Édition Stock
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Ce roman raconte une histoire qui touche et bouleverse trois générations de femmes, liées entre elles par des tragédies qui ont eu comme cadre un village de province écrasé de soleil, et en particulier un ruisseau dans lequel elles peuvent se baigner(contrairement au ruisselet de ma photo). L’héroïne, Billie une jeune femme de trente ans, artiste peintre, doit revenir dans cet endroit qu’elle a fui pour enterrer sa mère, qui vivait dans un EHPAD spécialisé pour les personnes atteintes d’Alzheimer. Celle-ci a été retrouvée noyée dans le ruisseau qui arrose le village. La violence avec laquelle Billie reçoit cette nouvelle nous fait comprendre à quel point ce passé est très lourd pour elle. Une phrase rythme le roman : « les monstres engendrent-elles des monstres ? » .
Il faudra trois cents pages du roman pour que tous les fils qui lient cette jeune femme à cette terrible hérédité de malheurs se dénouent complètement. Et heureusement aussi, pour qu’elle parvienne à se pardonner et à repousser l’homme qui la respectait si peu.
L’ambiance oppressante dans laquelle se débat Billie rend ce récit captivant, on se demande comment elle peut se sortir de tant de malédictions qui sont toutes plausibles. C’est très bien écrit, Caroline Caugant a ce talent particulier de nous entraîner dans son univers et de savoir diffuser une tension qui ne se relâche qu’à la fin. Ce n’est pas un happy-end mais un renouveau et sans doute, pour cette jeune femme la possibilité de se construire en se détachant de tous les liens qui voulaient la faire couler au fond de la rivière maudite.
Citations
L’EHPAD
Aux Oliviers le temps était comme arrêté. Il n’y avait que la prise des médicaments qui compartimentait les journées. À heure fixe les infirmières arpentaient les couloirs, disparaissaient tour à tour derrière les portes bleues. En dehors de ces légion en blouse blanche, la lenteur régnait. Si on restait trop longtemps dans cet endroit, c’était à ses risques et périls. On pouvait y être avalé , y perdre la notion des heures, s’endormir là pour toujours, comme Louise.
Le temps qui passe
Le temps est censé changer les êtres. Si par hasard on les croiser au détour d’une rue, on ne les reconnaît pas immédiatement. Il nous faut un moment pour retrouver un nom, le lier à une époque, à cause de toutes ces modifications minimes sur la chair, dans la voix, qui s’additionnent et en font des étrangers.Mais les autres, les rares -ceux que l’on a aimés-, il semble ne jamais vouloir s’éloigner de nous.
Presque la fin …
Demande-t-on pardon aux morts ? En sentant la vague de chaleur qui l’empli au niveau de la poitrine, elle se dit que oui.Le calme revient à la surface, les oscillations s’estompent. Seule s’éternise la danse paisible et silencieuse des grands moustiques d’eau.
Tu es la première à me donner envie de lire ce roman !
Tu as lu des avis négatifs? Ce que j’ai apprécié dans ce roman c’est le lien entre la culpabilité du personnage principal et la faute dont elle est responsable jeune ado. Je crois que même un (ou une)jeune sait quand il a mal agi et qu’il s’en souvient, le pardon ne peut venir que de lui-même. L’enchaînement mortifère du lien familial est plausible et on ne le découvre que peu à peu. Tu comprends (surtout toi l’anti divulgâcheuse par excellence) que je ne peux t’en dire plus. Pourtant j’en brûle d’envie.
Bonjour Luocine, comme Krol, tu donnes envie de lire ce livre. Je ne connais pas du tout l’écrivain. Une découverte à faire, semble-t-il. Bonne journée.
Bonjour Dasola
Un roman sur la culpabilité transmise de mère en fille très bien racontée. Il y a une ambiance dans ce roman à laquelle j’ai été très sensible. Je ne peux pas en raconter plus sans divulgâcher l’intrigue.
Je ne connais pas l’auteure moi non plus. C’est vrai que tu donnes envie de découvrir son roman.
Je n’ai pas vérifié si cette auteure avait écrit d’autres romans. Je peux seulement témoigner que celui-là vaut la peine d’être lu.
Hum, je ne suis pas friande de ce genre d’histoires;..
hum,j’ai dû alors mal m’exprimer, « le genre de l’histoire » n’a rien à voir avec le talent de cette écrivaine. Elle sait distiller l’angoisse et fournir peu à peu les clés de comportements mortifères. Je ne t’encourage pas à lire ce livre car ton programme de lecture me semble bien chargé, mais je suis certaine que si tu le lisais et que tu ne l’appréciais pas ce ne serait pas pour « ce genre d’histoire », mais d’autres défauts que je n’aurais pas remarqués
Une découverte en ce qui me concerne. Tu sembles avoir été très touchée par ce roman en tout cas.
J’ai aimé car il est bien ficelé, on comprend peu à peu la culpabilité qui relie ces trois femmes. Et surtout il traite d’un sujet dont je n’ai pas souvent entendu parler : la culpabilité d’un jeune. Ici une jeune ado se sait coupable et ne peut pas accepter l’excuse toute faite : « tu étais trop jeune tu ne pouvais pas savoir » en réalité, oui, elle savait et n’a pas fait le geste qui aurait sauvé son amie.