Édition Les Avrils, 267 pages, Août 2024
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Lors de la discussion de notre club de lecture, beaucoup de lectrices avaient aimé ce roman sauf une, cela m’a intriguée et j’ai voulu en savoir un peu plus. J’aurais moi aussi eu beaucoup de réserves sur ce récit. Pourtant cela avait bien commencé , j’ai bien aimé la description de cette jeune femme « la petite bonne » qui trimballe son seau de ménage pour aller chez ses patrons Le style est particulier mais tout a fait acceptable ce sont des monologues intérieurs des réflexions des trois personnages prennent la forme de vers libres. Je rappelle le sujet : un homme musicien est revenu très handicapé après la guerre 14/18. Sa femme Alexandrine se dévoue pour sa survie, elle embauche une jeune bonne et décide de partir en WE en Normandie . La petite bonne se retrouve donc seule un WE avec Blaise le musicien mutilé.
Pour moi le charme du récit s’est arrêté à une scène bien précise : une gitane à qui Alexandrine refuse l’aumône lui dit de ne pas toucher aux pipes de son mari, bien sur, elle le fait et elle casse une des pipes pendant que son mari casse la sienne en sortant de sa tranchée en 1916. Enfin, pas tout à fait, il est sauvé par un chirurgien qui lui rend la vie mais ni ses mains si ses jambes ! Alexandrine se sent si coupable qu’elle se dévouera corps et bien à ce pauvre Blaise qui ne veut que mourir. Et ce n’est pas tout , l’armée lui téléphone pour lui dire que son mari a été blessé exactement au moment où elle était en train de casser une de ses pipes ! Le téléphone chez des gens en 1916 !
Bref j’ai décroché et repensé à tout ce qui était bizarre dans ce roman, qu’une bonne ne laisse pas son seau chez les propriétaires et qu’elle le trimballe de maison en maison.
Et la pauvre Alexandrine m’a semblé si peu crédible. Bref j’ai failli grâce à l’écriture aimer ce livre et c’était possible car l’opposition entre la situation de la bonne et des bourgeois est plausible , mais c’est aussi tellement plein de clichés . Avec une allusion à le seule famille qui aurait eu plus de compassion pour elle, mais qui a fui la montée de l’antisémitisme, la famille Goldberg.
Si je lui mets trois coquillages (et non deux comme j’en ai eu envie) c’est grâce à la musique car le musicien possède un gramophone et « la petite bonne » découvre la musique classique, ce sont toujours de belles pages quand on peut décrire ce que fait la musique quand on la reçoit la première fois et même ensuite.
Extraits.
Début.
Les cent pasj’aimerais pouvoir les faireréellementIci c’est cinq pas dans la longueurà peine trois dans la largeuret vraimentdes petits pasDes traverséesil en faut quelques-unespour arriver à centC’est longmais jamais assezMalheureusementj’ai tout mon tempspour compter mes pas
Une bonne place.
Elle se souvient de son émotionla première foisqu’elle avait quitté la villeElle avait suivi une famille– sa meilleure placequand elle y repense-Elle semblait à peine plus âgée que les jeunes maîtresmais moins bien habilléecoifféeéduquéePendant qu’ils étudiaitle grecle latinl’algèbrela philosophieelle apprenait à coudreà repasserà frotterl’argenterieles sols
La tristesse absolue.
Elle découvre son dosaffaissétremblantLe dos d’un homme qui pleureCe n’est pas si courantun homme qui pleure
Chez elle un hommeça prend sur soiça ne gémit pasça ne flanche pas
Prédiction de la gitane ne pas casser la pipe …
Avec précaution, elle sortit la pipe et entreprit de l’examiner de près. On sonna à la porte. Prise en faute , elle sursauta et lâcha la pipe qui s’écrase au sol en mille morceaux.Ses amies la trouvèrent en larmes, accroupie dans un coin, tenant dans ses mains le tuyau inutile d’une vieille pipe cassée. Elle la réconfortèrent de leur mieux. Toutes savaient la sensibilité à fleur de peau des unes et des autres, comment un fait insignifiant pouvait prendre une place folle. C’est cette après midi-là qu’elle fut prévenue par un appel du front : Blaise avait été grièvement blessé.
Alors par contre, je ne suis même pas tentée par les pages sur la musique !
l’écriture peut te tenter ? c’est bien écrit.
Je compte le lire, on verra bien où je me situe par rapport aux avis divergents !
je n’ai pas adhéré j’explique pourquoi mais il y a de très belles pages .
Je suis contente de lire un avis mitigé, ils sont rares et me rendaient méfiantes vis-à-vis de ce roman. Si je me lance dans sa lecture, j’aurais maintenant moins d’attentes et l’apprécierait peut-être davantage malgré ses incohérences.
Moi j’ai du mal à comprendre l’enthousiasme mais bon à toi de voir.
Tu me refroidis franchement, là… et comme il ne faut pas grand-chose, en ce moment, pour que je raye un titre de ma liste d’envies…
d’un autre côté il ne te faudra pas beaucoup de temps pour le lire.
Mouais, feuilleté en bibli, déjà les ‘vers libres’, puis la gitane, ça ira comme ça.. Et puis trois voire deux coquillages
mais tu as vu aussi l’enthousiasme sur Babelio ? et dans mon club les lectrices ont beaucoup aimé
Je suis passé à côté moi aussi. A tel point que je n’ai pas vu l’intérêt d’écrire un billet…
là tu exagères , je fais ma grognon : les avis négatifs sont presque aussi importants que les positifs , cela permet aux autres de ne pas perdre leur temps !
C’est pénible lorsqu’un détail nous parait peu crédible : toute notre lecture en est gâchée.
Pour moi cela a été le cas .
Je me méfie des avis unanimement élogieux, ce qui est le cas de ce roman. Je l’emprunterai peut-être à la bibli mais sans urgence et sans attendre de chef d’oeuvre.