Cet auteur fait partie de ceux que je lis avec grand plaisir. Brize était enthousiaste, mais Aifelle avait un peu refroidi mon envie, pas assez tout de même pour que je ne le réserve pas à ma médiathèque. Tous les lecteurs de ce roman constatent que le récit de la catastrophe de Liévin en 1974 rend parfaitement compte de l’horreur de cette accident qui aurait pu être évité, et raconte très bien la vie des mineurs et les terribles conséquences de la silicose. J’ai relu quelques archives de l’époque, qui permettent de se rendre compte que Sorj Chalandon n’a pas exagéré. Oui, cette catastrophe était évitable et oui, ces hommes sont morts au nom du rendement du charbon, alors que les mines avaient déjà perdu leur rentabilité, elles allaient bientôt fermer les unes après les autres. Sorj Chalendon, en ancien journaliste, a sûrement vérifié la véracité des détails révoltants comme le fait que les houillères retiennent sur le salaire du mineur mort au fond de la mine, les deux jours qu’il n’a pas pu faire pour finir son mois, et encore plus sordide le prix de la tenue qu’il n’a pas pu rendre….
L’autre centre d’intérêt c’est le destin personnel de Michel, le petit frère survivant et totalement hanté par cette catastrophe. On ne peut sans divulgâcher l’intrigue, en dire trop sur ce personnage. Pour Aifelle il n’est pas crédible et cela enlève du poids au roman. Je dois être une véritable inconditionnelle de cet auteur, car si comme elle j’ai des doutes sur la vraisemblance du personnage, j’ai trouvé que grâce à lui, Sorj Chalendon avait réussi à nous rendre présent l’horreur des accidents dans les mines. Et puis cela permet de tenir en haleine le lecteur jusqu’à la dernière page. Lors du procès final, j’ai beaucoup apprécié le réquisitoire et la plaidoirie de la défense. Tout est dit dans ces quelques pages. À la fois un pays qui, en 2014, ne comprend plus la vie des mineurs, l’absurdité des destins qui finissent dans des râles de respirations étouffées par les poussières de charbon, ou dans des accidents d’une violence inimaginable, et les gens qui eux sont restés à Lens ou à Liévin et qui se sentent marqués à jamais par les tragédies du charbon.
C’est donc une quatrième fois que Luocine accueille un roman de cet auteur et même si j’ai un peu plus de réserves que pour « Retour à Killyberg » , « le quatrième mur » prix Goncourt lycéen 2013,et « Profession du père » il m’a quand même beaucoup plu.
Citations
Tous les bricoleurs de mobylettes se reconnaîtront
À vingt sept ans, mon frère avait aussi abandonné son vieux vélo pour le cyclomoteur.
– La Rolls des gens honnête, disait-il aussi.
Une tragédie évitable
La presse l’avais compris, le juge Pascal l’avait découvert. Rien n’avait été dégazé. Le système pour mesurer le grisou n’était pas achevé. La machine qui servait à dissiper les poches de méthane fonctionnait dans un autre quartier. Les gaziers n’avaient pas mal travaillé. Pas leur faute, les pauvres gars. Ils n’étaient que deux mineurs à effectuer des mesures manuelles .Un seul, pour inspecter des kilomètres de galeries. Par mesure d’économie, les Houillères avaient pris le risque de l’accident.
Heureusement que mon billet ne t’a pas découragée ! Je ne crois pas que je referai de tentative avec cet auteur.
si tu veux quand même « re » faire une tentative , essaie ‘profession du père » , on comprend d’où il vient et on commence une autre relation avec lui.
3 ou 4 coquillages?
Auteur jamais lu, mais que j’aime bien. Ne pas chercher à comprendre.
on sent que tu aimeras un jour quand ce sera son heure.
C’est un auteur dont j’entends beaucoup parler, mais que je n’ai jamais lu…
mais tu as tout ton temps pour aller vers lui, ou pas, tu peux voir qu’il ne plaît pas à tout l emonde.
Chalandon je l’avoue je ne connais pas encore… J’ai laissé tomber le 4e mur à la moitié du roman, j’y reviendrai peut-être…
pour bien le connaître et sans doute devenir un peu subjective en son endroit , il faut lire « profession du père » , on le comprend mieux après.
Hé hé, je suis en cours de lecture, plutôt vers la fin parce que j’avais du mal à arrêter hier soir… mon avis va être plutôt positif !
je le lirai donc bientôt , j’aime bien cet auteur qui visiblement ne plaît pas à tout le monde.
je suis comme Aifelle pas du tout en phase avec cet auteur malgré beaucoup de bons billets de blog mais je n’accroche pas
vous avez beaucoup de points communs mais comme pour Aifelle je te conseille de lire « profession du père » tu le comprendras mieux.
Moi aussi j’ai beaucoup aimé, même peut-être plus que toi, je suis une inconditionnelle de l’auteur et j’ai trouvé qu’ici il se renouvelait en créant cette intrigue et ce retournement de situation incroyable (d’ailleurs certaines lectrices ne l’ont pas cru…).
Tu sais que je commence toujours les romans par la fin, donc ce retournement ne m’a pas surprise en revanche j’ai beaucoup aimé lire les indices qu’il distille peu à peu et qui permettent de comprendre la fin. Tu vois aussi que tu m’influences car je ne raconte plus jamais la fin dans mes billets.
seulement trois petits coquillages? j’ai adoré ce roman que je classe parmi ses meilleurs (je les ai tous lus).
J’ai bien aimé, parfois je ne sais pas trop ce qui retient mes coquillages, mais j’ai un peu moins aimé que d’autres.
Encore rien lu de cet auteur mais évidemment c’est noté… J’en lirai au moins un vu le succès qu’il a, pour découvrir son écriture
Mes deux préférés sont »profession du père » et « retour à killingberg »
De lui je n’ai lu que « Le quatrième mur » que j’avais beaucoup aimé mais qui ne s’est pas révélé être l’énorme coup de coeur attendu.
C’est un auteur que j’apprécie beaucoup. Je crois que « Retour a Kilingberg » est un de mes coups de cœur. Mais c’est le premier que j’ai lu de lui.
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