Après « le ciel par dessus les toits » , et « Les rochers de poudre d’or » , voici ma troisième lecture d’Anna Appanah . Un véritable plaisir au début qui se termine par une déception. Ce roman raconte comment une femme écrivain a élevé seule sa fille Anna. Elle est le fruit d’un amour très fort, si fort que cette jeune femme n’a pas voulu entraver la liberté de son amant en lui annonçant qu’elle était enceinte. Sa fille ne sait rien de cet homme et imagine une rencontre rapide entre sa mère et un géniteur un peu au hasard. Elle a besoin de stabilité et fait un mariage très conventionnel. Pendant ces quelques jours de préparatifs, on sent toutes les tensions entre la mère et la fille. C’est très finement analysé , l’on comprend aussi que cette maman mauricienne mère d’une enfant au visage britannique a été parfois regardée avec curiosité, mais surtout il lui a fallu faire face et être là pour cette petite fille qu’elle aime tant. Elle vit souvent dans ses propres histoires : celles qu’elle a su si bien inventer pour ses lecteurs. Anna sa fille n’a qu’une crainte, que sa mère ne respecte pas les codes de bienséance pour son mariage. Et évidemment, Sonia, sa mère va transgresser : elle éprouvera une attirance irrésistible pour le père de son gendre (qui est divorcé, ce n’est pas totalement glauque !) et sa fille les surprendra dans le même lit ! Et c’est le reproche que j’ai fait à ce roman je n’ai pas réussi à croire qu’une mère aimante soit capable de faire ça sans penser à sa fille, pas ce jour là !
Je vous l’avez dit, cette fin a gâché ma lecture, dommage car jusque là j’étais vraiment bien dans cette fiction avec encore une fois sous la plume de cette écrivaine une grand finesse dans l’analyse des rapports humains.
Citations
Rapports mère fille
Anna m’appelle maman. J’aurais aimé qu’elle me donne un petit nom, quelque chose qu’elle aurait inventé pour moi, qui ne serait qu’à moi et si, par hasard, un jour, elle m’appelle alors que j’ai le dos tourné dans une grosse foule, si ce jour-là elle m’appelle à tue-tête de ce nom qu’elle m’aurait donné, je me retournerai, forcément, je saurai. Mais dans une foule, si quelqu’un crie maman, des centaines de femmes se retournent. Anna m’appelle maman, solennellement, gravement. Elle y met de la force, elle articule, elle fait des angles droits à ce mot-là, des falaises abruptes et des rochers affûtés en dessous, elle y met de la distance parfois, de la réprobation souvent. Elle me somme aussi, ai-je quelquefois l’impression, puisque je me raidis à ce mot-là. Une ou deux fois, au lieu de maman j’ai entendu madame et ça m’a rempli le cœur de larmes.
Chagrin d’une mère
Anna, ma fille, s’est éloignée de moi très jeune. Où est-ce moi qui ai fait le premier pas de côté à force d’être penchée sur des livres, de nourrir des familles entières dans la tête, de les aimer, de les faire grandir, de les tuer, de les triturer et à ma guise, peut-être dans ces moments-là, j’étais une mère distante, absente, faite de cendres et de fumée ?
(….)Je me suis dit que peut-être, elle ne m’aimait pas. C’est possible, cela arrive beaucoup plus souvent qu’on le pense, les enfants ne sont pas obligés d’aimer leurs parents.
Le bouquet du futur gendre
Les lys étaient droits comme des I, équilibre magique, plus rien de la fragilité de la douceur des fleurs, un boa en plumes blanches recouvrait le cou du vase- instrument et dans l’eau flottaient des paillettes blanches. Des jours plus tard, quand les lys se sont fanés et que j’ai essayé de les libérer de cette composition indescriptible , j’ai été saisie d’horreur en découvrant qu’ils étaient traversés par un fil de fer les maintenant jusqu’au pourrissement ultime, droit comme des militaires.
Que de remarques exactes dans ce court extrait
J’ai appris que l’expérience des autres n’a jamais servi à rien. D’ailleurs, on se demande bien si on apprend de sa propre expérience.On entend les gens dire des banalités, avoir de l’espoir ridicule, on sait qu’ils vont se casser la gueule sur la routine, que la vie à deux ce n’est pas cela, que les preuves d’amour c’est dans le quotidien, pas dans un nom qu’on porte, que l’amour c’est continuer à pardonner.
j’ai fait un essai de lecture de l’auteure mais je n’ai pas accroché, il faut dire qu’en ce moment je n’accroche pas à grand chose, par contre j’ai trouvé le livre précédent que tu as chroniqué et là je crois que je vais me laisser séduire
je ne peux pas conseiller celui-là mais les autres de Nathacha Appanah m’avait bien plu ( Je me demande si ses parents voulaient qu’elle gagne le concours de la personne qui aurait le plus de A dans son nom, car en s’appelant Appanah prénommée leur fille Nathacha … elle était prédestinée à écrire un livre sur Anna …!!! blague)
Je l’ai lu, sans envie particulière de continuer avec l’auteur…
moi j’ai aimé les autres moins celui-là
Je ne comprenais pas, c’est bien Nathacha Appanah et non Anna… Petite confusion avec le titre peut-être. Je ne connaissais pas ce titre de l’auteure.
merci Krol , tu m’as permis de rectifier il faut dire qu’avec tous ces « A » je m’y perds un peu
Je n’ai pas encore lu l’auteure, ce n’est donc pas par celui-ci qu’il faudrait commencer.
non mais j’ai beaucoup aimé ces autres romans.
J’ai déjà lu trois, non quatre romans de l’auteure, dont celui-ci… Jamais de coup de cœur, et pourtant j’y reviens… quelque chose doit me plaire tout de même, sans doute son écriture.
Je trouve que son récit de l’arrivée des Indiens sur l’île Maurice permet de comprendre tant de choses sur l’exil.
je ne connais pas du tout cette romancière… A voir, mais avec les autres titres que tu évoques !
J’aime beaucoup cette romancière et aussi les trois quart de ce roman. les autres je les aime en entier.