lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard (thème exil)

Une femme d’origine géorgienne, Tamouna, va fêter ses 90 ans, elle a fui à 15 ans avec sa famille son pays natal en 1921. Atteinte aujourd’hui d’une maladie pulmonaire, elle ne peut vivre sans oxygène, sa vie est donc limitée à son appartement et aux visites de sa nombreuse et pétulante famille. Par bribes les souvenirs vont arriver dans son cerveau un peu embrumé. Sa petite fille qui doit ressembler très fort à Kéthévane Dawrichewi, l’oblige à regarder toutes les photos que la famille conserve pieusement. Bébia et Babou les grands parents sont là enfouis dans sa mémoire un peu effacés comme ces photos jaunies. Et puis surtout, il y a Tamaz celui qu’elle a tant aimé et qui n’a jamais réussi à la rejoindre à travers les chemins de l’exil. Ce livre m’a permis de rechercher le passé de la Géorgie qui a en effet connu 2 ans d’indépendance avant de tomber sous la main de fer de Staline. Ce n’est pas un mince problème pour un si petit pays que d’avoir le grand frère russe juste à ses frontières et encore aujourd’hui, c’est très compliqué. Mais plus que la réalité politique ce livre permet de vivre avec la minorité géorgienne en France, connaître leurs difficultés d’adaptation économiques, le succès intellectuel des petits enfants, les peurs des enfants qui attendent leur père parti combattre les soviétiques alors que la cause était déjà perdue,la honte d’avoir un oncle parti combattre l’armée russe sous l’uniforme nazi . Tous ces souvenirs sont là dans sa tête et dans cet appartement qu’elle ne quitte plus. Je suis toujours très sensible au charme de cette auteure, elle reste toujours légère même dans des sujets graves et j’ai aimé qu’elle partage avec des lecteurs français ses origines et sa famille.

Citations

Pudeur du récit

Le chien est resté en Géorgie. avec ses grands parents. Elle ne les a jamais revus. Aucun des trois. Elle ignore la date exacte de leurs morts.

Le géorgien avant 1918

Nous parlons géorgien entre nous. C’est la langue de la famille. Celle des vacances. À l’école, on doit parler le russe. C’est la règle. Le géorgien est une langue de chien, dit notre maître. Toute tentative de braver l’interdit est sévèrement punie.

Solidarité des exilés

Il vient du Maroc, il était cuisinier au palais du roi avant de venir en France, il évoque souvent l’exil et la famille qu’il a laissée derrière lui. Elle écoute, elle le force parfois à dire les mauvais traitements qu’il a subis au palais . Il le dit par bribes avec réticence. elle se reproche ensuite son insistance. elle-même ne parle jamais des raisons de son exil.

Les peurs des enfants

De nouveaux émigrés sont arrivés, mon père n’est pas revenu, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. Il a peut-être été déporté, je crois que c’est le sort des opposante. Ou bien il est mort. Je dois te paraître cynique . Je te choque sans doute. Mais je meurs des mots que personne ne prononce.

14 Thoughts on “la mer noire – Kéthévane DAVRICHEWY

  1. Je l’avais découvert l’an dernier avec son livre « L’autre Joseph » qui partage un certain nombre de thèmes avec « La mer noire ». Je note !

  2. Je ne connais pas, mais c’est le genre d’histoire que j’aime…

  3. Ah si, je l’ai lu. Je n’avais pas trop accroché à son histoire avec Tamaz, interrompue pour je ne sais quelle raison?

    • L’exil est une bonne raison, quand on fuit l’un en France l’autre aux USA c’est compliqué de s’aimer il reste un goût du possible du peut-être qui est à mon avis bien traité. Et puis Tamaz reste toujours sur la réserve par rapport à sa grand-mère. L’important du roman n’est pas là , c’est le récit de leur vie en France que j’ai aimé.

  4. C’est mon préféré de Kéthévane Davrichewy, un vrai coup de cœur !

    • Il me semblait bien en avoir lu de bonnes critiques sur les blogs mais je ne savais plus chez qui quand il est arrivé entre mes mains.

  5. C’est le seul livre que j’ai lu d’elle pour le moment, il m’avait beaucoup plu.

  6. Je me souviens que j’avais aimé, mais je n’ai aucun souvenir de l’histoire… C’est désespérant. Lire pour si vite oublier…

    • C’est la raison pour laquelle j’ai commencé Luocine, une petite citation et je retrouve mes souvenirs. Je trouve que c’est normal et sain d’oublier , c’est notre façon de faire de la place pour de nouvelles lectures.

  7. Je ne connais rien au pays, je note.

    • tu n’es pas la seule ! mais l’auteure est plus connue (enfin c’est une façon de parler, la Géorgie ce n’est pas non plus complètement inconnu) elle a écrit des livres pour la jeunesse avant de se lancer dans les romans pour adultes.

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