Éditions de La Martinière, 296 pages, Août 2024

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Le principal intérêt de ce livre, a été pour moi de me faire réécouter les nombreux interviews Marguerite Yourcenar. Je pense que mon préféré est celui qu’elle accorde à Bernard Pivot. Tout le monde souligne la qualité de son expression et aussi son regard lumineux.

Le livre raconte les dernières années de cette Grande écrivaine, en particulier une dernière rencontre au moment de la fin de la vie de Grace la femme qu’elle a aimée et qui a été sa traductrice et sa secrétaire. Sans doute à cause du cancer qui la faisait à la fois mourir et terriblement souffrir, Grace est devenu désagréable et cherche à isoler Marguerite Yourcenar de tout nouveau contact avec des personnalités extérieures. Alors quand arrive un jeune américain Jerry Wilson, Grace comprend immédiatement le danger. Jerry est homosexuel et peu cultivé mais cela n’empêche pas cette femme de 78 ans de tomber amoureuse du très jeune homme. Cet amour est horrible, car Jerry ne lui a épargné aucune humiliation. il a imposé la présence de son amour, drogué qui ne cherche qu’à demander de l’argent à cette « vieille catin ». Il a su avant ces épisodes se rendre indispensable et lui apporter la joie des voyages.

Pourquoi suis-je si sévère avec ce livre ? Je ne vois pas ce qu’il peut apporter à la connaissance de cette grande écrivaine. Je reconnais que l’auteur essaie de respecter la femme et de comprendre son jeune amant, alors que la situation a soulevé tant de moqueries.

Je vous conseille de l’écouter et de relire cette écrivaine.

Extraits

Début de l’introduction.

Aujourd’hui, Marguerite Yourcenar est reçue à l’académie française. 
Quai Conti, les heureux invités sont persuadés de connaître leur sujet. Ils égrènent les faits tangibles. Révisent les dates officielles de la fruse, répétées à plus souf par les journaux et la télévision. 1903 et 1981, extrémités d’un parcours d’exception écartelée entre deux continents et deux âges. Acte de naissance bruxelloise dans une époque dite belle, enrubanée de froufrou mais menacée d’apocalypse. Et en ce jour, donc consécration valant inhumation.

L’opinion de Marguerite Yourcenar sur Colette.

Colette est mentionnée comme en passant, par acquis de conscience
 Qui connaît le mépris que Yourcenar professe en privé pour cette représentante archétypale d’une France qu’elle déteste, populaire mais chichiteuse, archaïque et popote ?

Début du roman.

Elle ne se souvient plus de la première fois qu’elle l’a vu. Elle se rappelle les circonstances, bien sûr – le tournage de cette émission lamentable dont personne n’a compris, elle la première pourquoi elle avait accepté d’y participer. Mais elle n’est plus sûre du moment exact de sa présence à lui.

Une belle et triste image.

L’île restait encore, à défaut du havre de paix qu’elle avait été pour elle jadis , un bon port d’attache. 

Mais quand on ne peut plus lever l’ancre, se disait-elle dans des moments de découragement, un port d’attache n’est qu’un hangar à épaves. 

Quelle importance de savoir cela ? (Après une séance de dédicaces )

– Croyez-vous que c’est une partie de plaisir pour moi ? J’étais à l’agonie !
Il ne la croit pas. Il a vu avec quelle bonne humeur elle se livrait à l’exercice. Comment lui jeter la pierre ? N’a-t-elle pas été sevrée de tout contact direct avec ses lecteurs pendant ses années américaines ? Mais l’a appris à ses dépens, elle est sensible à la flatterie. Pire. Marguerite a beau ne jurer que par la simplicité, Yourcenar, elle, est capable de snobisme.

 

12 Thoughts on “Un autre m’attend ailleurs – Christophe BIGOT

  1. Merci, je suivrai ton conseil !
    Je n’ai lu que les mémoires d’Hadrien, il me faudrait poursuivre.

  2. keisha on 10 avril 2025 at 08:07 said:

    Assez glauque, on dirait, je vais m’en passer!

  3. Je n’aime pas beaucoup les biographies de ce genre, trop glauque à mon goût. En revanche, je ne connais pas bien l’oeuvre de Yourcenar et ton billet me rappelle qu’un documentaire a priori plus factuel lui a été consacré récemment par François Busnel. Je vais essayer de le visionner.

  4. Cette période de la vie de Marguerite Yourcenar est bien sûr évoquée dans le documentaire de Catherine Aventurier et Ileana Epsztajn (dans la série Les docs de La Grande Librairie, commenté par François Busnel) qui est passé à la télé en mars dernier. Effectivement, je ne vois pas trop l’intérêt de s’étendre sur cette période pathétique.

  5. J’avoue ne pas avoir du tout envie de lire ce genre de livre. Qu’apporte-t’il à l’oeuvre de l’écrivaine ? je n’ai pas envie d’en savoir davantage sur sa vie privée.

    • on est bien sur le même ressenti, gardons en mémoire la merveilleuse écrivaine qui a su nous transporter dans l’antiquité romaine et laissons passer ce récit de la fin de sa vie avec un homme si peu intéressant.

  6. Tu as bien raison de ne pas conseiller ce livre, il semble bien malsain ! Les Mémoires d’Adrien fut une de mes lectures « éclairantes » et L’oeuvre au noir est un peu ardue mais géniale !

    • tu me donnes envie de relire « l’œuvre au noir » je l’ai lu sans doute trop vite et oui on peut laisser tomber ce récit de cette période sa vie qui a si peu d’importance !

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