Édition Pacifiques Au Vent des Îles. Traduit de l’anglais (Australie) par David Fauquemberg.
Ces gens étaient les survivants vaincus et dépenaillés de longs conflits. Ils avaient été épargnés par les fusils, les trous d’eau empoisonnés, la farine coupée à l’arsenic, la variole et les maladies vénériennes.
Il faut lire ce livre, l’offrir, le prêter, lui faire immédiatement une place dans vos bibliothèques ! Je rajoute que cela m’a fait un grand plaisir que ce roman soit traduit par David Fauquemberg dont j’avais tant aimé Bluff.
Stan Grant est un journaliste très connu en Australie, est-il australien ? C’est toute la question qui est portée par cet essai autobiographique. Car il est avant tout Aborigène. Cela veut dire qu’il porte en lui toutes les souffrances de ces peuples qui étaient là bien avant que l’on plante un drapeau anglais sur ce pays grand comme un continent. La légende australienne a prétendu, pendant deux ou trois siècles, que les colons étaient arrivés dans des terres vierges ou si peu habitées qu’elles n’appartenaient à personne. Être « personne » c’est ce que deviendront les Aborigènes car ils n’ont pas pu se défendre contre des colonisateurs mieux armés qu’eux et surtout tellement convaincus qu’ils avaient en face d’eux « Une espèce d’hommes » mais pas des êtres humains comme eux. Alors, ils les ont massacrés, empoisonnés, violés et enfin, ils leurs ont arraché leurs enfants pour en faire des blancs à peau noire. Si Stan Grant réussi à se sortir de la misère, de la drogue, de l’alcool qui détruisent les 3/4 de la population aborigène, c’est qu’il a été élevé par des parents aimants et courageux. Mais victimes d’un racisme qui a marqué cet homme brillant au fer rouge.
Ce texte est un chef d’œuvre d’intelligence et de sensibilité , je me le suis tellement approprié que j’ai oublié de dire que j’ai trouvé ce titre chez Ingannmic merci beaucoup à elle.
Citations
Début du livre.
Ma colère est éclate brusquement, à la moindre provocation ; quelques fois, elle me coupe le souffle. Je sais d’où elle vient. Je l’ai vu chez mon père et lui-même l’avait héritée de son père. Elle naît du poids de l’histoire.J’ai peur aussi. Et cette peur provient de la même source. J’ai connu cette peur toute ma vie. Quand j’étais petit elle me rendait malade, physiquement malade au creux de l’estomac. C’était la peur de ce qui pouvait nous atteindre -le sentiment d’impuissance, l’impression d’être à la merci de l’intrusion des policiers ou des agents des services sociaux faisant respecter les lois, ces lois qui entérinaient notre exclusion et nous condamnaient à la misère.(…)Nous craignons l’État et nous avions toutes les raisons de les craindre. L’État a été conçu pour nous terroriser .
Noirs et Blancs.
L’Australie était dure avec nous. Nous étions issus d’une longue lignée d’hommes et de femmes qui avaient été maltraités. Les miens étaient les oubliés de ce pays et de la grande vague de progrès qui s’était emparé de lui. Nous étions noirs et l’Australie était blanche.
Difficultés d’être aborigène.
Je me débattais depuis si longtemps avec l’histoire de mon pays, et le fait de vivre à l’étranger m’avait permis de desserrer un peu se joug qui m’étouffait. Mais quel que soit le pays où j’allais, j’étais constamment en train de chercher à valider l’identité de la personne que j’étais. L’identité implique une forme de réciprocité -nous avons besoin que les gens nous voient comme nous nous voyons. (…)Je m’accrochais à qui j’étais : je restais un Aborigène mais au fil du temps, je me suis éloigné un peu plus de mon pays et des miens. Je n’ai jamais oublié qui j’étais. Mais, là-bas, dans le vaste monde, cela ne comptait plus autant.
Le racisme.
Aucun élément génétique de nous sépare ; ce qui nous oppose c’est notre histoire – ce que nous nous sommes fait subir les uns aux autres au nom de la race. C’est ce racisme là qui subsiste encore, si puissamment dans nos imaginaires. Le racisme compare les civilisations et établit un ordre entre elles. Le racisme a servi de justification pour nous prendre tout ce que nous possédions.
Fondement de L’Australie .
Le racisme n’est pas en train de tuer le rêve australien. Dès le début, le rêve australien est fondé sur le racisme. Depuis que le premier drapeau britannique a été planté sur le sol de ce continent, les règles ont toujours été différentes pour nous. Un bagnard pouvait débarquer ici enchaîné, puis faire fortune et mourir en homme libre. La peine à laquelle nous condamnaient les lois britanniques était autrement plus longue.
Je vous laisse avec Archie Roach le chanteur qui a su émouvoir l’Australie entière.
je l’avais retenu aussi grâce à la recension d’Ingannmic. Tu es très enthousiaste et je pense qu’il n’y a pas tant de livres écrits sur et par les Aborigènes
Écrits par eux non effectivement il n’y en a pas beaucoup et quand on lit ce livre on le comprend.
Hé oui, je n’ai pas oublié ce livre, faut juste mettre la main dessus, je ne désespère pas.
Il devrait être en bonne place dans toutes les bonnes bibliothèques. Sinon il est en vente c’est comme ça qu’il est arrivé chez moi et je ne regrette pas cet achat.
Ah, comme ton enthousiasme me ravit ! Et comme toi, j’étais allée creuser du côté des références musicales citées par l’auteur :)..
Je récupère ton lien pour le récap sur les Minorités ethniques.
pas de problème, cela me fait plaisir. Je fais peu de lectures à thème car toute l’année je suis submergée par les livres que je dois lire pour mon club de lecture, j’ai pris l’habitude du mois allemand chez Eva et Patrice « et si on bouquinait un peu » .
je ne sais pas si cela te concerne mais ma liste de diffusion a disparu de mon blog je ne sais pas si je pourrai la remettre.
Je l’avais noté chez Ingannmic. Ma bibliothèque ne l’a pas, mais il se trouve facilement en occcasion.
Oui et c’est un livre à prêter le mien voyage beaucoup.
Je profite de ton billet pour rappeler qu’Ingannmic a fait ce ce livre un livre voyageur : il est chez moi, je peux l’envoyer à qui veut.
Quelle bonne idée le mien voyage parmi mes amies je ne sais plus qui l’a mais il marque tous les lecteurs. Et lectrices.
je l’ai un peu raté chez Ingannmic mais je vais me rattraper en allant lire immédiatement son billet et hop j’ai enchainé avec une commande du livre
merci à toi ce genre de livre est indispensable
L’écrivain a une très belle personnalité il atteint bien son but on comprend tant de choses grâce à lui.
Je le retiens, j’aimerai lire son point de vue, je n’y connais pas grand chose sur le sujet.
Et je peux répondre que même quand on connaît un peu, lire de l’intérieur le drame de ces enfants est poignant comme l’exprime bien la chanson que j’ai mise en lien.
« Le déterminisme biologique est utilisé à des fins politiques pour justifier des iniquités » écrivait S J Gould dans un essai de sciences naturelles.
De quelle époque date cette citation et pourquoi s’adapte-elle aux souffrances des aborigènes ? Est ce que certaines études montraient qu’ils étaient déterminés biologiquement ?
Je me demande si la volonté de domination a besoin de justifications scientifiques.
Je comprends peut-être mal la citation mais tout le livre de Stan Grant dit qu’il n’y a pas de différences biologiques ou génétiques entre les aborigènes et les anglais arrivés en Australie mais que l’avancée technologique des anglais ont interdit aux aborigène de se défendre. Ensuite les anglais les ont méprisés au nom de théories racistes. Ils ne voyaient pas en eux des humains comme eux. Est ce cela que veut dire la citation ?
Je crois que le pouvoir s’exerce d’autant aisément si l’on peut avancer qu’un argument scientifique vient à l’appui d’une quelconque domination. Ce n’est pas le cas évidemment.
Comme vous le dites, il n’y a pas de supériorité/infériorité génétique entre les races. Le paléontologue Gould s’insurgeait (1985) contre les politiques qui font valoir de tels arguments, c’est le sens de l’extrait.
et hop vite commandé et vite reçu, en te lisant cet achat m’a semblé évident, as tu vu le film les chemins de la liberté qui est sorti en 2002, à l’époque je l’avais vu avec une de mes filles et nous étions sorties assommées, les larmes qui coulaient et la colère au ventre, le destin des enfants enlevés à leurs parents soit pour adoption forcée soit pour « rééducation » un film terrible que l’on doit trouver encore en DVD
Non je n’ai pas vu ce documentaire je vais le chercher . Ce livre est indispensable à la prise de conscience des méfaits absolus du racisme.
Ah l’homme blanc si fier et sûr de lui partout où il passe, arrive…
Je note ce titre, évidemment !
tu peux et fait le lire à tout le monde autour de toi, le mien voyage chez mes amis. (autrement je te l’aurais prêté)