SONY DSCTraduit de l’anglais (États-Unis) par François Dupuigrenet Desroussilles (c’est très bizarre cette indication « États-Unis » car la romancière est bien typiquement britannique et son roman aussi !)

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L’enthousiasme de mes amies blogueuses a fini par gagner, j’ai commencé ma fréquentation de Barbara Pym et je me dis que ce n’est pas le dernier roman que je lis de cette auteure parce que cet essai m’a bien plu. Alors merci Keisha, Dominique, Aifelle et j’en oublie car un moment , j’ai cru voir le nom de cette auteure partout. J’ai beaucoup aimé les trois quart du récit mais la fin est décevante. Ce qui est absolument « délicieux » ce sont les descriptions des rapports des personnages de cette toute petite ville. Tout le monde se connaît, et autour d’une tasse de thé, ces dames et ces messieurs passent leur temps à faire des commentaires sur la vie des voisins. Dans cette douce ambiance, mettez un bellâtre hongrois qui ne sait rien des us et coutumes britanniques mais qui s’y connaît en femme, et voilà notre petite communauté qui s’agite se déchire et .. se réconcilie à la fin. Le personnage principal, est une femme entièrement dévouée à l’épanouissement de son écrivain de mari en panne d’inspiration. Les observations de Barbara Pym sentent le vécu.

Ce roman me fait penser à un épisode de »Dawnton Abbey au village », mais où il ne se passerait rien et sans les propos acides de Violette : ça manque un peu de méchanceté. En ce moment, c’est la littérature que je recherche , mais j’aimerais quand même un peu plus de mordant.

Citations

Sourire dès la première page

Elle se pencha pour effleurer de ses lèvres la joue de Cassandra qui lui rendit son baiser un peu gauchement, car l’embonpoint de Mrs Gower rendait sa joue presque inaccessible.

Un charme indéfinissable si britannique, j’adore ce genre de passage

Dans sa jeunesse il n’avait jamais réussi à s’engager dans une carrière, car il avait résolu très tôt de faire un beau mariage, convaincu que sa bonne mine et son allure martiale suffiraient à lui gagner le cœur de toutes les femmes. Malheureusement ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès. On peut penser que ses avances avaient manqué de la chaleur, de la dévotion empressée, que toute jeune femme s’attend à rencontrer à cette époque de sa vie. Mr Gay, étant de tempérament naturellement froid, n’avait jamais été amoureux.

Les couples en sortie

En des lieux tels que Up Callow les épouses devaient toujours prendre au sérieux leurs maris. Au moins en public.

SONY DSCTraduit de l’Italien par Françoise Brun. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème roman épistolaire.

1
La seule motivation qui m’a aidée à terminer ce roman, c’est l’envie que j’avais d’écrire sur Luocine pour me défouler un peu de l’ennui que j’ai ressenti à cette lecture et d’exprimer tous mes agacements. L’idée de départ avait tout pour me plaire, une femme hérite d’une papeterie et en fait une librairie-salon de thé et vend essentiellement des romans d’amour. Elle rencontre son amour de jeunesse Frederico et commence une relation épistolaire avec lui. Non, je n’ai rien divulgâché, ce sont les premières pages du roman. Une longue, très longue série de lettres (400 pages qui m’ont semblé 800) pour faire éclore « l’AAAAAAAmour qui ne connaît pas de lois » entre ces deux êtres alors que lui est marié et vit à New-York et elle à Milan. Lui, c’est un rasoir fini qui ne sait parler que d’architecture et la pauvre Emma, prénom trop célèbre en France pour les amours ratés, va devoir lire avec force détails la rénovation de l’immeuble Morgan à New-York. Malheureusement pour nous, elle recopie soigneusement ses lettres et nous en inflige la lecture. Un conseil si vous lisez quand même ce roman, vous pouvez sauter toutes les lettres signées Frederico, elles n’ont aucun intérêt. On a juste envie de lire un traité d’architecture sur le sujet.

Pourquoi les cartes de Belle-Isle sur ma photo ? Parce que c’est là que nous deux amants vivront leur amour clandestin. Et même l’évocation de ce lieu que j’aime est raté. Les légendes sont ridicules, tout semble de pacotille même les paysages de la côte sauvage. En lisant ce roman et en remarquant sur la quatrième de couverture,  » Ce roman s’est placé dès sa parution en Italie en tête des meilleures ventes » , je me suis souvenue que Cino Del Duca était italien et avait inventé le concept de la presse du cœur. Ma seule consolation d’avoir lu ce roman jusqu’au bout, (en diagonale à la fin il faut que je l’avoue), c’est que » la » Emma, elle va bien s’ennuyer avec son amant si rasoir et si pleutre qu’il n’avait même pas été capable de lever l’interdit maternel quand il avait vingt ans, je peux le lui dire, il est seulement plus vieux mais il est tout aussi timoré.

Citations

Les livres en grande surface

J’ai visité plus de centres commerciaux en une semaine que dans toute ma vie, et plus je voyais de livres entassés les uns sur les autres entre des montagnes de couches-culottes et de tomates en conserve, plus j’étais convaincue que les gens avaient besoin d’un endroit où pouvoir se rencontrer et feuilleter des livres sans ses sentir obligés d’acheter.

Une rupture efficace

Le mois dernier, Laura, sa psychothérapie analytique terminée, est rentrée à la maison, a préparé le dîner et informé Camillo que leur mariage « finissait là ». Une minimaliste.

C’est ce que je vais faire avec son roman même si je ne suis pas libraire, mais je ne le relirai sûrement pas

Un des privilèges de la librairie, c’est qu’elle m’a libérée d’un complexe de culpabilité : celui de ne pas me souvenir de tous les livres que j’ai lus ? J’ai oublié le début, la fin, l’histoire entière de tas de livres, ce qui me permet d’en relire certains comme si c’était la première fois.

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Traduit de l’anglais par Christine Barbaste. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Je ne m’attendais pas à prendre autant de plaisir dans une lecture aussi peu dans mes centres d’intérêts habituels. Je ne me souvenais plus que Sandrine en avait déjà dit le plus grand bien. Ce livre raconte l’histoire d’un groupe de créateurs d’une comédie à succès « Barbara (et Jim) » . Le succès de cette comédie vient du charme et de la drôlerie de l’actrice principale Sophie Straw (à propos, je n’ai pas réussi à en trouver trace sur le net, au point je me suis demandée si c’était une créature fictionnelle). Dans ce livre, on dit que ça l’énerve qu’on la compare à Sabrina dont voici la photo (qui elle, est dans le livre) :

20160118_181929J’adore ! et je dédie cette publicité à tous ceux et toutes celles qui trouvaient, dans Mad Men, la poitrine de Joan irréaliste.

Ce qui est vraiment plaisant dans ce roman, c’est la description de la société anglaise des années 60, celle qui finira par faire sauter tous les verrous de la bienséance installés par la Reine Victoria. Cela commence par l’homosexualité, qui lorsqu’elle est refoulée fait souffrir tant de gens, les homosexuels bien sûr, mais leur entourage en particulier la femme qu’ils se croient obligés d’épouser pour donner des gages de bienséance, sans pour autant éprouver d’attirance pour elle, et bien sûr leurs enfants. On voit aussi la lutte entre la BBC sérieuse mais terriblement ennuyeuse et le divertissement à travers des comédies drôles et légères. Bien-sûr la télévision est allée encore plus loin aujourd’hui, et depuis la « télé réalité » qui montre tout sauf la réalité, elle s’est perdue à force de divertissement.

Aujourd’hui, tout cela est remplacé par le net et les jeunes ne regardent plus beaucoup la télévision. Est-ce mieux ? Est-ce pire ? Comme le faisait remarquer Sandrine lors de mon commentaire à propos de ce livre, on est parfois effaré du temps perdu à « surfer » sur cette merveilleuse source de connaissance mais aussi le vide que représente le temps que nous passons devant notre ordinateur ! J’ai noté que très tôt le politique a compris l’importance des médias, puisque le premier ministre de l’époque (Harold Wilson) aurait demandé qu’un des épisode de la série soit tournée au 10 Downing Street. Donc notre premier Ministre qui se déplace pour participer à une émission télévisée de distraction populaire n’est pas un novateur.

L’intérêt de ce livre, c’est de nous faire revivre une époque, mais c’est un peu plus compliqué à lire pour les Français car nous ne connaissons pas les personnages dont il est question, en tout cas pas moi.

Citations

la sexualité

-Tu n’es pas vierge n’est ce pas.
-Bien sûr que non. 
En vérité Barbara n’en savait trop rien. Résolue à s’affranchir de quelque entrave avant de venir à Londres , elle avait tentée deux ou trois bricoles avec Adam, juste avant le concours de beauté. Mais comme il ne s’était pas montré très dégourdi, elle ne savait plus trop quel était son statut officiel.

L’accent anglais

On l’entendait à la radio, et elle parlait avec ce timbre et cet accent estampillé BBC que personne, nulle part en Angleterre, au nord comme au sud, n’avait dans la vraie vie.

 Les opinions dans la classe moyen en 1960

Mon père me tuerait si je votais travailliste, dit Sophie. Il prétend qu’il a travaillé trop dur pour tout donner aux tire-au-flanc et aux syndicats.

Finalité d’une comédie télévisée

N’est ce pas là tout l’objet des comédies télévisées ? De fédérer les gens ? Et c’est ce que j’adore dans ce travail. Tu rigoles de la même chose que ton patron, ta mère, ton voisin, le critique de télévision du « Times », et la reine, pour ce que j’en sais. C’est génial. 

20160113_110627Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard, thème : roman épistolaire.

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Quoi de plus agréable qu’une petite virée dans les beaux paysages du vignoble français ? Un bon roman pour se distraire, s’amuser, sourire, s’émouvoir et même être prise par le suspens. Un roman écrit à deux et qui réussit ce tour de force d’annoncer dès la troisième ligne l’objet qui résoudrait l’énigme du roman :

Rentrant de voyage ce samedi, je trouve dans ma boîte aux lettres cette volumineuse enveloppe, portant votre adresse au dos. »

Bien sûr, je ne vais rien divulgâcher, une fois n’est pas coutume ce serait vraiment dommage, mais vous l’avez deviné, Pierre Marie Sotto à qui est destiné cette enveloppe n’ouvrira pas cette lettre et correspondra avec Adeline Parmelan. Tous deux vont peu à peu apprendre à se connaître et dévoiler une partie de leur intimité. C’est souvent très drôle et j’imagine bien le plaisir des deux écrivains à écrire un tel roman. On voit aussi notre société prendre vie tout au long de ce roman : les familles recomposées, la célébrité, les rencontres d’un soir, le deuil mais pour une fois ce n’est pas tragique.

J’ai aimé la lectrice qui veut absolument avoir une relation sexuelle avec notre écrivain, il aurait aimé nous faire croire qu’il a été pratiquement violé, heureusement, il a l’honnêteté de nous faire lire le mail de la meilleure amie de cette lectrice au fort tempérament , disons que si l’alcool a égaré son jugement, il a quand même été plus que consentant. J’ai adoré aussi le point de vue masculin (le copain de toujours de notre écrivain) sur cette femme. Bref comme je ne veux pas encourir la colère des anti-divulgâcheurs, je ne vous fais part que des anecdotes qui m’ont beaucoup amusée…

PS. : lisez la citation, vous comprendrez pourquoi je termine par ces trois points de suspension,(totalement incongrus) ! – on a le droit aux parenthèses et au point d’exclamation-

lire le billet de Krol (qui à mon avis divulgâche plus que moi)

Citations

Citation dédiée à ceux et celles qui détestent qu’on les appelle « minou »

Ma seconde femme. Je ne me rappelle plus pourquoi je l’ai épousée, mais je sais très bien pourquoi je l’ai quittée. Partout où je me sentais bien (librairies, soirées avec des amis) elle me disait : « on y va ,Minou ? » J’ai tenu 8 ans.

Les points de suspensions

Ces obsédés des points de suspension semblent vous dire : ah,si on me laissait faire, vous verriez cette superbe description que je vous brosserais là, et ce dialogue percutant, et cette analyse brillante. J’ai tout ça au bout des doigts, mais bon je me retiens. Pour cette fois ! On a envie de leur suggérer à l’oreille : laissez-vous donc aller,mon vieux ,ne muselez plus ainsi ce génie qu’on devine en vous et qui demande qu’à nous exploser à la gueule. Lâchez -vous et le monde de la littérature en sera sous le choc , je vous le garantis.

Calmer une correspondante qui prend trop vite la mouche

SONY DSCTraduit de l’anglais par Patrick Marcel.

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Avis à tous ceux et celles qui possèdent une liseuse, ce petit texte est gratuit ! Votre seul désespoir sera de ne pas pouvoir le prêter à tous ceux et à toutes celles avec qui vous aimeriez le partager. Quand je pense que Flaubert voulait nous faire croire qu’il existait de mauvaises lectures et que si Emma rate sa vie c’est parce qu’elle s’est réfugiée dans des lectures trop romantiques ! On sent qu’il n’avait pas lu Neil Gaiman !

Un peu comme Pennac, il nous dit qu’il n’y a pas de mauvaises lectures , lire est en soi un geste salvateur et comme tous les grands lecteurs, il se retrouve chez lui dans les bibliothèques. Il pense que lire des fictions oblige le lecteur à s’intéresser à d’autres destins et permet de comprendre l’humanité. Je pourrai bien vous recopier entièrement sa conférence tellement tout ce que je lisais me faisait plaisir

Citations

J’ai assisté un jour à New-York à une conférence sur la construction de prisons privées, – une énorme industrie en développement en Amérique. Cette industrie des prisons a besoin de planifier sa croissance future : de combien de cellules va-t-elle avoir besoin ? Combien de détenus y aura-t-il dans quinze ans ? Et il sont découvert qu’on pouvait le prédire très facilement, en utilisant un algorithme assez simple, basé sur la recherche du pourcentage d’enfants de dix et onze ans qui ne savaient pas lire.et qui, à coup sûr ne lisaient pas pour le plaisir.

L’importance de la science fiction

Je me trouvais en Chine en 2007, lors de la première convention de Science-fiction et de Fantasy de l’histoire chinoise à être approuvée par le Parti. Et, à un moment, j’ai pris à part un officiel de haut rang, et je lui ai demandé : « Pourquoi ? » la SF faisait depuis longtemps l’objet d’une désapprobation. Qu’est ce qui avait changé ?

« C’est simple », m’a-t-il répondu. Les Chinois excellaient à créer des choses si d’autres leur en apportaient les plans. Mais ils n’innovaient pas, ils n’inventaient pas. ils n’imaginaient pas. Aussi ont-ils envoyé une délégation aux USA, chez Apple, Microsoft, Google, et ils ont posé là-bas aux gens des questions sur eux-mêmes. Et ils ont découvert que tous avaient lu de la science-fiction quand ils étaient enfants.

L’obligation de rêver

Nous tous- adultes et enfants, écrivains et lecteurs-, nous avons l’obligation de rêver. Une obligation d’imaginer. Il est facile de se conduire comme si personne ne pouvait rien changer, comme si nous étions dans un monde où la société est énorme et l’individu moins que rien….Mais la vérité, c’est que les individus changent sans cesse leur monde, les individus fabriquent l’avenir, et ils le font en imaginant que les choses peuvent être différente…Tout ce que vous pouvez voir murs compris, a, un moment donné, été, imaginé. Quelqu’un a décidé qu’il était plus facile de s’asseoir sur une chaise que par terre et a imaginé la chaise.

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C’est un de mes cadeaux de Noël 2015. Je suis fan absolue de cette Mamette. Je relis cette BD, dès que j’ai moral qui flanche. Elle est drôle, toujours tournée vers la vie, même quand ça devient compliqué de vieillir. Les personnages qui l’entourent sont bien imaginés et je me retrouve dans leurs réactions . Ils sont juste un peu plus vieux que moi, cela me permet de me sentir plus jeune et plus à la page.
Son fils « Choupinet » a bien du mal à retrouver sa place dans une société où il ne fait pas bon être chômeur mais il y arrivera.

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Cliquer sur l’image pour lire la citation que j’aime !

Cette phrase dite très fort dans la bibliothèque a dû mettre à l’aise « Choupinet »

« Choupinet la jolie dame est célibataire, comme toi

Tu attends quoi ?

Que je fasse les présentations »

Mais le plus délicieux c’est sa bande de copines, je vous présente l’hypocondriaque, râleuse :

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et sa meilleure amie

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C’est quand même vrai que Jésus n’a jamais fait ses courses. Bref un concentré d’optimisme et de joie de vivre pour ce Noël 2015 c’était exactement ce qu’il me fallait.

20160102_184800Traduit de l’américain par Anne Laure Tissut. Ce roman est arrivé jusqu’à moi grâce à Keisha qui ne l’a pas commenté et Aifelle que je remercie pour sa gentille attention.

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Laird Hunt plonge le lecteur du 21e siècle dans la guerre civile américaine que nous appelons en France guerre de sécession. Elle fit un million de morts, il faut se souvenir qu’elle fut la guerre la plus meurtrière de la nation américaine. Comment la faire revivre aujourd’hui ? L’auteur a pris le parti de la raconter du point de vue d’une femme, puisqu’il est avéré qu’une centaine de femmes se déguisèrent en homme pour participer aux combats. C’est évidemment un point de vue original, car même si Constance a un fort tempérament, l’horreur de ce qu’elle doit vivre fera vaciller sa raison. Peu à peu, le lecteur perd pied dans l’imaginaire d’une femme dont l’esprit flotte entre la réalité sordide des violences de la guerre et les souvenirs de son enfance qui sont aussi marqués, on le découvrira peu à peu, par des scènes traumatisantes. Elle doit faire face à deux dangers, celui de tout soldat à la guerre et celui d’être reconnu comme femme. Une seule chose est vraiment douce pour elle, son amour pour Bartholomew trop faible pour être soldat.

Pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste pour ce roman encensé par la critique et la blogosphère ? Je sais que cette guerre est encore un sujet brûlant aux États-Unis, beaucoup moins pour moi. Je reconnais à cet auteur un talent certain pour faire revivre cette époque et les troubles psychologiques causés par les faits de guerre. Mais je dois dire que la conscience troublée de Constance ne m’a pas permis de toujours bien comprendre ce qu’elle vivait. Distinguer le réel du cauchemar est compliqué quand le filtre passe par un cerveau dérangé. Comme pour Constance , le début de la guerre est clair et précis, donc ma lecture enthousiaste et rapide, et peu à peu, je me suis embourbée dans l’horreur, les cadavres putrides, les corps mutilés, la folie traitée à coups d’eau glacée et ma lecture est devenue très laborieuse.

Citations

Problème de traduction ?

 Il y avait des batailles en aval et dès que la rumeur eut circulé que nous allions à leur rencontre, le régiment connut une saignée sévère de recrues. Ce n’était à faire que de sortir du rang pour ne plus revenir.

Un beau personnage de femme mais qui trahira Constance

Elle parlait d’amour et d’amour anéanti par la guerre . Cela ne la dérangeait pas de trahir la cause pour laquelle son mari avait combattu et péri, me dit-elle. Les États confédérés avaient fait sécession par entêtement, et la guerre était venue emporter son mari . Elle partirait au Nord quand tout serait fini. Elle retournerait dans ce village du Maine qu’elle avait quitté tant d’années plus tôt.
– » S’ils m’acceptent , dit-elle.
– Pourquoi ne le feraient-ils pas ?
– Cette guerre, fit-elle. Cette guerre, cette guerre. »

Résumé de ce qu’a vécu Constance

Il en fallait plus que que la brûlure du fouet du vieux pour me donner du cœur à l’ouvrage. Plus que l’homme à la corde avec son pistolet de cavalerie . Plus que le souvenir de tous les hommes avec qui j’ai vécu dans l’armée de l’Union,. Des hommes capables de pisser sur un chat à l’agonie. De se moquer d’un petit garçon perdu. De violer une femme entrée dans l’automne de sa vie. De faire brûler une maison appartenant à des femmes d’église. De vous boucler dans une taule à fous et de vous y laisser pourrir.

Un nouveau mot

Secesh : homme du sud.

20151221_135737Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzales Battle. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard 

3
Roman policier classique donc, évidemment, avec une pointe d’originalité, celle-ci provient du fait que deux protagonistes sont télépathes. Ils entendent parfaitement les idées des gens qui sont en face d’eux. C’est parfois utiles, quand on joue au poker par exemple, gênant quand on fait l’amour et qu’on se rend compte que sa partenaire fait sa liste de courses en même temps, mais très utiles pour interroger des terroristes. Je pensais beaucoup m’amuser en lisant ce roman, mais il n’y a pas tant d’humour que cela. L’intrigue est assez complexe et demande à être menée jusqu’au bout. Donc, cela occupe une grande partie du roman. Il faut de plus comprendre le pourquoi du phénomène . Si bien que finalement, on est dans un policier bien ficelé et très classique. Ce n’est pas trop mon style mais j’ai hâte d’être à la réunion du club car nous avons des inconditionnelles du genre.

Pour ma part, je trouve que le suspens prend trop de place par rapport à la réflexion que j’aurais souhaité plus développée sur ce qu’un gouvernement est capable de faire pour la « bonne cause », par exemple la lutte contre le terrorisme. J’ai regretté également que l’auteur ne soit pas plus humoristique sur les possibilités qu’offrirait la télépathie. Je me souviens d’un roman de Fredric Brown « martien Go-Home » tellement plus amusant et destructeur. Des martiens qui n’ont comme arme que le fait de dévoiler la vérité et les pensées les plus secrètes de chaque homme, finissent par détruire complètement la société américaine. J’avais beaucoup ri, mais je ne l’ai pas relu depuis longtemps.

Citation

À quoi pense une femme qui fait l’amour ?

Les animaux c’est sympa ; continua Denny. Je ne me sens pas mal avec eux. Ils ne pensent pas beaucoup. Angela, c’est une fille bien, mai merde, elle n’arrête pas de penser. On était en train de baiser l’autre soir et elle pensait à la vaissele qu’elle avait laissée dans l’évier.

20151218_095309Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème découverte de l’Ouest américain.

3Seuls ceux et celles qui liront ce roman comprendront le gros plan sur la fermeture Éclair de mon jean. J’avais déjà lu un roman de cette auteure, « le temps des miracles » que j’avais beaucoup apprécié. Ces deux livres sont dans la catégorie « ado » mais peuvent être lus par un large public. À mon avis, celui-ci cible franchement un public jeune, ce qui lui donne un côté bien sympathique.on a parfois l’impression de lire une BD sans image. On part sur les routes du Far West, avec une fille à fort tempérament, pour arriver sur la côte Ouest. Bella Rossa est très belle, rousse grâce à son ascendance irlandaise, d’une énergie peu commune. Elle a des seins superbes, comme des pastèques dit-elle, et dans ce monde qui manque de femmes c’est loin de n’être qu’un avantage. Deux personnages haut en couleur l’accompagnent. Son père paralysé, boit sans arrêt, il crie sur sa fille et sur tous ceux qui s’occupent de lui. Et le plus important pour elle, Jaro, son homme qui n’est pas toujours un cadeau.

Ensemble, ils mèneront leur carriole sur les pistes des chercheurs d’or pour leur vendre des objets pour le moins variés. C’est donc l’occasion de revisiter le Far West avec tous ses dangers (dont la guerre) et des personnages parfois très peu recommandables, un pasteur pervers et lubrique, des fermiers qui lynchent un homme à cause de la couleur de sa peau, un voleur aidé d’un opossum, des femmes trop peu farouches au goût de Bella Rosa… C’est un récit simple et efficace en somme, une bonne distraction pour ceux et celles qui aiment les Westerns. Les personnages ne sont pas caricaturaux et le récit est enlevé. Si on considère que ce roman s’adresse a un public jeune, il est parfait, mais pour des adultes, il manque de profondeur.

Citations

Le tout c’est de trouver le client

Pour palper réellement ce magot, encore fallait-il trouver des clients ! Et, franchement, Jaro n’avait jamais rencontré personne qui eût besoin d’un coupe-œuf ou d’un épineur de raisins secs !

Un moment de grâce

 Et tout ça grâce à ta salle manie d’ouvrir ta braguette à tout bout de champ, s’exclama-t-elle en embrassant Jaroslaw avec fougue.
Dans sa fièvre spéculatrice, elle oubliait toutes les épreuves que Jaro lui avait fait endurer, les pincements affreux de la jalousie, les ravages causés à son cœur et à sa fierté. Elle oubliait les filles au gros derrière, les nuits de solitude à guetter le retour de son, amour, les douleurs qui lui transperçaient le ventre, tout.

20151216_122141Pendant les derniers mois de l’année 2015, il a été beaucoup question de relecture, j’ai mis sur ma liseuse tous les classiques que je veux relire. J’ai choisi de relire « Madame Bovary » (que vous connaissez tous et toutes) car j’ai été passionnée par un débat sur France Culture, animé par Alain Finkielkraut, lors de son émission « Répliques » du 28 novembre 2015. Étaient invités : Suzanne Julliard qui vient de publier une anthologie de la prose française ordonnée par genres ( des orateurs aux critiques) et le comédien Fabrice Luchini.

Suzanne Julliard affirmait que, si la langue de Flaubert était travaillée à la perfection, elle n’était en aucun cas poétique. Ma relecture très attentive me place dans son camp. Pourtant Luchini et Finkielkraut étaient tellement passionnés que j’aurais aimé qu’il en soit autrement. J’ai lu « Madame Bovary » plusieurs fois, mais toujours dans des cadres scolaires puis universitaires. Je me souviens combien, au lycée, j’avais été agacée par cette Emma qui me ressemblait si peu, toujours à rêver sa vie au lieu de la vivre.

Et puis, sont parvenus jusqu’à moi, sans pour autant que je relise cette œuvre, les débats menés par les féministes de notre époque accusant Flaubert, d’avoir fait une héroïne avec des yeux de « mâle dominant » occidental. Je trouvais ce débat stérile, et je ne voulais pas m’y intéresser. J’ai repris ce roman avec des préjugés favorables pour ce qui est considéré, à juste titre, comme un monument incontournable de la littérature française. Et de nouveau, Emma m’a prodigieusement énervée, mais je ne comprends absolument pas les propos des critiques féministes, car les hommes sont d’une nullité crasse, seul Charles grâce à son amour sans faille pour sa trop jolie femme, a une présence plus sympathique que l’ensemble des personnages.

C’est un livre désespérant, car personne n’est habité par un sentiment positif pour ce qui fait le sel de la vie, les joies intellectuelles ou les satisfactions physiques. Emma les rêvait dans la réalisation d’un amour passionné, et finalement, étant donné le cadre monotone de sa vie qui peut lui donner tort ? Elle vit à travers ses romans, mais nous blogueuses et plus rares blogueurs, ce sont pour nous aussi de moments délicieux que ceux passés parmi nos lectures. Je vais sans doute résumer le drame d’Emma a bien peu de choses, mais si elle s’était réalisée dans la société autrement que comme la femme de Charles Bovary, Flaubert n’aurait eu à se mettre sous la dent que la série de portraits d’hommes aussi peu reluisants que, Homais, le pharmacien qui se croit savant alors qu’il est tout juste scientiste borné, Rodolphe, le jouisseur, L’heureux l’usurier escroc, Léon le pâle amoureux arriviste et j’en passe.

C’est donc un roman désespéré et je suis vraiment contente de n’avoir pas à l’expliquer à la jeune génération. À la relecture, je me disais sans cesse combien je préfère la lecture de Maupassant autrement plus humain que ce Flaubert qui s’est si bien corseté pour écrire son chef d’œuvre, qu’il ne laisse aucune chance à la vie pour se faufiler à travers les interstices de nos rêves et nos délicieux fantasmes.

Citations

Poésie ? Charles amoureux et heureux

Et alors, sur la grande route qui étendait son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu’aux genoux, avec le soleil sur les épaules et l’air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l’esprit tranquille, la chair contente, il s’en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore après dîner, le goût des truffes qu’ils digèrent.

Emma et la recherche du bonheur

Avant qu’elle se mariât, elle avait cru avoir de l’amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n’étant pas venu, il fallait qu’elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres.

La vie de couple

La conversation de Charles état plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie.

Solitude (poésie ?)

Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon.

Phrase célèbre

Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. 

Cruauté de Flaubert envers les femmes

L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse, dans la doublure de son corset.

Remarque à méditer sur l’amour

Mais le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains.

Une belle réaction d’Emma

Vous profitez impudemment de ma détresse monsieur ! je suis à plaindre, mais pas à vendre !

Victoire d’Homais, dernières phrases du roman

Depuis la mort de Bovary, trois médecins se sont succédé à Yonville sans pouvoir réussir, tant M. Homais les a tout de suite battus en brèche. Il fait une clientèle d’enfer ; l’autorité le ménage et l’opinion public le protège.
Il vient de recevoir la croix d’honneur