Éditions 10/18 . traduit de l’anglais par Marcelle Sibon

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

Un roman qui prend toute sa place dans le thème « Espionnage à l’anglaise » du club de lecture et qui m’a fait découvrir un aspect de Graham Greene que je ne connaissais pas. Délicieusement « british » c’est à dire avec un humour sans pareil, l’auteur se moque des services secrets britanniques. Mais un peu comme dans l' »Opération Sweet Tooth », il fait comprendre combien il est aisé pour un homme ayant un peu d’imagination de créer des espions, plus vrais que nature, mais totalement fictifs qui peuvent tromper les services secrets. On pense au roman le plus connu de Graham Green « le troisième homme », et celui-ci apparait comme une parodie des romans sérieux sur l’espionnage et le contre espionnage, quel humour tourné vers lui-même en tant qu’auteur et l’Angleterre qui est bien ridiculisée ici ! Notre pauvre Mr Wormold vendeur d’aspirateur à La Havane n’aurait jamais dû accepter d’être être recruté comme agent secret. Seulement voilà, il a une fille, Milly qui a des goûts de luxe, notre pauvre Wormod va devoir inventer de faux espions et de faux documents que les services de Londres vont avaliser sans broncher et pour lesquels ils vont lui verser de l’argent.

C’est drôle et cela donne bien l’ambiance à La Havane avant la révolution.

L’écriture est gentiment désuète mais très agréable, un bon moment de lecture pour un soir d’hiver avec une tasse de thé ou un verre de Whisky .

 

Extraits

Début.

 

-Ce noir qui descend la rue, dit le docteur Hasselbacher debouts dans le « Wonder Bar », il me fait pense à vous Mr Wormod.

Réponse d’un Anglais au « Buenos dias » !

 – Je ne parle pas leur baragouin, répondit l’inconnu.
 Le mot trivial faisait tache sur son costume comme une bavure de jaune d’œuf après le déjeuner.
– Vous êtes anglais …
– Oui

Recrutement d’un espion (humour) .

 Il se demandait comment l’on recrute un agent. n’arrivait pas à se rappeler exactement comment Hawthorne l’avait recruté, lui, sauf que toute l’histoire avait commencé dans les water-closets, mais cela ne devait pas être une condition essentielle. 

Petite leçon sur les torturables .

-Qui fait partie de la classe torturable ?
– Les pauvres de mon propre pays … et de toute l’Amérique latine. Les pauvres d’Europe centrale et d’Orient. Bien entendu, dans vos « États providence » vous n’avez pas de pauvres… aussi êtes-vous intorturbables. À Cuba la police peut traiter avec autant de brutalité qu’elles le désirent les émigrés venus d’Amérique latine ou des pays baltes, mais pas les visiteurs de votre pays ou de Scandinavie. C’est une question d’instinct, de part et d’autre. Les catholiques sont plus torturables que les protestants, de même qu’ils sont de plus grands criminels. 

Édition folio

 

Encore un livre de cet auteur qui me fait rire et dont j’apprécie l’humour même quand il est malheureux. Il sait autant se moquer de lui-même que des travers de notre société. La liste de ses livres sur Luocine s’allonge

Figurec, Le Discours, Broadway et je n’oublie pas ses BD : Zaï, Zaï, Zaï, Et si c’était d’aimer, Formica , Moon river.

 

Cette fois, il doit faire face à sa séparation avec Lisa et pour cela se décide d’écrire, enfin, « un roman sérieux » pour impressionner celle qui lui a préféré un professeur d’université spécialiste de Ronsard. Ses voisins lui ont demandé de surveiller leur piscine, existe-t-il un meilleur endroit pour un écrivain pour trouver l’inspiration que le bord d’une piscine ?
Le roman se divise en différentes parties au gré des rencontres féminines que son couple d’amis veut absolument lui faire rencontrer. Aucune ne trouvera grâce à ses yeux même si certaines ne manquent pas de charme.

Non seulement sa femme l’a quitté mais son ami d’enfance s’est suicidé et on sent à travers les pages qu’il consacre à Marc toute la tristesse qu’éprouve l’entourage d’un homme jeune qui refuse de vivre. Et pour une fois il ne fait pas d’humour il raconte son chagrin et celui de la maman de Marc.

Bien évidemment la piscine va lui procurer toute sorte de soucis et comme beaucoup de lecteurs je vais faire la connaissance de la « noctocnète » qui va coloniser la piscine dans une eau de plus en plus verdâtre.

Certains passages m’ont moins fait sourire comme la battue organisée pour retrouver une jeune femme disparue, pas plus que le cadavre qui finalement se retrouve dans la piscine.
En revanche la sortie chez « brico-marché » et le dialogue avec le vendeur vaut la visite chez les bio de son précédent roman.

Bref, un rire parfois trop grinçant pour moi mais d’excellents moments.

Livre qui a bien plu aussi à « la petite liste » de Sibyline

 

Citations

Le début.

 Cette semaine- là, à quelques jours d’intervalle, mon meilleur ami d’enfance s’est suicidé, Lisa m’a quitté et on annonçait qu’une météorite allait frôlait la Terre à une distance suffisamment proches pour que l’on s’en inquiète -selon certains spécialistes, il n’était pas exclu qu’elle la percute. La date et l’heure était incroyablement précises et je me suis toujours demandé comment les astronomes pouvez calculer les trajectoires avec une telle précision alors que la météo à sept jours, elle, est à peine fiable. Un évènement sur trois s’est plutôt bien terminé, il faut toujours voir le verre à moitié plein -au tiers plein pour être exact.

Analyse des mots.

 Je me suis toujours questionné sur ce terme « Remise en forme », qui implique qu’on avait, par le passé, été en forme et que, pour une raison ou une autre, on ne l’était plus. Le « re » de « remise » exclut « de facto » toute personne qui comme moi n’a jamais été en forme, il annonce la couleur : Ah non désolé, il faut avoir déjà été en forme pour prétendre assister aux cours. Celui qui lancerait le concept de centre de simple « mise en forme » gagnerait le pactole.

Et il me fait rire si souvent.

 En sortant j’ai allumé une cigarette en me disant que si je faisais un AVC, là, Lisa culpabiliserait toute sa vie -j’étais dans ma phase suicidaire modérée.

Les spectacles que l’on est content d’avoir évités.

Un silence s’installe quelques secondes avant que n’apparaissent sept personnes presque nues, recouvertes de la tête aux pieds de peinture blanche, progressant vers le centre de la scène avec des gestes extrêmement lents et je comprends alors que la soirée va être longue.

La preuve d’amour inspirée par Hugolin dans Manon des sources.

Quel vêtement symbolisait le mieux Lisa ? Ses kickers, je n’ai jamais vu Lisa porter aux pieds autre chose que des Kickers, elle en avait une demi-douzaine de paires qui pour moi étaient absolument semblables mais qui, selon elle, ne l’étaient pas du tout, n’importe quoi moi, et je me visualise arpentant la garrigue en hurlante « Je t’aime Lisa, je t’aime d’amour ! » torse nu, une Kickers cousue sur la poitrine.

Remarque exacte.

Rien n’est moins intéressant que les gens qui vous parlent de leurs travaux, voilà typiquement le genre de sujet (avec les résultats scolaires de ses enfants) qui n’intéresse que celui qui en parle.

D’où le titre du roman.

« Sol y sangre », je dois y revenir à « Sol y sangre » , dix mille signes par jour, la discipline du samouraï, même si pour l’instant le nombre de signes est à zéro et que la page de mon fichier « Roman sérieux  » est aussi blanche que l’eau est verte.

 


Édition JCLattès

Sur Luocine, vous trouverez , Veuf, Ma mère du Nord, Mon autopsie, et ceux qui n’y sont pas sont très bien aussi, bref, un petit moment de cafard et Jean-Louis Fournier est là pour vous rendre encore plus triste mais avec la classe et le sourire.

J’ai commencé ce livre en me disant que je le lisais juste pour moi, et que je ne le mettrai pas sur Luocine, et puis il m’a fait tellement de bien que je viens le partager avec vous. C’est une réflexions sur la solitude qui est à la fois drôle et émouvante par un auteur dont j’adore la mauvaise foi.

Des réflexions qui font parfois une demi page jamais plus de deux et qui sont la preuve que même le plus grincheux des hommes n’est pas fait pour vivre seul et pourtant c’est le lot de tant de gens qui vieillissent. En le lisant, on se dit « mais c’est tellement vrai' » ou « il exagère » peu importe on sourit souvent et on admire son art de jouer avec les mots et son incroyable talent de décrire de façon impertinente (comme sa grammaire !) la société dans laquelle il ne sent plus à sa place. J’espère que les passages que j’ai choisis vous feront sourire et donneront envie de lire ce livre ou n’importe quel livre de Jean-Louis Fournier.

 

Citations

 

Le ton du livre.

 J’en ai marre d’être seul, de plus en plus seul, de plus en plus vieux, de plus en plus moche..
 Si j’avais su, je ne serais pas vieux. 
C’est la canicule et je crève de chaud et malgré les injonctions du gouvernement, mes proches devenus lointains, ne m’appelle pas pour savoir si je bois consciencieusement de l’eau.

 

Bien vu !

Je suis dans le métro, debout au milieu d’une bande de jeunes, on est très serrés les uns contre les autres, j’étouffe. Il y en a qui lit un livre, « Les rêveries du promeneur solitaire », les autres qui ne savent plus lire, ont des germe de pommes de terre que leur sortent des oreilles, ils ont le regard perdu, certains accompagnent une musique avec leur tête.

J’adore et lisez jusqu’à la fin et dites moi si vous riez !

 C’était superbe un concert dans la cathédrale d’Arras, ils étaient au moins cent, des hommes, des femmes, des enfants. Ils ont chanté ensemble, en chœur, l’hymne à la joie de Beethoven 
Ils n’avaient pas tous des voix extraordinaires, c’était des amateurs, mais ensemble c’était bouleversant. 
Ce qu’on fait à plusieurs est quelque fois mieux.
 Regarder les cathédrales, ils s’y sont mis à plusieurs pour les construire.
 C’est quelque fois pire aussi …
Penser à la tour de Babel et au concours de l’Eurovision.

Les apartés concernant ses voisins.

 Les volets de mes voisins d’en face sont fermés. Ils ont dû partir.
Ils ne m’ont même pas prévenu…
 Les volets en fer de mes voisins sont encore fermés.
 Mes voisins ne sont pas rentrés, pourtant on est dimanche soir, ils ne sont pas très sympas…

Humour grinçant. Et plaisir des mots.

 J’en ai marre de moi, je m’invente des histoires pour me faire peur, j’imagine le pire, je fais des cauchemars.
J’ai autant peur de la mort de peur de la vie. Que choisir ?
 Je bois pour oublier, de l’eau de vie par peur de l’eau delà. 

 



Édition Dargaud

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

Célèbre pour ‘le chat du Rabbin » (et pas du Rabbit), Joann Safr raconte dans ce récit autobiographique son enfance à Nice avec un père avocat. Sa mère est morte quand il avait 4 ans, le fils et le père ont tissé des liens très forts. Les engagements politiques de son père ne sont pas toujours faciles à comprendre, adepte de la non violence , il n’hésite pas à faire le coup de poing contre un homme qui devant lui se gare sur sa place privée de parking . Défenseur de la cause palestinienne, il coupe avec toutes les organisations françaises qui ne dénoncent pas le terrorisme (et il y en a beaucoup). Son fils s’ennuie ferme à la synagogue et cherche tous les moyens pour échapper aux offices qui lui semblent interminables. Son idée c’est de faire partie de ceux qui protègent la synagogue des attentats terroristes car du coup il reste dehors et surveille (efficacement ?) les abords de là synagogue. Donc, il s’initie aux sports de combat ce qui n’était pas dans sa nature première !

Cette BD est l’occasion de faire revivre une époque et une ville : Nice. C’est drôle et triste à la fois : comme la vie en quelque sorte. J’ai beaucoup aimée, je l’ai lue avec grand intérêt. Et je suis très contente de vous recommander une BD.

Citations

J’ai ri !

« Et bizarrement j’ai vu très peu de vrai docteur pendant mon séjour à l’hôpital. Des infirmières et des internes. »

 » Hospitalisation à l’hôpital c’est comme au foot, il vaut mieux jouer à domicile. »

Et un sourire de plus !

 « Il faut que je trouve un moyen pour ne plus aller à la synagogue. C’est insupportable. »
« Et encore, je n’aborde pas le sujet de l’office de kippour. Qui dure quoi ? Douze heures ? »
« On lit un bouquin trois fois comme Le Seigneur des Anneaux, en hébreu. Et parfois on répète mêmes passages. Ça me rend fou,. Littéralement. Il faut que je trouve un moyen de ne plus jamais vivre ça. »

Lapsus révélateur de Raymond Barre !

 « Il y eut quatre morts et quarante six blessés lors de l’attentat de la rue Copernic. Les victimes n’étaient pas toutes juives. »
Après le carnage, Raymond Barre, premier ministre de l’époque, aura les mots suivants.
 « Cet attentat odieux voulaient frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic. »
Pour se défendre de ce qu’il appellera un lapsus, Barre déclara plus tard :
« Cette opération indigne contre moi l’œuvre du lobby juif le plus lié à la gauche. »

Éclat de rire (Séance de self défense)

 « Je vous jure que je visais la tête »
 » C’est possible d’être assez con pour viser la tête et atterrir dans les couilles ? »
 » Je suis pas souple. »

 


Édition poche Folio

Être un bon père consiste-t-il à trouver merveilleux un spectacle au seul prétexte que sa fille en fait partie ou bien a réussi à se retenir de rire ?

Merci Sandrine , tu avais bien raison de conseiller cette lecture qui comme d’habitude m’a fait beaucoup rire et même éclater de rire. C’est très rare de rire toute seule et je vais grâce à Fabrice Caro créer une nouvelle catégorie « éclat de rire » . Je vais y mettre le Discours , Zaï Zaï Zaï , Et si l’amour c’était d’aimer, peut être pas Figurec qui est un peu moins drôle.

Le narrateur est cueilli de plein fouet par une lettre que chacun reçoit à 50 ans pour faire un dépistage colorectal, mais voilà lui n’a que 46 ans. Que cache cette précipitation de l’assurance maladie à lui faire faire ce test ?
En plus son fils a exercé ses talents de dessinateur aux dépends d’une professeur de SVT, ce ne sont là qu’une partie de ses problèmes, c’est à son tour aussi d’inviter ses voisins à l’apéritif et il ne veut pas partir en vacances avec des amis (qu’ils n’aiment pas tant que ça) pour aller faire du paddle à Biarritz avec eux !

Bref sa vie est compliquée et nous on rit à ses malheurs. Rien de tout ce que je viens d’écrire ne peut faire le sujet d’un roman, détrompez vous Fabrice Caro y arrive très bien. Je trouve quand même que dans les les deux derniers chapitres l’auteur s’essouffle un peu. Et la fin n’est pas à la hauteur du début. Peu importe, lisez ce livre mais faites attention à l’endroit où vous le lirez : on pourra peut-être vous prendre pour une folle si vous hoquetez trop fort. Quand vous arriverez au spectacle de danse de sa fille je vous conseille d’être seul pour ne déranger personne.
Merci à cet auteur de me faire autant rire.

 

Citations

Un des nombreux fantasme du narrateur.

 (…) Le fantasme de la disparition. S’évaporer, sans préavis, sans laisser la moindre nouvelle, partir, prendre congé, démissionner de la vie, démissionner de la réalité.

Gala de danse de sa fille d’où le titre..

 Un samedi soir de fin d’année scolaire, et nous devions assister à un gala de danse de Jade, elle avait treize ans, il s’agissait d’une comédie musicale type « Cabaret » où « Broadway », et je m’apprêtais déjà à passer les deux heures les plus longues de ma vie. J’avais tout tenté pour y échapper, j’avais même demander à Jade si elle tenait vraiment à ma présence (plus exactement, j’avais habilement retourné la problématique : est-ce que ma présence ne la perturberait pas, ne lui mettrait pas trop de pression ?). Anna m’avait lancé un regard accusateur, j’y étais donc allé comment va à la mine, admettant qu’après tout il existait dans le monde des choses plus graves qu’un gala de danse, même si sur le moment j’avais beaucoup de mal à réellement m’en persuader.

Un de mes nombreux éclats de rire

(Il est dans une église car sa fille de 13 ans lui a demandé de mettre un cierge pour que Yannis la « re »aime….)
 Notre-Dame d’Espérance. Le nom est toute indiqué pour ma prière. Je ne pouvais pas mieux tomber je me trouve chanceux d’être précisément tombé sur elle -en même temps je doute qu’il existe dans les églises une Notre-Dame du Désespoir ou une Notre-Dame de la Dépression Tenace, la chance a peu à voir là dedans

 

 

 

 

 

 

 

 


Édition le dilettante

Le club de lecture m’a fait découvrir, et, beaucoup aimé, cet écrivain avec « l’invention de l’histoire » j’ai trouvé dans la médiathèque ses autres livres dont celui-ci.

La campagne de France raconte les malheurs de deux garçons très cultivés, qui ont décidé d’abandonner le dur métier d’enseignant de lettres pour Otto et d’histoire pour Alexandre, ils ont créé une agence de voyages culturels à Biarritz. Leur premier essai les a mis immédiatement dans le rouge (financièrement) car ils avaient appelé leur projet : « Théâtre de bons engins », comme les paysans de la région vous auriez pensé sans doute que cela vous menait tout droit à la foire agricole de Paris qui se tenait aux mêmes dates. Que Nenni ! ce titre est emprunté à un célèbre poètes Guillaume de la Perrière et le thème du voyage était donc une découverte des poètes à travers la France. D’où la colère des paysans et le remboursement des frais.
Après bien des cogitations, ils décident d’un thème plus porteur : les liens entre l’Allemagne et la France avec à la fin la visite de Bergue que le films les Chtis a rendu si célèbre. L’amicale des anciens de Biarritz achète ce voyage et les voilà partis sur les routes de France. Il faudra des capacité d’adaptation hors du commun aux deux organisateurs pour amener leur public à être satisfait de leurs choix alors qu’ Otto et Alexandre avaient si bien préparé ce voyage.

C’est souvent très drôle mais comme avec les livres dont le ressort principal est l’humour, je me suis parfois lassée des procédés trop faciles et trop attendus (comme les deux vieux qui se trompent de dentiers). Mais il y a des moments tellement bien vus sur nos habitudes que je ne peux que recommander ce roman. Je crois que je garderai en mémoire la visite d’usine de bonbons où le directeur est un metteur en scène d’une usine factice et où les ouvriers sont des intermittents du spectacle qui jouent le rôle des ouvriers. La rentabilité est assurée par la vente des bonbons à la fin de la visite (bonbons fabriqués en Chine !).

Les émotions des anciens ne sont pas comme l’espéraient les deux organisateurs, provoquées par le passé historique mais par les informations déversées par les média. Donc plutôt qu’Oradour sur Glane le village la Faute-sur-mer et les restes de la tempête Xynthia.

Pour conclure, j’ai vraiment aimé certains moments de ce roman mais j’y ai trouvé aussi trop de clichés à propos de personnages qui auraient dû me faire rire.

 

Citations

Un manque de goût pour la poésie .

 Déjà la poésie, ça me gonfle. La plupart du temps j’y entrave que dalle. Des mecs qui parlent des roses, du ciel et des oiseaux sur deux pages pour dire je t’aime où je me sens pas bien, ça me dépasse.

Le bon sens du père maçon .

  Alexandre se remémora l’un des raisonnements alambiqués dont son père avait le secret. Selon ce dernier la télévision a été inventée pour éloigner les ouvrier des bistrots. Ce n’était là qu’un préambule car suivait sans tarder un discours rodé par lequel il démontrait que cette maudite boîte n’était qu’un cheval de Troie dont le but était d’introduire dans les intérieurs modestes toute une panoplie d’appareils qui avait sonné le glas de la classe ouvrière. Au banc des accusés figurait entre autres catalyseurs de ses rancœurs, le canapé. La démocratisation de cette pièce de mobilier avait donné aux membres des couches inférieures de la société le goût du confort et des velléités d’embourgeoisement. La fainéantise s’était ensuite répandue comme une mauvaise grippe. À l’entendre, il suffisait d’interdire les canapés pour remettre tout le monde au travail.

Les accents en France.

 Un temps Nice leur sembla l’endroit idéal mais, après un bref séjour sur la Côte d’Azur afin d’évaluer si l’environnement leur convenait, Alexandre ne put se résoudre à vivre dans une région dont les habitant écorchaient à tous les coins de phrase la prononciation de la langue française comme ils avaient pu l’entendre dès leur arrivée à la gare
« Vous éta z’arrivés à la gara de Niça. Terminussa. Attentiong da na rieng oublier dans la trainga »

Dialogue à méditer.

 – L’Ukraine n’es plus un pays communiste vous avez oublié que le mur de Berlin est tombé, le reprit Roger Fortin.
– On me la fait pas à moi ,rétorqua Daniel Hernandez, c’est pas la chute d’un mur à Berlin qui va changer quoi que ce soit chez les cocos, russes ou ukrainiens. C’est c’est dans leurs gènes, à ces salopards. Ils nous ont jamais remboursé l’emprunt russe mais ils se sont pas gênés pour nous refiler leur radioactivité. Des salopards, je vous dis.

 

 


Édition du Rocher

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

parole d’un résident d’un Ehpad

« C’est long de mourir. »

Un bol de bonne humeur, des sourires à gogo et même un éclat de rire. Et aussi, des moments d’une grande sensibilité et d’émotion. Au milieu de livres tragiques celui-ci m’a fait un bien fou.

Peut-être avez vous entendu parler du célèbre arnaqueur Victor Lustig qui s’est vanté d’avoir vendu la Tour Eiffel à un riche ferrailleur Parisien. Il serait l’ancêtre du narrateur Thomas Poisson. La quête vers cet ancêtre peu glorieux permet à l’auteur de nous décrire des français contemporains. Ceux qui, avec un gilet jaune, ont occupé les ronds points de la France en 2018. Thomas Poisson est au chômage depuis peu et fréquente la médiathèque de sa ville. Là il rencontre Frankie qui a eu le malheur de changer une roue en pleine manifestation des gilets jaune et qui a eu du mal à expliquer à la police ce qu’il faisait un cric à la main devant les forces de l’ordre. Il y a aussi Mansour ce fils de harki . Le récit de la vie de son père est un des moments d’émotion que j’évoquais au début de mon billet. Il y a aussi Françoise qui fait les meilleures confiture que Valentin, le fils de Thomas, n’ait jamais goûtées. Elle aime bien être sur les ronds points car elle s’y sent moins seule que chez elle. Enfin, il y a le père de Thomas qui termine sa vie en Ehpad.

Et puis il y a Carine, sa femme qui supporte de plus en plus mal les maladresses de son mari. Tous ces personnages forment un groupe humain que nous rencontrons tous les jours, dont nous faisons sans doute partie, cela fait du bien de passer du temps avec eux sous la plume d’un auteur qui a tant de compassion pour ses contemporains. Ce n’est peut-être pas le roman du siècle, mais un livre qui fait tant de bien, que je lui ai finalement mis cinq coquillages pour partager avec vous ce petit moment de bonheur.

 

Citations

Le talent des bibliothécaires.

 Une scène à faire douter un malentendant du bon fonctionnement de son sonotone. Je me suis dit que la formation des bibliothécaires devait les préparer à cela. Une aptitude validée par un examen, j’imagine, ou les épreuves consistent en une mise en situation de communication silencieuse : orienter vers la section « Histoire égyptienne « sans prononcer un mot, et ramener au calme d’un simple regard un groupe d’adolescents agités, donner son avis, positif ou négatif, sur un ouvrage en clignant des yeux… Personne ne maîtrise l’expression silencieuse mieux que les bibliothécaires. Entre eux, ils échangent sur des fréquences que seuls les chiens et les chauve-souris peuvent percevoir.

Un moment d’intense émotion, à propos de son père ancien Harki.

 Un jour en rentrant de l’école – ce devait être à la fin des années soixante, mon père avait trouvé du travail chez Renault et nous avions quitté les camps -, je lui ai demandé ce que c’était qu’un collabo. Il m’avait expliqué. À l’école, il y en a qui disent que tu es un collabo. C’est vrai, Papa ? je lui avais demandé. Je me souviens de la tristesse dans son regard. Non seulement on l’avait trompé, mais comme si cela ne suffisait pas, on lui crachait dessus désormais. Mon père est mort il y a trois ans. J’avais huit ans lorsque je lui ai posé cette question. Jamais je n’oublierais le regard de mon père ce jour-là . D’abord parce que c’était par ma voix qu’il apprenait ce que les autres pensaient ou du moins colportaient sur les harkis. Ensuite parce que ce regard résume à lui seul tout ce qu’il m’a transmis, son histoire et la souffrance qui l’accompagnait. Mon père était un type bien et la vie ne l’avait pas mieux traité pour autant.

Humour qui fait du bien (aux maladroits, surtout).

 Le tapis ne craignait rien. C’est un modèle bleu foncé venu remplacer le tapis artisanale berbère, souvenir du même voyage au Maroc, en laine blanche finement décoré de motifs géométriques noirs. Lui trop clair, trop fragile, moi, trop maladroit. Nous nous n’étions pas destinés à vivre ensemble.

Éclat de rire .

 Bruno s’est bien foutu de moi ce soir. En attrapant mon porte monnaie dans mon sac, j’ai fait tomber la bombe de déodorant que tu m’as donnée pour remplacer ma bombe de défense au poivre. « Pour nous les hommes » il m’a dit. J’ai dû lui expliquer pourquoi je me promener avec une bombe de d’Axe marine. La seule chose qu’il a trouvé à dire, c’est que ça pouvait toujours servir si je tombais sur un agresseur qui sentait la transpiration ….

Je suis tellement d’accord, enfin, pour l’humanité j’ai un petit doute.

 La pizza hawaïenne est incompréhensible, un ornithorynque gastronomique, un assemblage disparate qui défie la logique élémentaire sans avoir toutefois la sympathie de l’inclassable animal. C’est un outrage à la gastronomie italienne, et même une raison suffisante de douter du bien-fondé de l’existence de l’humanité.

 


Édition Livre de poche. Traduit de l’allemand par Anne Georges

 

Lors d’une discussion pendant les vacances de la toussaint, mes petits enfants ont exprimé toute leur passion pour Harry Potter, ma soeur leur a demandé : – Connaissez-vous « Émile et les détectives » ?

Toutes les deux, nous avons partagé, alors nos souvenirs : ce roman avait enchanté notre enfance. Dans ce mois de « feuilles allemandes », ne manquait-il pas un livre jeunesse ? Celui-ci écrit en 1929 , victime de la censure nazie a, selon moi, toute sa place et je pense qu’il rappellera de bons souvenirs à beaucoup d’entre vous. Je viens de le relire, je crois qu’il va plaire aussi à mes petits enfants. Je rappelle le sujet : Émile Tischbein âgé de dix ans, part seul à Berlin, en train, pour retrouver sa grand-mère et la famille de sa tante. Sa maman est veuve et travaille comme coiffeuse chez elle, elle gagne tout juste de quoi vivre avec son petit garçon. Émile est intelligent et débrouillard son but principal est d’aider sa maman. Dans le train, il est victime d’un homme qui lui vole l’argent qui lui avait été confié pour sa grand-mère.
Arrivé à Berlin, Émile grâce à une bande d’enfants aussi débrouillards que lui prend en chasse son voleur, ensemble ils arriveront à le faire arrêter.
Ce qui fait tout l’intérêt du livre c’est le côté très vivant de la bande d’enfants, les différentes personnalités des petits lascars sont très attachantes. L’écrivain a beaucoup d’humour et je suis certaine que les enfants d’aujourd’hui peuvent sourire et se retrouver dans les dialogues de ces enfants. C’était un très bon roman jeunesse qui a presque un siècle et je parie qu’il peut encore plaire aux enfants.

Et … incroyable, j’ai trouvé un point commun avec Harry Potter  ! ! Dans le premier tome Harry, Ron et Hermione se couvrent de gloire grâce à leur courage dans des actions téméraires et courageuses. Mais Dumbledore félicite aussi le petit Neville Londubat qui est resté à son poste de veilleur toute la nuit. Dans « Émile et les détective », le policier félicite évidemment Émile et ses amis pour leur courage dans cette course haletante à travers Berlin pour attraper le voleur, mais il souligne aussi le courage du petit Vendredi qui loin des actions d’éclat est resté à son poste devant son appareil de téléphone et a permis le succès de l’opération en informant en temps et en heure du mouvement des troupes. Le courage des petits est donc mis à l’honneur dans ces deux récits.

L’adulte que je suis aujourd’hui a été étonnée par la description réaliste des difficultés sociales en Allemagne en 1920 et l’admiration pour les réalisations technologiques des villes modernes. J’ai retrouvé intact mon souvenir du rêve cauchemardesque qui bouleverse Émile dans le train : c’est vraiment bizarre de constater que des livres d’enfance peuvent rester graver dans les souvenirs à tout jamais me semble-t-il.

Citations

Genre de phrases que l’on aime bien lire dans un livre jeunesse.

Admettons que la malchance reste toujours la malchance. mais quand on a des amis qui spontanément vous viennent en aide, disons que ça fait du bien au moral.

Humour.

 – Vous jacassez pendant des heures sur des problèmes de nourriture, de téléphone, de nuits passées hors de chez nous. Par contre, sur la manière d’attraper le voleur, pas un mot. À vous écouter, on se croirait… on se croirait dans un conseil de prof ! 
Aucune injure plus forte ne lui était venue à l’esprit.

 

 

 

 

Édition Le Dilettante

 

Après « 39,4 » je savais que je lirai ce roman qui de plus se concentre sur un problème qui me touche car une de mes filles est professeure en collège à Paris : la volonté des parents de contourner à tout prix les règles d’affectation scolaire pour mettre leur enfant dans un bon collège. À Paris, plus qu’en province, le succès des établissements privés est considérable, mais si on habite à côté d’Henry IV ou Louis Le Grand c’est une grande chance pour ces parents trop concentrés sur la réussite scolaire des enfants. Ils peuvent laisser leur chère progéniture dans le public et bénéficier d’un environnement élitiste.

Paul, le père de Bérénice est un de ces pères là et si Sylvie son épouse est plus attentive au bonheur de leur enfant, c’est quand même elle qui demandera à leur ancienne femme de ménage, une mère célibataire d’origine africaine maintenant concierge à côté du collège tant convoité -Henry IV, de domicilier sa famille chez elle ! L’éclat de rire de cette femme qui rend volontiers ce service contre rémunération, m’a fait du bien.

Ensuite le roman enchaîne les manœuvres pour maintenir Bérénice au top de l’élite intellectuelle parisienne, il s’agit de donner à la jeune tous les cours particuliers qui lui permettent de rentrer au lycée Henry IV puis en classe prépa. Et là soudain catastrophe Bérénice tombe amoureuse du seul garçon boursier de la prépa.
Je ne peux vous en dire plus sans divulgâcher, l’imagination de Paul pour obtenir que sa si précieuse fille franchisse les derniers obstacles de la classe prépa.

C’est donc la deuxième fois que je lis un roman de cet auteur, je suis frappée par l’acuité de son regard sur une société qu’il connaît bien, mais comme pour « 39,4 », j’ai trouvé que ce regard pertinent manquait de chaleur humaine et que son humour est parfois trop grinçant. On ne retrouve un peu de compassion que dans le dernier chapitre. Je vous conseille cette lecture si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur le petit monde des gens qui veulent à tout prix la réussite scolaire de leurs enfants à Paris. Je sais, c’est un centre d’intérêt limité mais n’oubliez pas qu’ensuite ces braves gens gouvernent la France avec un regard quelque peu méprisant pour le commun des mortels.

 

Citations

Cet humour grinçant qui parfois peut déranger .

 Paul redouta le développement d’un trouble dysphasique sévère. Alerté par une fréquentation compulsive des sites spécialisés sur le net, il fit partager à Sylvie le spectre des conséquences à anticiper : isolement, syndrome autistique, arriération, et décès précoce dans une institution privée située à plus de cent cinquante kilomètres de Paris où ils se seraient auparavant rendus une fois par semaine, le samedi après-midi, afin de passer quelques heures en compagnie de leur fille dans un atelier artisanal de création de lampes en sel coloré.

Les enfants à haut potentiel .

 Son retard initial dans l’acquisition du langage de même que ces manifestations d’anxiété s’intégrant d’ailleurs dans la description proposée par le psychologue Jean-Charles Terrassier, du phénomène qualifié de « dyssynchronie » pour caractériser un certain nombre d’enfants dits « précoces », dont la maturité affective n’était pas en adéquation avec le niveau des connaissances accumulées, expliquant nombre de comportements puérils et négatifs susceptibles de retarder certaines acquisitions. Ainsi naquit ces acquis dans l’esprit de son père l’hypothèse selon laquelle Bérénice était une enfant à « haut potentiel  » au potentiel caractéristique plus gratifiante que les annotations qui ponctuent ses bulletins scolaires de CM2 et lui assignant un rang médian tout en louant des effort qualifiés de « méritoires »

L’élitisme scolaire.

Bérénice fit donc solennellement son entrée au collège Henri-IV sous le regard transfiguré de son père qui conduisit en personne sa fille vers le sanctuaire où elle allait désormais, à l’instar d’une chrétienne béatifiée, recevoir les sacrements d’une pédagogie aristocratique. La jeune fille ne protesta pas, heureuse de l’effet que provoquait sa mutation scolaire sur l’humeur quotidienne de Paul, à défaut de prendre pleinement la mesure de la chance qu’il lui était offerte de s’extraire du troupeau vagissant des futurs exaltée du vivre ensemble. Elle avait en effet, depuis quelques années, pris conscience de la puissance que produisait ses résultats scolaires sur l’humeur de son père et entrevoit les quelques stations de métro supplémentaires qui accompagneraient ces trajets quotidiens comme un maigre tribu à l’équilibre familial.

Se construire soi même une mauvaise foi.

 À la manière d’un rongeur amphibien, il prit la résolution, afin de se prémunir de ses assauts paradoxaux, d’établir une sorte de digue interne, constituée de petits bouts d’arguments qu’il assemblait les uns sur les autres dans la plus grande anarchie pour s’assurer une protection étanche contre les efflux critiques qui l’assaillaient périodiquement. Il lui fallut pour cela mobiliser toute la rigueur de sa formation scientifique et, ainsi que s’organisent naturellement certaines voies de communication au sein d’un épithélium, définir un cadre formel, agencer selon des règles systématiques les voies de signalisation et de régulation à l’intérieur desquelles lui, Bérénice, Aymeric, Henri IV, l’Éducation nationale et ses ramifications s’intégraient et se déplaçaient sans jamais en questionner la finalité.

Les indignations de la jeunesse favorisée .

 Pernille était une jeune fille à la conscience « éveillée » et particulièrement encline à l’indignation. La situation des réfugiés syriens, l’absence de menu bio au réfectoire d’Henri-IV, le nombre de places d’accueil pour les SDF par grand froid, la taille des jupes de sa mère où la fonte du permafrost, tout l’indignait.

Et oui ce genre de spectacle existe (comme ça ou presque).

 Sylvie et Paul s’était laissé surprendre par une invitation l’été dernier afin d’assister à une « mise en espace » consacrée à la poésie médiévale dont la principale originalité tenait au fait que les vers se trouvaient déclamés par des comédiens perchés au sommet des arbres. Églantine Campion expliqua à ses invités, et plus tard à l’ensemble des spectateurs, qu’elle tenait par cette scénographie à renforcer la nature gravitationnelle du processus politique en en inversant la trajectoire, pour mieux signifier que si les vers élevaient l’âme de ses auditeurs, ils avaient l’humilité, en quelque sorte, de descendre jusqu’à eux et de ne point les exclure de leur dimensions parfois ésotérique. Les représentations furent néanmoins interrompues avant leur terme et par la chute malencontreuse d’un comédiens qui se fractura pour l’occasion deux vertèbres, suscitant, en guise de conclusion anticipée, une réflexion de l’organisatrice sur la radicalité de l’acte poétique, son éternel potentialités à transformer, fragmenter même, chacune de nos confortables « zone de réalité ».

Édition Albin Michel

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

 

 

Est-ce qu’un éclat de rire vaut cinq coquillages, j’ai décidé que oui car franchement quand j’écris cet article il n’y a pas grand chose qui me porte à rire.
Alors surtout que tous ceux et toutes celles qui ne veulent lire que des œuvres qui passeront à la postérité, évitent cette lecture. Les autres chercheront dans leur bibliothèque préférée s’il ne trouve pas ce roman de Marion Michau. Elle y conte la vie de Pilar Mouclade, oui c’est vrai son prénom aurait été plus facile à porter avec un nom de famille espagnol et puis Mouclade ce n’est pas terrible non plus. Tout va bien dans sa vie : son mari, ses enfants, son métier.
Elle sait nous raconter le métier d’agent immobilier et nous le rendre très sympathique. Je me souviens à quel point une femmes m’avait aidée à acheter ma maison à Dinard, je la retrouve dans le portrait de Pilar, donc je peux en témoigner il existe des agents immobiliers (désolée je ne connais pas le féminin du nom « agent ») agréables et qui vous aident vraiment à choisir un bien où vous pourrez vivre confortablement.

Pilar est originaire de Limoge, ville souvent choisie pour décrire l’ennuie de la vie en province, cela vient de loin puisque le mot limogeage vient de l’envoie, dans cette ville, des hauts gradés militaires dont on voulait se débarrasser en les faisant « mourir » d’ennuie à Limoges. Elle est élevée par une mère compliquée qui change d’amants et de boulots très souvent, elle est aussi l’amie de Stella un fille dont la beauté éblouit les garçons et attire les filles. Pilar va avoir quarante ans et son anniversaire la perturbe beaucoup, elle veut retrouver Stella avec qui elle s’est fâchée à l’adolescence. Cette quête vers son passé va permettre aux lecteurs de comprendre qui est Pilar : une femme formidable que l’on a très envie de connaître pour partager un moment de sa vie.
Rien que pour ça j’irai bien dans son agence immobilière : mais oui, je le sais, ce n’est qu’un roman, plus exactement un éclat de rire et cela je le garde en moi, en pensant à Pilar Mouclade.

 

Citations

Le choix du prénom Pilar.

 Dans toutes les familles normalement constituées, le père aurait mis son veto (pourquoi pas Dolores tant qu’on y est ? ?), mais mon père n’a pas eu son mot à dire puisqu’il se résume à « un homme qui dansait très bien » au Calypso Club de Limoges en juillet 1979.

Le portrait de sa mère .

Je vivais dans le désordre de ma mère. On passait de studio en appartement et d’appartement en chambre de bonne au gré de ses licenciements ou de ses ruptures amoureuses (les deux affaires étaient souvent liées). J’ai eu un nombre parfaitement traumatisant de beau-père. aujourd’hui, je les confonds tous. Il faut dire que ma mère s’est longtemps spécialisée dans le tocard à moustache. 
– Qu’est-ce que tu veux, Pilar, je ne supporte pas d’être seule. 
J’ai mis des années à comprendre cette phrase. elle n’était pas seule, puisque j’étais là…
 Toute mon enfance je l’ai entendu parler de valises et d’aller simple pour le bout du monde.
-Qu’est-ce qui nous retient ? 
J’ai grandi avec cette idée dans un coin de ma tête, et un grand sac en toile rose et bleu dans un coin de ma chambre. Les années ont passé, et on ne s’est jamais éloigné a plus de vingt kilomètres de Limoges, ou elle vit encore. Ma mère m’a toujours fait penser à une mouche contre une vitre : elle dépense une énergie folle à se cogner.

Les rapports avec sa mère .

 Ma mère m’appelle alors que je remonte en voiture la rue Sadi-Carnot. En voyant son nom s’afficher, je me gare sur une livraison. Quelques secondes, j’espère qu’elle appelle pour s’excuser d’avoir oublié mon anniversaire… Décidément, rien ne me sert de leçon.
– Pilar ! Ah quand même ! Tu aurais pu m’appeler ! Tu as bien vu que j’étais en train d’oublier ton anniversaire ! T’aurais pu me passer un petit coup de fil au lieu de prendre un malin plaisir à me mettre le nez dans le caca ! 
– Bonjour, maman. 
– Je vais même te dire vu ce que j’ai souffert le jour de ta naissance, c’est toi qui devrais m’appeler chaque année ! 
Parfois je me demande pourquoi je descends rarement la voir, et parfois je ne me le demande plus du tout. 
-De toutes façon, je ne sais pas pourquoi je m’étonne encore ! Tu n’appelles jamais, tu ne descends jamais !
 Bah non , maman, parce que chaque fois que je viens, dans les deux minutes qui suivent mon arrivée, j’apprends que j’ai grossi et qu’on ne va pas passer la soirée ensemble parce qu’un « ami » t’a invitée à dîner et tu n’as pas osé dire non. C’est drôle comme avec moi tu oses.