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cocardes
Une rumeur s’est emparée du monde des blogs : il faut lire « 14 juillet » d’Éric Vuillard. Emportée par l’enthousiasme de Keisha, de Dasola de Sandrine et bien d’autres, (excusez-moi je n’ai pas le talent d’Éric Vuillard pour rappeler tous les noms qui permettent de créer un événement) je n’ai pas résisté à cet élan républicain. Les quatre cocardes tricolores en disent long sur mon plaisir de lecture et saluent un livre dont le projet est très original malgré mes réserves sur le message final. L’auteur n’a pas fait qu’une oeuvre d’historien, il a voulu mettre tous les procédés de langue dont il disposait pour rendre compte d’une émotion qui a soulevé tout le peuple de Paris ces quelques jours de juillet 1789. Son texte nous permet de ressentir la peur, l’exaltation, le désespoir, la joie de la victoire, tout cela dans des odeurs de sueur, de larmes, de poudre, de sang et de cadavres en décomposition. On passe deux jours, heure après heure avec le petit peuple de Paris, réduit à un misère noire par des gens inconscients que leur mode de vie pouvait être menacé par un trop plein d’injustices. On espère avec eux, on tremble pour eux, et on se réjouit quand enfin, le symbole de la royauté est envahi. La Bastille est prise par un peuple affamé que rien ne pouvait plus arrêter.

Éric Vuillard souligne avec insistance combien les participants à cette insurrection ne possédaient rien, et comment leurs noms sont immédiatement tombés dans l’oubli. Alors que les nantis nobles ou pas sont restés dans les mémoires et sont le sujet de nombreux chapitres des historiens comme Michelet par exemple. S’il est vrai que le gouverneur de Launay fut tué ce jour là et sa tête mise au bout d’une pique, Vuillard rappelle que sa veuve reçut une pension de trois mille livres, alors que Marie Bliard veuve de l’allumeur de réverbère ne reçoit qu’un pauvre papier lui signifiant la mort de son compagnon. Ces deux poids deux mesures choquent tant l’auteur qu’il fait tout pour retrouver le nom et la vie des obscurs participants à cet acte fondateur de notre République. Le livre se termine par un vibrant appel à mettre le feu aujourd’hui à toute la bureaucratie qui étouffe selon lui la société française. Hélas, je ne suis absolument pas sûre que ces solutions violentes puissent servir au mieux vivre de notre société certes sclérosée. Si certains aimeront ce livre pour son message, je l’apprécie, quant à moi, pour son style.

Citations

Mélange de style et d’époque

Et ce jour là, Necker fut exactement ce qu’il était, froid, démonstratif, il ne parla que de finances et d’économie politique ; il fut abstrait, hautain, et il assomma tout le monde pendant trois plombes par un discours techniques.

Pour se défendre, les gens improvisent des barricades de chaises puis ils se saisissent de bâtons, de caillasses, et c’est l’intifada des petits commerçants, des artisans de Paris, des enfants pauvres.

Le style

Et dans la nuit du 13 juillet tout cela résonne, ça gratte entre les pattes du petit chien qui traîne, ça urge entre les jambes du vieil ivrogne qui pisse qui poisse sous les aisselles du chiffonnier, ça démange tout le monde.

Un trait de caractère souvent vérifié

Enfin, Louis XVI, le débonnaire, monte sur le trône ; mais comme tous les tyrans indulgents et magnanimes, il sera plus féroce que ses prédécesseurs.

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4Merci Krol, je suis à la recherche de textes courts pour mes lectures à haute voix au Foyer Logement de Dinard. Je ne lisais pas beaucoup de nouvelles, je m’y intéresse de plus en plus et grâce aux blogs je fais de très bonnes rencontres. Ces quatre nouvelles sont, à l’image de leur auteur, Patrice Franceschi, très fortes ancrées dans les drames et les choix les plus cruels que la vie peut nous conduire à faire. J’ai une très nette préférence pour la première nouvelle, mon goût pour la mer et récemment pour la navigation, me permet de vivre avec angoisse et fascination les récits de tempête. Et celle que doit affronter Flaherty, en décembre 1884, est un pur moment d’horreur et d’effroi.

Lire ces pages bien calée dans un fauteuil arrive quand même à donner un sentiment d’insécurité tant les mots sonnent justes et que les images sont fortes. Ensuite, il y a le thème qui est le même dans les quatre récits : des circonstances exceptionnelles amènent à faire des choix que rien n’y personne ne peut faire à votre place et qui vous marqueront à jamais. Après le capitaine de « la Providence », on retrouve un sous-lieutenant qui ne veut pas s’avouer vaincu et qui seul résistera à l’avancée allemande en mai 1940, puis un autre marin, Wells, qui ne veut pas voir des réfugiés sur un bateau de fortune mourir en pleine mer sous les yeux d’un équipage indifférent et enfin, Pierre-Joseph qui rencontre Madeleine en 1943, sur un quai d’une gare parisienne avant de monter dans un train avec leurs enfants pour être déportés vers la mort décidée par des Nazis qui jouent de façon sadique une dernière fois avec leurs victimes.

Oui, tous ces choix sont terribles et interpellent le lecteur. Ils vont bien à la carrure d’aventurier De Patrice Franceshi qui les raconte très bien. Mais, il se passe quelque chose dans les nouvelles, c’est que, malgré soi, on compare les récits : je me suis totalement embarquée avec Flaherty, et beaucoup moins dans les deux dernières nouvelles qui sont pourtant parfaitement racontées. Une seule explication : je m’attendais à leur contenu. Et j’ai déjà lu ces récits dans d’autres romans, ce n’est pas une critique suffisante, les exilés qui meurent sur les mers dans l’indifférence la plus totale, comme la cruauté des Nazis peuvent être mille fois traités. Mais le raccourci de la nouvelle fait que le lecteur est plus exigeant, il exige quelque chose en plus que le récit des bassesses humaines qu’il a si souvent lues. Je l’ai trouvé dans « le fanal arrière qui s’éteint » et aussi dans « carrefour 54  » qui d’ailleurs traite d’un moment moins connu de notre histoire : comment ont réagi sur le terrain les soldats français en 1940 qui ne voulaient pas accepter la déroute de l’armée mais moins dans les deux autres.

Citations

L’entente du second et du capitaine

L’estime réciproque que se portaient Mackney et Flaherty était l’une des légendes de la « Providence ». Les deux hommes avaient affronté ensemble d’innombrables coups durs sur tous les océans et ne s’en étaient sortis que par leurs savoirs mutuels ; cependant, ils n’auraient su donner un nom aux liens que ces épreuves avaient tissés entre eux et on ne se souvenait pas que Flaherty ait jamais adressé le moindre compliment à Mackney, ni que celui-ci ait félicité un jour son capitaine pour quoi que ce sot. En vérité, cela ne se faisait pas entre gens de cette sorte ; de toute façon, comme le disait Klavensko, ces deux là n’avaient pas besoin de mots pour se dire ce qu’ils pensaient.

Le début de l’angoisse

Ils se sentirent envahis soudain par une inquiétude sourde et entêtante qu’ils n’avaient encore jamais connue ; c’était comme une bête malsaine qui venait de prendre naissance quelque part dans leurs corps et enflait maintenant tout doucement, se nourrissant de ce qu’il y avait de meilleur en eux.

Le poids des responsabilités

Flaherty reconnut dans ses yeux cette drôle d’espérance qui persiste dans l’adversité tant qu’il existe un ultime recours. Et voilà, songea-t-il avec une morne pensée ; en vérité, les capitaines ne servent à rien en temps ordinaires … Mais quand plus rien ne va… Alors, bien sûr… Tout sur leurs épaules… Et pour eux, pas de recours… Personne au-dessus… Ah, je suis peut-être trop prétentieux.

L’ouragan

Dix heures ne s’étaient pas écoulées que, le 24 décembre au petit matin – dans l’aube infiniment triste qui se levait sur l’océan déchaîné – , le vent, tout en restant plein sud se mit à forcir comme on ne pensait pas que ce fût possible. Il hurlait avec une telle hargne qu’il devint presque impossible de s’entendre à moins de deux mètres ; l’aiguille de l’anémomètre se bloqua au-delà de 11 Beaufort. Cette fois, l’ouragan était-là -et il écrasa littéralement la houle et les vagues (…) Le vent était si assourdissant qu’il n’entendait rien que son sifflement aigu – et tous les autres sons étaient annihilé : il y avait de quoi terroriser les plus téméraires. Il eut la prémonition que la mer venait de s’emparer de toute sa personne, avec tout le mal qu’elle contenait et tout ce que cette « faiseuse de veuves » pouvait apporter de malheur- et il eut peur pour la première fois de sa vie.

20160918_124104Traduit de l’espagnol par Eduardo Jime.

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S’il s’agit bien ici d’un roman d’espionnage, il s’agit surtout de découvrir un aspect peu connu de la guerre d’Espagne. Et loin de suivre les exploits d’une « James Bond girl », on est, sans doute, plus près de la réalité en matière d’espionnage, presque tout se passe dans un salon de couture. Et si la jeune Sira sait habiller les femmes qui ont les moyens de dépenser des fortunes pour se vêtir alors que l’Espagne est ravagée par la misère, elle sait aussi écouter les conversations, qu’elle rapporte fidèlement aux autorités britanniques.

Le cœur du roman, et une grande partie de son intérêt c’est de nous raconter ce moment particulier où Franco après sa victoire contre les républicains a hésité à s’engager auprès des allemands qui l’avaient si bien aidé dans ses combats. Cette jeune Sira est dabord une femme assez sotte qui a failli finir en prison pour les beaux yeux d’un malfrat . Mais elle luttera de toutes ses forces pour s’en sortir et créera à Tanger un salon de couture pour clientèle huppée, elle fréquente une population cosmopolite du plus bas de l’échelle sociale à la maîtresse du gouverneur. Elle est recrutée par les services britanniques et repart à Madrid. La situation de l’Espagne n’occupe pas une grande place dans ce roman mais les quelques pages qui lui sont consacrée sont absolument terribles.

J’ai des réserves sur ce récit , car il contient trop d’ingrédients dont les auteurs ont tellement abusés : la jeune fille sans père qui est finalement reconnue par son géniteur qui se trouve être une des grandes fortunes d’Espagne ; un bel amoureux qui n’en veut qu’à son argent ; une jeune couturière qui démarre de rien et qui à force de travail devient riche et recherchée par toute la haute société ; et pour couronner le tout un futur mari bien comme il faut …. Ça fait beaucoup, mais malgré cela, j’ai lu avec intérêt ce moment de l’histoire espagnole.

Citations

Personnalité britannique peu sympathique

Sa résistance à l’alcool se révélait stupéfiante, presque comparable aux mauvais traitements infligés à la domesticité. Il s’adressait à eux en anglais, de mauvaise humeur, sans prendre la peine de considérer qu’ils ignoraient totalement sa langue, et quand il se rendait compte qu’ils n’avaient rien compris, il se mettait à hurler en hindi, la langue de ses anciens domestiques à Calcutta, comme si, pour les employeurs de maison, il existait une langue universelle.

La misère en Espagne après la guerre civile

Madame Engracia est à moitié aveugle et elle déambule dans les rues ; elle a l’air folle elle remue avec un bâton tout ce qu’elle trouve. Dans ton quartier, il n’y a plus ni chats ni pigeons, ils les ont tous mangés …. Andeita a été éventrée par un obus un après midi en traversant la rue Fuencarral pour rejoindre son lieu de travail….Sole a eu des jumeaux ; cadeau d’un milicien qui a disparu sans meme leur laisser un nom ; comme elle n’a pas pu garder les enfants, parce qu’elle n’avait pas de quoi les entretenir, ils ont été emmenés à l’hospice, et elle n’a plus eu de nouvelles On raconte qu’elle se vend maintenant aux débardeurs du marché de la Cebada, elle demande une peseta par passe, sur place, contre le mur ; elle traîne dans le coin, elle ne porte pas de culotte, elle soulève sa jupe dès que les camionnettes arrivent, aux premières lueurs de l’aube.

20160914_104257-1Traduction de l’anglais par Pierre CLINQUART entièrement revue et corrigée

4
Je suppose que cette remarque « entièrement revue et corrigée » veut dire qu’il existe une première traduction un peu moins fidèle au texte ? Je suis restée quelques jours en compagnie d’un groupe de lapins dirigés par Hazel, un chef par qui beaucoup de groupes humains aimeraient être eux-mêmes guidés : il est intelligent, éprouve de la compassion et est ouvert à tous les conseils qui peuvent aider sa petite meute de lapin à survivre dans un milieu qui ne veut que leur destruction. Merci Keisha, ton enthousiasme est communicatif et je comprends d’autant mieux ton plaisir qu’enfant, tu avais déjà lu ce roman. Parce qu’il fait partie des rares livres qui peuvent être lus à tout âge. Les enfants adoreront ces histoires de lapins confrontés à des aventures absolument extraordinaires racontées de façon palpitantes. Ils auront peur pour Hazel et son jeune frère qui sait prédire l’avenir, Fyveer. Ils seront séduits par le courage de leurs amis Bigwig et le talent de conteur de Dandelion. Les adultes aimeront cet hymne à la nature , même si comme moi il leur faudra souvent rechercher des jolis noms aussi étranges que : les « mercuriales vénéneuses »

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ou » la jacobée »

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mais le nom que je préfère est : « eupatoire pourpre »

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en plus de son amour de la nature que le lecteur est prêt à partager avec le militant Richard Adams, on est absolument saisi par la prouesse d’écriture qui fait qu’à travers les différentes garennes et organisations des lapins, on retrouve toutes les conduites humaines. Il n’y a pas de message à proprement parler, mais quelque que soit la façon dont ils s’organisent, il s’agit toujours de résoudre le terrible sort des lapins de garenne :

La terre tout entière sera ton ennemie. Chaque fois qu’ils t’attraperont, ils te tueront. Mais d’abord ils devront t’attraper…

Les solutions varient pour échapper à la mort :

  • accepter que des hommes vous protègent en acceptant qu’ils prélèvent au hasard de leurs envie leur pourcentage de lapins afin de les manger.
  • organiser un système très bien caché de tous les prédateurs sous la houlette d’un tyran impitoyable.
  • Devenir lapin domestique dans un clapier
  • et enfin comme dans la garenne d’Hazel trouver un lieu suffisamment reculé et à l’abri du regard des hommes pour mener une vie de lapin sauvage qui doit se protéger de tous les « vilous ».

J’oubliais de dire que peu à peu nous apprenons le langage des lapins, nous « farfalons » nous suivons les exploits des Hourdas, nous craignons que les « shaar-tchoun » les plus faibles des lapins soient abandonnés par les autres. Comme toute société , les lapins ont leur mythe fondateurs et Dandelion raconte ces histoires soit pour donner du courage soit pour distraire la compagnie. On y retrouve Shraavilsa intelligent et rusé et son fidèle lieutenant Primsault, tous les deux se sortent toujours d’affaire mais ils mettent aussi leur vie en grand danger. Ce n’est pas très juste de ne mettre que 4 coquillages à un tel livre, car c’est une oeuvre originale, je n’ai rien lu de tel depuis longtemps, c’est évident que si j’avais gardé totalement mon âme d’enfants je lui mettais 5 coquillages sans hésiter.

Citations

un moment de bonheur

Voir s’achever le temps de l’angoisse et de la crainte ! Voir se lever puis se dissoudre les nuées lugubres suspendues au-dessus de nous – ces sombres nuages qui attristent le cœur et réduisent le bonheur en vague souvenir ! rares sont les êtres qui n’ont jamais éprouvé cette joie-là.
L’enfant qui attend sa punition et que voilà, à sa grande surprise, pardonné, et le monde retrouve aussitôt ses couleurs, ses exquises promesses.

Changer ses habitudes pour mieux s’adapter

Tu dis que les mâles ne creusent pas. C’est vrai. Mais ils le pourraient s’ils le voulaient. ça ne te plairait pas de dormir au fond de terriers bien douillets ? D’être sous terre par mauvais temps ou lorsque la nuit tombe ? Nous serions en sécurité. Et rien ne nous en empêche, à part le fait que les mâles ne sont pas censés creuser. Pas parce qu’ils n’en sont pas capables, mais parce qu’il en a toujours été ainsi.

Les lapins et la peur

Les lapins étaient mal à l’aise, désorientés. Ils s’aplatirent, respirant les parfums émanant de l’eau dans l’air frais du crépuscule. Puis ils se regroupèrent, chacun espérant ne pas déceler chez son voisin l’angoisse qu’il éprouvait lui même.

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J’avais tellement apprécié « les forêts de Ravel » que je me suis précipitée sur ce roman. C’est encore une fois Sandrine qui m’a fait noter son arrivée dans une rentrée littéraire trop encombrée pour moi. Michel Bernard a deux talents, il sait décrire la guerre dans toute son horreur et les sentiments patriotiques qui conduisent des hommes jeunes à risquer leur vie. Et cet auteur sait aussi raconter la création artistique. Le premier remord de Monet, c’est l’histoire de ce jeune talentueux, courageux et très beau Frédéric Bazille  qui est mort pendant la guerre de 1870, alors que Monet est réfugié à Londres loin des tumultes des armes. Frédéric Bazille c’est ce grand jeune homme allongé sur ce tableau.dejeuner-pouchkine

Le début du roman commence par la quête du père de Frédéric, il veut retrouver son fils, Michel Bernard nous décrit, alors, ce qu’a représenté cette défaite de la France. Une armée mal préparée, une république toute neuve qui n’a pas pu se défendre des soldats prussiens qui venaient de vaincre Napoléon III. La quête de ce père, fou de chagrin, à travers le pays dévasté, puis son retour sur ses terres avec le corps de son fils pour qu’il soit enterré dignement est bouleversant. On retrouve le talent de cet écrivain pour nous parler de la guerre comme il l’avait fait pour raconter celle que Maurice Ravel a faite en 14-18.

L’autre qualité du roman de Michel Bernard , c’est de nous faire partager l’élan créateur de ce peintre. Et ce sera le second remord de Monet que son amour pour Camille dont il a laissé de nombreux portraits . L’écrivain cerne au plus près les sensations du peintre et nous comprenons peu à peu les forces qui l’ont poussé à créer toute sa vie. Le roman suit l’artiste à Londres, à Argenteuil, sous le soleil, sous la neige, il épouse les différents moments de la vie de Monet et nous retrouvons des tableaux si célèbres et tant de fois admirés. Comme celui-ci dont j’ai toujours trouvé la lumière si belle :monet-la-piePuis viendra, pour Monet, le moment des séries et toujours la remise en question de son travail que ce soit à travers les peupliers, la cathédrale de Rouen. Je crois qu’après avoir lu ce roman, on comprend mieux la quête de la lumière pour les peintres en particulier les impressionnistes. Et quel superbe final que cette réalisation de son jardin de Giverny et sa séries des nymphéas. Monet a réussi sa vie, je ne sais toujours pas s’il a eu des remords mais ce qui est sûr, c’est qu’il a offert à la France une oeuvre magistrale à laquelle Michel Bernard rend un très bel hommage.

Citations

Les phrases que j’aime lire

Les cyprès, lanternes des morts au soleil de la Méditerranée, fusaient au-dessus des murs du cimetière.

L’élan patriotique

Les armées prussiennes étaient entrées en France et marchaient sur Paris. Cela avait décidé Frédéric, le doux rêveur Frédéric, à s’engager. Il avait lui aussi trouvé stupide ce conflit, stupide ce régime à bout de souffle, stupides ces généraux carriéristes ressassant les nostagies impériales. La défaite et l’invasion changeaient tout. Le pays était malheureux, la France était blessée, il fallait faire son devoir.

La création des nymphéas

Les teintes glauques, où les effets de lumières assourdis mêlaient l’air et l’eau, baignaient voluptueusement le regard blessé du peintre. Une autre dimension des choses vivantes lui apparaissaient qu’il n’aurait pas su voir quand il était jeune. Elle était supérieure, il le sentait, parce qu’elle lui apportait une certaine sérénité dans la contemplation. Il avait fallu la longue préparation d’une vie pour l’atteindre et le comprendre. Il y a vingt ans, il avait deviné que quelque chose était là, qui l’attendait, mais c’était encore trop tôt. Impatient, tumultueux et désordonné, il s’était prématurément jeté à la conquête de ce qu’il fallait encore attendre. Maintenant, devant ses yeux usés, un monde intermédiaire s’ouvrait, neuf pour lui et vieux comme la Création.

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20160813_105713Traduit du danois par Raymond ALBECK

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Quel livre ! Je le dois encore une fois à Dominique. Que sa curiosité insatiable soit mille fois remerciée ! Sans son blog ce livre ne serait pas parvenu jusqu’à moi puisque ma médiathèque ne possède pas encore (depuis j’ai convaincu les bibliothécaires de l’acheter) ce « chef d’oeuvre », comme le dit la quatrième de couverture. Et je suis entièrement d’accord, c’est un petit chef d’oeuvre. Thorkild Hansen, décrit avec une précision extraordinaire, tant sur le plan technique qu’humain, une expédition qui part du Danemark en 1761, pour faire connaître au monde un pays alors inviolé : « L’Arabie Heureuse ». Un roi danois Frédéric V, soutenu par un ministre, Bernstorff, particulièrement gagné à l’esprit des lumières, mobilise des sommes importantes pour financer une expédition audacieuse. Il s’agit de rassembler des savants les plus pointus de l’époque pour découvrir une partie de la planète où aucun occidental n’était encore allé.

D’abord, il s’agit de comprendre ce nom : pourquoi s’appelle-t-elle « Heureuse » cette Arabie ? Qui sont les peuples qui la composent ? Pour cela, il faut un savant linguiste , ce sera un Danois von Haven. Pour comprendre la géologie et les plantes, on fera appel un savant suédois Peter Forsskal, un médecin physicien danois le docteur Kramer pour soigner les membres de l’équipe , un peintre graveur Baurenfeind pour ramener les illustrations de tout ce qui sera découvert et un arpenteur d’origine allemande, Carsten Niebuhr, le moins titré des cinq hommes. Tous ces gens ont beaucoup écrit, envoyé de longs rapports sur leur voyage (sauf le docteur Kramer). Torkild Hansen, les a tous lus et pour certains de ces écrits, il en était le premier lecteur.

Son récit nous faire revivre de l’intérieur cette incroyable épopée qui a failli être un des plus grands fiascos de tous les temps. Pour une raison que l’on sait dès le début du livre van Haven et Forsskal se haïssaient, et malheureusement Bernstorff n’a pas su anticiper les conséquences de cette haine implacable. Il aurait au moins fallu désigner un chef, mais non, on leur demande à tous de s’entendre ce qu’ils sont totalement incapables de faire. La raison en est sans doute que l’éminent professeur danois von Haven, décevait beaucoup son employeur qui n’osait pas l’avouer. Sur le terrain la mollesse d’esprit et de corps de von Haven le discréditera totalement, au profit du courageux, énergique mais coléreux Forsskal.

La malaria emportera dans la mort ces deux hommes, le premier n’aura rien découvert d’important, se plaignant à longueur de rapports de l’inconfort et de l’insécurité. Le second au contraire a réussi à envoyer de multiples rapports, de nombreuses caisses de plantes, d’animaux empaillés, ou conservés dans l’alcool , de semences, de plantes séchées. Tout cela parfaitement décrit dans de mult ouvrages. Malheureusement, rien ou presque de son fabuleux travail n’a été exploité. Pourquoi ? Il était suédois et le roi du Danemark n’avait guère envie que la Suède s’attribue le succès d’une expédition qu’elle avait financée. Forsskal est un élève de Linné qui est déjà un savant reconnu mais suédois, les conséquences de ce nationalisme absurde c’est que von Haven n’a rien découvert par paresse et que les extraordinaires découvertes de Forsskal ont été complètement négligées ou presque.

Il ne reste donc rien de cette expédition qui dura 7 ans ? et bien si ! Le seul personnage peu titré était cet arpenteur d’origine allemande : Carsten Niebhur qui a toujours refusé le moindre titre honorifique, il est le seul à revenir vivant de cette extraordinaire épopée et il a fourni au monde, pour plusieurs siècles, des cartes exactes de cette région du monde. Même s’il a donné le nom correct à l’Arabie « Heureuse » : le Yemen , il n’a pas trouvé pourquoi on l’avait si longtemps appelé Heureuse. La réponse est dans le livre, à vous de l’y trouver…

C’est peu de dire que j’ai lu avec passion ce voyage absolument extraordinaire, ne m’agaçant même plus d’un procédé qui d’habitude me gêne beaucoup : l’auteur nous annonce souvent les événements importants à venir. Je préfère toujours découvrir les différentes péripéties au cours de ma lecture sans effet d’annonce. Quand j’ai réalisé que l’énorme travail de Forsskal, d’une qualité remarquable allait être réduit à néant par la stupidité et la mesquinerie humaine, j’ai alors lu ce livre comme un thriller, je n’arrivais pas à le croire ! Si je dois encore vous donner une raison supplémentaire pour vous plonger dans ce voyage, lisez-le simplement pour découvrir une des plus belles personnalité que les livres m’ont permis de connaître : celle d’un arpenteur qui avec ténacité et intelligence a permis de faire de cette expédition une superbe réussite. Une personnalité de cet acabit : modeste, honnête, humaine, altruiste, courageuse, sans préjugé … bref, à lui seul, il mérite un collier entier de coquillages !

Citations

Les temps anciens

Ce ministre nourrissait pour l’art et la science un intérêt qu’il nous est difficile d’imaginer, alors que nous avons améliorer la constitution de l’État et que le despotisme éclairé a fait place à la démocratie non éclairée.

Trait de personnalité toujours sujette à la critique

Il avait de la valeur, on le lui eût pardonné, mais il le savait lui-même, montrait avec ostentation qu’il en était convaincu, et cela était inexcusable.

La science et les mythes : l’explication de la fluorescence de la mer.

Des expériences plus récentes ont prouvé que la phosphorescence de la mer est due à des organismes vivants. Les filles de Nérée sont tout simplement des protozoaires unicellulaires, flagelles et rhizopodes.

Des questions hautement scientifiques

Presque toutes les universités européennes demandent aux voyageurs d’étudier tous les problèmes imaginables : entre autres, un circoncis éprouve-t-il plus de plaisir au cours d’un coït qu’un incirconcis.

Le langage diplomatique dans toute sa splendeur

Il ne va pas jusqu’à dire que von Haven, à bout d’arguments, avait demandé à Forsskal de lui « baiser le cul », mais que « von Haven avait eu recours à une insulte si grossière que le respect que m’inspire Votre Excellence m’interdit de la lui répéter, et toutefois comme les circonstances me font un devoir de préciser, j’indiquerai que la populace s’en sert pour accuser un homme de la lâcheté la plus abominable, en lui attribuant certaines habitudes canines » ….

La fin terrible de cette aventure pour les deux savants de l’expédition

Les deux professeurs ambitieux et querelleurs ont partagé en fin de compte le même destin. L’un fut tout au long du voyage sans énergie, dépourvu d’esprit d’initiative, manquant d’idées, intéressé seulement par des questions de confort. L’autre a travaillé du matin au soir, s’est passionné pour tout ce qui l’entourait, a découvert des problèmes captivant là où les autres ne voyaient que des vérité de la Palisse, et a su les résoudre. Il a collectionné, catalogué, décrit. Il n’a pas laissé derrière lui un simple journal : ses manuscrits remplissaient sept lourds colis et ses collections au moins vingt grandes caisses. Mais il n’en a pas plus tiré profit que le premier. On a connu la plus grande partie de ses découvertes seulement après que d’autres les eurent refaites et publiées. La mise de chacun est différente mais le résultat est le même : il ne reste rien.

Peter Forsskal

Le seul souvenir vivant de Peter Forsskal qui mourut à Yerim, en Arabie Heureuse, la plante de Forsskal, est une ortie.

20160730_151921Traduit de l’italien par Elsa DAMIEN

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J’ai commencé la lecture soutenue par vos commentaires à propos de « L’Amie Prodigieuse » . Quand on a beaucoup aimé un roman, on aborde le second tome avec plus de réticences, mais très vite, j’ai été happée par le style d’Elena Ferrante. Voici une auteure qui rend l’Italie du sud tellement vivante ; elle nous fait comprendre de l’intérieur ce que cela veut dire d’être femme dans une société machiste donc violente et de plus dominée par un clan qui ressemble fort à la mafia. Nous retrouvons les mêmes personnages que dans le premier tome, ils ont vieilli et ne sont plus confrontés aux mêmes difficultés. Lila se bat dans son quartier contre un mari qu’elle n’aime pas et contre tous ceux qui veulent la dominer. Elle essaie de vivre comme une femme libre dans un pays où cela n’a aucun sens. Elle est rouée de coups mais ne plie jamais. Elena sort tant bien que mal de sa misère initiale en réussissant brillamment ses études.

Ses amours ne la rendent pas toujours heureuse mais lui permettent de se rendre compte qu’elle a beau se donner beaucoup de mal pour se cultiver, le fossé entre elle et ceux qui sont bien nés est infranchissable. Les liens très forts qui unissent les deux jeunes femmes n’ont pas résisté aux passions amoureuses qui se sont entrecroisées le temps d’un été. Même si Lila lui vole sous son nez son amoureux et malgré sa peine, Elena restera lucide et ne lui enlèvera pas totalement son amitié. Grâce à un jeu d’écriture, (les cahiers de Lila lui ont été confiés) , l’écrivaine peut décrire la vie de cette femme farouche si peu faite pour vivre sous la domination des hommes napolitains.

Raconter les intrigues risque de faire perdre tout le sel de ce roman qui vaut surtout par le talent de cette auteure. Elena Ferrante décrit dans le moindre recoin de l’âme les ressorts de l’amitié, de l’amour et des conduites humaines et donc, comme les grands écrivains, elle nous entraîne d’abord dans une compréhension de l’Italie du sud et puis au delà des frontières terrestres dans ce qui constitue l’humanité dans toutes ses forces et ses faiblesses.

Citations

Portraits des femmes de Naples

Ce jour-là, en revanche, je vis très clairement les mères de famille du vieux quartier. Elles étaient nerveuses et résignées. Elles se taisaient, lèvres serrées et dos courbé, ou bien hurlaient de terribles insultes à leurs enfants qui les tourmentaient. Très maigres, joues creuses et yeux cernés, ou au contraire dotées de larges fessiers de chevilles enflées et de lourdes poitrines, elles traînaient sacs de commissions et enfants en bas âge, qui s’accrochaient à leurs jupes et voulaient être portés.

Le mur infranchissable de l’origine sociale

Je n’avais pas véritablement réussi à m’intégrer. Je faisais partie de ceux qui bûchaient jour et nuit, obtenaient d’excellents résultats, étaient même traités avec sympathie et estime, mais qui ne porteraient jamais inscrits sur eux toute la valeur, tout le prestige de nos études. J’aurais toujours peur : peur de dire ce qu’il ne fallait pas, d’employer un ton exagéré, d’être habillé de manière inadéquate, de révéler des sentiments mesquins et de ne pas avoir d’idées intéressantes.

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Traduit de l’italien par Renaud Temperini

Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.com

 

4Je ne réponds plus souvent aux sollicitations de Babelio mais j’ai visiblement tort car ce roman m’a absolument ravie. J’avais accepté car je croyais me replonger dans l’atmosphère de Naples si bien décrite par Elena Ferrante, et cette fois, du point de vue des hommes. J’aurais pu être déçue car ce n’est pas du tout cela que j’ai trouvé. J’ai accompagné un homme un peu bourru dans sa vieillesse et dans sa difficulté de communiquer avec ses voisins, ses amis et sa famille. Comme beaucoup de personnes âgées, il repense à son passé et en particulier à ses amours de jeunesse avec nostalgie et souvent une grande précision. C’est un livre drôle et triste à la fois. Tragique même, puisque Cesare ne pourra pas empêcher le déroulement d’un drame si prévisible pourtant. Le trio des vieux amis, la dame au chat, Marino qui ne s’est pas remis de la mort accidentel de son fils, et lui-même, ronchonnent et râlent un peu sur le monde moderne auquel ils ont du mal à s’adapter, c’est ce qui les rend drôles et très attachants. Ils ne sont que des hommes sans super pouvoir. Lorenzo Marone a dépeint un Cesare au plus près de la réalité de ce que peut être un homme vieillissant. Il sait très bien jouer des rôles de personnages autoritaires pour sortir des situations les plus rocambolesques (il est aussi bon comme l’ami du ministre de la justice, que l’inspecteur du fisc à la retraite, ou comme l’ancien commissaire de police de Naples), il ne pourra, cependant pas faire grand chose pour aider Emma à se sortir des griffes d’un mari violent. En revanche, il trouvera le chemin de la compréhension et de l’affection de son fils. Ce livre commence par un tout petit texte qui m’a fait penser que j’allais aimer cette lecture, alors, je vous le recopie en espérant qu’il aura le même effet sur vous :

Citations

Une précision

MON FILS EST HOMOSEXUEL.

Il le sait. Je le sais. pourtant, il ne me l’a jamais avoué. Je n’y vois rien de mal, beaucoup de gens attendent la mort de leurs parents pour laisser leur sexualité s’épanouir en toute liberté. Mais avec moi, cela ne marchera pas, j’ai l’intention de vivre encore longtemps, au moins une dizaine d’années. Par conséquent, si Dante veut s’émanciper, il va falloir qu’il se fiche de l’opinion du soussigné. Je n’ai pas la moindre envie de mourir à cause de ses préférences sexuelles.

Un moment d’humour tellement vrai !

Je fixe des yeux un livre posé sur ma table de chevet. J’ai souvent observé sa couverture, mais j’y remarque des détails qui m’avaient échappé. Une sensation de stupeur m’envahit, puis je comprends de quoi il s’agit : j’arrive à lire de près. A mon âge, personne au monde n’en est capable. Malgré les pas de géants de la technologie au cours du dernier siècle, la presbytie est restée un des mystères inaccessibles à la science. Je porte les mains à mon visage et saisis la raison de cette soudaine guérison miraculeuse : j’ai mis mes lunettes, d’un geste désormais instinctif, sans réfléchir.

 

Le caractère de Cesare

On dit souvent que le temps adoucit le caractère, surtout celui des hommes. Beaucoup de pères autoritaires se métamorphosent en grands-pères affectueux. moi, il m’est arrivé l’exact contraire, je suis né doux et je mourrai bourru.

La vieillesse

On ne s’habitue à rien, on renonce à changer les choses ce n’est pas pareil.

 

 

 

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Comme vous le voyez, je n’ai pas résisté longtemps au billet de Noukette pas plus qu’à celui de Jérôme. Ces deux là quand ils vous promettent un bon roman qui fait du bien, vous pouvez y aller, ils sont rarement à côté de la plaque ! J’ai tout simplement adoré ce roman , je l’ai avalé en quelques heures et déjà, je rêve de lire la suite. Un psychologue originaire des Antilles soigne des gens mal dans leur peau et dans leur vie. C’est un bel homme noir dont le charme ne laisse pas indifférent les femmes. Il a une clientèle d’enfants et d’ados. Au retour de l’école, son fils, Lazare écoute les récits des patients. Cela permet à l’auteur de multiplier les points de vue sur le monde des gens qui vont mal aujourd’hui en particulier les adolescents. Nous avons le regard de Sauveur (beau prénom pour un psychologue) celui de Lazare son fils et aussi les propos des gens qui viennent le voir. C’est drôle, pétillant, triste souvent et tragique parfois.

La classe de CE2 de madame Dumayet fréquentée par Lazare vaut celle du célèbre petit Nicolas. Les cas suivis par Sauveur (et son fils) permettent à Marie-Aude Murail de mettre en scène des petits instantanés de notre monde contemporain. J’ai bien aimé aussi les maladresses de Sauveur avec son fils, lui qui sait si bien comprendre les souffrances des autres, a un peu plus de mal à voir celles de son enfant dans lesquelles il est impliqué, évidemment. Cela donne un sens à l’intrigue et au retour vers le drame de leur vie d’avant quand ils vivaient à la Martinique ce n’est pas la meilleure partie du roman . Autant les enfants et les ado sont passionnants autant certains adultes sont à la limite de la caricature.

C’est la raison pour laquelle je n’ai pas mis 5 coquillages. La raciste de service me semble sorti d’un roman de 4 sous, et le prof d’histoire dragueur et bedonnant (le père d’Océane) peu crédible. Le sel de ce roman ce sont les enfants et les ados qui nous le donnent et eux, pour peu que les adultes ne les écrabouillent pas complètement, sont prêts à vivre de toutes leurs forces. Je ne sais pas si cette auteure s’adresse à des ado ou à des adultes, ce que je sais, moi qui suis loin de cet âge là, c’est que j’ai eu l’impression de partager un moment la vie de gens plus jeunes et que Marie-Aude Murail me donnait, à travers les yeux compatissants de Sauveur et de son fils, des clés pour mieux les comprendre.

Citations

Les ambiances de classe comme si on y était

L ‘histoire intitulée « le loup était si bête » leur avait plu. Malheureusement, il s’agissait de faire maintenant l’exercice de compréhension numéro 3 page 42.

1/ Que nous apprend le titre du texte ?

2/ Ce conte fait-il peur ?

3/ Connais-tu des contes de Loup qui font peur ?

Paul dont l’esprit de concision faisait la charme répondit :

1/ Le loup il est bête 2/non 3/oui

Problème d’orthographe

Le mardi c’était le jour d’Ella, la phobique scolaire. Lazare avait eu quelques difficultés à obtenir des informations sur ce mal étrange car il avait d’abord tapé « fobic solaire » sur Google.

le sommeil des ados (je ne savais pas ça !)

Dans tous les cerveaux il y a de la mélatonine qui fait dormir, mais le cerveau des adolescents fabrique la mélatonine pas à la même heure que le cerveau des adultes. Alors le soir, ils n’ont pas envie de dormir. Mais le matin, si.

J’ai un petit faible pour Océane

Pour le proverbe du jour Madame Dumayet avait choisi. :« Après la pluie , le beau temps » . Qui sait ce que veut dire ? Oui, Océane.

Il faut pas oublier son parapluie.

Les enfants et leurs secrets

Les poule noire étranglée et le cercueil en boîte de chaussures étaient allés rejoindre le monde interdit aux enfants, dont les secrets s’échappent par une porte entrebâillée

20160726_102602Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre

1Cet été, j’ai ressenti un fort besoin de retrouver un monde sans violence à travers mes lectures. J’ai pensé que cette Miss Alabama et ses petits secrets allaient me détourner de mon pessimisme concernant l’humanité et en particulier la cruauté des fous qui tuent au nom d’Allah. Quand j’ai commencé, j’ai cru avoir trouvé un dérivatif à ma peine : le début est amusant, cette femme parfaite, trop sans doute, et qui a tout contrôlé dans sa vie, décide de se suicider car elle ne supporte plus de vivre à Birmingham dans l’état de l’Alabama au milieu de gens qui la déçoivent. Seulement voilà, alors que tout est très bien planifié sa collègue Brenda une femme noire sympathique et légèrement obèse, lui impose d’aller voir un spectacle de Derviches-Tourneurs. Maggie qui ne sait pas dire non recule son funeste projet d’une semaine. Durant ces quelques jours, nous allons peu à peu connaître son entourage et à travers sa vie, les difficultés d’une ville comme Birmin­gham. Comme nous sommes avec des agents immobiliers, on suit au plus près les transformations des centres villes américains et leur désertification au profit de banlieues très anonymes.

Les personnages sont sympathiques sauf la très méchante Babs Binginton. Se mêlent à l’histoire contemporaine, celles des siècles passés où a été construite une belle demeure que Maggie fera tout pour sauver des griffes des promoteurs. Et bien, malgré toute ma bonne volonté et l’envie de lire un roman amusant je me suis très fortement ennuyée au point de tourner les pages de plus en plus rapidement. J’avais l’impression d’être dans une mauvaise série où tous les personnages sont des caricatures d’eux-mêmes.

Est-ce que tout simplement ce livre est tombé à un mauvais moment ? je ne sais pas. Mais je n’ai cru à aucune histoire et surtout pas au happy end, tant pis pour les anti-divulgâcheuses, non, Maggie ne se suicidera pas, non, la belle maison ne sera pas détruite par les méchants promoteurs et oui, Maggie sera finalement heureuse, et non, je ne vous dirai pas comment (j’ai trop peur de perdre mes lecteurs et lectrices) !

Portrait de Maggie (Miss Alabama)

De toute a vie, elle ne s’était jamais mise en colère, or c’était la deuxième fois, ce mois-ci. Était-ce une ménopause tardive ? Le retour du refoulé de l’agent immobilier ? Quoi qu’il en soit Maggie se dit qu’elle ferait mieux de se calmer.

Une diatribe contre les vedettes d’aujourd’hui

Aujourd’hui, les vedettes défendent toutes une cause. Et que je te cours le monde, que je te fais ami-ami avec les dictateurs, que je te crache sur l’Amérique. Ce qui ne les empêchent pas d’empocher l’argent qu’elles y gagnent . Je trouve qu’elles feraient mieux de fermer leurs grandes bouches et de simplement jouer la comédie.

– Les deux à la fois, c’est un peu compliqué, remarqua Brenda en riant.