour lui, la musique n’a pas besoin d’amplificateur.

Le malheur d’être comptable

Quand un interlocuteur me demande ce que je fais dans la vie, il change irrémédiablement de sujet dès qu’il a pris connaissance de la terrible nouvelle : je suis comptable.

Sa boulangère

Il fait froid. C’est ce que m’a affirmé ma boulangère qui a beaucoup de conversation.

La cuisine des solitaires

J’allume le gaz et mets de l’eau à chauffer pour les pâtes. Ce n’est qu’une fois que l’eau bout que je me rends compte que je n’ai pas de pâtes et je me résigne à y mettre un sachet de thé. Moins nourrissant mais mieux que rien.

L’humour

L’arrache cœur…c’était en fait le dernier titre de l’auteur, qui avait laissé sa trilogie inachevée (33 % du projet initial, avais-je pensé, me promettant de ne plus mêler comptabilité et littérature). Alors, la suite, je l’ai imaginée. Mais c’était moins bon. Boris Vian a beaucoup baissé après sa mort.

Petit détail de la vie courante, et c’est tellement bien vu !

Les toilettes sont toujours au fond à gauche. Et si elles n’y sont pas, c’est qu’elles se situent juste en face. Mais on interroge au cas où. De peur peut-être de se perdre ou que le patron ne se demande où l’on va comme ça sans demander la permission et sorte une arme de derrière le comptoir . Personne ne veut mourir parce qu’il n’a pas demandé où se trouvait les toilettes, alors on demande et on attend la réponse : au fond à gauche.

Oh, que OUI !

Mais qu’y a-t-il de pire que de lire un mauvais livre ? Lire le mauvais livre d’un ami… Et je ne veux imposer ça à personne.

Tous les gens malades des bronches peuvent en témoigner.

« Quand tu marches,tu ne regardes pas tes jambes et quand tu respires, tu ne regardes pas tes poumons … »

Ça m’avait troublé et l’espace de quelques secondes, je m’étais concentré sur ma respiration, réalisant à quel point la vie serait pénible s’il fallait se concentrer sur chaque mouvement de sa cage thoracique.

Voilà le style qui m’amuse

Il lui est même arrivé de me faire la bise, pour me souhaiter une bonne année, une bonne santé, un bon anniversaire …. Bernard était un excellent souhaiteur