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Un livre au sujet de Proust rassemblant neuf écrivains appréciant pour des raisons différentes la Recherche, : Laura El Makki, Antoine Compagnon,Raphaël Enthoven, Michel Erman, Adrien Goetz, Nicolas Grimaldi, Julia Kristeva, Jérôme Prieur, Jean-Yves Tadié.

Ils ont chacun leur Proust et, durant l’été 2013, ils l’ont raconté sur les ondes de France Inter. Je n’écoute pas souvent la radio l’été , mais ce livre me le ferait regretter. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce recueil, il m’a permis de revivre des bons moments de ma lecture de La Recherche , à la vérité les meilleurs moments sont les extraits de l’œuvre de ce si grand écrivain. Je pense que ce petit livre peut amener de nouveaux lecteurs qui ont encore peur du style de Proust. Pour les autres ceux et celles qui lisent et relisent La Recherche, nous nous sentons en communion avec des idées que nous avons eues ou qui nous apparaissent comme justes.

Si je ne suis pas plus enthousiaste, c’est que j’ai trouvé difficile de passer d’un critique à l’autre.C’est un peu comme les nouvelles, mais en plus difficile : on commence par s’installer dans un style dans un mode de pensée et il faut en changer sans en avoir envie. À chaque fois, ça m’a fait perdre les premières pages du penseur suivant car je regrettais la pensée que je venais de quitter. Enfin, il m’a manqué, ce qui pour moi fait le sel de Proust, c’est son humour. Cette écrivain qui croque avec tant de précision toutes les couches de la population est parfois très drôle . Je me souviens de la scène où Françoise est complètement indifférente à la souffrance de la jeune bonne, alors qu’elle est bouleversée à la lecture des mêmes maux dans le livre de médecine du père du narrateur.

En dehors de ces deux remarques, je dois dire que je n’ai pas réussi à quitter ce livre pendant une dizaine de jours et je sais que je le relirai souvent car j’ai toujours du mal à passer beaucoup de temps sans Proust. J’ai enfin relu Sodome et Gomorrhe qui ne m’avait pas plu à la première lecture, et j’ai été contente de lire dans ce livre à quel point Marcel Proust a écrit sans far et sans gêne ce qu’était l’homosexualité à son époque.

Citations

Antoine Compagnon au sujet de Swann et d’Odette et du narrateur avec Albertine

Car la jalousie est une psychologie de l’imaginaire. Pas plus qu’il n’y a de jalousie sans soupçon, pas plus n’y a-t-il en effet de soupçon sans imagination. Or, le propre du soupçon est que notre imagination du possible lacère l’image que nous avons du réel. Dès que nous avons perdu de vue la femme dont nous sommes jaloux, que n’en pouvons nous imaginer ? Où est-elle en ce moment ? Qu’y fait-elle ? Avec qui ? Comment ? Le jaloux tente alors de l’imaginer. En l’imaginant , il se le représente , il le mime intérieurement, il le ressent, il le vit.

Au sujet de l’amour

Il y a donc, à l’origine de tout amour, une sorte d’illusion, de méprise ou de quiproquo . Cette illusion consiste à prendre pour des propriétés objectives de la personne les fantasmes subjectifs que produit notre imagination à son sujet.

Une jolie phrase de Proust citée par Julia Kristeva

Le seul véritable voyage, (…..) ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux.

 Je partage l’opinion de Michel Erman à propos de l’œuvre de Proust

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Il aurait fallu si peu de chose pour que ce livre ne soit jamais écrit : que le placement de Lyes par l’ASE, qui avait si bien commencé dans une famille aimante prête à l’adopter ne quitte la région parisienne. Comme il le dit lui même, ces cinq ans de bonheur normal lui ont sans doute forgé des forces pour être debout aujourd’hui. Ensuite ce sera l’enfer pour lui d’abord, et lorsque les adultes qui auront à s’occuper de lui l’auront bien écrabouillé et détruit en lui, toute trace de naïveté de son enfance, ce sera l’enfer pour tous ceux ou celles qui devront l’approcher.

Il veut témoigner de ce que sont les foyers où on mélange les enfants de 8 ans avec des jeunes de 17 ans, du peu de surveillance de certaines famille d’accueil, de l’absurdité des placements successifs, l’abus de l’utilisation des médicaments lorsqu’un enfant est agité et du mal que peut créer le lien avec la mère biologique au détriment de l’enfant. Un argument donné par son référent de L’ASE pour ne pas le laisser dans la famille d’accueil qui voulait absolument le garder (et qui a su conserver un lien avec lui), c’est que sa mère internée en HP ne gardait que ce fil si fragile pour ne pas sombrer dans une démence encore plus grave.

Encore un témoignage important pour ne pas oublier que dans notre société on est loin de faire tout ce qu’il faut pour des enfants privés de parents responsables, c’est dans ce foyer qu’il prendra conscience qu’il est « arabe » et j’ai lu son témoignage en pensant aux frères Kouachi, ils ont connu eux-aussi aussi l’enfer des foyers, et les éducateurs les trouvaient… « gentils » !

SONY DSCTraduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landed.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Beaucoup de charme à ce roman, et surtout une écriture originale. Déjà repéré chez Dasola. Comment avec une certaine légèreté traiter de la période la plus horrible de l’Autriche : 1938 ? C’est étonnant, mais Robert Seethaller y parvient, on y retrouve l’ambiance des valses de Vienne et des pâtisseries crémeuses. Dans ce pays de cartes postales (qui jouent leur rôle dans ce récit) rien de grave ne devait arriver. Oui mais voilà, les Autrichiens sont aussi des antisémites virulents et lorsqu’il règneront en maître sur Vienne, ils n’auront pas besoin de leur cher Führer pour faire laver les trottoirs à de vieux juifs terrorisés sous l’air goguenard de jeunes en uniforme nazi.

Et pendant ce temps, le jeune Frantz Huchel poursuit son initiation à la vie d’homme, en ne comprenant pas grand chose à l’amour. Mais en apprenant beaucoup sur la façon de fabriquer les cigares, et d’écrire dans la presse des articles qu’il faut savoir décoder. Heureusement pour lui, il rencontre le « Docteur des Fous » et le dialogue qu’il noue avec un véritable « Herr Professor Freud » lui permet de comprendre bien des choses même si l’âme d’Anezca est bien difficile à saisir. Ce roman sans concession pour les Autrichiens de l’époque nous balade dans tous les quartiers d’une ville qui a toujours cultivé un certain art de vivre. Du buraliste qui a perdu sa jambe à la guerre 14 en but à la malveillance de son voisin boucher- sans doute parce qu’il sert du tabac tous les clients juifs ou pas- à l’humoriste qui tourne en dérision Adolf Hitler, à la famille Freud qui se terre dans son appartement, au facteur qui voit la police secrète ouvrir le courrier, tout ce monde se met en mouvement devant les yeux de Frantz et nous montre mieux qu’un reportage l’ambiance de Vienne en 1938.

J’ai beaucoup aimé ce retour vers le passé car, autant l’Allemagne cherche à faire un travail très honnête sur son passé, autant d’autres pays (France y compris), comme l’Autriche cherchent à rendre les nazis allemands responsables de toutes les horreurs qui ont été commises sur leur sol. Dans ce bureau de tabac cent pour cent autrichien, avec un auteur à la plume légère nous voyons bien que le grand frère n’a pas eu à faire grand chose pour pousser cette population à exterminer ou chasser tous les juifs et tous ceux qui n’étaient pas d’accord pour voir la croix gammée flotter au dessus des monuments de leur capitale.

Citations

L’arrivée à Vienne en 1937

Le goût des autrichiens pour les titres

 Dialogue avec un Freud désabusé

Dialogue sur les cigares

– Un cigare de cette qualité n’est pas particulièrement donné.
– C’est parce qu’il est récolté par des hommes courageux sur les rives fertiles du fleuve Juan y Martinez et délicatement roulé à la main par de belles femmes, dit Franz en hochant la tête avec sérieux.
– Encore que, en l’occurrence, je ne me m’explique pas vraiment pourquoi le courage est censé constituer la qualité la plus éminente des cultivateurs cubains, lui opposa Freud.

Initiation du jeune homme naïf

Résultat de son initiation

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Traduit de l’anglais par Bernard TURLE.

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La quatrième de couverture dit que Londres est le personnage principal de ce roman. Effectivement au gré de l’ascension vers la bourgeoisie ou de la déchéance, on se promène de quartier en quartier, à travers le Londres huppé aux zones nettement plus populaires. Ces trois frères, nés à un an d’intervalle, jour pour jour,sont abandonnés par leur mère et connaissent trois destins complètement différents, ils vont tous se retrouver à travers une sordide histoire immobilière.

L’intrigue est bien menée et ce roman peut se lire comme une enquête policière. J’ai beaucoup de réserve à propos de ce roman, les trois frères n’ont aucune consistance , ils sont des caricatures de personnages, l’arriviste journaliste, l’homosexuel, professeur d’université et le doux rêveur. C’est une charge impitoyable de tous les milieux britanniques mais on y croit pas. La peinture de Cambridge est une horreur, je veux bien croire que les intellectuels britanniques soient pitoyables, mais à ce point là on s’interroge quand même sur le fait que la Grande Bretagne ne soit pas un pays complètement sous développé intellectuellement ; évidemment la presse est corrompue, et la classe politique idem. Les coïncidences sont le principal ressort de l’intrigue donc j’imagine que même les amateurs du genre policier vont être déçus.

Citations

L’automne à Londres

Lentement, elle se releva, enfila son manteau et ouvrit la porte d’entrée. Au moment de partir , elle entendit un enfant pleurer, et elle s’aperçut qu’elle pleurait encore. Comme il avait plu, la lumière des lampadaires se reflétait sur le trottoir luisant. L’automne était arrivé deux ou trois jours avant, et la température s’était brusquement rafraîchie. Les Américains, songea-t-elle à part soi, appellent l’automne fall : la chute. 

L’intellectuel professeur de Cambridge

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 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Un grand merci également à Sandrine qui m’avait déjà donné envie de lire ce roman-biographie, le style est absolument magnifique. L’auteur est totalement imprégné de l’œuvre de Ravel , et il veut que son écriture rende compte à la fois du caractère de Ravel, de son inspiration musicale, et de la violence de la guerre 14/18. Je vous conseille une expérience : lire la page 165, en écoutant le concerto pour la main gauche , les phrases plus belles les unes que les autres parlent si bien de la musique que j’ai eu du mal à maîtriser mon émotion.

Quelques notes claires dans les ténèbres, et c’est comme une énorme bulle remontée des profondeurs, gorgée de lumière, qui s’ouvrirait au visage. La souffrance s’éteint, l’angoisse disparaît, et la beauté familière, si mal connue et tout à coup dévoilée, donne son dernier baiser. C’est la vie qui reflue à celui qui la perd, juste avant la fin le meilleur de la chanson.

Je ne connaissais pas la vie de Ravel, et longtemps je ne pouvais citer de son œuvre que Le Boléro. Peu à peu , j’ai appris à aimer sa musique et j’aime beaucoup ce qu’il a écrit pour la voix. Cette biographie lui rend un hommage vibrant et discret, à l’image de ce qu’a été la vie de ce grand compositeur français. Une élégance et une discrétion qui allait de pair avec un engagement total dans ce qu’il croyait. Sa détermination à servir son pays, alors que, trois fois, il avait été réformé par la médecine militaire est admirable, mais ce qui m’a la plus touchée, c’est lorsqu’il refuse après la guerre la Légion d’Honneur. Lui qui avait vu tant d’hommes mourir au combat ne pouvait pas accepter la moindre récompense pour sa musique qu’il savait par ailleurs admirable.

Il faut lire ce livre, pour ressentir la genèse de la création musicale, la vie de ce compositeur hors du commun et pour comprendre la force du patriotisme en 1914, mais par dessus tout il faut le lire pour le style de Michel Bernard qui m’a réconciliée avec la littérature française, c’est un grand plaisir de lire de si belles phrases dans sa langue maternelle.

Citations

Le désir de servir sa patrie

 La guerre

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Encore un roman construit avec de multiples retour en arrière, avec de multiples interpellations directes au lecteur qui ont le don de m’agacer prodigieusement . J’ai détesté ce roman, j’ai eu l’impression d’ouvrir les poubelles de l’histoire. Ce mélange de la vérité avec la fiction à propos du communisme des années 50 m’a totalement écœurée. Je comprends la démarche de Gérard Guégan, il était communiste à cette époque et il connaît donc bien les arcanes du grand Parti des travailleurs, l’exclusion de Marty et de Tillon en 1952, il en connaît tout le déroulement. Il se sent porteur de cette histoire et veut la transmettre.

Mais voilà comme l’auteur le dit lui-même, le parti communiste n’intéresse plus personne et pour les jeunes, « il fait figure d’inoffensive amicale », alors en y mêlant la vie amoureuse d’Aragon avec un émissaire du Komintern, Mahé, il espère intéresser un plus large public : on parle moins en effet, de la rigueur morale et rétrograde des communistes mais elle était très forte et sans pitié là où les communistes avaient le pouvoir. Mahé et Aragon ont quelques jours pour s’aimer, pendant que le congrès du parti fait subir des outrages dégradants à deux hommes entièrement dévoués à la Cause.

Les deux personnages se sont aimés passionnément, en se cachant comme Aragon a dû le faire tant qu’il était au Parti, car l’homosexualité était une tare punie d’une mort honteuse en URSS et d’exclusion du Parti en France ! Ils sont tous plus ou moins abjects ces personnages qui auraient pu prendre le pouvoir chez nous. Marty dit « le boucher d’Albacete », qui a réprimé dans le sang les anarchistes espagnols, Duclos qui ne pense qu’à bien manger, Jeannette Vermeersch, qui ne pense qu’à sa vengeance personnelle et dont les positions sur la contraception sont au moins aussi réactionnaires que celles de l’église catholique. Tous, ils sont petits et lâches et sans doute le plus lâche de tous c’est Aragon, même si le romancier en a fait un personnage lucide.

Comme le dit l’auteur en introduction ce roman est : « l’histoire d’un temps et d’un parti, où le reniement de soi était souvent le prix à payer pour échapper à l’exclusion ». Tout ce que je peux dire c’est que ça ne sent pas bon le reniement…

Citation

L’importance du Parti en 1952

Le Parti n’est pas qu’un idéal, pas qu’une vérité immuable, pas que l’expression de la transcendance historique, le Parti est aussi une famille où la critique du père, qu’il s’appelle Staline ou Thorez, est assimilé à une trahison méritant l’exclusion, le bannissement, ou la balle dans la nuque si l’on a la malchance de vivre de l’autre côté du Rideau de fer.

Les différentes épurations

Autant dire que les héros vénérés ne seront bientôt plus que des traîtres, la présomption d’innocence n’ayant jamais existé au sein d’un parti dans lequel celui qui tient les rênes du pouvoir doit tuer tous les Brutus s’il veut continuer de régner sans partage.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Finalement Keisha, le club de lecture a décidé que je lirai ce livre. Tu ne savais pas trop comment nous le recommander, comme toi, je l’ai lu en une nuit, enfin une partie de la nuit. Je pourrais recopier ton billet avec lequel je suis entièrement d’accord, mais ça ne se fait pas ! Je rajoute que, si je ne l’ai pas laissé tomber à la page 50, il y a deux raisons le club, bien sûr et le billet de Keisha. N’en concluez pas que vous pouvez économiser la lecture de ce roman, non, j’aimerais tellement avoir l’opinion de mes blogueuses préférées (excuse-moi Jérôme mais pour les blogs, le féminin l’emporte de façon trop nette sur le masculin quelles que soient les règles de grammaire !). J’ai trouvé une formule pour décrire ce livre : « du Gavalda avec un effort de concision extrême ». Et attention , je ne rejette pas du tout Anne Gavalda, je dois même avouer que, dans une période de déprime, elle m’a fait beaucoup de bien.

Arnaud Derek esquisse ses personnages et les anecdotes dans lesquelles il les met en scène, ça ressemble plus à un synopsis qu’à un roman véritable. Les rencontres sont improbables comme une plage au pôle Nord, mais ces gens un peu cassés et abimés par la vie vont se faire plus de bien que de mal. Si j’avais été tentée de l’abandonner , c’est que je déteste qu’on me prenne à partie dans un livre et que l’auteur m’annonce la suite .. mais là il s’agit du procédé de style sur lequel est construit tout le roman, j’ai donc fini par l’accepter.

Il y a un charme incontestable à ces esquisses de personnalités et d’histoires, on se surprend à remplir les vides que l’auteur n’a pas voulu écrire. Et on reconnaît de plus en plus notre société dans ce qu’elle a de plus acceptable. Oui, Keisha, ce court récit fait du bien et cet auteur a un style bien à lui qui me m’amènera, j’en suis sûre à lire ces autres romans.

Citations

Parce que je fais partie des amatrices de Rooboïs

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Walaande, c’est le jour où une des épouses d’un polygame prend en charge les tâches de la maison et la nuit avec son mari. Le polygame musulman a le droit à quatre femmes, s’il est riche et peut leur payer le même train de vie à elles quatre. Djaïli Amadou Amal, connaît bien cette région du Nord Cameron et elle est Peule comme ses quatre héroïnes. Elle rassemblé ses souvenirs pour écrire son roman, une interview donnée à « Africulture » éclaire bien son propos.

Ce roman se lit très rapidement. Il décrit de façon très précise la condition de ces femmes réunies pour satisfaire les désirs d’un seul homme. Elles sont différentes mais ont en commun d’être très malheureuses. Comme il s’agit d’un roman, il y a une histoire qui se finit bien, trois des enfants vont s’émanciper de la tutelle de leur tyran de père. On y croit pas beaucoup, je pense que dans la réalité même si la jeunesse grâce aux modes de communications actuels, prend conscience que le monde peut évoluer , le poids des traditions très bien décrites par cette auteure doit être plus fort que leurs désirs d’émancipation, surtout avec la radicalisation de l’islam.

Cette plongée dans le monde Peul ,et dans une maison où quatre femmes se partagent le même homme, n’a rien du tourisme exotique. C’est vraiment horrible et j’espère qu’ils arriveront à sortir de cette tradition qui de façon évidente les empêche tous, hommes et femmes d’être heureux.

Citations

Vie d’une femme de polygame

Attendre ! S’il y a un mot qui peut résumer à lui seul sa vie, c’est attendre. Elle a passé sa vie à attendre. Attendre de grandir, attendre de se marier, attendre son tour pour voir son mari, attendre pour rétorquer, attendre qu’il change, attendre d’atteindre ses limites, attendre que ses filles grandissent, attendre pour partir, attendre pour vivre, attendre de mourir.

La peur de la quatrième épouse de 19 ans face à un mari de 50

Elle a peur d’être maladroite et de casser quelque chose. elle a peur d’ouvrir la bouche et de le froisser par une phrase pourtant simple. Elle a peur de lui, de tout, elle ne sait plus de quoi elle a si peur, mais elle a peur quand même.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michel Laporte.

Sans le club de lecture, je n’aurais certainement pas lu ce livre, pourtant essentiel à la bonne compréhension de notre époque. Il est vrai que n’importe quelle écoute attentive de l’actualité nous en apprend autant que ce bouleversant témoignage. L’autobiographie de Malala donne vie aux « informations  » et en cela, c’est une lecture indispensable. Je ne peux pas lui mettre de coquillages car on ne peut pas noter un tel écrit, il fait partie des lectures incontournables pour comprendre la nature et la force de l’obscurantisme islamiste. Cette jeune fille est aussi extraordinaire que ce que l’on sait d’elle, issue d’une famille aimante et tout simplement normale, secondée par un père attentif et fier des réussites scolaires de sa fille, elle ne veut se soumettre à aucun diktat des terroristes talibans qui s’installent dans le Swat, sa région.

Elle est à la fois une petite fille normale qui veut être la première à l’école et qui se dispute avec ses frères, et une voix indispensable pour libérer toutes les petites filles des fous musulmans qui veulent leur enlever le droit à l’instruction. Elle sera victime d’un attentat, un homme musulman, au nom de sa foi, a donc tiré à bout portant sur une fillette de 12 ans pour qu’elle se taise à tout jamais. Elle n’est pas morte et sa voix retentit dans le monde entier, mais les fous terrorises et musulmans sont de plus en plus nombreux et rares sont les femmes qui osent dire avec autant de clairvoyance qu’elles ne veulent pas vivre avec ces lois absurdes venues des temps anciens.

Elle n’a pas écrit son livre seule d’ailleurs le nom de Patricia McCormick apparaît sur la couverture, ce témoignage s’adresse à nous, les occidentaux, on sent bien que la journaliste l’amène à décrire ce qui nous touche particulièrement : l’innocence d’une vie de petite fille, la joie par l’instruction, et le choc provoqué par la barbarie des talibans.

Un livre qui fait le tour du monde et à faire lire à toutes les générations. Longue vie aux filles et femmes du Pakistan qui n’acceptent pas les diktats religieux et que les hommes éclairés comme le père de Malala soutiennent leur combat !

Citations

La femme au Pakistan

Quand un garçon naît au Pakistan, c’est l’occasion de grandes réjouissances. On tire des coups de feu en l’air. On dépose des cadeaux dans le berceau du bébé. Et on inscrit le prénom dans l’arbre généalogique de la famille. Mais quand c’est une fille, personne ne vient rendre visite aux parents, et les femmes éprouvent simplement de la sympathie pour la mère. 
Mon père n’accordait aucune attention à ces coutumes. J’ai vu mon prénom -écrit à l’encre brillante- juste là, au milieu des prénoms masculins de notre arbre généalogique. Le premier prénom féminin en trois cents ans.

Obscurantisme taliban-musulman

Par le biais de sa radio illégale, il (le chef des talibans) a incité les parents à refuser les vaccins contre la polio pour leurs enfants. Il affirmait que cette mesure de santé ne visait pas à leur bien, que c’était un stratagème des pays occidentaux pour nuire aux enfants musulmans.

Terrorisme

Le terrorisme c’est la peur tout autour de soi. C’est aller se coucher le soir sans savoir quelles horreurs le lendemain matin apportera. C’est se réfugier avec sa famille dans la pièce centrale parce qu’on a décidé d’un commun accord que c’est l’endroit le plus sûr où se tenir. C’est descendre sa propre rue sans savoir à qui on peut faire confiance. 

 Le terrorisme, c’est la crainte, quand votre père passe la porte pour sortir le matin, de ne pas le voir revenir le soir…..
Pendant la seule année 2008, les talibans ont fait exploser deux cents écoles. 

Son discours lorsqu’elle reçoit le Nobel

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Je dois la lecture de ce livre à Aifelle, qui en parle comme d’une « pépite ». J’ai été touchée, moi aussi, par la sensibilité de ce « Fifi », petit dernier d’une tribu de paysans chez qui le cœur à l’ouvrage remplace toutes les vertus dont celle du cœur. Fifi se console avec ses cochons, seuls êtres vivants qui lui donnent un peu de douceur depuis le départ de sa sœur Maryse, celle qui a donc finalement « passer la rivière ».

Pourquoi suis-je moins enthousiaste qu’Aifelle, je n’aime pas trop les invraisemblances, dans ce récit totalement intemporel, il est vrai, un jeune adulte est élevé sans aucun lien avec le monde extérieur, comment a-t-il échappé à l’école ? Comment ne sachant pas lire, arrive-t-il à apprendre uniquement en apprenant une lettre après l’autre, au bout de 24 séances, il sait donc lire ! ? (Tous les gens qui ont dû faire face à illettrisme savent que c’est totalement impossible) Comment l’enquête sur un incendie alors que celui-ci a trois départs, et cause la mort de trois personnes, ne provoque pas une enquête approfondie ? Une autre invraisemblance est encore plus criante, , mais la dévoiler reviendrait à raconter la longue et difficile enquête de François (Fifi) vers ses origines.

Si on passe au-delà de tout cela, ce court roman est poignant, ce jeune homme sensible est élevé dans un monde de dureté absolu, il veut comprendre qui il est, pourquoi sa famille se comporte de cette façon, et comment faire pour que ce soit différent. Il finira bien sûr par passer la rivière lui aussi, comme sa sœur Maryse seule personne à avoir donner un peu d’affection au petit gardien des cochons.

Citations

Jolie phrase triste

Je prenais mon balai et mon torchon pour effacer le temps qui passe et la poussière comme la neige tombée sur tout ce qu’avait connu Maryse.

Dureté

Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au dehors c’est sec.

L’absente

De notre mère pas de photo, juste la taloche quand je posais des questions au père et ses yeux qui regardaient vers nulle part, le grand silence qui se faisait alors.

La réalité et les livres

Peut-être que les livres ça ment, ça ne cesse de mentir, alors à quoi ça sert de lire pour espérer des choses qui n’arriveront jamais.

Désespoir et lueur d’espoir

S’il y avait une chose impossible, c’était bien celle-là. ça je le savais que tu ne sauves personne rapport à Oscar et à Jean-Paul et à tous les autres qu’on aime, qu’on ne peut pas empêcher de crever comme des mouches qu’on aplatit avec la main. Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’étais prêt à parier que oui.