Éditions Folio, 214 pages, février 2023.
Traduit du néerlandais par Françoise Antoine.
Je crois avoir noté toutes celles qui ont dit du bien de ce roman, mais si j’en ai oublié, je les rajouterai : Violette, Keisha, Ingannmic, Eva et enfin, Athalie. Et je suis ravie d’annoncer que je sors enfin ce titre de ma liste de livres à lire.
Je ne peux que rajouter ma voix aux leurs. C’est un roman écrit d’un ton tout en douceur , qui raconte, pourtant, des faits d’une violence absolue : un accident qui rend un enfant de 13 ans aveugle avant d’en mourir.
Mais avant, avec les deux frères jumeaux, Klass et Kees, nous allons remonter le temps, le temps heureux de l’enfance, et des jeux partagés avec un chien, Daan, qui est très attaché à Gerson, le personnage principal de cette histoire. Le père élève seul ses trois fils car sa femme est partie en Italie. Elle envoie quelques cartes aux anniversaires et à Noël.
Le récit commence par leur jeu préféré : « le noir ». Il s’agit de designer un endroit du jardin, ou de la maison, et à partir d’un arbre, en fermant les yeux, essayer de retrouver cet endroit. Un jour, en allant chez les grands-parents, le père et les enfants, dans un éclat de rire, se moquent de Gerson qui affirme que les fleurs des poiriers sont blanches (d’où le titre !), dans un moment d’inattention, le père brule la priorité à une autre voiture, et c’est l’accident terrible qui blesse gravement celui qui était à droite du chauffeur : Gerson.
Après huit jours de coma, et l’ablation de la rate, le médecin ne pourra malheureusement pas lui sauver les yeux. Définitivement aveugle , l’enfant n’a plus envie de vivre.
Voilà le récit mais je ne dis pas grand chose du charme de ce roman triste mais si beau. L’auteur écrit a la hauteur des protagonistes et c’est ce qui fait tout l’intérêt de cette écriture, la voix du petit Gerson est inoubliable et permet d’entrer de plain pied dans le drame de cette famille.
Je crois que je préfère les voix qui disent de façon douce, des choses terribles, pour moi cela rajoute au drame.
Extraits.
Début.
Nous y jouions, avant. Nous y avons joué pendant des années. Jusqu’à il y a six mois, où nous y avons joué pour la dernière fois. Après, cela n’avait plus beaucoup de sens. Nous commencions toujours dehors, au pied du vieux hêtre devant la fenêtre du salon. Le hêtre était notre point de départ. Nous posions une main sur l’écorce, puis en général c’était Klaas qui lançait le compte à rebours. Klass est l’aîné d’entre nous. Klass a dix minutes de plus que Kees. Gerson a trois ans de moins que nous et est arrivé seul, sans frère jumeau. Il a des frères jumeaux, nous, Klass et Kees.
Vision de l’Italie du père de famille (leur mère est partie vivre avec un autre homme en Italie) .
L’Italie est un pays très laid, a dit Gérard. Il fait torride là-bas, les Italiens sont des gens pénibles et criards, dont le passe-temps favori est de vous renverser sur leurs scooters ridicules, tu dois t’accroupir pour faire caca, tu attrapes une intoxication alimentaire, ou en tout cas une diarrhée carabinée, ils ne parlent que l’italien et refusent de parler anglais ou néerlandais, il y a toujours des feux de forêt, qu’ils allument en général eux-mêmes les trains sont toujours en retard, tout et tout le monde est toujours en retard, les serveurs aux terrasses sont grossiers, à moins de l’enchaîner à ton corps tu te fais piquer ton portefeuille en moins de deux, et quand tu veux visiter un musée, tu peux être sûr qu’il est fermé pour travaux.– Tu es déjà allée en Italie ? a demandé Gerson.– Très peu pour moi. Je ne suis pas fou.
Devenir aveugle.
Quand je rêve, je vois. Les rêves s’en moquent que je sois devenu aveugle. Je me demande comment ça se passe chez les aveugles ds naissance.
Détail pratique.
» Gerson pourquoi tes caleçons sont-ils toujours si sales ? »Anna. Heureusement que les autres ne sont pas là pour entendre« Je suis aveugle, dis- je.– Et on a toujours des caleçons sales quand on est aveugle ?– Je ne vois plus le papier toilette » dis-je , et je suis vraiment content de ne pas le voir c’est la première fois que je suis content de ne rien voir.» Tu ne t’essuies plus le derrière ? »Elle ne comprend pas. Et elle dit « derrière » un mot typique de grand-mère.» Avant, dis-je, avant je regardais toujours le papier toilette après m’être essuyé (j’aurais voulu ajouter « le cul », mais je préfère quand même tourner autour du pot) pour voir si je devais encore m’essuyer une fois avec un nouveau morceau de papier. Ou deux fois.– Ah bon
On le comprend si bien, ce petit Gerson.
Je sais que je me suis montré infect le jour de mon anniversaire. Je n’y peux rien, une fois que je commence il n’y a plus moyen de revenir en arrière. Je sens bien que ça rend les autres tristes. Du coup, je deviens encore plus désagréable, sinon je devrais dire que je suis désolé et ça je n’en suis pas capable pour le moment. Une fois que je commence, il n’y a plus moyen de revenir en arrière.
Un roman qui fait son chemin chez les blogueurs…
Je l’ai beaucoup prêté depuis ma lecture et il plaît beaucoup.
C’est un magnifique souvenir de lecture. J’ai trouvé cette façon de parler d’un drame absolu avec tant de beauté et de douceur totalement éblouissant.
je susi entièrement d’accord et il fait partie des romans que l’on ne peut pa soublier.
Il est dans ma pile à lire. Mais que viennent faire là tous ces livres qui passent avant ? (ça me fait plaisir d’avoir au moins un livre qui m’attend qui fait ainsi l’unanimité).
déjà il est dans ta pile un jour j’en suis sûre il sera sur ton blog.
Je le vois tellement sur les blogs ce livre que je vais finir par le lire aussi ; d’autant plus que j’ai aimé le premier roman de l’auteur, je suis donc confiante.